Chapitre 3: La colère

"La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance" - Georges Lucas

Romain ne rêvait que d'elle cette nuit-là. Que ce soit leur rencontre, leurs retrouvailles au lycée, ou même les baisers chimériques, leurs étreintes utopiques. Il n'y avait que Julie dans son esprit. Mais la principale chose qu'il voulait, c'était la revoir. C'est en se hâtant qu'il se dépêcha de retourner au lycée pour le simple bonheur de la revoir. Mais celle-ci avait un air de changée. Elle n'était pas comme à son habitude. Le regard vide, les mouvements las, le teint plus pâle. Elle n'était pas comme à son habitude. Elle semblait hantée. Que s'était-il passé pour qu'elle soit si mal intérieurement ? Il voulait la prendre dans ses bras, pour la rassurer, connaitre la raison de ses tracas. C'est lors de la récréation du matin qu'il réussit à prendre son courage à deux mains et partit à sa rencontre. Elle lui avait sourit pour le rassurer, mais cette façade heureuse était fausse. Et il l'eut vite compris. Il lui prit la main et l'emmena dans le parc pas loin de leur lycée. La printemps venait de se terminer pour se diriger vers l'été. Les arbres étaient verdoyant, le soleil se glissait furtivement dans le feuillage, et le vent faisait siffler les feuilles. Ils s'adossèrent contre un arbre et s'assirent dans l'herbe sèche. Julie respira un bon coup l'air pur de la nature et sourie franchement. Elle se sentait bien, ici, avec lui. Son cœur se calmait doucement en se présence dû à ce qui s'était déroulé la veille. Elle voyait encore ce sang gicler, couler dans ce sous-sol. Le plaisir de tuer d'Estéban. Ainsi que le mépris dans le regard du loup-garou. Mais elle ne pouvait pas en parler à Romain que se soit pour se soulager ou partager ses sentiments avec celui qu'elle aime. Néanmoins, elle se sentait soudainement plus calme et plus en sécurité en compagnie de Romain.

- Nous séchons les cours ? demanda-t-elle perplexe.

- Exactement. Nous séchons les cours. officialisa-t-il en tentant de deviner à quoi elle pensait.

Elle lui sourit franchement, amusée par le ton enjoué qu'il venait de prendre. Il sourit également en ne la quittant pas des yeux. Les yeux de Julie étaient aussi bleus, aussi beaux, aussi splendides que ce ciel au-dessus de leur tête qui avait réussi à éloigner les nuages. La lueur amoureuse des yeux ambres de Romain ne s'éteignait toujours pas. Il était toujours éperdument amoureux d'elle depuis le premier regard. Elle ne disait rien, lui non plus, pourtant, ils ne s'ignoraient pas et avait conscience de la présence de l'autre. Sans un mot. Sans un geste. Ils se montraient que la présence de l'autre était loin d'être désagréable. Romain hésita après un long moment, tentant le tout pour le tout, au risque de se faire repousser, il déposa sa grande main sur celle de Julie. Celle-ci sursauta pendant un instant, puis s'apaisa aussitôt. Un contraste thermique s'installait dans ce contact, l'un avait la main chaude et chaleureuse, et l'autre avait la main froide et douce.

- Aujourd'hui, tu semblais mal. Ça va mieux ? questionna le garçon toujours inquiet pour elle.

- Oui. Merci beaucoup Romain.

Elle posa se tête sur l'épaule du loup-garou et regarda le ciel. Son épaule était chaude alors qu'elle ne dépassait pas les -10ºC de température corporel. Cette différence ne dérangeait pas Romain qui aimait sentir sa tête sur son épaule. À chaque seconde qu'ils continuaient de passer ensemble ils s'aimaient de plus en plus. Les discussions futiles et enfantines s'enchaînaient. Ils riaient ensembles. Oui, ils sont juste fou amoureux l'un de l'autre. Ils tournèrent enfin leurs visages l'un en face de l'autre. Leurs visages se rapprochèrent par instinct, lentement, sûrement. À une certaine distance ils pouvaient ressentir l'un l'autre le souffle hésitant qu'ils émettaient.

- Romain !

L'interpelé sursauta surpris en pleine action, il tourna la tête en provenance de la voix et constata que c'était Baptiste qui débarquait pour venir le chercher. Sans doute pour rentrer au clan. Les deux amoureux se rendirent rapidement compte de ce qu'ils allaient faire lorsque leurs regards se croisèrent et ils se mirent à rougir tout en s'éloignant l'un de l'autre à une distance raisonnable. Leurs visages rougis trahissaient leur embarras. Ils n'osaient même plus se regarder droit dans les yeux. Tellement de choses allaient se passer en quelques secondes, et Baptiste était arrivé au mauvais moment. Romain se leva, dépoussiérant son derrière et passant sa main dans les cheveux d'un mouvement fluide puis aida Julie à se relever. Elle regardait toujours l'herbe pour éviter de croiser son regard. Ils prirent à dos leur sac de cours pendant que Baptiste s'approchait des tourtereaux. Celui-ci annonça avec aisance sans se soucier de la scène qui s'apprêtait à se dérouler dans ce lieu, qu'ils devaient rentrer chez eux pour une affaire urgente. Intérieurement, Romain eu une pointe de déception. Il allait devoir quitter pour aujourd'hui la belle Julie. Cette dernière avait toujours évité son regard. Il la salua, elle fit de même avec un sourire gênée et ils se quittèrent prenant chacun des directions opposées.

Sur le chemin du retour, Baptiste avait bien remarqué que Romain était si heureux qu'il en sourait bêtement.

- C'est donc Julie Capire celle dont tu es tombé amoureux.

- Oui. avoua Romain embarrassé.

- Excuse-moi de t'avoir interrompu en pleine action avec elle.

- Ce-ce n'est rien. bégaya-t-il encore sous les émotions de ce baiser qui allait se faire. Et quelle est cette affaire urgente? J'espère que ce n'était pas du flan juste pour m'embêter.

- Non. Ne t'inquiète pas. En fait, c'est ton père qui va grave te sermonner je pense parce que tu as séché les cours cet après-midi. Et il y a quelque chose de plus. . . Négatif.

Romain interrogea du regard Baptiste qui semblait se sentir soudainement mal à l'aise. Qu'y avait-il de "plus négatif" que les engueulades se son père au sujet de ses études? Rien ne lui venait sur le moment à l'esprit. Il n'avait tout de même pas déjà appris qu'il fréquentait à peine une fille du nom de Julie Capire?

- Quoi donc? insista Romain attendant la réponse de Baptiste.

- Tu verras sur place. . .

Lorsqu'ils furent arrivés au clan, une odeur infecte remplissait leurs narines, et leur odorat bestial ne faisait qu'empirer l'ampleur de la chose. Tout le clan se réunit alors à la place centrale du clan, là où siégeait un piédestal en pierre qui date d'il y a des milliers d'années et ils y découvrirent l'Alpha, tenant à sa gueule le fruit de la mort. Le cadavre fut reposé à terre, aux pieds du chef et lorsque le visage sans vie s'inclina par le poids de la tête, Romain le reconnu. C'était l'un des serviteur les plus fidèle à son père. Il s'appelait Tavana l'éclaireur semblait-il. Comme se faisait-il que la mort l'avait emporté ? Le visage en sang, les yeux clos, la peau pâle, l'odeur de cadavre. Tout était infecte autour de cette ex-éclaireur. Malgré ça, Romain n'arrivait pas à comprendre la raison, la cause de cette mort. Les seules choses qu'il percevait, c'était les yeux de la foule interrogée par ce meurtre, ce décès soudain; la famille de la victime en larme, et l'Alpha qui donnait toutes ses condoléances aux proche de Tavana. L'odorat lui traduisait l'inhabituelle odeur de sang qui se séchait sur les vêtements du loup-garou décédé, des larmes versées sur les joues de ceux qui le connaissaient bien et bien sûr, l'odeur de l'animal, du loup. Le père du protagoniste revint sur le piédestal, vêtu par des vêtements donnés par le père de Baptiste, son bras droit et se tint droit. Il ouvrit ses bras pour s'adresser à son clan et déclara d'une voix forte et puissante:

- Depuis la nuit des temps, les loups-garous et les vampires se haïssent ! Jusqu'à maintenant, nous avons réussi à vivre dans la prospérité près de ce clan machiavélique ! La rage et la colère restaient contre ces monstres buveurs de sang à visage humain ! Hier, alors que Tavana, un de mes plus fidèle sujet se promenait par erreur aux frontière du clan des vampires, ceux-ci l'ont capturé et torturés jusqu'à sa mort ! Et ces barbares nous ont renvoyé son corps sans vie avec cruauté ! Nous ne leur pardonnerons pas !

La foule de loups-garous criaient tellement fort que Romain et Baptiste avaient leurs oreilles qui bourdonnaient. Les loups-garous hurlaient de colère, furieux, irrités, excédés par la brutalité sans raison des agissements du clan des vampires. Pour eux, l'existence des vampires était inutile. Ils étaient une nuisance. Ils ne devaient pas exister. Et de nombreux parmi eux se transformaient en loup ou louve pour hurler de plus belle. Romain observait la scène, le théâtre tel un simple spectateur. Il n'arrivait pas à trouver quoi dire. Il n'avait pas son mot à dire. Baptiste était dans la même situation que lui et se demandait comment allait tourner cette situation. Presque plus rien n'était sous contrôle.

- Mon clan ! Je vous le promets ! Dans quelques jours, nous allons leur déclarer la guerre ! s'exclama l'Alpha fière de sa déclaration.

- Ouais ! criait chaque voix des quatre recoins de la population lycanthrope.

- Et nous les anéantirons jusqu'au dernier !

- Ouais !

Lorsque la foule se fut calmée au bout de nombreuses heures, presque interminables, celle-ci se dissipa pour que chacun rentra dans son logis respectif. L'Alpha était resté avec son bras droit et discutait avec les proches du défunt. Quelle triste mort avait-il eu. Romain salua Baptiste en se cognant les épaules droites et rentrèrent chez eux également. Le jeune garçon était tout à fait contre cette idée de guerre contre les vampires. Il savait qu'ils n'étaient pas les gens les plus gentils et doux, mais la guerre ne résoudra rien pour lui. Il connaissait les conséquences que cela allait engendrer, et elles étaient loin d'être bonnes. Des centaines de corps de loups-garous et de vampires éparpillés sur le sol crasseux et sanglant. Laissés comme mort. Les derniers survivants combattant sur les corps de leurs compagnons d'arme ignorant s'il leur cassait des os ou non. Griffé, mordu, déchiqueté, démembré. Tout était possible sur ce champs de bataille barbare. Aucune règle ne donnait de limite. C'était la loi du plus fort. Et Romain ne voulait pas de tout ça. Il préférait un monde de paix où loup-garou et vampire vivrait en harmonie. Tant qu'il sera vivant, il tentera de rendre ce monde meilleur et annihiler la guerre et la rage entre ce deux clans mortels l'un pour l'autre.

Il partit rejoindre son père qui venait de rentrer et rejoindre son bureau. Ce dernier avait l'expression grave, fière, déterminée. Un véritable leader. Romain s'était dit que c'était maintenant ou jamais pour tenter de raisonner son père. Il ouvrit la porte du bureau, l'Alpha était en train de trier de la paperasse. Il l'invita à s'assoir en face de son bureau et l'écouta.

- Papa, ne fait pas cette guerre. Tu le sais tout comme moi que de nombreux loups-garous vont mourir.

Le regard de l'Alpha devint sombre lorsqu'il se dirigea vers son fils.

- Je veux me venger. Cela fait bien trop longtemps que nous vivons dans la crainte et que nous contenons cette rage. Je vais leur montrer à ces vampires qui est leur plus grand ennemi et à quel point il est puissant.

- Ne fait pas ça. . .

- Romain, si tu souhaites devenir l'Alpha, ce que j'espère grandement. Il faudra que ton cœur soit devenu si dur qu'on ne puisse plus le briser. Qu'importe le nombre de fois où l'on tente de le détruire. Parce que comme tu le sais, ce jour où tu deviendras l'Alpha, tu m'auras tué de tes propres mains.

Cette dernière phrase était intentionnelle pour tenter de le déstabiliser. Mais Romain ne se déroba pas pour autant et resta sur le chemin de son objectif.

- Mais pour cette guerre, signer un traiter de paix ne suffirait pas pour que les vampires nous laissent tranquilles ?

L'Alpha secoua la tête comprenant que son fils était pacifiste. Ce qui le déçu.

- Les vampires sont loin d'être digne de confiance. Ce sont des créatures infâmes qui ne désirent qu'une chose: Tuer.

- Je suis persuadé qu'il y a une autre issue qui empêchera cette guerre.

- Romain. Tu es dans le camp des vampires? Les apprécies-tu?

Le jeune homme choqué par cette question secoua vivement la tête. Il ne voulait pas de guerre, même s'il était intrigué par cette race buveuse de sang. Il n'en prenait tout de même pas son parti et faisait passer son clan avant tout. C'était toujours ainsi qu'il agissait, en fonction de son clan. Il a toujours pensé que c'était ainsi que devait penser l'Alpha d'un groupe de lycanthrope.

- Bien sûr que non. Je ne les connais même pas.

Le père du jeune homme sourit à cette réponse qui lui faisait plaisir à entendre. Il était satisfait de voir que son fils était tout de même des leurs.

- Alors tais-toi et prépare-toi à notre victoire face à ce clan arrogant.

- Ou à notre perte. lança défaitiste Romain conscient de toutes les conséquences de cette future guerre.

- Je t'interdis de dire cela ! grogna le chef du clan en se levant brusquement.

Il contourna le bureau sous le regard de Romain qui ne disait plus rien conscient que ce qu'il venait de dire avait cumulé la colère de son père. L'Alpha gifla son fils, en lui laissant une griffe d'ongle sur le long de sa joue. Une trace rouge apparu aussitôt à ce même endroit. Mais le jeune loup-garou resta neutre et silencieux.

- Je détruirai les Capires et leur clan de buveur de sang. Sois en sûr mon fils.

Romain à l'écoute de ce nom se figea. Il l'avait déjà entendu quelque part. Néanmoins, il savait où, et concernant qui. Un visage lumineux, radieux et d'une beauté flamboyante traversa avec horreur son esprit.

- Les . . . Capires . . . répéta l'amoureux sentant son monde s'écrouler.

La nuit se fit longue ce soir-là. Et les préparatifs commençaient déjà. Cet amour devait endurer l'adversité de leurs clans respectifs. Et cela était peut être le plus dur pour eux.

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