Chapitre 11: La marraine
« Peu d'aide fait grand bien. » - Proverbe québécois -
Dans cette sorte de prison où elle était enfermée, Julie avait froid, et l'obscurité de la salle amplifiait ses angoisses. Cela ne faisait que deux jours depuis son enferment. Ni nourrie, ni abreuvée, elle était loin d'être dans la meilleure des formes. Néanmoins, elle n'était pas à l'agonie. Elle avait perdu la notion du temps, dormir à toute heure n'arrangeait pas les choses. Son combat était plus psychologique que physique. L'isolement la faisait réfléchir encore et encore à ce qu'elle aurait dû faire, ce qu'elle aurait pu faire, ce qu'elle aurait voulu faire. Elle pensait à sa famille, sa sœur qui vivait sans doute mal le décès de son bien-aimé, sa mère qui s'inquiétait toujours pour tout et rien, ou bien même son père avec qui elle aurait voulu une meilleure relation, sans ordres déplacés, sans paroles sèches, sans décisions non étudiées. Mais celui à qui elle pensait le plus était bien sûr Romain. Elle savait qu'il n'allait sans doute pas bien moralement. Ce qu'elle ne voyait pas était qu'il sombrait dans l'oubli à chaque seconde qui s'écoule, séchant les cours, manquant les repas, ignorant les appels, passant ses journées à contempler le soleil brulant et la lune gelée avec mélancolie. Ne plus pouvoir se voir, être séparé de la sorte, ils ne le supportaient pas. Lui avait peur qu'elle ne l'aime pas, elle avait peur qu'il ne l'aime plus.
Sans voir la lumière du jour, Julie ne savait pas qu'elle en était déjà la fin de son second jour de séquestration. La porte qui menait au sous-sol s'était ouverte dans un long grincement peu rassurant. Les lampadaires du quartier illuminaient l'escalier qui réfléchissait une lumière aveuglante pour les yeux devenus fragiles de la jeune vampire. Une silhouette à contre-jour apparu, pu se dupliqua en deux. Elle se frotte les yeux d'un air innocent pensant que son imagination lui jouait des tours et observa les deux personnes devant elle. L'une avait rebroussé chemin un instant pour fermer la porte et l'autre alluma trois bougies qui éclairaient à peine la pièce.
- Romain. nomma-t-elle avec les larmes lui montant aux yeux.
La fille enchaînée se leva faiblement tandis que l'amoureux, sur le coup de l'émotion se précipita vers elle pour la serrer contre lui. Elle eut à peine le temps d'apprécier cette douce étreinte qu'elle se rendit compte de sa bêtise. Elle le repoussa et fit un pas en arrière pour prendre ses distances, faisant s'entrechoquer les énormes et lourds anneaux des chaînes qui la tenaient captive. Romain eut le regard suppliant et confus, il voulait la garder dans ses bras plus longtemps. Elle détourne le regard pour ne pas fondre en larme ainsi gardé un visage neutre et elle prit une voix hautaine.
- Que fais-tu ici loup-garou ? Tu devrais me haïr après ce que je t'avais avoué.
- Haïr la personne que j'aime m'est impossible.
Elle fit semblant de pouffer comme pour se moquer de sa naïveté et de son amour aveugle. Cependant son cœur de pouvait manquer de frémir après cette déclaration sûre d'elle.
- Tu n'es qu'un idiot loup-garou, je n'ai fait que manipuler. se moqua Julie qui ne pensait pas un mot qu'elle prononçait.
- Pourquoi aurais-tu fait ça ?
- Pour que je puisse plus facilement te capturer et te ramener à mon clan.
- La Julie que je connais n'aurait jamais fait ça. dit-il persuadé qu'elle ne faisait que lui mentir.
Elle secoua la tête et afficha un rictus sardonique.
- La Julie que tu connais n'as jamais été réel.
- Dis ce que tu veux, je t'aime et ça ne changera pas, que tu me trahisses ou non.
- Aimer un vampire est comme aimer la mort.
- Donc j'aime la mort. Et toi ? M'aimes-tu alors que je suis un lycanthrope ?
Elle ne répondit rien et garda son sérieux. Romain haussa les épaules et étira faiblement ses lèvres, déçu de ne pas avoir de réponse de sa part. Il aurait voulu entre d'elle que ses sentiments étaient réciproques. Mais rien ne lui était parvenu, et cela n'aurai sans doute pas changé qu'importe le temps qu'il aurait passé face à elle. Il cherchait la vérité et elle ne lui donnait que des mensonges. Comment savoir ce qui était vrai dans tout cela ? Peut-être n'allait-elle jamais lui redire ces mots magiques qui faisaient chavirer son cœur. La seule chose qu'il pouvait encore faire était persévérer jusqu'à tomber sur la vérité.
- Je reviendrai demain pour te reposer la question. Je veux une réponse claire.
Il laissa les bougies allumées et fit volte-face pour sortir de ce sous-sol humide et froid. Son accompagnateur qui n'était autre de Baptiste ne dit pas un mot et le suivit de près. Romain se lamentait de cet amour aveugle qu'il portait à Julie qui pleurait ses horribles mensonges une fois qu'ils eurent fermé la porte derrière eux. Elle éclata en sanglot, effondrée à terre, elle se sentait pitoyable. Jamais elle n'aurait cru devenir aussi froide et indifférente face à celui qu'elle aime à en mourir. Elle s'en voulait pour tout ce qu'elle lui avait craché au visage. Peut-être aurait-elle du lui dire la vérité, le fond de ses pensées, mais c'était trop tard. Elle se trouvait dans le clan des loups-garous, cet homme qui l'avait fait enfermé était sans doute l'Alpha, donc Romain était probablement son fils. Quand bien même c'était le cas ou non, il n'en restait pas moins un lycanthrope. Elle ne pouvait pas le laisser se sacrifier auprès de ses semblables pour elle. Elle se répétait que tout ce qu'elle faisait était pour lui. C'était pour son bien se persuadait-elle.
- Je suis tellement désolée. pleura-t-elle en cachant son visage comme pour ne pas voir l'obscurité se moquer de son triste sort.
Cette même nuit, assez tard vers deux heures du matin, la porte avait été ouverte une nouvelle fois, assez lentement pour tenter de faire taire ce grincement incessant. Un tintement de clef éveilla la curiosité de la jeune vampire qui était entourée par trois bougée complètement consumées. L'intrus avait le visage caché par un sombre chaperon. Julie aurait pu s'en méfier, cependant la personne la libéra de ses chaînes grâce à des clefs qui à ses yeux étaient magiques. Une main rugueuse lui agrippa le poignet et l'emmena de force dans une petite maison qui se trouvait être à l'écart du clan, comme isolé de toute la population de ce grand lotissement lycanthrope. La maisonnette était assez simple avec de nombreuses plantes pour l'entourer. Des lierres montaient sur son mur donnant un air de maison abandonnée. Mais la lumière qui émergeait de l'intérieur refoulait cette image pour la remplacer par une autre plus chaleureuse. Ils traversèrent l'entrée rouge en vitesse pour enfin être dans la bâtisse, à l'abri des regards.
La personne en face d'elle enleva son chaperon et Julie pu voir l'identité de sa libératrice dont elle fut également surprise par son âge. Des pupilles grises aussi brillantes que l'astre lunaire qui n'avait jamais répondu aux appels de la jeune fille. Des cheveux bruns dont les racines se grisaient. C'était une femme âgée au regard sage et au sourire gentil. Elle n'inspirait en rien la peur ou la méfiance, elle avait plutôt l'air d'être la charmante grand-mère que l'on lit dans les livres d'enfant. Une fois dans le salon, elle lui suggéra de s'installer dans le salon. Sa voix était un peu enrouée par l'âge, malgré ça il était possible d'y sentir de la douceur et un confort convivial. Elle revint avec un chocolat chaud à la main et le donna à Julie qui but sans hésiter la boisson. C'était chaud et sucré, tout ce dont elle avait besoin pour se sentir bien.
- Merci. finit-elle par remercier timidement.
- Je t'en prie, fais comme chez toi.
- Mais je ne vous connais même pas. dit-elle embarrassée par tant d'attention.
La femme s'assit en face d'elle avec une tisane dans ses mains. Elle en but à son tour une gorgée et la déposa sur la table basse.
- Appelle-moi tout simplement marraine même si je ne suis pas vraiment la tienne.
- Vous êtes également une louve-garou ?
Elle acquiesça et prit soin de préciser qu'elle ne se transformait plus depuis plusieurs années. La jeune vampire baissa les yeux avec une question qui lui trottait dans la tête. Elle se décida enfin à la poser après avoir une nouvelle fois savouré son chocolat chaud.
- Pourquoi m'avez-vous sauvé ?
- Par devoir peut être ? Je ne sais pas trop. Je désapprouve les méthodes de l'Alpha du clan donc cette séquestration d'une pauvre vampire me semblait absurde. Je ne te ferai aucun mal, rassures-toi.
Elle la remercia une nouvelle fois et sourit heureuse de ne plus être enfermée. La marraine posa à son tour une question des plus basiques :
- Quelle est ton nom ?
- Julie . . . hésita-t-elle à dire son nom en entier.
- Tu hésites, pourquoi ? Tu sais, qu'importe ton nom, je ne le dirai à personne, je le jure sur ma vie de vieille femme.
- Je ne sais pas vraiment su je dois vous faire confiance ou non, mais de toute manière, j'ai déjà tout perdu hormis ma maudite nature. Mon nom est Julie Capire.
L'hôte écarquilla les yeux surpris pas le nom de cette dernière puis elle reprit un sourire simple est apaisant.
- C'est donc toi celle qu'il aime.
- « il » ?
- Mon filleul est Romain.
Julie à la fois figée sur place et sur le point de pleurer mit sa main devant son visage pour dissimuler ses lèvres tremblantes. Ce prénom qu'elle aimerait tant prononcer des millions de fois, celle homme qu'elle aime à la folie, tout en lui la fait vibrer de multiples sentiments. Ayant remarqué les sentiments de la plus jeune, la femme l'accompagna dans une chambre à l'étage. Elle la laissa s'installer en première sur le lit blanc et déposa son mug sur la table de chevet juste à côté. Julie serrai les dents pour ne pas trembler, pour ne pas gémir de douleur, cette souffrance qui tailladait son cœur en morceaux. Elle se trouva enlacée dans les bras de la doyenne qui tentait de la réconforter par ce geste rassurant et sécuritaire. La vampire s'agrippa à son haut et pleura de plus belle, extériorisant tout ce qu'elle gardait en elle, tout ce qu'elle ne pouvait pas exprimer, tout ce qu'elle ne pouvait pas dire. Pourquoi devaient-ils vivre ainsi alors qu'ils s'aimaient mutuellement ? Pourquoi avait-elle été aussi horrible avec lui ? Pourquoi les dieux et le destin avaient-ils décidés de leur faire vivre un enfer ? Ils voulaient juste s'aimer en paix. Mais ils ne le peuvaient pas. Leur amour ne sera jamais accepté. Ils ne pourront jamais vivre heureux tels qu'ils sont aujourd'hui. Leurs natures et origines le leurs rappelaient sans cesse. La séparation était trop dure. Elle avait si mal au cœur qu'elle serait capable de se donner la mort pour cesser cette agonie satanique. Elle voulait être auprès de lui. Mais ce n'était pas possible !
Ses larmes coulaient encore et encore sans s'arrêter. Rien ne pouvait les arrêter. Elles étaient la preuve qu'elle l'aimait plus que ce qui était permit. Elle détestait sa nature, son nom. Jamais elle n'avait voulu tout ça. Elle voulait juste être avec son bien-aimé. Il était tellement difficile de d'en convaincre chaque jour. Elle voulait y croire mais n'y arrivait pas. Elle se languissait de lui. Elle l'aimait tellement. Elle ne voulait pas le quitter, ni être séparé de lui. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur eux. De ses yeux jaillirent des rivières, de ses cris des ultrasons, de son corps un tremblement de terre. Tout son être n'était que tristesse et chaos.
- Pourquoi ?! s'exclamait-elle les yeux clos se noyant de le désespoir.
Julie finit par s'endormir après un longtemps à pleurer. Ses yeux étaient gonflés et rouges constataient la femme qui veillait sur elle. « La pauvre » pensa-t-elle en essuyant une larme qui venait de glisser sur la peau pâle de la brune.
Au réveil de la jeune fille il était midi passé. Le soleil qui traversait les rideaux blancs lui faisait mal aux yeux. Ces derniers jours passés dans le noir complet l'avait affaiblit face à la lumière. Malgré ça, son temps d'adaptation fut assez rapide. Elle inspecta les lieux et se souvint de la nuit dernière. La tasse à côté d'elle était encore chaude, avait-elle été réchauffée entre-temps ? C'était fort possible.
Elle sortit de la chambre qu'elle occupait et descendit les escaliers. Elle remarqua la présence de la marraine dans la cuisine et s'empressa de la saluer comme il se doit. Elle lui prépara du pain et sortit un gros pot de Nutella que Julie étala sur des tartines. Elle remercia une nouvelle fois l'hospitalité qui lui était offerte et savoura son petit-déjeuner. Ses papilles dégustaient ce repas comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours, ce qui était le cas d'ailleurs. Elle engouffra une, puis deux, jusqu'à sept tartine de Nutella, sans oublier les quatre grands verres de jus d'orange qui la désaltérait avec plaisir. Elle rigola intérieurement lorsqu'elle compara l'heure avec ce qu'elle mangeait. Mais cela avait peu d'importance, elle mangeait bien et c'était l'important. La marraine avait plaisir à voir ce soulagement chez Julie lorsqu'elle dégustait. La voir aussi enthousiaste et joyeuse était beaucoup plus agréable que d'entendre ses tristes pleurs.
Soudain une sonnerie retentie dans toute la maison, signe que quelqu'un attendait devant la porte d'entrée. Elles se lancèrent mutuellement des regards interrogés et la vieille femme s'en alla vers l'entrée en faisant signe d'être silencieuse à la plus jeune. Julie tendit l'oreille curieuse de savoir qui cela pouvait-il être, mais à la fois méfiante. Elle avait peur que ce soit quelqu'un qui était venu la ré-capturer. Elle anticipait déjà sa fuite par la fenêtre de la cuisine.
- Marraine ! C'est terrible ! s'exclama une voix masculine qui lui sembla familière.
- Quoi ? Qu'y a-t-il ?
- Julie, elle n'est plus dans le sous-sol !
- Viens, entre mon garçon. suggéra après une pause la voix enrouée de la maîtresse de maison.
La porte se referma derrière eux et ils se dirigèrent vers le salon. La vampire inspecta le hall et ne vit personne. Alors que le garçon expliquait la situation, Julie se dirigea à son tour vers le salon pour espionner. Elle vit la marraine dos à elle, confortablement installée. Elle cachait la personne en face d'elle dont l'identité était presque claire pour la jeune fille. Elle ne voulait pas y croire mais se sentait tout de même heureuse en y pensant. Son envie de confirmer ses suppositions se firent plus forte et elle se pencha de peu sur la droite pour scruter le visage de l'invité. C'était Romain, c'était bien celui qu'elle aime. Elle voulait à la fois lui sauter dans les bras et fuir les jambes à son cou. Que devait-elle faire ? La question ne se posa pas plus longtemps lorsque leurs regards se croisèrent, les yeux écarquillés.
- Julie ?! s'exclama Romain en se penchant plus pour mieux la voir.
Cette dernière piqua un fard et couru à toute vitesse dans la chambre qui lui avait été attribuée la veille et s'y enferma à clef. Elle glissa le long de la porte accablée et honteuse en repensant à tout ce qu'elle lui avait dit froidement. Elle sentit ses yeux s'humidifier de plus en plus mais retint ses larmes du mieux qu'elle pouvait. Pourquoi était-il là ? Ne pouvait-il pas la laisser et l'oublier ? Le destin, le hasard étaient-ils vraiment contre elle ?
Des pas lourds montèrent les escaliers si rapidement qu'il était impossible de les compter un par un. Romain tenta d'ouvrir la porte en vain. Il frappa plusieurs fois la porte violement sans s'arrêter, possédé par le désespoir.
- Julie ! Ouvre cette porte je t'en prie !
Elle ne répondit pas à l'appel de Romain qui continuait son tapage espérant avoir des réponses. Il avait enfin réussit à la revoir autre part que dans cet endroit lugubre, alors pourquoi ne pouvait-il pas en profiter ? Pourquoi mettait-elle cette barrière entre eux, l'empêchant ainsi de s'approcher d'elle ? Il voulait la prendre dans ses bras, l'embrasser, lui répéter des milliers de fois combien il l'aimait. Sans ça il se sentirait comme mort. Sans objectifs, sans envie, sans vie.
- Julie ! J'ai besoin de te parler alors s'il te plait, ouvre.
Elle essaya de calmer sa gorge qui se nouait de plus en plus dans l'optique de pouvoir de pouvoir une nouvelle fois lui parler. Il fallait qu'il abandonne cet amour qui les faisait souffrir tous les deux. Il fallait que cela cesse. D'une voix sèche elle lui lança :
- Vas-t-en loup-garou. Je n'ai plus besoin de toi. Les jouets usagés sont bons à jeter. Ne me parles plus, ne m'approche plus. Tu es un loup-garou, mon pire ennemi. Je ne t'ai jamais aimé.
Les coups contre la porte cessèrent au moment où elle lui adressa la parole. Tête baissée, le cœur brisé, les deux amoureux ne surent plus quoi faire. « C'est la fin » se dit Julie en pleurant silencieusement.
- Pourquoi ? C'est donc ainsi que ça se finit ? Tu ne veux plus de moi ? Je m'en vais si c'est ce que tu souhaites.
Des pas s'éloignèrent et la porte d'entrée claqua en faisant vibrer toute la maison. Julie à la fois soulagée et triste déverrouilla sa chambre. « C'est fini ». Elle pleura de plus belle en s'effondrant sur le lit. Cet amour était si douloureux à vivre. Elle l'aimait tellement qu'elle devait l'éloigner d'elle. Elle ne voulait pas qu'il soit en danger par sa faute. Elle ne voulait que son bien, et malheureusement ce n'était pas elle qui pouvait le rendre heureux. Elle n'aurait même pas dû être sauvée par cette femme loup-garou. Elle se sentait si mal à l'aise à son égard à présent. Le malheur était tout ce qui lui restait. Elle ne sentait même plus en droit de pouvoir s'imaginer avec Romain. Le reprendre dans ses bras, lui dire à quel point elle était désolée de lui dire autant d'atrocités. Elle leva les yeux et sécha ses larmes. Julie se dirigea vers la fenêtre et observa la forêt qui s'étendait devant elle sur une infinité d'hectares. Toutes ses pensées se dirigeaient inconsciemment vers celui qu'elle aime, celui qu'elle avait rejeté.
- Dis Romain. Pourquoi es-tu Romain ? Si tu veux être avec moi, renie ton père, ton clan, ta nature et abdique ton nom, ou si tu ne le veux pas, jure de m'aimer pour l'éternité, et je ne serai plus une Capire, plus une vampire. Prends-moi toute entière et sortons de cette serre, qui nous emprisonne dans les mains du démon et de la démone. Je t'en supplie mon amour, reste avec moi pour toujours. Et vivons à deux et heureux.
Un craquement se fit entendre derrière elle et Julie fit volte-face surprise par ce bruit inhabituel. La porte de sa chambre s'ouvrit lentement et laissa entrer Romain qu'elle croyait partit.
« Peu d'aide fait grand bien. » - Proverbe québécois -
Dans cette sorte de prison où elle était enfermée, Julie avait froid, et l'obscurité de la salle amplifiait ses angoisses. Cela ne faisait que deux jours depuis son enferment. Ni nourrie, ni abreuvée, elle était loin d'être dans la meilleure des formes. Néanmoins, elle n'était pas à l'agonie. Elle avait perdu la notion du temps, dormir à toute heure n'arrangeait pas les choses. Son combat était plus psychologique que physique. L'isolement la faisait réfléchir encore et encore à ce qu'elle aurait dû faire, ce qu'elle aurait pu faire, ce qu'elle aurait voulu faire. Elle pensait à sa famille, sa sœur qui vivait sans doute mal le décès de son bien-aimé, sa mère qui s'inquiétait toujours pour tout et rien, ou bien même son père avec qui elle aurait voulu une meilleure relation, sans ordres déplacés, sans paroles sèches, sans décisions non étudiées. Mais celui à qui elle pensait le plus était bien sûr Romain. Elle savait qu'il n'allait sans doute pas bien moralement. Ce qu'elle ne voyait pas était qu'il sombrait dans l'oubli à chaque seconde qui s'écoule, séchant les cours, manquant les repas, ignorant les appels, passant ses journées à contempler le soleil brulant et la lune gelée avec mélancolie. Ne plus pouvoir se voir, être séparé de la sorte, ils ne le supportaient pas. Lui avait peur qu'elle ne l'aime pas, elle avait peur qu'il ne l'aime plus.
Sans voir la lumière du jour, Julie ne savait pas qu'elle en était déjà la fin de son second jour de séquestration. La porte qui menait au sous-sol s'était ouverte dans un long grincement peu rassurant. Les lampadaires du quartier illuminaient l'escalier qui réfléchissait une lumière aveuglante pour les yeux devenus fragiles de la jeune vampire. Une silhouette à contre-jour apparu, pu se dupliqua en deux. Elle se frotte les yeux d'un air innocent pensant que son imagination lui jouait des tours et observa les deux personnes devant elle. L'une avait rebroussé chemin un instant pour fermer la porte et l'autre alluma trois bougies qui éclairaient à peine la pièce.
- Romain. nomma-t-elle avec les larmes lui montant aux yeux.
La fille enchaînée se leva faiblement tandis que l'amoureux, sur le coup de l'émotion se précipita vers elle pour la serrer contre lui. Elle eut à peine le temps d'apprécier cette douce étreinte qu'elle se rendit compte de sa bêtise. Elle le repoussa et fit un pas en arrière pour prendre ses distances, faisant s'entrechoquer les énormes et lourds anneaux des chaînes qui la tenaient captive. Romain eut le regard suppliant et confus, il voulait la garder dans ses bras plus longtemps. Elle détourne le regard pour ne pas fondre en larme ainsi gardé un visage neutre et elle prit une voix hautaine.
- Que fais-tu ici loup-garou ? Tu devrais me haïr après ce que je t'avais avoué.
- Haïr la personne que j'aime m'est impossible.
Elle fit semblant de pouffer comme pour se moquer de sa naïveté et de son amour aveugle. Cependant son cœur de pouvait manquer de frémir après cette déclaration sûre d'elle.
- Tu n'es qu'un idiot loup-garou, je n'ai fait que manipuler. se moqua Julie qui ne pensait pas un mot qu'elle prononçait.
- Pourquoi aurais-tu fait ça ?
- Pour que je puisse plus facilement te capturer et te ramener à mon clan.
- La Julie que je connais n'aurait jamais fait ça. dit-il persuadé qu'elle ne faisait que lui mentir.
Elle secoua la tête et afficha un rictus sardonique.
- La Julie que tu connais n'as jamais été réel.
- Dis ce que tu veux, je t'aime et ça ne changera pas, que tu me trahisses ou non.
- Aimer un vampire est comme aimer la mort.
- Donc j'aime la mort. Et toi ? M'aimes-tu alors que je suis un lycanthrope ?
Elle ne répondit rien et garda son sérieux. Romain haussa les épaules et étira faiblement ses lèvres, déçu de ne pas avoir de réponse de sa part. Il aurait voulu entre d'elle que ses sentiments étaient réciproques. Mais rien ne lui était parvenu, et cela n'aurai sans doute pas changé qu'importe le temps qu'il aurait passé face à elle. Il cherchait la vérité et elle ne lui donnait que des mensonges. Comment savoir ce qui était vrai dans tout cela ? Peut-être n'allait-elle jamais lui redire ces mots magiques qui faisaient chavirer son cœur. La seule chose qu'il pouvait encore faire était persévérer jusqu'à tomber sur la vérité.
- Je reviendrai demain pour te reposer la question. Je veux une réponse claire.
Il laissa les bougies allumées et fit volte-face pour sortir de ce sous-sol humide et froid. Son accompagnateur qui n'était autre de Baptiste ne dit pas un mot et le suivit de près. Romain se lamentait de cet amour aveugle qu'il portait à Julie qui pleurait ses horribles mensonges une fois qu'ils eurent fermé la porte derrière eux. Elle éclata en sanglot, effondrée à terre, elle se sentait pitoyable. Jamais elle n'aurait cru devenir aussi froide et indifférente face à celui qu'elle aime à en mourir. Elle s'en voulait pour tout ce qu'elle lui avait craché au visage. Peut-être aurait-elle du lui dire la vérité, le fond de ses pensées, mais c'était trop tard. Elle se trouvait dans le clan des loups-garous, cet homme qui l'avait fait enfermé était sans doute l'Alpha, donc Romain était probablement son fils. Quand bien même c'était le cas ou non, il n'en restait pas moins un lycanthrope. Elle ne pouvait pas le laisser se sacrifier auprès de ses semblables pour elle. Elle se répétait que tout ce qu'elle faisait était pour lui. C'était pour son bien se persuadait-elle.
- Je suis tellement désolée. pleura-t-elle en cachant son visage comme pour ne pas voir l'obscurité se moquer de son triste sort.
Cette même nuit, assez tard vers deux heures du matin, la porte avait été ouverte une nouvelle fois, assez lentement pour tenter de faire taire ce grincement incessant. Un tintement de clef éveilla la curiosité de la jeune vampire qui était entourée par trois bougée complètement consumées. L'intrus avait le visage caché par un sombre chaperon. Julie aurait pu s'en méfier, cependant la personne la libéra de ses chaînes grâce à des clefs qui à ses yeux étaient magiques. Une main rugueuse lui agrippa le poignet et l'emmena de force dans une petite maison qui se trouvait être à l'écart du clan, comme isolé de toute la population de ce grand lotissement lycanthrope. La maisonnette était assez simple avec de nombreuses plantes pour l'entourer. Des lierres montaient sur son mur donnant un air de maison abandonnée. Mais la lumière qui émergeait de l'intérieur refoulait cette image pour la remplacer par une autre plus chaleureuse. Ils traversèrent l'entrée rouge en vitesse pour enfin être dans la bâtisse, à l'abri des regards.
La personne en face d'elle enleva son chaperon et Julie pu voir l'identité de sa libératrice dont elle fut également surprise par son âge. Des pupilles grises aussi brillantes que l'astre lunaire qui n'avait jamais répondu aux appels de la jeune fille. Des cheveux bruns dont les racines se grisaient. C'était une femme âgée au regard sage et au sourire gentil. Elle n'inspirait en rien la peur ou la méfiance, elle avait plutôt l'air d'être la charmante grand-mère que l'on lit dans les livres d'enfant. Une fois dans le salon, elle lui suggéra de s'installer dans le salon. Sa voix était un peu enrouée par l'âge, malgré ça il était possible d'y sentir de la douceur et un confort convivial. Elle revint avec un chocolat chaud à la main et le donna à Julie qui but sans hésiter la boisson. C'était chaud et sucré, tout ce dont elle avait besoin pour se sentir bien.
- Merci. finit-elle par remercier timidement.
- Je t'en prie, fais comme chez toi.
- Mais je ne vous connais même pas. dit-elle embarrassée par tant d'attention.
La femme s'assit en face d'elle avec une tisane dans ses mains. Elle en but à son tour une gorgée et la déposa sur la table basse.
- Appelle-moi tout simplement marraine même si je ne suis pas vraiment la tienne.
- Vous êtes également une louve-garou ?
Elle acquiesça et prit soin de préciser qu'elle ne se transformait plus depuis plusieurs années. La jeune vampire baissa les yeux avec une question qui lui trottait dans la tête. Elle se décida enfin à la poser après avoir une nouvelle fois savouré son chocolat chaud.
- Pourquoi m'avez-vous sauvé ?
- Par devoir peut être ? Je ne sais pas trop. Je désapprouve les méthodes de l'Alpha du clan donc cette séquestration d'une pauvre vampire me semblait absurde. Je ne te ferai aucun mal, rassures-toi.
Elle la remercia une nouvelle fois et sourit heureuse de ne plus être enfermée. La marraine posa à son tour une question des plus basiques :
- Quelle est ton nom ?
- Julie . . . hésita-t-elle à dire son nom en entier.
- Tu hésites, pourquoi ? Tu sais, qu'importe ton nom, je ne le dirai à personne, je le jure sur ma vie de vieille femme.
- Je ne sais pas vraiment su je dois vous faire confiance ou non, mais de toute manière, j'ai déjà tout perdu hormis ma maudite nature. Mon nom est Julie Capire.
L'hôte écarquilla les yeux surpris pas le nom de cette dernière puis elle reprit un sourire simple est apaisant.
- C'est donc toi celle qu'il aime.
- « il » ?
- Mon filleul est Romain.
Julie à la fois figée sur place et sur le point de pleurer mit sa main devant son visage pour dissimuler ses lèvres tremblantes. Ce prénom qu'elle aimerait tant prononcer des millions de fois, celle homme qu'elle aime à la folie, tout en lui la fait vibrer de multiples sentiments. Ayant remarqué les sentiments de la plus jeune, la femme l'accompagna dans une chambre à l'étage. Elle la laissa s'installer en première sur le lit blanc et déposa son mug sur la table de chevet juste à côté. Julie serrai les dents pour ne pas trembler, pour ne pas gémir de douleur, cette souffrance qui tailladait son cœur en morceaux. Elle se trouva enlacée dans les bras de la doyenne qui tentait de la réconforter par ce geste rassurant et sécuritaire. La vampire s'agrippa à son haut et pleura de plus belle, extériorisant tout ce qu'elle gardait en elle, tout ce qu'elle ne pouvait pas exprimer, tout ce qu'elle ne pouvait pas dire. Pourquoi devaient-ils vivre ainsi alors qu'ils s'aimaient mutuellement ? Pourquoi avait-elle été aussi horrible avec lui ? Pourquoi les dieux et le destin avaient-ils décidés de leur faire vivre un enfer ? Ils voulaient juste s'aimer en paix. Mais ils ne le peuvaient pas. Leur amour ne sera jamais accepté. Ils ne pourront jamais vivre heureux tels qu'ils sont aujourd'hui. Leurs natures et origines le leurs rappelaient sans cesse. La séparation était trop dure. Elle avait si mal au cœur qu'elle serait capable de se donner la mort pour cesser cette agonie satanique. Elle voulait être auprès de lui. Mais ce n'était pas possible !
Ses larmes coulaient encore et encore sans s'arrêter. Rien ne pouvait les arrêter. Elles étaient la preuve qu'elle l'aimait plus que ce qui était permit. Elle détestait sa nature, son nom. Jamais elle n'avait voulu tout ça. Elle voulait juste être avec son bien-aimé. Il était tellement difficile de d'en convaincre chaque jour. Elle voulait y croire mais n'y arrivait pas. Elle se languissait de lui. Elle l'aimait tellement. Elle ne voulait pas le quitter, ni être séparé de lui. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur eux. De ses yeux jaillirent des rivières, de ses cris des ultrasons, de son corps un tremblement de terre. Tout son être n'était que tristesse et chaos.
- Pourquoi ?! s'exclamait-elle les yeux clos se noyant de le désespoir.
Julie finit par s'endormir après un longtemps à pleurer. Ses yeux étaient gonflés et rouges constataient la femme qui veillait sur elle. « La pauvre » pensa-t-elle en essuyant une larme qui venait de glisser sur la peau pâle de la brune.
Au réveil de la jeune fille il était midi passé. Le soleil qui traversait les rideaux blancs lui faisait mal aux yeux. Ces derniers jours passés dans le noir complet l'avait affaiblit face à la lumière. Malgré ça, son temps d'adaptation fut assez rapide. Elle inspecta les lieux et se souvint de la nuit dernière. La tasse à côté d'elle était encore chaude, avait-elle été réchauffée entre-temps ? C'était fort possible.
Elle sortit de la chambre qu'elle occupait et descendit les escaliers. Elle remarqua la présence de la marraine dans la cuisine et s'empressa de la saluer comme il se doit. Elle lui prépara du pain et sortit un gros pot de Nutella que Julie étala sur des tartines. Elle remercia une nouvelle fois l'hospitalité qui lui était offerte et savoura son petit-déjeuner. Ses papilles dégustaient ce repas comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours, ce qui était le cas d'ailleurs. Elle engouffra une, puis deux, jusqu'à sept tartine de Nutella, sans oublier les quatre grands verres de jus d'orange qui la désaltérait avec plaisir. Elle rigola intérieurement lorsqu'elle compara l'heure avec ce qu'elle mangeait. Mais cela avait peu d'importance, elle mangeait bien et c'était l'important. La marraine avait plaisir à voir ce soulagement chez Julie lorsqu'elle dégustait. La voir aussi enthousiaste et joyeuse était beaucoup plus agréable que d'entendre ses tristes pleurs.
Soudain une sonnerie retentie dans toute la maison, signe que quelqu'un attendait devant la porte d'entrée. Elles se lancèrent mutuellement des regards interrogés et la vieille femme s'en alla vers l'entrée en faisant signe d'être silencieuse à la plus jeune. Julie tendit l'oreille curieuse de savoir qui cela pouvait-il être, mais à la fois méfiante. Elle avait peur que ce soit quelqu'un qui était venu la ré-capturer. Elle anticipait déjà sa fuite par la fenêtre de la cuisine.
- Marraine ! C'est terrible ! s'exclama une voix masculine qui lui sembla familière.
- Quoi ? Qu'y a-t-il ?
- Julie, elle n'est plus dans le sous-sol !
- Viens, entre mon garçon. suggéra après une pause la voix enrouée de la maîtresse de maison.
La porte se referma derrière eux et ils se dirigèrent vers le salon. La vampire inspecta le hall et ne vit personne. Alors que le garçon expliquait la situation, Julie se dirigea à son tour vers le salon pour espionner. Elle vit la marraine dos à elle, confortablement installée. Elle cachait la personne en face d'elle dont l'identité était presque claire pour la jeune fille. Elle ne voulait pas y croire mais se sentait tout de même heureuse en y pensant. Son envie de confirmer ses suppositions se firent plus forte et elle se pencha de peu sur la droite pour scruter le visage de l'invité. C'était Romain, c'était bien celui qu'elle aime. Elle voulait à la fois lui sauter dans les bras et fuir les jambes à son cou. Que devait-elle faire ? La question ne se posa pas plus longtemps lorsque leurs regards se croisèrent, les yeux écarquillés.
- Julie ?! s'exclama Romain en se penchant plus pour mieux la voir.
Cette dernière piqua un fard et couru à toute vitesse dans la chambre qui lui avait été attribuée la veille et s'y enferma à clef. Elle glissa le long de la porte accablée et honteuse en repensant à tout ce qu'elle lui avait dit froidement. Elle sentit ses yeux s'humidifier de plus en plus mais retint ses larmes du mieux qu'elle pouvait. Pourquoi était-il là ? Ne pouvait-il pas la laisser et l'oublier ? Le destin, le hasard étaient-ils vraiment contre elle ?
Des pas lourds montèrent les escaliers si rapidement qu'il était impossible de les compter un par un. Romain tenta d'ouvrir la porte en vain. Il frappa plusieurs fois la porte violement sans s'arrêter, possédé par le désespoir.
- Julie ! Ouvre cette porte je t'en prie !
Elle ne répondit pas à l'appel de Romain qui continuait son tapage espérant avoir des réponses. Il avait enfin réussit à la revoir autre part que dans cet endroit lugubre, alors pourquoi ne pouvait-il pas en profiter ? Pourquoi mettait-elle cette barrière entre eux, l'empêchant ainsi de s'approcher d'elle ? Il voulait la prendre dans ses bras, l'embrasser, lui répéter des milliers de fois combien il l'aimait. Sans ça il se sentirait comme mort. Sans objectifs, sans envie, sans vie.
- Julie ! J'ai besoin de te parler alors s'il te plait, ouvre.
Elle essaya de calmer sa gorge qui se nouait de plus en plus dans l'optique de pouvoir de pouvoir une nouvelle fois lui parler. Il fallait qu'il abandonne cet amour qui les faisait souffrir tous les deux. Il fallait que cela cesse. D'une voix sèche elle lui lança :
- Vas-t-en loup-garou. Je n'ai plus besoin de toi. Les jouets usagés sont bons à jeter. Ne me parles plus, ne m'approche plus. Tu es un loup-garou, mon pire ennemi. Je ne t'ai jamais aimé.
Les coups contre la porte cessèrent au moment où elle lui adressa la parole. Tête baissée, le cœur brisé, les deux amoureux ne surent plus quoi faire. « C'est la fin » se dit Julie en pleurant silencieusement.
- Pourquoi ? C'est donc ainsi que ça se finit ? Tu ne veux plus de moi ? Je m'en vais si c'est ce que tu souhaites.
Des pas s'éloignèrent et la porte d'entrée claqua en faisant vibrer toute la maison. Julie à la fois soulagée et triste déverrouilla sa chambre. « C'est fini ». Elle pleura de plus belle en s'effondrant sur le lit. Cet amour était si douloureux à vivre. Elle l'aimait tellement qu'elle devait l'éloigner d'elle. Elle ne voulait pas qu'il soit en danger par sa faute. Elle ne voulait que son bien, et malheureusement ce n'était pas elle qui pouvait le rendre heureux. Elle n'aurait même pas dû être sauvée par cette femme loup-garou. Elle se sentait si mal à l'aise à son égard à présent. Le malheur était tout ce qui lui restait. Elle ne sentait même plus en droit de pouvoir s'imaginer avec Romain. Le reprendre dans ses bras, lui dire à quel point elle était désolée de lui dire autant d'atrocités. Elle leva les yeux et sécha ses larmes. Julie se dirigea vers la fenêtre et observa la forêt qui s'étendait devant elle sur une infinité d'hectares. Toutes ses pensées se dirigeaient inconsciemment vers celui qu'elle aime, celui qu'elle avait rejeté.
- Dis Romain. Pourquoi es-tu Romain ? Si tu veux être avec moi, renie ton père, ton clan, ta nature et abdique ton nom, ou si tu ne le veux pas, jure de m'aimer pour l'éternité, et je ne serai plus une Capire, plus une vampire. Prends-moi toute entière et sortons de cette serre, qui nous emprisonne dans les mains du démon et de la démone. Je t'en supplie mon amour, reste avec moi pour toujours. Et vivons à deux et heureux.
Un craquement se fit entendre derrière elle et Julie fit volte-face surprise par ce bruit inhabituel. La porte de sa chambre s'ouvrit lentement et laissa entrer Romain qu'elle croyait partit.
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