Chapitre 1: Le bal
"C'est comme un coup qu'on reçoit là, pan! Dans le creux de l'estomac. Très curieux le coup de foudre." - Alphonse Allais -
Romain et Julie avaient beau être cultivés, intelligents, beaux, ils ignoraient beaucoup de choses. Comme les responsabilités de l'Élite, ou même l'amour. Ils étaient dans le lycée Gister. Dans la même classe. Mais ne se connaissaient pas ne serait-ce qu'à peine de vue. Tout commença si vite. Le bal de milieu d'année approchait. Et pour préparer cet événement annuel, le conseil des élèves avait convoqué les deux uniques membres de l'Élite. Ils étaient arrivés tous les deux à l'heure, donc se confondant dans le groupe d'animateur, ils ne se démarquèrent pas particulièrement. Romain était assez impliqué dans les préparatifs du bal alors que Julie pensive se faisait discrète et était dans sa bulle. L'un ne remarquait pas l'autre.
Les jours passèrent, les préparatifs avancèrent, sans que cela ne puisse les réunir. Le dernier jour avant le jour J, ils se réunirent dans la salle de réunion pour fêter la fin de ce travail d'une semaine. Biscuits, boissons, musique, tout était au rendez-vous. Une jeune fille qui avait souvent épaulé Julie durant les préparatifs la rejoignit. La jeune vampire était assise à une table buvant son verre de Coca-cola tout en regardant les autres discuter de la pluie et du beau temps.
- On a bien travaillé Julie, n'est-ce pas? lança celle qui s'était invité à côté d'elle.
- Je pense que oui. sourit-elle gracieusement.
- C'est marrant, avec Romain vous faites parti de l'Élite et vous ne vous êtes pas adressé un seul mot cette semaine.
Julie haussa les sourcils en se tournant vers elle.
- C'est vrai. Mais pour être franche, je ne sais même pas à quoi il ressemble.
La bouche de la camarade forma un « O » de surprise.
- Vraiment?! Mais vous êtes pourtant dans la même classe.
- Il me semble oui.
La pipelette se leva et tira par la main Julie.
- Viens! Je vais te le présenter!
- Si tu veux.
Julie restait calme et posée malgré l'excitation de sa camarade. Au bout d'un certain moment où elles ne le trouvaient pas, l'amie demanda à un de ses amis où se trouvait le garçon.
- Il me semble qu'il est déjà rentré chez lui. Il semblait crevé.
- Oh... soupira la camarade en baissant la tête.
- Ce n'est pas grave, je le verrai peut être au bal de demain. compatis Julie.
Elle se retira de la petite fête discrètement pour rentrer chez elle. Manifestement, elle aussi était épuisée. Elle passa la grille qui séparait la ville au quartier privé où elle vivait. Aussi appelé le "clan des vampires" pour les créatures surnaturelles. Elle avança sur les pierres anciennes qui recouvraient les trottoirs aussi anciens, contourna deux-trois lampadaires qui chancelaient, rencontra la fontaine en pierre de marbre en plein milieu du quartier formant un rond point et posa les pieds sur le paillasson devant la maison la plus grande du clan. Elle poussa la poignée qui n'était pas verrouillée et entra accompagnée du grincement de la vieille porte en bois de marronnier. Seule sa sœur l'accueilli à bras ouverts. Ses longs cheveux blonds tapaient sa nuque lorsqu'elle dévala les escaliers. Son regard vert émeraude traduisait la joie qu'avait la jeune femme à retrouver sa sœur cadette. Elle avait dix-neuf ans en âge humain.
- Bonjour Caroline. salua Julie en retirant ses ballerines dans l'entrée.
Elles montèrent à l'étage jusqu'à la chambre de Julie qui était à deux pas de celle de sa sœur. La chambre était tout ce qu'il y avait de plus normal et de simpliste. Un bureau en châtaignier dans le coin près de la fenêtre, un lit à baldaquin avec accrochée aux poteaux la moustiquaire blanche en soie. Une coiffeuse juste à côté de l'armoire en bois blanc. Dans la coiffeuse un magnifique miroir rond décoré sur la table de nécessaire de maquillage, brosses, princes, élastiques, etc... Comme un rituel quotidien, Julie s'assit sur le tabouret en bois avec un tissu rembourré et laissa sa soeur lui brosser sa longue chevelure noire comme la nuit. Avec soin, les cheveux glissaient entre les poils de la brosse noir. Les doigts de Caroline ne pouvaient s'empêcher de frôler ces fils d'araignées aussi doux que les plumes d'une oie.
- Tu as vraiment de beaux cheveux Julie. murmure la sœur aînée comme une incantation pour les rendre plus sublimes.
Julie n'avait pas vraiment entendu ces paroles aussi douces que le chant d'une sirène. Elle grimaçait vulgairement devant sa glace pour mettre en valeur ses canines qui avaient encore poussés de deux millimètres. Elle soupira espérant que cela cesse rapidement avant qu'elle ne se fasse remarquée. - Pointues. Plusieurs fois elle s'était coupée accidentellement les lèvres à cause de ces crocs proéminents. Elle savait que ses dents pointues lui permettra plus tard à se nourrir. Néanmoins, elle ne connaissait toujours pas le goût du sang, qu'il soit artificiel ou vrai. Cette question lui démangeait le bout de la langue.
- Dit Caro, c'était comment la première fois que tu as goûté du sang?
- C'était... Apaisant. Je me sentais reprendre des forces. Et j'avais l'impression d'être sur un nuage. Mais après j'ai commencé à être dépendante du sang de mon fiancé. Le sang c'est comme une drogue pour les vampires. Quand tu as commencé, tu ne peux plus t'arrêter. Alors commence le plus tard possible Julie.
- Entendu.
* * *
Du côté du clan des loups-garous, Romain s'admirait sous sa forme de loup avec comme unique commentateur son meilleur ami Bastian. Il n'était pas vaniteux, orgueilleux ou imbu de sa personne, mais il vérifiait comme toujours s'il correspondait à l'image qu'il veut donner de lui à son père. Un loup au pelage brun avec des reflets crépusculaires comme les cheveux de Romain sous sa forme humaine. Il avait gardé ses yeux jaune ambre remplis d'humanité. Il détaillait du regard son poil, la force de ses membres, la dureté de ses coussinets, la grandeur de sa mâchoire, la blancheur de ses crocs. Baptiste qui était plus mince que lui l'observait avec ses yeux noirs qui faisaient froid dans le dos à quiconque les croisait. Il admirait son frère de lait qui était le plus beau loup qu'il ai connaissait. Il préférait sa fourrure digne d'un couché de soleil que ses cheveux gris-argentés suite à une coloration. Romain reprit sa forme humaine et remit ses vêtements qu'il avait retiré pour éviter de les déchirer. Puis il s'effondra sur son lit aux côtés de son meilleur ami.
- Tu vas participer au bal Baptiste?
Le jeune homme s'allongea à côté de lui.
- Oui. Mon père veut que je me trouve rapidement une copine qui "sera apte à porter mes enfants plus tard".
Romain pouffa en passant sa main dans ses cheveux en bataille.
- Il voit loin ton père.
Baptiste ria avec lui.
- Ouais. Et toi Romain, tu vas chercher l'amour au bal?
- Faudrait-il déjà que je sache ce qu'est que l'amour.
- L'amour c'est... Quand tu veux sauver ou être avec la personne à laquelle tu tiens aux risques et périls de ta vie.
- Aimer une personne à en mourir. Il faudrait être fou pour donner sa vie à la personne que l'on aime. soupira Romain
- C'est l'amour qui est fou, c'est lui qui nous rend aussi fou. dit Baptiste avec un regard bienveillant sur son ami.
* * *
La nuit du bal arriva enfin. Le chemin qui amenait au gymnase était illuminé par des spots placés à contre jour. Il y avait cette impression qui faisait que les étoiles brillaient plus qu'à accoutumé. Les couples, adolescentes et adolescents marchaient posément dans la grande allée vers cette fameuse salle de balle. Tous riaient, parlaient fort. La musique pop de la grande salle se propageait déjà à l'extérieur et mettait de l'ambiance avant d'entrer. Les filles en robe courte comme si elles sortaient en boîte de nuit balançaient leurs hanches avec leurs hauts talons, accrochées la plupart au bras de leur cavalier en costard-cravate. Ce soir il fallait faire la fête!
Julie arriva seule devant le lycée. Elle venait juste pour ses amies qui devaient sans doute l'attendre dans la salle, sinon hors de question de danser avec un garçon! Ce n'est pas qu'elle ne les aimait pas, c'est juste qu'hormis ses amis qui son entrés dans sa friendzone, elle n'en connait aucun. Elle zieuta rapidement son Smartphone qui n'avait reçu ni texto ni appel et le rangea dans son sac à main qui pendait comme une sacoche à son épaule. Elle était vêtue d'une envoutante robe blanche, courte, moulante, mettant en valeur ses formes sublimes et ses cheveux coiffés en tresse par sa sœur. Son décolleté laissait les garçons loucher sur elle. Ses lèvres avec une touche de gloss rose donnait envie de la dévorer. Ses yeux paraissaient deux fois plus beaux avec le mascara et un trait d'eye liner. Elle était la cavalière dont tous les garçons du lycée rêvaient. - Envoutante.
Elle se décida enfin à entrer dans la salle, la puissance du son était tel que lorsque l'on était trop près des enceintes on avait l'impression d'être repoussé. La lumière aveuglante aux multiples ronds de couleurs illuminait la salle en restant tout de même dans l'ambiance boîte de nuit. Le DJ qui était un ami de Julie s'éclatait en sautant dans tous les sens devant sa platine. Il fait rapidement signe à celle-ci en lui montrant son pouce. -Lui aussi la trouvait belle. Et retourna à son activité principale en mettant sur une oreille sur deux le casque noir aux contours métalliques. Elle rejoint ses amis qui manifestement s'étaient trouvées un cavalier. Allait-elle les gêner si elle s'imposait?
Romain arriva un peu plus tard en compagnie de Baptiste. Tous deux dans leurs chemises blanches avec un pantalon noir et bien sûr la cravate qui va avec. Les cheveux coiffés en crête avec du gel pour Romain et en bataille pour Baptiste. Leur air sérieux leur donnait un air encore plus charmeur. Ils pénétrèrent dans le bâtiment et furent aveuglés par une lumière qui illuminait par hasard vers eux. Distrait par ces leds, Baptiste n'avait pas remarqué qu'une jolie jeune fille se dirigeait vers lui. Elle lui demande s'il voulait bien danser avec elle. Baptiste jeta un regard interrogateur à Romain et celui-ci lui fait un clin d'œil. Romain les observa donc s'éloigner vers la piste de danse. "Tant mieux s'il s'amuse" pensa-t-il franchement. Il fit le tour de la salle observant le bon travail qu'ils avaient fait jusqu'à maintenant pour ce bal. Et il n'y avait rien à regretter. C'était bien réussi.
Julie était dans un coin de la salle à observer l'animation de ce bal qui était très festive. Elle sirotait un verre de Coca-Cola en se faisant draguer par plusieurs gars dont elle déclinait les invitations. Tandis que Romain se baladait toujours dans la salle en saluant les potes qu'il croisait en charmante compagnie. Ce qui surprenait ces derniers c'est qu'il soit seul. Il sourit et reprit sa marche au rythme de la musique "Chandelier" de Sia.
Lors du changement de musique, le tempo changea radicalement pour passer à "Fightless Bird" d'Iron & Wine.
- Bon tout le monde! Pour le solo je veux voir TOUT LE MONDE sur la piste de dance. Et ceux qui n'y seront pas danseront avec les profs ou les pions. annonça celui qui s'occupait de la musique.
Tous les adolescents se dépêchèrent de se trouver un partenaire que ce soit une fille ou un garçon. Julie se leva enfin de sa chaise et se balada dans la salle tranquillement à la recherche de quelqu'un pour danser juste pour s'occuper. Romain faisait pareil de son côté. Leurs regards se croisèrent et le temps s'arrêta net. Ils avaient l’impression que leur cœur allait exploser pour une raison qui leur échappait. Quelque chose au fond de lui, lui demandait de l'inviter. Et quelque chose au fond d'elle lui demandait d'accepter la demande. Il lui prit la main et ils allèrent sur la piste de danse. Ils ne s'étaient pas quittés du regard une seule fois. Leur esprit leur en empêcher pour une raison qu'ils ignoraient. Il posa sa main sur la hanche de sa cavalière, elle plaça sa main sur l'épaule de son cavalier. Les doigts toujours croisés entre-eux. Et ils se mirent à bouger au lent rythme de la musique. Elle ne trouvait pas les mots pour juste entamer une conversation. Mais tant pis. Elle se sentait soudainement bien avec lui. Lui ne pouvait pas détacher son regard de ses yeux ensorcelants.
Après cette danse, ils se tournèrent vers une table et se mirent à discuter de tout de rien comme s'ils se connaissaient depuis des lustres. Il n'arrivait pas à regarder autre part, et il en allait de même pour elle. Elle aimait en savoir plus sur lui, il aimait en savoir plus sur elle. Il ne connaissait pas son nom, et elle ne connaissait pas son nom.
Il y eu soudainement l'annonce des rois et reines du bal du lycée qui éclata la bulle dans laquelle ils s'étaient enfermés. Un choix totalement hasardeux fait par le conseil des élèves. C'est lorsqu'ils arrivèrent aux premières que l'un deux sourit. Ils se décalèrent du podium pour laisser place aux élèves choisis toujours pas appelés. Et le résultat ne fut pas une surprise pour les autres élèves, mais pour les intéressés, ce fut le sursaut.
- Romain et Julie de l'élite! hurla le président du conseil dans le micro noir.
Ils furent tous deux surpris puis sourirent. Ils montèrent sur l'estrade sous les applaudissement de tous les élèves de la salle. Puis font une photo pour le journal du Lycée. Ils avaient tous deux le cœur battant en sachant enfin le prénom de l'autre. Baptiste qui venait féliciter Romain laissa sans le vouloir Julie s'enfuir. Elle voulait sourire à pleine dent tant elle était heureuse. Mais cela était impossible en présence d'humain, ses canines seraient trop visibles. Elle rentra chez elle en courant et c'est enfin en arrivant chez elle qu'elle sauta sur son lit, pensant à Romain. Son sourire était aussi brillant que le soleil. Sa sœur curieuse s'installa sur son lit et lui demanda la raison de sa joie explosive.
- J'ai rencontré un garçon formidable!
- Vraiment? Je suis contente pour toi.
- J'espère que je pourrai le revoir demain.
- J'en suis persuadée.
Julie raconta à sa sœur toute la soirée dans les moindres détails s'attardant à chaque fois sur ce qui concernait Romain. Caroline s'enchantait pour elle se doutant qu'elle était plus heureuse qu'à son habitude.
Et de son côté aussi Romain était l'homme le plus heureux du monde. Il racontait chaque détail de la soirée passé avec Julie à son meilleur ami qui troquait sa chemise contre un débardeur plus confortable. Baptiste était heureux pour son meilleur ami. Lui avait dansé avec une dizaine de filles sans trouver la bonne. Il ria de lui-même et refit attention à tout ce que lui relatait Romain.
C'était le début d'un douloureux amour. Le destin est bien cruel avec eux.
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