Chapitre 31
Scott
Qu'est-ce qu'elle fabrique ? Cela fait plus de dix minutes que j'attends Luna devant chez elle, je n'ai pas osé entrer. Je l'ai appelée plusieurs fois et à chaque fois elle m'a ri au nez en me disant « J'ai presque fini ma valise, je suis là dans une seconde ». Mon œil.
Je suis accoudé à ma voiture et pianote sur mon téléphone pour suivre les actualités. J'ai quelques messages des membres respectifs de ma famille, Charlotte me dit qu'elle est stressée, Julia qu'elle a perdu sa robe de demoiselle d'honneur, ma mère m'informe qu'il va probablement pleuvoir et que je ferais bien de me couvrir et mon père me dit d'ignorer le message précédent, car il fait très beau. Tant mieux, je n'ai prévu que le strict nécessaire pour les trois jours dans mes affaires.
Une furie blonde débarque en courant trainant derrière elle un sac à dos et une valise étrangement petite. J'ai l'impression que Luna n'a pas compris qu'on restait trois jours d'affilés et pas seulement une journée.
- Pas la peine de faire cette tête, tout rentre parfaitement ! elle dit en appuyant sur le dernier mot.
Je hoche la tête et ouvre le coffre pour y ranger ses affaires. Elle inspecte rapidement l'habitacle et un étrange sourire nait sur son beau visage.
- Eh bien, heureusement que je n'ai pas pris plus d'affaires, elle dit en montrant mon gros sac de sport posé sur la banquette arrière.
C'est vrai que j'ai pris bien plus de choses qu'elle, c'est d'ailleurs très étonnant, car au lycée quand elle venait me voir un week-end pour un match j'étais obligé de prendre une partie de ses affaires avec moi dans le bus tellement elles étaient nombreuses.
Je décale ma valise noire pour insérer ce qui appartient à Luna. Cette dernière monte côté passager et s'attache tranquillement alors que j'ai encore du mal à rentrer son sac. Il n'est pas très grand, mais qu'est-ce qu'il pèse lourd, je me demande comment elle a pu se trainer un truc pareil.
- Donne-le-moi, je vais le mettre devant avec mon sac à main, elle dit en me faisant signe.
J'obtempère et ferme le coffre d'un coup de main pour aller m'installer à ses côtés. Je l'observe un instant alors qu'elle cherche quelque chose dans ses affaires. Je remarque que ses cheveux sont plus ondulés que d'habitude et qu'ils qui lui tombent juste en dessous de ses épaules. Elle ressort finalement une petite trousse violette et referme son sac le plus facilement du monde.
Je tourne la tête vers la route et démarre directement. Du coin de l'œil, je l'aperçois commencer à s'appliquer une crème sur le visage.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? je demande.
- Ça ne se voit pas ? Je vais me maquiller elle me dit avec un grand sourire pendu à ses magnifiques lèvres.
Elle sort un petit miroir de poche qu'elle réussit à caler juste devant elle grâce a ses nombreux outils divers et continue de se peinturlurer le visage.
- Je croyais que tu ne savais pas te maquiller.
- Il faut croire qu'en quatre ans j'ai appris plein de choses.
Je n'arrive pas à savoir si son ton sarcastique était voulu ou non. Je choisis finalement de croire qu'elle ne l'a pas fait exprès et continu ma route. Les femmes sont vraiment bien trop compliquées pour moi. Je continue de rouler avec une Luna très causante à mes côtés. Elle me raconte comment elle a rencontré ses actuels amis, me donne des nouvelles de sa famille, mais s'attarde finalement sur la mienne.
- Est-ce que je t'ai dit que j'étais vraiment contente de pouvoir venir ? elle me demande pour la énième fois.
- Oui, ça fait au moins dix fois que tu me le répètes Lu'.
Habituellement, elle déteste ce surnom, mais aujourd'hui elle ne relève même pas. Il faut croire que ça ne l'embête plus comme il y a quatre ans, c'est beaucoup moins amusant.
- Excuse-moi, mais je suis vraiment trop contente ! elle dit en gloussant.
Elle ouvre la bouche en grand pour appliquer du mascara noir sur ses sourcils blonds. J'ai déjà vu Charlotte faire cela, mais je ne sais strictement pas pourquoi elles le font. C'est peut-être pour être plus concentré ? Je n'en ai aucune foutue idée.
- Quand j'ouvre la bouche, mon cil arrête de battre, m'informe Luna sans que je ne lui pose la moindre question.
Je hoche la tête pour assimiler ses paroles, je crois que je viens d'apprendre le truc de l'année-là. Je me coucherais moins bête ce soir, si je me couche d'ailleurs. Je la vois pianoter quelques phrases sur son téléphone puis le ranger dans ses affaires. Elle continue de fixer la route sans rien faire, pas un sourire n'apparait sur son visage, elle qui est d'ordinaire si joyeuse. Elle n'a pas l'air tendue, elle est simplement concentrée ou stressée, je n'arrive jamais vraiment à faire la différence entre la Luna stressée et la Luna concentrée. Souvent la première arrive avant la deuxième et les deux se succèdent.
- Tu te souviens de la Saint-Valentin de notre dernière année à l'école ? demande tout à coup la blonde sans changer de position.
Je ne m'en souviens que trop bien. Ce jour-là m'avait paru maudit pour un bon nombre de raisons. Déjà parce que je ne pensais pas que des roses pouvaient couter si cher et que j'ai dû emprunter à Connor. Ensuite parce que Jack avait fait disparaitre mon téléphone ce midi-là. Mais ce jour-là, il y a eu bien pire, on m'a pris pour un autre.
- Vaguement.
Elle parait réfléchir un instant avant d'enlever sa veste pour la déposer à l'arrière de la voiture d'un geste élégant à souhait.
- Alors tu te souviens surement aussi de la personne qui m'avait offert ce bouquet ?
Je savais qu'elle allait me demander ça. Luna est le genre de personne à ne jamais oublier quelque chose, même si ce n'est pas important. Bon, il est vrai que c'est plus important que je ne voulais le croire à ce moment-là, mais Luna est quand même quelqu'un qui ne lâche jamais l'affaire.
- Dois-je te rappeler que ce jour-là j'ai gagné et donc que tu n'as pas à savoir, je l'informe en esquissant un léger sourire.
Elle parait déçue un instant puis ballait mes paroles du bout de sa main pleine de bijoux pour me montrer que ce que je lui dis n'a aucune importance.
- Allez, c'était il y a des années, je ne suis surement plus en contact avec la personne, elle dit en se tournant vers moi.
Est-ce que je dois lui en parler ? Après tout, c'est vrai, c'était il y a des années, en plus elle le sait, je n'ai rien à perdre. Je peux peut-être lui raconter que c'était un mec de l'équipe qui en avait offert à une partie des dernières années. Il y a des chances qu'elle me croie en plus. Pourtant, j'arrive à discerner cette petite lueur dans son regard, celle qui me dit qu'elle sait déjà tout et qu'elle attend simplement la vérité de ma part. Est-ce que j'ai envie que ce soit si facile ?
- Je ne le connaissais pas, il était devant moi dans la queue et je l'ai entendu parler de toi, je mens.
- Et la vérité ? elle me demande en arquant un sourcil.
Je souris en continuant de fixer la route. Peu de voitures circulent si bien qu'il n'y a aucun ralentissement. Heureusement, on n'est déjà pas en avance à cause de madame-je-suis-toujours-à-la-bourre.
Cette fille ne me connait que trop bien, elle sait exactement quand je lui mens, même des années après. Je ne sais pas comment elle va le prendre, mais je choisis d'être sincère, après tout, ce sont les mensonges qui nous ont éloignés.
- C'était moi.
Du coin de l'œil, je l'aperçois se mordiller la lèvre inférieure. Elle faisait déjà ça au lycée, ça me faisait bien rire. Une fois, elle était tellement stressée avant une compétition qu'elle s'est mise à saigner. Son frère s'était bien moqué d'elle pendant que sa mère lui demandait de faire attention de ne pas tacher son nouveau justaucorps.
- Je le savais.
Elle range sa petite trousse dans son sac et en sort une paire de lunette de soleil qu'elle coince sur ses cheveux avant de passer le tout sur la banquette arrière en effleurant ma tête.
- En fait, je crois que c'est l'un des meilleurs souvenirs que j'ai de cette époque. Tu te rappelles, je pensais que c'était ce looser de Jason qui me les avaient offertes ? J'étais vraiment naïve à cette à ce moment-là.
Eh bien, finalement elle ne l'a pas si mal pris. Après tout, elle était plus ou moins déjà au courant, c'est normal qu'elle s'en soit doutée vu ce que je lui ai avoué cette nuit-là.
Tout à coup un bruit sourd se fait entendre derrière nous. Oh non, je me suis fait rentrer dedans. Merde merde et re-merde ! Comment on va pouvoir arriver à l'heure ? Comment je vais expliquer ça à ma mère ? Elle va me couper la gorge et mes sœurs seront là pour l'aider ! J'ai toujours su que ce jour arriverait, mais je n'aurais jamais pensé qu'elle puisse l'aider. Traitresses !
Alors que je pense au pire, en roulant toujours, une étrange odeur arrive à mes narines. Dites-moi que je rêve.
- Mince mon parfum vient de se casser, je n'ai pas dû refermer mon sac de la bonne manière, marmonne Luna en ramassant les débris.
Je pousse un soupire de soulagement, heureux que mon véhicule n'ait rien. Je m'en sers rarement d'habitude, ce n'est pas le moment de me lâcher.
- Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi ce truc sent à ce point ? je demande en me bouchant le nez de ma main libre.
- Je crois que c'est le but premier de ce que l'on appelle « un parfum » elle me dit en faisant des guillemets avec sa main remplie du verre brisé.
Comment un truc pareil peut se casser d'ailleurs ? Mes flacons à moi peuvent résister à toute épreuve. Il y a quelques années, Charlotte en a même balancé un de ma fenêtre. Il est toujours en vie, c'est véridique.
- Scott, il faudrait vraiment qu'un jour tu m'expliques ce que fout une batte de baseball dans ta voiture, elle me dit en sentant le bout de cette dernière. T'as peur de te faire agresser ou quoi ?
Coucou ! Qu'avez vous penser de ce chapitre ? Le premier où ils sont vraiment seuls...
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