(Archive 2) Prologue

"Ceux qui advinrent aux bords du monde, à la limite du Cosmos, n'avaient pour seul but que de maintenir l'ordre et l'équilibre dans des terres corrompues. Les héros victorieux, rentrent de leur mission sans gloire ni gain, mais se prépareront, peut-être pour l'éternité, à refaire surface."

Mon vieil ami,

Sache que j'écris ces mots un peu à contrecœur. J'aurais préféré ne jamais me remémorer cette aventure extraordinaire. J'aurais voulu que le monde oublie, que les gens comprennent la raison de ton silence, et du mien. J'aurais, par dessus tout, souhaité que tout cela n'advienne jamais. Mais ce qui est fait, est fait. Tu as laissé cette coulée d'encre indélébile dans l'histoire de notre monde, et j'en suis terriblement désolé. Qui sait si cette épopée avait été nécessaire ? Qui aurait pu affirmer que les problèmes se seraient effacés par eux-mêmes ? Si tous ces sacrifices ont été vains ?

Je n'ai pas un quart de la réponse. Et c'est aujourd'hui, par le temps gris qui éclaire misérablement ces lignes, que je me vois attribué la charge de conter tes exploits, désormais scellés dans le temps pour les prochains millénaires. Il fait froid, trop froid, là où je me retrouve assis sur mes vieux os fatigués. Mes pensées me tourmentent davantage qu'elles m'effraient. De ma fenêtre trouée, j'entends la brise hivernale qui ralentit le rythme du cœur de la nature. Ce vague souffle de nostalgie, criant nos rêves passés comme le sourd qui veux s'entendre. Triste, triste pluie fine, mais battante tel le cœur de ceux qu'on aime pour, hélas, combien de temps avant que la pluie ne s'arrête fatalement. Je vois ce pitoyable rayon de soleil qui m'indique que la voie est tracée, celle de m'accommoder aux volontés des autres, pour une dernière, dernière fois. Quoi qu'il en soit, mon devoir ne sera pas terminé, tant que je n'aurai pas touché le point final de mon plus profond cauchemar.

J'y ai réfléchi, de longues heures, voire des jours entiers, à douter sur la nécessité d'une tâche aussi terrible. Tout compte fait, il serait préférable que je me mette au travail avant que mon vieux crâne ne me fasse défaut. Tu me pardonneras dans le chaos du Nékronéisos pour cette erreur.

Tout d'abord, je pense qu'une brève introduction à notre réalité actuelle s'impose.

Notre territoire à tous, Norowa, est divisé en trois Tertres distincts : Mortem, Sanctus, et Aurona. Trois comtés très différentes, bien qu'indivisibles. Sur ces terres, vivent neuf races, dites "sensibles" ou "intelligentes", que sont les Paka, hommes-chats, les Canem, hommes-chiens, les Draconis, hommes-dragons, les Avem, hommes-oiseaux, les Balaena, hommes-poissons, les Lupus, hommes-loups, les Orevum, hommes-béliers, les Cornibus, hommes-cerfs, et pour finir, les simples Humain. Un drôle de mélange, en effet.

Nous prenons place ici, en plein Tertre de Mortem, sur la principale terre qui la compose, la grande presqu'île d'Advenae. Cette terre a vu naître des milliers de guerriers, des litres de sang jaillir, accompagné par des kilomètres d'herbe foulés par la guerre, mais elle n'a jamais perdu sa beauté qu'on appelle parfois "Mère". Aucune bataille n'a entaché les majestueuses Montagnes des Glaces de Phorra, le long fleuve sauvage de Bakanta, et les dédales formés par les interminable forêts d'arbres centenaires, comme si la brutalité du temps avait épargné ces sanctuaires. Et, au milieu de ce petit monde, en plein berceau de la plaine d'Advenae, va débuter notre histoire. Entouré des collines verdoyantes, c'est ici, que le périple va véritablement commencer.

Sur la plus grande des neuf collines, abritant une source d'eau, trône Civytas. La capitale monarchique du plus grand royaume de Norowa. Une ville fortifiée de hauts remparts de pierre incassable, abritant en son sein, le fameux Fort de Saint-Thibault.

Il y a de cela trois ans avant notre histoire, le roi Thibault Ier de Champabon, honorable Humain aux multiples titres, gouvernait à lui seul le territoire puissant du royaume de Civytas. Brave, intelligent, stratège, bon et bienveillant, chaque habitant louait la vie de cet homme, si grand aux yeux du peuple. Quelques années auparavant, la première année de son règne, il vaincut de son épée le terrible dragon qui effrayait et menaçait chaque jour un peu plus la capitale, en pleine période de crise. Depuis ce jour, le regard protecteur du roi se posait sur la vaste ville depuis le balcon de la salle du trône, comme la bénédiction d'un dieu. Descendant direct de la lignée des Champabon, succédant à un père plus autoritaire, il avait tout pour jouir de son charisme et de son succès indiscutable.

Et c'est ainsi, qu'un jour du Carnaval de Flocombe, la nouvelle tombe lourdement : le roi a été assassiné. Par qui ? Pourquoi ? Comment ? Personne n'eut la réponse de ce mystère aussi gardé qu'un secret d'état. Le souffle morose des funérailles et de la mort d'un être si important refroidit la capitale durant de nombreux mois. Même une canicule ne put réchauffer le cœur glacé des Civytiens. Cela permit, en toute discrétion, d'élire le nouveau roi, le successeur, ayant la dure tâche de satisfaire un royaume en pleurs après les bénédictions offertes par Thibault de Champabon.

Ce Thibault, par ailleurs, n'eut pas le moindre fils. Il avait signé, quelques mois plus tôt, une lettre désignant son seul et unique héritier légitime selon lui, de porter la couronne après son départ. Il savait que ses épaules portaient l'espoir de ses habitants désormais, nulle place n'était faite à l'erreur. Alors, fut convoqué au Conseil des Égides, le jeune Theios, un Orevum de vingt-cinq ans. Une légère confusion se glissa de bouche à oreille, dans le royaume. Thibault voulu donc briser la dynastie Humaine des Champabon ? Mettre à la tête de la cité, un jeune Orevum incompétent, sorti de nulle part, et mal vu, étant donné le passé tabou de cette race ?

Qui... Pourquoi... Comment... Ces questions résonnent une fois de plus dans la tête des gens. C'est avant que les plus anciens ne se rappelle... Qui.

De ce qu'il s'est-il produit, il y a quinze ans.

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