(Archive 2) Chapitre -0 : Tout commença

"- Pourquoi avez-vous lâché cette bête sanguinaire dans la nature ? Elle nous tuera tous, et vous le savez autant que moi. Il n'y a aucun espoir pour ce démon.
- Non. Il est la clé de la victoire dans cette bataille. Laissons-le reprendre ses forces."

Le premier mercredi du mois, chaque matin, le même scénario se déroulait inlassablement.

Ici, dans les alentours des massives remparts de la capitale, Civytas, les charmants moulins commencent à tourner. Les modestes fermes paysannes s'agitent, dès l'aube, sous les rayons du soleil d'ambre. Avant même tous les autres, le travail se met en marche pour ces lambda du quotidien, qui se lancent dans un nouveau jour comme leur morose habitude l'exige. Le ciel pourpre, refroidi par un début d'automne, s'étend sur les plaines vertes encore dormantes. Le fleuve d'Advenae, berçant les terres, s'écoule avec une douceur sans pareil, ricochant sur les roches lissées, et reste fidèle à l'alimentation de ces quelques sobres moulins à graine d'avoine et de blé, laborieusement ramassé et cultivé par les seuls trois familles habitant ces fermes. Les pères attèllent les ânes aux charrettes, préparées la veille, et s'élancent vers les champs accompagnés de leur fils aîné respectifs, héritant des ficelles du métier. Les plus jeunes enfants, excités devant le prélude d'une nouvelle journée, retournent à leurs jeux divers, dans la paille des chevaux ou dans les chênes qui bordent la longue rive. Les femmes, quant à elles, épient silencieusement l'horizon depuis la fenêtre fissurée du châlet familiale; les collines verdoyantes entourant ce paysage, soufflées par la fraîche brise du matin, faite d'air pur et de nouveaux destins tout tracés.

Le fil d'eau du fleuve d'Advenae continue jusqu'au petit bois, à une centaine de mètres au sud de la ferme. Les enfants, gaiement, descendent le long de l'eau miroitante sous des arches de végétation abondante et sauvage. Sautant de roche en roche, s'élançant de branche en branche comme des petits singes, ils s'enfoncent peu à peu dans une nature plus isolée, plus hostile, plus noire. Un lieu où toute protection ou protecteur disparaît, un lieu où leur mère leur a interdit de s'aventurer depuis leur premier soleil.

"Ce n'est pas un jeu, ici ! C'est le monde, le vrai ! le cruel ! le dévoreur ! l'impitoyable !"

Un étourdi, par maladresse, s'affaisse au détour d'une racine, sur le sol humide, de tout son poids. Le reste de la troupe, emporté par l'euphorie, court de plus belle le long du fleuve au rythme du courant. Le jeune garçon se relève, barbouillé, cherche, un peu perdu, ses amis, mais aucun signe de vie à l'horizon. Les arbres piègent l'enfant dans une cage de buissons épineux, de branches folles, et d'une sorte d'atmosphère obscure oppressante. Il tente, dans un effort terrifié par cette solitude face à cette nature au combien sauvage, de retrouver les cliquetis du l'eau claire du fleuve, mais plus rien ne semble indiquer la sortie de ce labyrinthe. Il s'assoit sur un rocher couvert de mousse, et se met à pleurer sa mère, son père, ses sœurs, son frère, son doudou en fin tissu de lin, les seules à pouvoir le sauver d'un tel cauchemar. Il sent alors, la présence autour de lui. Quelque part, caché, un être guette. Il attend, la main tendue qui le ramènera à la maison. Puis, à travers les feuillages, quelque chose se montre. Il lève sa paume fébrile et humide de larmes. Il ressent alors, la main perçante de son invité. Son sentiment d'espoir est englouti par la douleur soudaine, comme un éclair le frappant de part en part. L'oeil rouge de cet invité le regarde faillir sur le sol lamentablement. L'enfant tente une nouvelle fois de se lever, mais ses forces le quitte de plus en plus. L'être des bois le soulève, et projette le petit contre un arbre avec la force d'un géant. D'un craquement de nuque, l'étincelle s'éteint. Et ainsi se termine cette vie, partie trop tôt pour certains, à bon temps pour d'autres. Tel était l'unique loi de la nature.

Un cortège de corbeaux noires guide l'âme perdu. Et un souffle de vent au fil des feuilles la fait s'envoler jusqu'à la prochaine étape de notre existence. Et plus jamais, l'enfant n'aura le droit d'écouter le bruit de l'eau ricochant sur les roches.

Non loin de la ferme, l'ombre s'abat sur l'ouest de la plaine. Par les rayons du soleil levant, un gigantesque voile de ténèbres se dresse. Ce voile de ténèbres, que rejette les murailles géantes de Civytas. La ville fortifiée, maîtresse parmi toutes les autres. Indétrônable, incassable, inarrêtable. Construite il y a quatre centenaires, pour résister aux cataclysmes, aux guerres, et au lourd poids du temps. Sous la protection de ses remparts, véritables bastions, Civytas, la capitale monarchique, trône au milieu de la grande plaine, comme un souverain aux allures divines sur ses propres terres. Personne ne peut percer la carapace terrifiante que formes ces murs. Des meurtrières disposées et alignées par milliers, de larges et profondes douves d'eau de marais, et quatres grands ponts-levis à chaque point cardinal. Depuis le loin, on aperçoit la forteresse de Saint-Thibault, couronnant la ville de sa taille de guargantua.

La mère de la famille Tansier, habitants la première maison, se laisse enivrer par la muraille aux allures de création du divin. Ce bouclier la fascine depuis qu'elle fut arriver en ces terres depuis Kita un village montagnard au nord-ouest, alors qu'elle n'était que nouvelle adolescente. Elle n'a pas pu croire les dires des colporteurs et de ses amies, mentionnant l'existence de cette chose, si phénoménale, et pourtant, voilà la fantaisie se dévoilant sous ses yeux rayonnant.

La deuxième femme, celle des Labons, sans enfants encore, voit le ciel. Bleu, si bleu, toujours plus que le jour d'avant, il lui semble. Le bleu profond, si profond, lui renvoie l'avenir et l'advenu. Le futur, ébouriffant les cheveux d'or de sa fille dans l'eau claire du lac. Le passé, essuyant les bleus qu'elle sût porter et supporter de trop nombreuses années. Alors, elle remonte ses manches, expose ses fins bras affaiblis, et rassure son grand ventre pour tout oublier.

La troisième, celle des Fanbois, s'abandonne doucement sur le carreau. Il ne semble plus tarder avant que le messager n'arrive porter la lettre qui viendra glisser sous sa porte. Elle doit surveiller cette bague, cette promesse qu'elle a tenu, ces enfants, ces "promis" qu'elle a avoué. Toutes ces paroles de glace qu'on lui a obligé de prononcer.

"Papa et maman ont eu quelques soucis. Mais ce n'est que trois fois rien, petit, tu n'as rien à voir dans tout cela. Si tu aimes ta mère, retourne jouer, et bouche-toi les oreilles si les hommes de la ville reviennent te voir. Tu n'as rien à voir, tu m'entends ? Vis, vis, ne t'arrête pas."

Maintenant, il est temps de tout changer. La bâtisse ne sera plus payée si elle ne fait rien, non ? Elle se répète, chaque seconde, au fond de son âme : "Si je perd, tout s'arrête. Si je perd, tout s'arrête." Mais au fond de sa poche, trois misérables pièces persistes. Elle s'est donnée la peine payer cette maison. Alors elle attend, la porte qui s'ouvrira. Et celle qui se fermera. Et celle qui sera condamnée, si l'avis du Conseil en décide ainsi.

En attendant, où s'est perdu son jeune fils ?

Plus le temps de penser. Le brouhaha infâme des cliquetis de la porte Ouest de Civytas se déchaîne. La lourde plaque de bois renforcé qui sert maintenant de pont, frappe le sol dans un autre vacarme encore plus assourdissant. Depuis l'intérieur de la capitale, trotte un petit cortège d'hommes armés, en direction de la forêt des Lumelles, à quelques kilomètres d'ici. Les fermes de l'ouest, s'agenouillent devant celui qui traverse leurs chemins.

En effet, le premier mercredi du mois, chaque matin, le roi Thibault de Champabon s'avance en direction de la forêt, pour y entretenir sa soif de chasse, accompagné de son fidèle aigle et de ses chiens sans pitié.

Accompagné d'une troupe d'une dizaine de soldats d'élite, de son plus fidèle assistant et meilleur ami, Osarith, un Avem Général de l'Armée de Civytas, de cinq chiens féroces, et d'un aigle de Phorra sur son gantelet en cuir, il part dès l'aube pour dénicher les animaux sauvages à leur réveil. La forêt des Lumelles est un lieu de choix pour les chasses à l'animal de bon matin. Elle est principalement connue pour regorger de gibier de goût pour les chasseurs, notamment l'Acrenis Grise, grand oiseau très prisé de Thibault lui-même. À force d'extermination, jusqu'ici, trois espèces ont trouvé leur fin dans cette forêt de milliers d'hectares, comme le Loup de Vertant, ou encore le Renard Fin-Museau. Mais les chasseurs obtubilés par l'envie de tuer ne le sauront jamais.

Le bon roi entame son chemin avec ses garde-du-corps, après avoir brièvement salué les fermiers paralysés par sa seule présence, vers la forêt chantante et si paisible des Lumelles. Au trot, le groupe pénètre enfin après une laborieuse traversée dans un calme apaisant tout du long, au milieu des arbres. Le chemin tracé par toutes les fois précédentes n'est pas de refus, et à peine la route entamée, les chiens aux dents de scie, se mettent à renifler le sol dans tous les recoins, à la recherche de la moindre odeur, du moindre poil de chevreuil ou de lièvre. C'est un plaisir coupable du roi, que de regarder avec satisfaction ses tueurs patrouiller pour trouver la bonne proie. Ses garde-du-corps mettent pied à terre, et, sous les rayons perçants du soleil à travers les branches, s'avancent en position de repérage attentivement du danger imminent, mais toujours de manière à ne pas obstruer le champ de vision de son altesse. Le vent est doux, le silence presque absolu règne dans ce bois clair des lumières blanches des reflets de l'aube. Osarith extrait de son sac quelques gamelles et gourdes d'eau, puis les disposent soigneusement pour laisser se revigorer les chevaux après leur longue tâche. Et à peine installé, que l'un des chiens redressent les oreilles, et fonce à tête baissée dans les buissons, plus loin. Un sourire narquois se dessine sur le jeune visage de Thibault. En moins d'une minute, les chasseurs à quatre pattes reviennent, apportant une belette découpée en trois par les interminable lutte pour se partager la viande. Sanglant, certes, mais c'est ce que veux le roi Thibault, et c'est ce à quoi il a entraîné ces bêtes. L'un des soldats, un peu plus sensible de l'estomac, voit malgré lui ce spectacle horrifique. Il décide, sans prévenir, de lever le camp et d'aller prendre l'air un peu plus loin de la vue de cette petite créature déchiquetée et de cette odeur nauséabonde. Le roi est compréhensif, et laisse la troupe s'en aller.

Le soldat s'aventure, balbutiant, s'arrêtant quelques fois pour retenir ses dégoûts, jusqu'à entendre les tintements d'un cours d'eau, à sûrement deux pas d'ici. Il sort des sentiers battus avec hâte, et à la vue de l'eau pure qui ruisselle, se jette à terre et avale tout ce qu'il peut pour ôter ces mauvaises images de la tête. Il s'arrose vivement le visage de la fraîche liqueur, savoure avec son plus grand soulagement de ce que lui offre la nature. Mais tout à coup, quelque chose vient le ôter de son engouement. Il se relève avec sursaut, et revête aussitôt son statut de garde, en observant les alentours. Un bruit, trop étrange pour ne pas être un problème, viens de retentir à travers la forêt. Un léger cri, aiguë, court, étouffé, presque attristant. On aurait dit le petit cri faible d'un enfant.

Le garde se hâte en direction du bruit, fauche à l'aide de son épée de service, les broussailles, buissons, s'emmêle dans les lianes, se pique sur les orties, mais reste concentré sur son objectif. Au bout d'une longue lutte, il commence à distinguer la provenance de ce son, qui se met à en produire de nouveaux, plus distincts, jusqu'à entendre les pleurs d'un enfant en détresse. Retrouvant le chemin principal, il siffle ses collègues en renfort. La bande arrive sans les montures, sauf le roi, toujours le pied sur l'étrier de son cheval favori.

"-Larison ! Que se passe-t-il ?

-J'ai... J'ai entendu des appels à l'aide dans la forêt ! Dans cette direction, je crois que c'est un enfant !

-Très bien. Markes, toi et moi, allons-voir. Le reste de la troupe, assurez-vous qu'il n'arrive rien à sa majesté ! N'oubliez pas : un sifflement aiguë, puis grave pour indiquer un danger, et un sifflement grave puis aiguë pour une urgence, compris ?" ordonna Osarith.

"-Ne vous fatiguez pas à la tâche, je viens avec vous." fit le roi.

"-Votre majesté, il serait périlleux pour vous de...

-Non ! Entamez le pas, je vous suis. Toute la troupe viens avec nous.

-Sire, mon devoir est d'assurer votre protection. Je ne voudrais pas que ces cris soient un nouveau piège." insista Osarith obstinément.

"-Et vous êtes sous mes ordres.

-Thibault, je ne veux pas que tu t'attire encore des problèmes...

-Je viens. Point final. Et ce n'est pas un moment pour me tutoyer, Général Osarith.

-Pardonne ma maladresse... En route, vous-autres."

Le roi mis piqua son destrier, et tout le cortège, alerte, s'avança vers les hurlements d'enfants, donnant quelques frissons parmi le groupe.

Et c'était là. Au détour du chemin, que le pauvre perdu était. Dans une minuscule clairière, éclairée au milieu de l'ombre omniprésente. C'était ici, qu'un petit enfant, se roulant par terre de chagrin, pleurait à en percer les tympans. Un bambin mal habillé, sale, couvert de terre et de poussière, aux vêtements troués. Pas plus de sept ans, supposément. Une petite étiquette déchirée était accroché à la va vite sur son col, marquée "Theios". L'enfant provenait probablement du grand landau qui gisait sur le sol juste à côté, matelassé, luisant et propre, avec un drap immaculé et des lanières de cuirs de parfaite élégance. Quelle drôle de situation !

Une peste abandonnée, crasseuse comme un pou, tombé de son nid d'or. Et que faire ? Qu'en faire ?

La lueur chaude et bienveillante du soleil éclairait le berceau de fleurs sur lequel avait été déposé l'enfant, un parterre coloré de bouton d'or, de millepertuis, de jonquille, attribuant cette impression de coussin doré sur lequel gigotait le pleurnichard. Un fabuleux jardin de lumière, gâché par ce morveux, désormais orphelin.

Cette vision réchauffa le cœur de Thibault, écarquillant les yeux devant ce tendre tableau, en oubliant le gosse appelant sa mère. Son aigle de Phorra, immobile jusqu'ici, décide de s'envoler plus loin, mais il ne le sentit s'en aller. Une sensation étrange lui vint à l'esprit. Une émotion profonde, calme, de sérénité. Il cru un instant que cet enfant fut déposé par les Anges en personne. Pour la première fois depuis de longues années, il se sentait apaisé, en accord parfait avec son âme.

Cette pensée lui faisait du bien.

Pendant ce temps, les soldats s'étaient tous regroupés autour de l'enfant, déconcertés. Essayant vainement de l'agriper, de le calmer, de lui chanter n'importe quelle comptine, ce qui rendait le spectateur encore plus ridicule, l'enfant ne cessant de se lamenter comme s'il eût été à l'agonie. Osarith dispersa ses hommes, et observa de plus près la race de l'enfant en question.

Il fut horrifié par sa découverte funèbre.

Deux petites cornes, un pelage brun et grisâtre... Aucun doute, c'est un petit homme-bélier, un Orevum.

C'était la pire chose qu'il puisse arriver. Les Orevum sont persécutés depuis très longtemps, pour un évènement dont personne ne préfère se souvenir. Et si le roi apprenait cela... Non. Osarith était perdu. Il avait égaré tout son sens de l'organisation et de professionnalisme, et se mis à trembler.

-"Non, non, non, Osarith ! Ne tremble pas ! Tu n'es pas un imbécile ! Tu n'es plus ce faiblard qui faillit devant tous les obstacles ! Réfléchis, réfléchis, sauve ce petit, c'est ton seul devoir, sauve ce bébé avant que... Avant que..."

-Laisse-moi m'en charger." fit Thibault de Champabon en posant le pied à terre.

-"Non ! Thibault, reprends-toi ! Ce n'est un gosse ! Il n'est coupable de rien, je te l'assure !

-J'entend bien, Osarith. Laisse-moi approcher de cet enfant, veux-tu.

-Non, je t'en supplie, ne fait pas d'erreur... Ne le tue pas, il n'a rien fait..."

À ce moment-là, les chiens de chasse fraîchement revenus de leur travail, se mirent à grogner en direction de l'enfant.

"-Ne dit pas de bêtises. Ôtes-toi de mon chemin, maintenant.

-C'est qu'un gosse, gars... Un gosse..."

Il finit par écarter lui-même Osarith de sa route. D'un pas lent et concis, il s'avança, doucement, vers la bête à cornes en rage. Il tendit ses deux mains. Le gamin, rouge écarlate, le fixa en baissant le ton, d'un air intrigué. Puis, le roi, le saisit par les épaules, et souleva le petit pour le plaquer contre son torse. Le rassurant, au détriment de sa tenue, désormais encrassée par les habits presque pourris du gamin. Tout le monde autour était stupéfait par ce geste. Personne n'osa bouger les lèvres.

Lorsque l'enfant finit son chagrin, le roi le déposa sur le coussin de fleurs, en remarquant une amulette qu'il portait autour du coup, ornée d'une petite pierre verte.

La brise était bonne. Le soleil illuminait à pleine lumière l'enfant et la clairière, apportant une chaleur apaisante au sein de tous ceux qui reçoivent ce généreux don. Le petit sourit au roi, souriant en retour.

Osarith se décida à parler.

"-Votre majesté ? Quels sont vos ordres ?"

Et soudainement, Thibault donna l'impression de ne plus avoir le contrôle de son corps, comme si son esprit était ailleurs.

-"Amenez cet enfant à Hinansho, près de Civytas. Nettoyez-le, habillez-le, logez et nourrissez-le. Quand il sera enfin rassasié, donnez-le à quelqu'un qui saura l'éduquer, l'élever, et le chérir comme il se doit. Quand cela sera fait, détournez votre regard sur lui. Faites en sorte que ça ne s'entende pas, faites comme si rien ne s'était produit. Et surtout, ne le séparer au grand jamais de son amulette.

Et enfin, le petit sera en paix. Enfin, il pourra vivre l'enfance qu'il a toujours mérité.

Enfin, Theios l'Orevum pourra accomplir de grandes choses.

Croyez-moi. Il accomplira des merveilles. Je vous le promet."

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top