rock + 49
Lorsque j'avais emménagé chez Chan, de façon définitive cette fois-ci, j'avais dû passer bien trente minutes à rassurer Felix que je n'allais certainement pas l'abandonner ou ne plus lui donner de nouvelles. J'avais aussi eu un petit pincement au coeur de quitter mon meilleur ami, on venait d'habiter ensemble pendant des semaines, à surmonter encore tout un tas d'épreuves, alors se quitter si soudainement nous avait fait un léger choc.
Mais vivre avec Chan était un projet que nous avions prévu depuis des mois avec mon amoureux, après toutes ses péripéties je pensais qu'il était enfin temps pour nous de passer cette étape. Chan était un homme très attentionné, j'en avais déjà conscience mais ça m'avait marqué toutes ses petites attentions qui pouvaient paraitre anodines qu'il faisait dès que possible. J'étais heureux, j'avais enfin l'impression que l'univers me laissait tranquille. Je pouvais enfin respirer sans avoir peur de me noyer.
Chan, Minho et Jisung s'étaient violemment disputés le dernier week-end de juin. Je le savais car j'étais dans le salon à essayer de travailler mes mathématiques alors que les trois hurlaient que tout ça était la faute de je ne savais qui, qu'ils n'avaient aucun avenir, Jisung n'arrêtait pas de mettre la faute sur Chan et Minho, Minho et Chan tentaient de se défendre en expliquant que ça n'était pas possible de vivre ainsi, que ce n'était pas ce qu'ils voulaient, qu'ils s'étaient perdus mais que maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, ils pouvaient recommencer. J'étais horriblement mal à l'aise, je me forçais de me concentrer sur les Nombres Complex et les espaces vectoriels mais entendre trois gamins se disputer juste à côté n'était vraiment pas facile. Le lendemain, Minho et Jisung étaient revenus et ils avaient joué pratiquement tout l'après midi. Ils s'étaient réconciliés.
Le soir, lorsque l'appartement était enfin dans le calme et que mon petit ami et moi étions dans notre lit allongés sur le lit à discuter de tout et de rien en se tenant la main, Chan m'avait avoué qu'ils allaient rechercher une autre agence. L'idée ne m'avait pas plu au début, le bébé grandissait lentement mais sûrement, on approchait l'été et surtout, j'étais à quelques jours des concours pour mon école supérieure, puis j'avais peur de revivre une nouvelle séparation. On était trop bien tous les trois, je refusais de perdre ça encore. Mais Chan m'avait rassuré, il m'avait promis de ne pas nous cacher et Jisung et Minho ne voudraient pas se séparer encore eux aussi. Il m'avait promis de chercher là où il serait libre de composer et produire ce qu'il voulait, là où il serait libre de rentrer tous les soirs. Je n'étais pas très serein mais j'avais accepté.
La veille des examens, j'étais allé chez Felix et Changbin pour tenter de me calmer car entendre les répétitions incessantes de Chan Minho et Jisung ne m'aidaient en rien. J'avais mille angoisses que mon formidable meilleur ami avaient réussi à détendre avec ses mots doux et ses câlins terriblement réconfortants. J'avais peur de rater ce que je préparais depuis des mois, c'était probablement les seules études décentes que je pourrais espérer faire dans toute ma vie, j'avais placé trop d'espoir dans cette école pour rater mes concours. Si je les réussissais, je pouvais faire de bonnes études, avoir un bon travail à la sortie et offrir une belle vie à mon petit ami et ma fille. C'était tout ce que je voulais. Il fallait juste que je trouve encore un foutu travail mais avec mon gros ventre c'était vraiment difficile. Felix lui, il avait déjà trouvé un petit job de serveur dans un restaurant réputé. Il travaillait tous les midis et trois soirs par semaine, il aimait ça, ça lui plaisait de faire quelque chose de sa vie. Changbin avait l'air très fier de lui, ils étaient toujours bien trop mignons eux deux mais aujourd'hui, je ne les enviais plus, j'étais juste heureux pour eux.
Le matin des examens, Chan m'avait emmené à l'école en voiture. Il m'avait donné une centaine de baisers sur tout mon visage pour me rassurer, il m'avait certifié que si je ne réussissais pas il s'en fichait il était toujours fier de moi. Ça ne m'avait pas calmé de savoir qu'il pensait que je pourrais rater. Quand j'étais dans le bâtiment avec mon sac à dos plein de nourriture et d'eau, il y avait autant de filles que de garçons mais j'étais le seul avec un gros ventre que je ne pouvais même plus cacher. J'essayais de faire abstraction aux regards indiscrets mais je n'avais plus l'habitude des foules et des rires bruyants. Est-ce qu'ils se connaissaient déjà ? Étais-je le seul débile qui arrivait comme une fleur un bon matin ? Je commençais à regretter d'avoir laissé Chan repartir, j'avais envie de vomir tellement je n'étais pas à l'aise.
***
"J'aurai dû ne pas y aller", je me répétais en sortant de la salle après trois heures de mathématiques, quatre heures de physique et chimie et une heure de biologie. J'étais épuisé, j'avais tout raté puis de toute façon, qu'est-ce que j'espérais j'étais trop nul. J'avais horriblement envie de pleurer mais je ne voulais pas que Chan se mette à avoir pitié de moi, ça m'énerverait et j'avais aucunement besoin d'une dispute, j'avais juste besoin de dormir et d'oublié toutes les illusions que je m'étais fait jusqu'à aujourd'hui.
J'étais allongé sur notre lit, le regard perdu alors que je caressais doucement mon ventre du bout des doigts pour tenter de rassurer ma fille. Chan était rentré doucement dans la chambre à son tour, il avait fermé les volets puis il était venu s'allonger derrière moi, son corps collé au mien. Instinctivement, son bras était passé autour de mon corps pour que sa main puisse caresser elle aussi l'épiderme chaud de mon ventre.
- Jinnie...
- J'ai pas envie de parler, je soupirais en posant ma main sur la sienne.
- Hm ok... Tu veux manger quelque chose ?
- Non merci.
- Boire ?
- Non plus.
- Un bisou ?
J'avais pouffé avant d'acquiescer. J'avais pu apercevoir son petit sourire puis ses lèvres pulpeuses s'étaient abattues à de nombreuses reprises sur ma joue. Je continuais de rire alors qu'il m'embrassait encore sans s'arrêter.
- Eh, tu as dit un bisou ! Je riais en le repoussant gentiment.
- Ahah tu es tombé dans le piège je vais te manger, il plaisanta en continuant d'embrasser tout mon visage cette fois-ci.
On avait continué de faire les gamins encore cinq minutes puis Chan s'était arrêté prétextant que ça n'était plus de son âge tout ça. Je m'étais redressé pour venir m'asseoir sur ses cuisses et il avait posé ses mains veineuses sur mes hanches avec un rictus.
- Excité ?
- Mais non imbécile, je soupirais en levant les yeux au ciel.
Chan avait encore ri. J'aimais son rire, ça faisait un an et demi que je me répétais, mais j'aimais son rire. Je l'aimais lui tout entier, même quand il faisait l'enfant. On était resté quelques minutes dans le silence puis Chan m'avait fait un nouveau sourire.
- Tu vas mieux ?
- Hm... Je suis juste déçu de moi-même...
- Ne le sois pas. On a tes résultats dans quelques jours, on saura bien si tu as réussi ou pas. Mais même si c'est raté, on s'en fiche ! On s'en sortira quand même, je te le promets. Tu as essayé, tu es resté huit heures à faire des trucs incompréhensibles, tu ne t'es pas plaint une seule fois, moi je suis sacrément fier de toi. Je m'en fiche du résultat, je suis fier de toi.
Je l'avais encore regardé, j'avais tenté un petit sourire qui s'était rapidement transformé en pleurs. Je m'étais penché en avant pour pose ma tête sur son torse, il avait passé ses bras autour de mon corps et il m'avait serré fort contre lui. Il était resté silencieux le temps que j'arrive à ma calmer. C'était long.
- À cause de moi tu n'as que des problèmes... Je reniflais en me redressant. Je sais bien que tu es triste d'avoir quitté ton agence, tout ça par ma faute... Je passais mon poignet sous mes yeux. Je ne suis même pas capable de faire des études, je suis énorme, j'ai la trouille d'accoucher, je ne sais rien faire, je suis nul...
J'avais recommencé à pleurer jusqu'à que j'entende Chan rire doucement en se redressant à son tour pour s'adosser au mur.
- Tu es fatigué toi, il avait affirmé en passant son doigt sur mon visage.
- Oui...
- Hyunjin, si je devais continuer à me morfondre sur le passé, je serai enfermé durant des jours dans le noir sous une couette. Oui, ça m'a fait de la peine de couper si vite mon temps à l'agence mais c'était une décision de nous trois, du groupe. On est bien plus heureux comme ça, puis je t'ai dit qu'on cherchait une autre agence qui nous laisserait plus de liberté.
- Mais quand même...
- Je suis heureux avec toi Hyunjin, bien plus heureux que n'importe quel Homme sur Terre.
J'avais relevé les yeux pour le regarder me sourire tendrement, ça me donnait envie de pleurer encore plus fort.
- Ne t'inquiète pas pour tes études, l'accouchement, mon groupe, et tout ça. Tant qu'on est tous les trois, on s'en sortira je te le promets.
Je mordais furieusement ma lèvre inférieure alors que j'acquiesçais doucement malgré les nouvelles larmes formées au coin de mes yeux.
- Tout ira bien, d'accord ?
- Mais comment tu veux que je ne pleure pas quand tu me dis ça... Je grognais en laissant mes larmes salées couler encore.
Chan avait ri puis il m'avait repris dans ses bras. Il m'avait doucement bercé en continuant de me rassurer durant toute la soirée et aux alentours de une heure, il était allé me préparer de quoi manger. Il était autant parfait que j'étais insupportable. Il était resté éveillé avec moi jusqu'à bien trop tôt, on avait discuté de tout et de rien, il avait poussé des cris de victoire en sentant les petits coups de pieds de sa fille, il m'avait aidé à prendre ma douche puis lorsque le soleil s'était levé, on s'est endormi.
Malgré toutes ces larmes de déception, j'ai appris une semaine plus tard que j'étais admis dans l'école.
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