rock + 42
En rentrant chez moi, je n'avais même pas pensé à parler à mes parents à propos de leur comportement avec Felix. Je n'avais pas pensé à les saluer non plus, jusqu'à que ma mère, agacée, rentre dans ma chambre pour me demander où j'étais passé. "Voir un ami", j'avais répondu, ce n'était pas vraiment un mensonge au fond. J'étais allé voir un ami, un simple ami.
J'avais traversé la ville à trois heures du matin dans l'unique but de revoir cet ami. Je portais l'enfant de cet ami. J'étais profondément amoureux de cet ami. Mais ça n'était que mon ami désormais.
- Tu es en train de me dire que tu as déserté la maison en pleine nuit juste pour aller voir ton ami ? Répéta ma mère, en train de bouillonner.
- Ouais.
- Putain mais quand est-ce que tu vas grandir Hyunjin ! Quand ?!
Je fronçais les sourcils en me redressant, pourquoi est-ce qu'elle se mettait à hurler ? C'était la dernière chose dont j'avais besoin en ce moment, vraiment.
- Tu es conscient du danger ?! Tu en as conscience ? Non évidemment, bien trop immature à penser a ça, bordel mais quand est-ce que tu vas grandir ! Arrête de faire le gamin un jour !
- Oui oui...
- Hyunjin ! Cria-t-elle soudainement encore plus fort. Lève-toi quand je te parle !
- Je suis fatigué maman...
- Voir un ami bien sûr, qu'est-ce que tu as fait comme connerie encore ?!
- Putain mais laisse-moi tranquille... Je soupirais, sourcils froncés.
Mais elle ne semblait pas du même avis. J'avais souvent l'impression que les parents ne servaient qu'à une chose : faire chier leurs gosses au moment où ils se sentent au plus bas, histoire de les attrister encore plus.
- Pourquoi tu es sorti déjà ?! Tu as complètement raté tes examens, qu'est-ce que tu vas devenir Hyunjin ?! Regarde toi, t'es un raté !
- Pas besoin de le répéter.
- Si tu le sais pourquoi tu ne fais rien pour que ça change ?! Tu as dix-huit ans Hyunjin, tu es majeur et tu n'as aucun diplôme, tu as passé deux ans en maison de redressement et deux ans dans un pensionnat sous ordre du juge, tu crois que tu vas arriver à quelque chose ?!
- Je sais !
- Travaille, essaie de t'en sortir ! Trouve-toi une occupation, arrête d'aller traîner dans la rue le soir, arrête de faire des conneries juste pour te faire remarquer, GRANDIS !
Je mordais violemment ma lèvre inférieure. Je n'avais aucune intention de me disputer mais elle provoquait. Elle me défiait ouvertement, elle ne cherchait qu'à me faire exploser. Elle cherchait et malheureusement, elle trouvait vite.
- Putain mais ferme-la, qu'est ce que tu connais sur moi ?! Rien ! Bordel je ne me suis jamais aussi bien comporté que depuis ces derniers mois, personne n'a pensé à me féliciter ou m'encourager, personne fait attention à moi et toi encore moins alors tes leçons de morale tu peux te les garder !
- Te féliciter ? Elle explosa de rire. Je détestais ça. Je haïssais quand elle se moquait de moi de la sorte, quand elle riait à gorge déployée pour me faire comprendre que je n'étais rien.
- Oui bordel, me féliciter, m'encourager à continuer, m'aider, je ne sais pas être des parents normaux !
- Peut-être qu'on l'aurait fait si on avait eu un fils normal !
J'étais resté bouche bée face à ses mots mais d'un côté, ce n'était qu'un pic parmi tant d'autre. Seulement après avoir rencontré les parents de Chan, je m'étais rendu compte qu'aimer sa famille c'était possible, aimer ses parents n'était pas une légende. En fait, ça faisait mal.
- Tu te rends compte de ce que tu me dis même ?
- Soyons réalistes Hyunjin, on ne sera jamais une famille, elle souffla en me regardant dans les yeux.
- Maman...
Je continuais de la regarder avant de grimacer. Alors j'étais vraiment condamné à perdre tout le monde ? D'abord Seungmin, Chan, mes parents et ensuite ? Felix ? Mon bébé ? Qui le destin allait me voler à l'avenir ? J'étais épuisé, fatigué de vivre, exténué de me battre depuis des années contre quoi ? Le vide, le néant, moi-même, j'en savais foutrement rien bordel je voulais juste m'allonger et pleurer à en perdre mes poumons.
- Putain arrête de dire des trucs comme ça, je suis ton fils ! Je m'écriais pour tenter de récupérer le peu d'humanité qu'il restait entre nous.
- Oui, mon fils unique et pourtant j'ai l'impression de ne pas avoir d'enfant.
- Tout ça c'est de ta faute ! Votre faute, à tous les deux ! J'hurlais soudainement. Me montrer un minimum d'amour, pointer du doigt autre chose que ma défaite et mes erreurs m'auraient peut-être aidé à mieux grandir ! Ouais je vous ai causé des problèmes, j'ai crié mille fois pour capter votre attention, j'ai volé pour que vous vous rappeliez que vous aviez un enfant, pas une seule fois vous ne vous êtes arrêtés pour m'aider à marcher, putain tout est de votre faute !
- Notre faute ? Pouffa ma mère. Ne sois pas ridicule.
- J'ai pas envie que mon enfant vive tout ce que j'ai enduré pendant des années, j'ai pas envie qu'il se sente seul au point d'en chialer la nuit, j'ai pas envie qu'il se sente inutile au point d'enchainer les conneries pour se donner un minimum d'importance, j'ai pas envie que mon enfant ne vous voit ne serait-ce qu'une seule fois ! Je criais en la fixant dans les yeux, malgré le brouillard qui me cachait la vue.
Ma mère avait soudainement froncé les sourcils avant de s'approcher de moi. Son visage était proche du mien, elle semblait sur le point d'exploser. Elle avait porté son regard sur tout le long de mon corps puis elle s'était arrêtée sur mon ventre.
- De quoi tu parles ?
- Je suis enceinte putain de merde ! J'hurlais à son visage avant de renifler en passant mon poignet sous mon nez.
C'eut l'effet d'une bombe chez moi. Pour commencer, ma mère avait écarquillé les yeux tandis que mon père était monté pour savoir ce qu'il se passait. À peine avait-il su par la bouche horrifiée de ma mère que j'allais avoir un bébé, mon père s'était tiré les cheveux en répétant qu'avaient-ils fait pour mériter ça. Ma mère avait pris mes joues dans ses mains pour m'obliger à la regarder.
- Tu vas avorter ? Je t'en supplie dis moi que tu vas le faire.
- Non.
- Oh que si tu vas y aller, pouffa sarcastiquement mon père. Dès demain d'ailleurs, hors de question qu'on laisse les autres parler encore de nous à cause de toi Hyunjin.
- J'ai dit que je n'avorterai pas ! Je m'écriais, énervé.
- Tu n'as pas le choix ! Cria plus fort ma mère.
- Je suis à presque cinq mois ! J'hurlais.
Ma mère avait lâché mon visage pour se laisser tomber sur mon lit. Elle s'était mise à pleurer, à implorer n'importe qui de la réveiller de se cauchemar tandis que mon père, visiblement furieux, s'était approché de moi. J'avais eu un léger mouvement de recul, il pouvait être sacrément effrayant lorsqu'il s'y mettait.
- Ça veut dire quoi ça ?
- Que c'est plus possible d'avorter... Souffla ma mère d'une voix cassée.
Mon père me fixait dans le blanc des yeux, j'osais le défier du regard, de toute façon je n'aurai pas avorté. Il continuait d'appuyer son regard dans le mien quand une de ses mains s'était violemment abattue sur ma joue.
- Comment tu as pu être si irresponsable ?! Hurla-t-il avant de me gifler à nouveau. Comment tu peux nous faire ça ?!
J'avais eu un mouvement de recul quand sa main s'était levée à nouveau mais j'avais eu droit à la troisième gifle. Ça faisait mal, j'avais l'impression qu'il m'avait déboité la mâchoire.
- Allez dégage, termina-t-il. DÉGAGE !
Je n'avais même pas essayé de discuter. J'avais pris mon sac, j'y avais fourré quelques habits, ma brosse à dent et à cheveux, mes échographies, mon chargeur, écouteurs, porte monnaie et téléphone et mon géniteur m'avait personnellement accompagné à la porte pour la claquer derrière moi.
Bon. Bah c'était fait... Je soupirais.
C'était probablement le pire week-end de ma vie. Et il fallait que je trouve une solution rapidement.
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