rock + 37

Felix continuait de jouer avec doigts, sa respiration calme et reposée avait le don de m'apaiser, comme celle de Chan. Nous étions plongés dans le noir, allongés tous les deux sur mon lit, et nous avions commencé à discuter avant que, pris par la fatigue, Felix devenait de moins en moins bavard. Cependant, il ne dormait pas. Ses petites mains trituraient gentiment les miennes, elles s'amusaient à les caresser tendrement, et j'aimais bien ça.

- Tu dors Hyunjin ? Murmurait mon ami.

- Non, je répondais sur le même ton.

- Tu as envie de dormir ?

- Pas vraiment.

- Pourquoi ?

- Je pense à beaucoup de choses.

Felix avait arrêté ses caresses, puis dans la seconde qui suivait, je l'avais senti bouger et la lumière de son côté s'était allumée. J'avais grimacé avant de pouffer, Felix me regardait dans les yeux avec un sourcil arqué.

- Qu'est ce qui a ?

- Rien, t'en fais pas, je souriais en reprenant sa main dans la mienne.

- C'est Chan ?

Mon sourire s'était dissipé alors que je ressentais ma prise sur lui et ma gorge se serrait étrangement vite cette fois. Felix avait vu juste.

Mon meilleur ami avait atterri chez moi depuis deux semaines et il avait réussi à m'occuper l'esprit mais le soir, quand nous étions au calme rien que tous les deux, chacune de mes cellules grises criaient le nom de mon amant qui me manquait horriblement. J'avais l'étrange sensation de perdre un peu plus mon souffle, comme si mon coeur perdait sa raison de continuer à battre et que tout ce qui lui restait à faire, c'était de s'arrêter. Mais d'un côté il continuait car je n'étais plus seul, j'avais Felix et surtout, j'avais mon bébé. C'était quelque chose de très étrange qui se produisait en moi, je mourrais de perdre mon âme sœur mais je continuais à vivre pour mon enfant et mon meilleur ami.

- Eh, Hyunjin, pleure pas... Chuchotait doucement Felix en posant ses pouces sous mes yeux pour effacer mes perles d'eau salées.

Je reniflais rapidement dans l'espoir de me calmer mais, sûrement à cause de la fatigue, il m'était impossible de m'arrêter sur ma lancée. Je grimaçais puis quelques secondes plus tard, je me retrouvais à sangloter dans les bras de Felix, à mordre avec force ma lèvre inférieure pour éviter de faire trop de bruit. Je n'aimais pas pleurer, encore moins devant quelqu'un, mais je devais avouer que de me libérer me faisait un bien fou.

- Je sais que tu t'inquiètes, que tu ne sais toujours pas ce qu'il compte faire par rapport au bébé, que tu as peur pour l'avenir, mais je suis là. Je sais que tu préférais Chan mais...

- Non, non ! Je m'exclamais en me reculant. Je veux que tu sois avec moi aussi, je reniflais en passant mes poignets sous mes yeux.

- Oui, mais ce que tu voudrais réellement, c'est ta petite famille au complet et c'est normal.

Je le regardais dans les yeux, avant de doucement hausser les épaules. Il avait raison, je voulais ma famille, vivre une vie normale tous les trois, mais c'était impossible car nous n'étions pas une famille. Juste deux amoureux avec un bébé non voulu au milieu.

- Je ne sais plus quoi faire... Il me manque, il me manque tellement, t'as pas idée... Je reniflais en tentant de ne pas fondre à nouveau en larmes.

- Si, ne t'en fais pas. Mais je sais aussi que Chan ne fait pas exprès. Que si il le pouvait, il passerait sa vie à tes côtés, à t'aider. Son groupe débute bientôt, il doit avoir une énorme pression sur les épaules, je suis sûr qu'il pense fort à vous mais qu'il n'a plus le temps.

- Je sais, je sais tout ça, c'est ce que je n'arrête pas de me répéter chaque jour mais il n'empêche qu'il me manque ! J'ai besoin de le voir, j'ai envie qu'il apprenne à connaître son enfant, j'ai plus besoin de lui que n'importe qui sur cette Terre ! Imagine qu'il soit trop occupé le jour de l'accouchement et que je me retrouve seul dans la salle d'opération ? Putain Felix, mon bébé ne connaîtra jamais son père tout simplement parce qu'il n'avait pas le temps !

- Chut, chut, calme toi... Murmurait mon ami en me reprenant dans ses bras pour tenter de calmer mes cris.

Je calais mon visage contre son cou en espérant que son odeur calme mes pleurs. J'étais fatigué, épuisé, apeuré. Un mélange des trois ne faisait pas bon ménage.

- Chan t'aime, j'en suis certain, continuait mon ami. Tout ce dont vous avez besoin, c'est de faire preuve de patience et attendre que tout ça se calme.

- Mais, je reniflais. Je ne suis pas sûr de vouloir attendre, moi.

- Comment ça ?

- Je... Je ne sais pas... C'est difficile pour moi cette situation... Je ne sais pas si j'arriverai à élever seul le bébé... Je ne sais pas si j'arriverai à lui offrir une vie stable... Et je n'ai pas envie d'attendre toute ma vie pour récupérer mon petit ami... J'en sais rien Felix...

Mon meilleur ami m'avait doucement souri alors qu'il passait ses mains sur mes joues pour les caresser avec ses pouces. Il en profitait au passage de retirer quelques larmes.

- C'est normal de douter. Tous les parents en ont. Et Chan... C'est vrai que ça va être dur. Les premières années après la naissance de votre enfant, il ne sera jamais là. Il ne pensera pas toujours à vous. Il aura des milliers de fans qu'il citera quand il gagnera un trophée mais jamais vous, toi et son enfant. Vous ne serez jamais mentionnés parce que vous n'êtes pas censés exister. Mais tout ça n'a aucune importance, parce que même si Chan tentera de vous rendre invisible aux yeux du public, il vous aime plus que tout. Vous êtes, toi et son enfant, les personnes qui comptent le plus pour lui, et je suis sûr qu'il vous aime profondément.

- J'aimerai tellement que ce soit vrai...

- J'en suis convaincu. Chan a encore plus peur que toi pour ce bébé, il a même pensé à vous laisser, mais au final il est là. Il est là, à risquer son rêve pour vous.

- Mais si au final, il décide de ne pas reconnaître le bébé ?

- Il le fera. Il a déjà informé ses parents de votre situation, il a commencé à chercher des solutions de son côté également. Pourquoi, après tous vos efforts et sacrifices, il ne voudrait plus le reconnaître ?

En écoutant ses mots, j'avais simplement haussé les épaules. Mais je me sentais déjà tellement mieux.

- Et n'oublie jamais, tu n'es pas seul, d'accord ? Continuait mon ami avec un léger sourire.

J'avais acquiescé puis je m'étais à nouveau réfugié dans ses bras, là où je me sentais bien.

- J'suis désolé... Je marmonnais entre mes dents.

- Pourquoi ? Pouffait mon ami.

- Parce que je ne fais que de me plaindre alors que tu es celui qui devrait se faire réconforter...

- Ne dis pas de bêtise. Tu es la seule personne qui accepte de m'héberger pendant des semaines du jour au lendemain, la seule personne qui malgré tous mes problèmes est toujours là avec moi, la seule personne qui m'a aidé. T'es mon meilleur ami et c'est à mon tour de te rendre la pareille.

J'étais resté silencieux face à ses paroles, je n'avais pas le souvenir d'une telle maturité de sa part mais c'était vraiment reposant à entendre. Felix avait souri à nouveau en se détachant de moi pour éteindre la lumière puis nous nous étions endormis dans les bras l'un de l'autre, apaisés, et c'était foutrement agréable.

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<you3

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