rock + 29
J'étais toujours aveuglé par le bandeau que m'avait mis Chan sur les yeux pourtant la voiture ne roulait plus. Chan avait conduit durant longtemps, j'étais même prêt à m'endormir si la voiture n'avait pas bougé dans tous les sens, trahissant une route peu convoitée, aucun de nous n'avait parlé, il avait laissé les musiques de Queen tourner pour combler le silence pesant dans son véhicule. Fort heureusement, je ne m'étais pas senti plus nauséeux que d'habitude, on n'avait pas eu besoin de s'arrêter pour me laisser vomir et je ne tenais pas vraiment à ce qu'il me voit tout régurgiter.
Chan s'était saisi de mon bras pour m'aider à sortir de la voiture, il faisait froid dehors, puis ses mains s'étaient posées sur mes hanches pour me faire avancer sans trébucher mais j'étais plus concentré à ne pas rougir à ce contact. Bon sang, ce n'était pas la première fois qu'il me touchait mais j'y étais toujours autant sensible. Puis, soudainement, il s'était arrêté et ses mains étaient remontées pour me défaire le masque.
- Chan, c'est... Mes sourcils se fronçaient alors que mon regard divaguait partout. Je sentais mon souffle se couper alors que je me retournais pour le regarder dans les yeux. On est où ?
Au loin, bien plus bas qu'à notre niveau, se dessinait la ville mais nous n'étions pas dedans. Autour de nous quelques arbres se dressaient et une couverture presque cachée par tout un tas de nourriture jonchait à nos pieds, sur l'herbe. Il faisait très froid, sûrement parce que nous étions en altitude.
- Pas très loin, quoi qu'on a dû pas mal grimper pour avoir cette vue, il avait répondu avec une voix douce. J'espère que tu as faim, ça m'a soûlé de tout préparer en moins de cinq minutes parce que monsieur est trop impatient pour attendre plus que ça, gloussait-il avec un air malicieux.
- Gnagnagna... J'avais répondu sur le même ton mais terriblement désemparé.
Il avait pris ma main pour nous asseoir sur la couverture alors que je continuais de le regarder, lui. La dernière fois qu'on avait fait quelque chose d'aussi mignon pour mon anniversaire, c'était Felix et son adorable cadeau pour mon bébé. Mais la dernière fois qu'on avait fait quelque chose pour moi, pour mon anniversaire, c'était... Je ne m'en souvenais même plus, j'avais peut-être cinq ans ? Ou peut-être huit, je n'en étais pas sûr mais aujourd'hui, Chan renouvelait ça et j'avais envie de pleurer. J'allais encore devoir me mordre la langue, foutues hormones.
- Je sais que l'année dernière je n'avais rien fait, parce que tu ne m'avais même pas dit que c'était ton anniversaire, alors je voulais me faire pardonner et fêter ça dignement, il avait ri, lui aussi était gêné. Il fallait dire qu'on n'était pas vraiment habitué à tout ce qui était mignon, on avait commencé à réellement s'avouer nos sentiments il y a quelques semaines seulement. Et parce que j'avais terriblement besoin de te voir.
Je lui avais souri avant d'hocher la tête. Je ne savais pas vraiment quoi faire ou dire, alors je m'étais contenté de lui répondre "moi aussi" parce que c'était vrai. Il m'avait manqué mais ses baisers me manquaient encore plus. Combien de semaines de séparation, deux ? Trois ? C'était déjà trop. Je priais pour arranger ça aujourd'hui.
- Tu veux boire quelque chose ?
- Tu as quoi ?
- De l'eau, il m'avait répondu sous mon rire.
J'avais acquiescé puis nous avions trinqué avec nos verres d'eau, le vent bousculait nos mèches rebelles. Chan avait commencé à me parler de sa vie, que c'était bien plus dur que ce qu'il pensait, que lui et ses deux amis du groupe, Jisung et Minho, s'entraînaient plusieurs heures par jour aux instruments et au chant, que cette petite pause avec moi lui faisait le plus grand bien. Je n'étais pas vraiment choqué, notre monde musical était réputé pour être dur, rigide, compliqué, éprouvant mais je ne m'inquiétais pas plus que ça pour Chan. Il était fort autant physiquement que mentalement puis il aimait la musique, c'était comme son oxygène alors j'étais sûr qu'il était heureux de jouer tous les jours. Quelques temps plus tard, les yeux de Chan s'étaient écarquillés quand il s'était rendu compte qu'il était presque quinze heures et qu'on n'avait toujours pas mangé. Il m'avait donc prié de me servir de ce que je voulais pendant qu'il me faisait un gros sandwich.
On n'avait toujours pas abordé le sujet de notre bébé pourtant il fallait bien qu'on le fasse un jour. Je redoutais un peu à vrai dire, si lui me parlait de tout et n'importe quoi c'était probablement pour m'empêcher de prononcer le mot "enfant" ou "bébé". Felix m'avait encouragé à le faire mais cette journée était si belle, j'étais tellement heureux de voir l'homme que j'aimais sourire et rire à pleines dents, me dévoilant ses magnifiques fossettes au passage, que j'avais décidé d'attendre ce soir pour en parler.
- À quoi tu penses ? m'avait demandé la voix grave de Chan.
On était tous les deux allongé par terre à regarder les étoiles. Mes mains posées sur mon ventre, j'avais l'esprit en pleine embrouille avec lui-même. Chan lui, semblait être dans un havre de paix. Je savais que je devais lui en parler, que très bientôt viendra l'heure de causer de notre enfant mais on était si bien, allongés l'un à côté de l'autre. Il faisait nuit à présent, il fallait dire que ça tombait plutôt vite à cette période de l'année et il faisait encore plus froid. J'avais vraiment super froid, Chan avait mis la couverture sur nos deux corps. J'avais un peu peur du noir mais j'avais encore plus peur qu'une bête vienne vers nous si on allumait alors je me contentais de la lumière de la lune et du sourire de Chan.
- À toi, j'avais murmuré en le regardant dans les yeux.
- À moi ? Pouffa-t-il. Et à quoi tu penses, sur moi ?
Mes épaules s'étaient levées tandis que je laissais un petit rire glisser entre mes lèvres.
- Que tu me manques.
Ce n'était pas faux d'un côté. Chan me manquait, il me manquait comme petit ami. Il s'était redressé et s'était tenu sur son avant-bras pour venir me regarder dans les yeux, il avait un léger sourire niais sur les lèvres. Sa main avait glissé sur ma joue tandis que son pouce s'était mis à caresser doucement ma pommette qui rougissait à vue d'œil à cause de ce contact. Son visage s'était rapproché du mien jusqu'à que sonnez vienne frôler le mien, j'apercevais ses yeux fixer avec envie mes lèvres pendant que les siennes se dessinaient en un sourire joueur.
- Je peux ? Il demandait pour m'embrasser.
J'en avais terriblement envie aussi mais avant, je voulais régler une petite chose.
- Je ne sais pas... On ne s'embrasse pas lorsqu'on n'est pas en couple normalement, j'haussais les épaules en le repoussant doucement pour me redresser à mon tour.
Chan avait grommelé des petits mots incompréhensibles avant de soupirer, il avait toujours sa main sur ma joue et sincèrement je ne voulais pas qu'il la retire. Il déglutissait bruyamment lorsqu'il avait encré son regard dans le mien. Un silence s'en était suivi mais il avait préféré le couper rapidement.
- Toi aussi tu me manques. Je sais que je le répète souvent mais... T'appeler, t'embrasser, te prendre dans mes bras... Ça aussi me manque.
- C'est toi qui l'a voulu.
- Non... Enfin oui, marmonnait-il. Mais je te l'ai dit, j'avais balancé ça sous l'angoisse. Écoute, 'Jinnie, s'était-il repris en me lâchant ce qui me provoqua une petite déception. Je l'avais entendu farfouiller puis quelques secondes plus tard, la lampe torche de son téléphone. Je t'aime plus que tout et je sais que tu n'aimes pas tout ce qui est niais mais c'est la vérité, je n'y suis pour rien. Je ressens bien trop de choses pour toi, chaque jour je pense à toi, j'ai l'impression que chaque fois que je te regarde je retombe amoureux. Si j'ai accepté d'apprendre à connaître le... Bébé, c'est uniquement parce que je ne veux pas te perdre. Il retira la couverture de son corps puis passa ses mains sur son visage. Tu crois que ça ne me fait rien ?! Putain c'est mon gamin aussi et même si j'ai dû mal à l'admettre, on va être parent ! Tu t'en rends compte ?! Merde on est ensemble depuis un an, tu viens d'avoir dix-huit ans et j'en ai vingt-et-un ! J'ai un projet d'avenir incroyable, tu savais comme j'avais envie de vivre de ma passion, tu savais que j'avais signé dans une agence après une éternité à travailler seul sans aide ! Et toi, ton école hum ?! Tu crois qu'ils accepteront un père aussi jeune ? Non, parce qu'ils savent qu'un enfant ça demande du temps, de l'énergie, de l'argent ! S'écria-t-il.
- A t'entendre, j'ai l'impression d'avoir fait un enfant seul et que je t'oblige à t'en occuper, je ricanais d'énervement en regardant ailleurs. Chan, je sais que ça va être dur pour nous deux mais... Je ne te demande pas de tout arrêter. Jamais je ne te demanderai de te sacrifier pour nous, tu comprends ? Je veux simplement que notre bébé est son père, ses deux pères, je veux que notre enfant se sente aimé. Si tu n'es pas présent pour ses premières années de vie, je suis sûr qu'il comprendra. Mais je veux qu'il sache que tu ne nous as pas abandonné et quand tu pourras, tu reviendras. Je me sens capable de l'élever seul, ça va être une galère tous les jours mais je peux essayer.
Chan continuait de me regarder tandis que je me forçais à lui faire un petit sourire. Voilà, je lui avais enfin dit ce qui me pesait depuis des jours, je pensais avoir trouvé un bon compromis pour nous deux. Bon, certes, dans le lot, j'étais celui qui cumulait les problèmes mais je refusais de briser la carrière de Chan pour quelque chose qu'il ne voulait pas et je refusais encore plus de le perdre définitivement. Tant qu'il était là, avec moi, physiquement ou en pensée, ça m'allait. Puis, j'avais vu un fin sourire traverser ses lèvres.
- Je ne te laisserais pas tout gérer seul... Mes parents vont t'aider, ils m'appellent tous les deux jours pour avoir de vos nouvelles, m'avouait-il en baissant la tête sous la gêne.
J'avais ri avant de lever mes mains jusqu'à son visage pour caresser son épiderme du bout de mes doigts. On avait assez parlé pour la soirée, maintenant j'avais envie de lui. J'avais envie de ses baisers, de ses caresses. Timidement, ses croissants de chaire s'étaient frottés aux miens tandis que nos yeux se fermaient, c'était bien meilleur pour ressentir ses lèvres se mouver tendrement contre les miennes. C'était tellement bon de se retrouver, c'était comme retrouver sa bulle d'oxygène au milieu de l'océan. C'était toujours aussi bon, ses lèvres étaient délicieuses comme à leur habitude. En se décollant légèrement, un sourire avait fendu nos visages avant de laisser nos lèvres s'embrasser encore, de façon bien plus sauvage cette fois-ci. Lorsque ses baisers brûlants descendaient jusqu'à mon cou pour le marquer pendant que mes doigts s'enroulaient à ses mèches, j'avais poussé un léger gémissement avant de mordre fiévreusement ma lèvre inférieure. J'étais désormais excité mais il faisait bien trop froid pour que je laisse mes fesses à l'air frais.
- Pas ici... Rentrons chez toi... J'avais murmuré.
- On va devoir rentrer à ta prison, bouda-t-il alors qu'il remontait à mon niveau.
- Je trouverai une excuse... S'il te plaît... Je suppliais alors que je resserrais ma prise sur ses cheveux pour le garder près de moi.
Il avait légèrement grimace avant de glousser en m'embrassant à de nombreuses reprises. Je n'avais pas compris pourquoi avait-il ri, j'en avais déduit qu'il était heureux qu'on se retrouve, il fallait dire que j'étais plus qu'heureux moi... Il m'avait finalement proposé de m'installer dans la voiture pour qu'il puisse ranger calmement les affaires puis nous pourrions y aller par la suite. J'avais accepté. J'étais assis sur mon siège, les phares de la voiture allumés en sa direction pour l'aider un peu plus que la misérable lampe de son téléphone. J'aurai pu continuer à le regarder durant de nombreuses heures si mon téléphone n'abat pas vibré soudainement. C'était Felix.
"Tu es où ?"
Je m'étais empressé de répondre.
"Je vais chez Chan. Je pense que je vais y passer la nuit et une partie de la matinée demain matin. Tu peux leur dire que je ne me sens pas bien et que j'étais trop malade pour voyager ?"
Comme prévu, il n'avait pas mis longtemps à répondre, comme Chan lorsque je lui envoyais un message.
"D'accord mais essaie de ne pas revenir boiteux ou enceinte."
Mon sourcil s'était arqué mais un nouveau message avait rapidement suivi.
"Oh c'est vrai, c'est déjà fait. Dans ce cas... Déguste bien. Protégez vous même si vous n'avez pas l'air de connaître ce que sont les capotes. Tu sais bien comme je t'apprécie mon Jinnie. <3"
J'avais levé les yeux au ciel avant de ranger mon téléphone pour embrasser furtivement Chan qui était revenu sur son siège après avoir rangé le tout dans son coffre.
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j'aurai voulu couper mais c'était déjà assez long :')
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