Mon téléphone ne cessait de vibrer durant le cours d'histoire. J'aurai voulu ignorer mais pris d'une soudaine curiosité, j'avais fini par jeter un coup d'œil à l'écran. Comme je m'en doutais, il y a avait des messages de Chan et de Felix. C'était les seules personnes sensibles de m'en envoyer de toutes façons.

"J'ai dit à Changbin où j'étais. Il est venu et j'ai enfin réussi à lui dire."

"Il a pleuré."

"Et je lui ai dit que je l'aime."

Mes yeux s'étaient écarquillés sous le coup de la surprise. Qu'il ait osé dire à Changbin tout ce qui lui pesait, alors qu'il n'était plus ensemble, prouvait bien que ses deux là n'en avaient pas encore fini. Un doux sourire s'était emparé de mes lèvres alors que je défilais jusqu'à regarder les messages de Chan.

"J'aimerai que tu saches que tu comptes bien plus que tu ne le penses pour moi, que mes sentiments pour toi sont réels. Que tu aies pu penser que je m'en fichais de toi m'a énormément secoué. Tu sais ce que je ressens pour toi."

"J'étais sérieux cette nuit, je veux essayer pour le bébé."

"Je veux que tu sois fier de moi comme je le suis de toi."

"Tu me manques déjà."

"Tu me diras quand tu feras ta prochaine échographie, que je puisse me libérer ce jour là."

"On fait trop prochainement nos début, je serai probablement très occupé dans les jours à venir..."

"Mais ne t'en fais pas, je serai là pour ton anniversaire comme je te l'ai promis."

"Passe une bonne journée mon cœur."

"Je t'aime."

C'était comme si rien n'avait changé entre nous, il continuait de m'envoyer des messages affreusement mignons. Pourtant, c'était lui qui avait rompu avec moi, c'était lui qui m'avait largué comme la plus moche des crottes alors ma fierté, qui en avait pris un sacré coup, n'était sûrement pas prête à pardonner ça avec quelques mots doux. Mais d'un autre côté, qu'il me dise qu'il voulait apprendre à connaître notre bébé m'avait fait un tel bien que j'avais voulu tout lui pardonner à la seconde même. Lorsque ses mains veineuses que j'aimais tant s'étaient posées sur mon ventre avec toute la douceur du monde, j'avais voulu l'embrasser jusqu'à plus pouvoir respirer. J'avais voulu le prendre dans mes bras, l'enlacer si fort que nos corps n'auraient fait plus qu'un. J'étais heureux, je recommençais à avoir un espoir pour notre avenir, à mon bébé et moi. Je savais qu'il ne fallait pas se réjouir trop vite mais un peu de répit dans mes peurs n'étaient pas de refus, j'avais beau me forcer à rester calme, j'étais sans arrêt inquiet pour tout et n'importe quoi.

- Je constate que Hwang Hyunjin est toujours autant impliqué dans mon cours, avait résonné la voix sarcastique de mon professeur jusqu'à mes oreilles.

J'avais écarquillé les yeux tout en remontant à la seconde près mes yeux jusqu'aux siens. Mon professeur avait la même moue ennuyée que chacun de mes profs lorsqu'ils voyaient que je n'écoutais pas. C'était la petite moue de "encore ce petit con, il m'agace", c'était amusant sauf que là j'étais réellement impliqué dans le cours jusqu'à me faire interrompre par tous ces messages. Il fallait évidemment qu'il me choppe à ce moment. J'essayais vraiment d'être un élève irréprochable depuis des jours, ça me faisait chier mais je devais le faire.

- Le téléphone sur mon bureau, il soupirait avant de se retourner pour continuer son cours.

Je n'avais aucune envie de l'écouter mais je voulais un bon dossier, au moins de bonnes impressions des professeurs dans le bulletin alors je n'avais rien ajouté puis l'avais posé sous les regards étonnés des gars de ma classe. Aucun d'entre eux, à l'exception de Seungmin qui semblait complètement perdu dans ses pensées, n'était au courant de ma situation. Personne ne savait que d'en quelques mois j'allais enfin tenir mon bébé dans les bras, j'avais hâte comme j'avais peur de ce moment. J'avais peur de ne pas être prêt, de n'avoir encore rien de préparé pour lui ou pour elle, d'être seul et sans logement, de ne rien pouvoir lui donner à manger, j'avais la peur qui tordait mes boyaux quand je repensais à Chan. J'espérais et priais n'importe quel dieu pour qu'il se décide à assumer son enfant. Tout allait être compliqué avec sa carrière, il allait sûrement déménager pour vivre avec les deux autres membres de son groupe, on ne se verra pratiquement plus, mais si il me disait qu'il considérera cet enfant comme le sien, j'étais prêt à vivre tout ça. De plus, il m'avait dit que ses parents étaient prêts à m'aider et ça, c'était plus qu'inespéré, je devais saisir cette chance. Si je parvenais à réussir mes concours pour cette école scientifique, j'allais être très occupé, encore plus avec le travail que j'allais devoir prendre pour subvenir à ses besoins. Tout semblait compliqué, je me sentais étouffer sous toutes ces responsabilités mais bon... Je n'avais pas le choix.

À la fin du cours, je m'étais approché du bureau pour reprendre mon téléphone lorsque mon professeur s'était avancé vers moi avec un petit sourire gêné.

- Je peux reprendre mon téléphone ? J'avais demandé sans émotion.

- Hm oui... Si on oublie ce petit incident, votre comportement s'est nettement amélioré ces derniers jours. Une soudaine illumination ?

Mes épaules s'étaient levées tandis que je me forçais à lui rendre son sourire.

- Non, pas spécialement.

- Les autres professeurs pensent comme moi. Nous tenons à vous encourager, mais n'oubliez pas que le téléphone est prohibé en cours.

- Oui. Excusez-moi.

Mon professeur avait fait un petit mouvement de la tête pour me dire silencieusement que ça n'était pas grave. Puis, après quelques secondes de silence gênant, il m'avait tendu mon téléphone avec un rictus.

- Si quelque chose n'allait pas, vous savez que vous pouvez nous parler.

- Tout va bien. Merci, j'avais répondu en reprenant mon téléphone.

Voulant éviter d'autres questions qui me mettraient mal à l'aise, je m'étais précipité vers la sortie. Pas que je n'aimais pas ce professeur, mais j'avais des souvenirs de moi qui vomissait dans sa classe mais pas à cause de mon bébé. J'étais plutôt friand d'alcool à l'époque. À partir de ce jour, mon professeur me détestait, en y repensant c'était compréhensible. Aujourd'hui, je vomissais toujours mais sans avoir bu une seule goutte d'alcool. Juste un bébé qui grandissait au fil des jours.

Dans les couloirs, je m'étais assis par terre, mon sac sur mes genoux, pour enfin répondre à tous mes messages. D'abord à Felix.

"Bravo, tu as bien fait. Tu reviens quand ?"

Après avoir constaté qu'il ne me répondrait pas de sitôt, j'avais fini par répondre à Chan. Je voulais lui répondre que moi aussi, je l'aimais plus que tout, que tout était oublié mais non, il fallait d'abord qu'il me prouve qu'il ferait des efforts. Il m'avait réellement blessé en m'abandonnant alors, même si j'étais prêt à lui pardonner, je voulais attendre encore un peu.

"Ma prochaine échographie est le samedi 25 mai à 11 heures."

"Tu es sûr de pouvoir te libérer pour mon anniversaire ?"

Comme à son habitude, il m'avait répondu très vite.

"D'accord, je serai là."

"Oui, je te l'ai promis."

"Par contre, je ne peux pas venir te voir ce week-end, désolé..."

"Tu peux aller voir mes parents si tu veux."

Mon sourcil s'était arqué avant que je ne laisse un soupire glisser entre mes lèvres tout en tapant sur mon écran.

"Non c'est bon. Je dois réviser pour les examens de toutes façons. On se voit pour mon anniversaire. Bonne journée."

J'étais prêt à couper à nouveau mon téléphone pour me diriger vers mon autre cours lorsqu'il s'était mis à vibrer. J'avais soupiré en ne jetant qu'un coup d'œil à mon écran. À mon grand étonnement, Felix m'avait également répondu.

"D'accord. Bonne journée." disait le dernier message de Chan.

"Je reviens demain dans l'après-midi, Changbin me ramène. J'ai plein de trucs à te dire !"

J'avais éteint mon téléphone, un petit sourire sur mes lèvres tandis que je rentrais dans la classe pour m'asseoir, la place à côté de moi était toujours vide. J'avais hâte qu'il revienne. Finalement, je m'étais facilement habitué à la présence de Felix.