Essayer de contacter Chan à nouveau s'était avéré plus qu'inutile. Il avait vu mes vingt-sept messages et ignoré mes 3 appels, je n'avais pourtant eu aucune réponse. Mon formidable petit ami -pardon, ex petit ami- m'ignorait bien trop fort pour que mon cœur bercé par les hormones restent de marbre. J'étais brisé, fatigué, triste. J'étais prêt à tous les sacrifices du monde pour lui, j'étais prêt à avorter, à quitter n'importe qui mais désormais, je n'étais qu'un parent affreusement faible face à son enfant. Je n'avais plus ma rage de mes premières semaines, je n'avais plus cette haine contre mon enfant, je n'avais plus que de l'amour et de l'impatience de sa venue. J'ignorais toujours si c'était une fille ou un garçon, je n'avais toujours rien de prévu pour son arrivée à part l'adorable petit body que m'avait offert Felix.

En y repensant, je m'étais redressé de mon lit. J'étais resté allongé toute la nuit et la journée dessus, j'avais la journée de permission mais je n'avais pas envie de me pointer devant chez Chan pour qu'il me répète qu'il m'avait bien largué comme une merde. Oui, le mot était bien choisi. Je me retrouvais plus seul que jamais, un enfant sous les bras, célibataire, aucun diplôme en poche et sûrement aucune aide de la part de mes parents. Je ne savais même pas si il fallait que je leur dise, j'avais déjà porté tellement de honte sur cette famille, je ne voulais pas les achever avec mon petit bébé. Il fallait vraiment que je me mette au travail, que je puisse réussir les examens d'entrée dans cette école scientifique, que je trouve un travail à côté pour pouvoir me payer un logement et de quoi le nourrir, il fallait que je trouve quelqu'un d'assez bien placé pour me trouver une place en crèche. J'étais déjà épuisé pour les mois à venir...

J'avais soupiré en décidant de chasser tout ça de mon esprit le temps de cette fin de journée, j'étais seul dans la chambre je pouvais en profiter. Je m'étais levé pour me diriger vers mon armoire puis dans un geste rapide, je m'étais saisi du cadeau de Felix avant venir me rasseoir sur le matelas, un sourire niais était déjà dessiné sur mon visage. Le body était toujours le même, rien n'avait changé mais mon cœur avait tressauté une fois de plus. Imaginer mon petit bébé dedans me mettait dans un sale état. Mon sourire refusait de s'en aller tandis que je continuais de scruter chaque détail de l'habit. Je n'essayais même plus de trouver une excuse pour m'éloigner de mon enfant, plus une once d'haine ne me traversait. L'avenir s'annonçait compliqué mais j'avais pourtant tellement hâte de pouvoir enfin le prendre dans mes bras... Quelques semaines seulement étaient passées depuis que j'avais appris son existence et je me sentais déjà complètement dingue de mon petit parasite.

Timidement, j'avais glissé ma main sur mon ventre pour venir y caresser l'épiderme. Il ne sentait encore rien, mais j'espérais qu'il sache comme je regrettais toutes mes paroles méchantes contre lui et que je l'aimais. Je voulais qu'il sente comme je l'aimais, c'était une toute nouvelle forme d'amour que je découvrais grâce à lui, quelque chose qui vous prenait aux tripes, qui vous empêchait de respirer lorsqu'on l'apercevait, qui emplissait tout notre cœur et notre corps. Chan m'avait fait découvrir lui aussi une nouvelle forme d'amour, et c'était au tour de son enfant de m'en faire découvrir un nouveau.

Je soupirais tristement en repensant à mon ex petit ami mais je n'avais pas eu le temps de me morfondre que j'avais entendu la porte claquer derrière moi. Rapidement, j'avais caché le body sous mon oreiller avant de me retourner pour voir Seungmin. Je ne l'avais pas vu depuis dimanche matin, mais il agissait toujours aussi bizarrement. Il se dépêchait, ne me regardait pas.

- Salut, Seungmin.

- Salut, m'avait-il répondu d'une façon détachée.

Pourtant, je sentais son angoisse. Il transpirait l'inquiétude, la peur. Je m'étais alors levé pour m'approcher de lui, il n'avait d'abord pas réagi puis il avait finalement daigné poser son regard sur moi.

- J'aimerai bien qu'on parle, j'avais demandé avec une petite voix.

- De quoi ? Je n'ai rien à te dire.

- De Felix. De ce que tu as vu samedi soir.

Il avait immédiatement fermé les yeux en déglutissant bruyamment puis s'était retourné.

- Je me répète mais je n'ai rien à te dire. Je n'ai rien vu.

- Pourtant, c'est toi qui a découvert Felix.

- Tais-toi.

Sa voix tremblante faisait écho dans ma tête. Je m'étais approché à nouveau de lui pour venir me mettre devant lui, ses yeux étaient injectés de sang. Seungmin avait pleuré, je ne savais pas qu'il pouvait être si sensible. Quoi que, sur ce sujet, je n'avais rien à dire, j'avais tellement pleuré que je sentais mes yeux s'irriter.

- Felix m'a dit qu'il avait laissé un carnet. Tu ne saurais pas où il est ?

- Tu l'as vu ? Comment va-t-il ?!

J'avais doucement souri en posant quelques secondes ma main sur son épaule.

- Il va bien.

Seungmin avait refermé ses yeux pour souffler longuement de soulagement cette fois-ci, sans oublier de jurer un "putain de merde merci". Lorsqu'il avait réouvert ses yeux, il avait planté son regard dans le mien.

- Alors ? Le carnet ?

- Je ne sais pas.

Il avait répondu du tact au tact en glissant ses yeux ailleurs. Il mentait.

- Je suis sûr que tu sais.

- Arrête Hyunjin.

- Il est où ce carnet ? Je répétais avec une voix bien plus dure.

Seungmin avait baissé la tête. Il avalait toujours aussi bruyamment sa salive, il mordait aussi fort que possible sa lèvre inférieure tremblotante.

- Je ne sais pas... Il avait répondu dans une voix bien plus faible, brisée par le flot de larmes imminent.

- Seungmin, ce carnet m'était destiné. Si tu l'as pris, tu dois me le rendre.

- Non...

Mes sourcils s'étaient froncés. Je continuais de le regarder sans comprendre, pourquoi refusait-il ? Si il était pour moi, je ne comprenais pas pourquoi l'avait-il pris.

- Pourquoi non ? Oh ! Seungmin ! Rends-le moi !

Mais il avait hoché négativement la tête dans un geste lent. Il n'avait même pas répondu, j'avais aperçu une larme glisser de son œil pour s'écraser sur sa chaussure déjà sale.

- Seungmin ! Putain rends-le moi !

- Je ne veux pas que tu te moques de Felix... Je ne voulais pas que quelqu'un tombe dessus.

- Tu l'as lu ?

Sa tête s'était levée de bas en haut toujours aussi lentement. Je m'étais forcé à garder mon calme, je devais rester calme. Ses yeux noyés encrés dans les miens étaient d'une noirceur profonde, brillante par l'humidité. Il ne reflétait pas le vide comme Felix.

- Qu'est-ce qu'il y avait dedans ?

Il avait renfilé tout en grimaçant, son poignet était passé sous son nez.

- Des mots, certains illisibles par les larmes, de partout, des dessins, du sang, des pages à moitié déchirés, il m'avait répondu d'une traite en grimaçant.

- Où il est ?

- J'ai peur pour Felix, j'ai peur qu'il refasse.. Ça...

- Si tu ne me laisses pas lire ce foutu carnet je ne pourrais pas l'aider ! Je m'étais écrié avant de me gifler mentalement. Calme, Hyunjin.

La lèvre inférieure de Seungmin tremblait plus fort, comme ses mains. Ses yeux s'étaient soudainement mis à pleurer.

- Ne te moque pas de lui.

- Pourquoi je le ferai ?

- Je te connais, il avait craché en regardant ailleurs. Tu es quelqu'un de mauvais, tu utilises la faiblesse des autres pour frapper là où ça fait mal et t'amuser.

- Je... J'avais laissé mes lèvres entre ouvertes sans répondre au début. Je suis désolé que tu me vois ainsi. Mais si Felix me l'a laissé, c'est qu'il me fait confiance. Il sait que jamais plus je ne me moquerais de lui, encore moins lorsque ça concerne quelque chose de grave qui met en jeu sa vie.

Seungmin avait dégluti. Son regard se perdait sur le sol, tandis que quelques nouvelles larmes couraient sur ses joues déjà humides.

- Hyunjin.

- Quoi ?

- Je crois que Felix s'est fait violer.

Tout mon être avait tressailli. Mes yeux écarquillés essayaient de déceler la moindre trace de mensonge mais non, Seungmin était très sérieux. Son visage maussade presque immobile ne laissait que ses larmes traverser. Un long silence avait suivi ses mots dévastateurs, je sentais ma respiration s'affoler. Il fallait que je reste calme, ça n'était pas bon pour mon bébé.

- ...Qu'est-ce que tu dis ?

Seungmin avait levé le bras jusqu'à son lit pour sortir de dessous son oreiller un carnet noir. Des pages jaunies par le temps, sales, humides, dépassaient de partout. Il avait retiré l'élastique qu'il l'entourait avec ses petits doigts tremblants pour venir l'ouvrir sur la première page. Elle était pleine de cœur de partout, mais des gouttes séchées de sang écrasées sur la feuille étaient parfaitement visibles au milieu de ces dizaines de cœurs roses et rouges.

- J'étais étonné de voir tous ces cœurs, puis je me suis rendu compte que les premières pages avaient été arrachées.

En effet, Seungmin avait raison. Il n'y avait pas que les premières pages qui avaient été arrachées mais presque un tier du carnet. Je sentais mon sang pulser dans ma tempe, mon souffle se faisait rapide. Je m'étais saisi du carnet pour voir de moi-même. C'était comme Seungmin l'avait dit, il était presque effrayant.

- C'est quoi ce bordel... ? J'avais soufflé, sourcils froncés.

- Presque partout il dit qu'il est dégueulasse, qu'il veut mourir, qu'il se déteste, que personne ne le comprend.

- Putain mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Seungmin m'avait regardé dans les yeux avant de se saisir à nouveau du carnet pour tourner quelques pages. Puis, il me l'avait redonné. Ses tremblements trahissaient sa peur et sa tristesse, je ne savais pas si je devais être réassure de voir que je n'étais pas le seul au bord de l'explosion. Timidement, mes yeux s'étaient posés sur la page ornée de lignes ainsi de gouttes de sang.

- Putain de merde.

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eh voilà, vous allez enfin connaître l'histoire de Felix !

j'espère que cette histoire n'est pas un peu "too much"... je sais qu'il y a bcp de rebondissements et tout, mais j'avais avoir un faible pour ce genre d'histoire... disoulee..;-;