rock + 21

- J'aimerai te dire que je suis désolé. Mais je ne le suis pas. Je ne suis pas désolé d'avoir enfin eu le courage que je recherchais depuis des années, mais je suis désolé de voir ces larmes par ma faute... Hyunjin, ne pleure plus, s'il te plaît...

- Comment veux-tu que je me calme ?! Je m'écriais en relevant la tête pour le regarder tandis que Chan posait sa main sur ma cuisse pour me demander silencieusement de ne pas trop crier.

Felix avait dégluti alors que ses épaules s'étaient haussées. Il regardait un peu partout dans cette chambre froide, il était habillé bizarrement, dehors il s'était même mis à pleuvoir. Plus de rayons de soleil venaient pénétrer cette pièce livide pour la réchauffer. Mes mains tremblaient doucement, une peur s'était emparée de mon être et seules les caresses de mon petit copain arrivaient à m'apaiser lentement, bien qu'elles y arrivaient avec difficulté. Mais le sourire de mon ami me donnait un nouveau coup au cœur.

- Hyunjin... Soupira tristement Felix en approchant ses mains vers moi pour se saisir des miennes. J'avais laissé un carnet près de moi, pourquoi tu ne l'as pas lu ? Ce n'est qu'une succession de brouillons mais j'espérais que tu comprennes...

- Je n'en ai rien à foutre de ton carnet ! J'avais crié alors que je m'étais mis debout sous le coup de la rage, repoussant au passage ses mains froides. Putain Felix, c'est toi qui m'a donné la force de garder mon bébé, tu voulais qu'on soit tous les deux pour l'élever, tu m'avais promis d'attendre mon retour samedi ! Je croyais qu'on était ami !

- C'est le cas.

- Non ! J'avais haussé le ton alors que je sentais mes larmes couler bien plus fort. Les amis ne s'abandonnent jamais ! Tu as voulu m'abandonner, comment j'aurai fait sans toi ?! Putain Felix, t'es le seul ami que j'ai jamais eu, le seul ami en qui j'avais confiance et tu me fais ça ?!

Il avait dégluti une fois de plus en baissant sa tête.

- Hyunjin, je ne pense pas que c'est le moment de lui parler comme ça, gronda Chan.

- Tais-toi ! Tous les deux vous voulez m'abandonner, j'hurlais en me tournant vers lui. Toi, tu ne veux pas de notre enfant et toi tu veux crever ! Putain mais j'ai fait quoi pour voir les deux seules personnes que j'aime me fuir autant ?!

Chan me regardait dans les yeux, la tête relevée, sa mâchoire se contractait. Ses poings se serraient sur ses cuisses mais il avait finalement décidé de garder le silence. Tant mieux, je n'avais plus aucune envie d'être avec lui. J'étais en proie à une grande rage, une tristesse incomprise qui recherchait inlassablement des réponses à ses questions. Mon inquiétude mélangée à ma peine ressortait sous de la colère, ma fatigue pesait sur mon moral également. J'étais plus triste que énervé, mais je ne savais pas comment le traduire autrement que par des cris. J'avais scruté encore quelques secondes mon petit ami qui avait rebaissé la tête comme Felix. Les deux seules personnes qui m'étaient le plus chers baissaient la tête au lieu de me donner des explications. J'avais tellement mal que j'avais fini par quitter la chambre sans un mot, sans un dernier regard pour mon meilleur ami vivant.

J'étais sorti, il pleuvait toujours mais j'avais terriblement besoin d'air froid, de me rafraîchir la tête pour me calmer. En face du bâtiment, près du parking de l'hôpital, je m'étais assis sur un banc en levant la tête, mes yeux fermés, je me laissais lentement fondre sous les larmes célestes. Je reprenais ma respiration, je m'imposais un rythme régulier d'inspiration et expiration, il fallait vraiment que je fasse comme si tout allait bien, autrement mon bébé ne se sentirait pas bien lui aussi et ça, je voulais le lui éviter. Je ne voulais pas que mon bébé ressente ma peur, je veux lui épargner ça tant qu'il est encore complètement protégé par moi. Je sentais que Chan était toujours mal à l'aise avec notre enfant, mais je lui donnais quelques mois avant d'être plus impatient que moi. Penser à mon bébé me détendait, rien que sa pensée m'apaisait. J'oubliais petit à petit Felix, ses erreurs, ma peur, j'oubliais Chan, lui qui ne voulait pas de nous. Tout quittait mon esprit pour qu'il ne se laisse envahir que par une chose, mon bébé.

J'étais resté dix minutes ainsi, l'esprit pratiquement vide, le visage dénué d'émotion. Puis soudainement j'avais entendu quelqu'un s'asseoir à côté de moi. En me redressant, j'avais nettoyé ma face complètement trempée pour regarder Chan dans les yeux. Il avait fait comme moi, sa tête lancée en arrière attendait que les gouttes d'eau coulent sur son visage. Il était resté ainsi et silencieux pendant deux, trois minutes avant de se redresser avec un sourire timide.

- Felix m'a chargé de te dire qu'il reviendra au pensionnat après demain soir.

- Je n'ai pas envie de parler de Felix, j'avais soufflé en regardant devant moi, sourcils froncés.

- Ça tombe bien, je ne suis pas venu te parler de lui.

- De quoi alors ?

- De ton enfant.

J'avais dégluti sans pour autant regarder ailleurs. Non Chan, ça n'était pas "mon enfant" mais bien le nôtre. Celui qu'on avait façonné ensemble, probablement la nuit de la nouvelle année, je n'en étais toujours pas sûr.

- Eh bien quoi ?

- Écoute, mon cœur, il avait commencé en prenant mon visage entre ses mains pour m'obliger à le regarder dans les yeux. Les miens étaient sûrement toujours injecté de sang. Si tu as pris la décision de le garder, très bien, je respecte ça.

Mes yeux s'étaient écarquillés alors que je restais bouche bée avant de plaquer mes lèvres contre les siennes. S'en était suivi un baiser langoureux, un nouveau sentiment s'était installé en moi. Il voulait de nous, j'avais eu peur pour rien finalement. J'avais continué à l'embrasser jusqu'à que notre respiration crie à l'aide, j'avais gloussé tandis qu'il collait son front contre le mien. Pourtant, lui, il n'avait pas l'air aussi heureux que moi.

- Mais je ne peux pas l'assumer. C'est trop compliqué pour moi, je risquerais de briser mes seules chances de carrière. Je suis désolé.

- Quoi ?

Non, putain non, c'était pas possible. Il ne pouvait pas me faire ça, Chan n'était pas comme ça, c'était impossible. Ma joie soudaine s'était évanouie, écrasée par ses mots, je le regardais avec mes yeux toujours écarquillés pour essayer d'y déceler un mensonge, une plaisanterie, quoi que ce soit qui pourrait m'aider à tenir encore debout.

- Hyunjin, comprends moi s'il te plaît.

- Pardon ? Au cas où tu l'aurais oublié, on l'a fait tous les deux ! T'étais bien content de faire l'amour, alors pourquoi tu n'es pas aussi heureux pour notre bébé ? Non, Chan, je t'en supplie tu ne peux pas me faire ça !

- Et toi, tu ne peux pas m'imposer un gosse que je n'ai jamais voulu ! J'ai vraiment essayé de m'y faire, j'ai essayé d'en parler à mon manager et tout ce bordel mais non, je ne peux pas. Comprends moi Hyunjin.

- Je comprends surtout que tu n'es qu'un sale lâche, j'avais gloussé sans une once d'envie.

Mes tremblements revenaient, ce n'était pas bon pour mon bébé. Alors, difficilement, je m'étais levé sans un regard pour mon petit copain puis j'avais posé doucement mes mains par dessus mes vêtements sur mon ventre. Il ne fallait pas qu'il ait peur lui aussi, il fallait que je lui fasse croire que tout allait bien, que son père n'était pas en train de nous abandonner. J'effectuais un exercice de respiration, je laissais mon visage se rafraîchir sous le coup des gouttes de pluie, j'obligeais mon esprit à chasser le temps de quelques instants Chan. Mais trop tard, ce dernier revenait à la charge en venant poser ses mains sur mes hanches.

- Ne me touche pas ! Je m'étais écrié en me retournant vivement pour le regarder dans les yeux.

- Hyunjin...

- Non, tais-toi, je t'en supplie ferme-là, j'avais exigé avant de reprendre mon exercice bidon pour m'éviter de m'étouffer dans mon angoisse.

Chan avait soufflé d'agacement en regardant quelques secondes ailleurs. Puis il avait avalé sa salive en baissant sa tête.

- Peut-être qu'on n'est pas fait pour être ensemble finalement.

- Tais-toi, s'il te plaît, tais-toi, j'ordonnais en sentant mon corps trembler de plus en plus fort.

- Non, il faut qu'on parle ! Si toi tu veux un enfant d'accord, fais ce que tu veux, mais ne me l'impose pas !

J'avais hoché vivement la tête, je ne parlais plus. Plus les secondes passaient, plus je me sentais tomber par terre, enfermé dans un cercueil de peur. Chan était en train de m'abandonner, je n'avais même pas la force de répondre correctement, de faire ce qu'il voulait et que j'aurai dû faire depuis le début, avorter. Je n'avais ni la force ni l'envie, alors j'assistais doucement à ma descente aux enfers.

- Je suis désolé Hyunjin, mais on a tous les deux des projets différents.

- Tu ne m'as jamais aimé finalement, j'avais pouffé sarcastiquement alors que je sentais mes yeux imiter les nuages au dessus de ma tête.

- Bien sûr que si putain, ne commence pas à dire n'importe quoi ! Il avait grogné. Je t'ai aimé et je t'aime toujours, tu sais très bien ce que je ressens pour toi. Mais si l'un de nous détruit les projets de l'autre en décidant de le suivre, c'est que finalement on n'est pas fait pour être ensemble.

- Tu étais super content quand je te suivais dans ton projet, c'était ce que toi tu voulais ! Mais moi ? Tu ne m'as jamais demandé de ce que je voulais faire, je devais simplement te suivre ! En même temps, comment un débile comme moi pourrait espérer avoir un avenir, je gloussais. Évidemment, j'étais trop con pour envisager vivre autre chose.

- Arrête de dire n'importe quoi.

- C'est exactement ce que tu pensais. Je suis beau, naïf et je couche. Parfait pour toi, non ? Je n'aurais pas causé trop de problème en acceptant de rester ton petit ami caché lorsque tu deviendras une star.

Cette fois-ci, Chan n'avait pas répondu. Il avait posé son regard ailleurs, confirmant mes dires. J'avais doucement acquiescé. Décidément, personne ne croyait en moi dans ce monde. J'avais avalé ma salive alors que mes mains tremblantes continuaient de caresser mon ventre. Je n'avais plus aucune raison de le regarder, je n'avais plus envie d'être près de lui alors j'étais parti sans savoir où j'allais.

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y a qui qui est poisson ici ?
vous même vous savez qu'on préfère fuir que de rester dans une conversation qui nous soule mdddr

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