rock + 17

Demain matin, j'allais revoir Chan. Après une semaine en ayant presque ignoré tous ses messages pour le laisser "réfléchir" comme il le voulait, j'avais fini par céder et j'avais accepté qu'on se voit. Mais désormais, je regrettais un peu. J'étais assis sur mon lit, déjà en pyjama tandis que je gardais ma main sur mon ventre sous mon habit. J'avais simplement à prétexter un mal de ventre si quelqu'un me demandait. Mais chacun faisait sa vie, aucun des garçons de la chambre n'en avait quelque chose à faire de moi. Je n'étais rien dans leur vie comme ils n'étaient rien dans la mienne. Sauf Felix, mais lui il avait déjà remarqué que je caressais mon ventre. Je me sentais bien durant ces moments, comme si j'étais un peu plus proche de mon bébé, bien qu'on pouvait difficilement faire plus proche que la situation actuelle.

Mon ami m'avait souri en s'asseyant sur mon matelas puis avait grogné lorsqu'un s'était mis à hurler de rire face à une anecdote stupide d'un autre. Sa voix grave mélangée à son visage doux me faisait toujours rire, c'était comme un démon enfermé dans une cage d'ange.

- Tu te sens bien ? Il m'avait demandé presque en soufflant.

- Oui, j'essaye de ne pas trop me faire de soucis par rapport à demain mais je vais bien.

- Il ne faut surtout pas que tu aies peur ou que tu angoisses, c'est mauvais pour... Il s'était tu alors qu'il avait très discrètement désigné mon ventre avec un mouvement de son menton. Il parlait déjà tout bas, ça m'aurait étonné que quelqu'un nous entende mais j'étais content que Felix comprenne que je voulais éviter que ça s'ébruite. J'avais une réputation à tenir tout de même. Ne t'inquiètes pas, tout ira bien. Je suis sûr que Chan comprendra, qu'il s'occupera bien soin de vous deux.

- Je n'en suis pas si sûr... J'avais soupiré avec une petite moue. Mais je le comprends, je ne peux pas lui imposer un... parasite, comme ça...

- Avec les études de folies que tu prévois de faire, je suis sûr que ça peut arranger beaucoup ! Il avait grimacé en entendant son ton s'hausser, il y avait immédiatement remédier. Oui, c'est un peu tôt, mais j'essaierai de le protéger du mieux que possible d'où je serai.

J'avais doucement souri. Moi qui pensais que Felix n'en avait rien à faire de mon bébé, il était peut-être celui qui s'en préoccupait le plus. Il veillait toujours à ce que je n'ai pas faim, ou des envies de pisser. Il faisait comme si ça l'embêtait mais il avait l'air content de m'aider comme il pouvait. Felix était une toute autre personne. Depuis sa rupture avec Changbin il avait déjà légèrement changé, il semblait encore plus déprimé. Puis lorsqu'on est devenu de vrais amis, il était encore plus sur mon dos. Mais j'aimais ça, j'avais un vrai ami et peut-être le meilleur. Je m'étais complètement trompé sur Felix, et ce, depuis des années. Je regrettais le temps perdu à faire semblant de s'apprécier tout en se détestant par derrière. Je me laissais penser aussi que depuis le début de ma grossesse et donc, que je m'avouais faible face à lui, j'avais changé. On avait tous les deux changés.

- Et toi ? Tu comptes aller où demain ?

C'était comme si cette simple phrase avait jeté un froid sur la chambre. Enfin, entre nous deux plutôt mais je ne faisais attention qu'à Felix. Les autres continuaient de parler, rire, ils se préparaient à aller. Mais mon ami, lui, avait perdu son sourire. Son visage s'était assombri tandis que ses yeux ne me regardaient plus. Non, ils semblaient soudainement bien trop intéressés par ses mains qui se serraient sur mon draps. Sa mâchoire s'était contractée. Je ne comprenais pas sa réaction, mes sourcils s'étaient froncés pendant que je posais ma main sur son épaule.

- Felix ? Tout va bien ?

- O-Ouais... Il s'était forcé à sourire.

- Sûr ?

- O-Oui... Je.. Je ne vais n-nul part d-demain... Il avait bredouillé en se levant précipitamment pour se rallonger sur le lit.

Étonné, j'avais laissé mes pupilles divaguer n'importe où dans l'espoir de comprendre. Mais rien ne me venait à l'esprit, alors à mon tour, je m'étais approché de lui. Je m'étais même penché pour parler plus près de son visage malgré ses pommettes qui rougissaient.

- Tu me le dirais si quelque chose n'allait pas ?

- Oui.

- C'est Changbin ?

Il avait grimacé. J'avais raison, il se retenait  de pleurer. Je savais que Felix accumulait trop, il ne se laissait jamais un temps pour souffler un peu. Pas étonnant qu'il était si irritable avec tous les autres. Ces derniers temps, Felix n'allait pas très bien mais c'était le temps d'une rupture. Ça devait passer, le temps qu'il prenne conscience que désormais c'était fini et que c'était probablement mieux ainsi.

- Non. On ne se voit pas alors je n'ai rien d'autre à faire.

- Tu veux venir avec moi ? J'avais proposé avec un petit sourire.

- Non, non. C'est votre moment tous les deux, je ne veux pas être une gêne en plus pour vous. Je suis déjà trop collant avec toi toute la semaine, tu ne vas pas me coltiner en plus le samedi, il avait gloussé sans joie.

J'avais froncé les sourcils d'incompréhension.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Rien, rien... Désolé, je suis juste fatigué, il avait encore ri. Bonne nuit.

J'avais hoché doucement la tête, mais je ne comprenais toujours pas ses mots.

- Toi aussi, repose toi bien.

- Oui. J'espère aussi. Je suis tellement fatigué, sûrement les cours de sport, il avait grimacé avec un rictus.

Je lui avais souri une fois de plus. Puis je m'étais retourné pour me glisser sous les draps. Felix me tournait déjà le dos, il devait sûrement être en train de s'endormir.

***

- Putain de merde, je jurais alors que toutes mes affaires tombaient par terre.

Je m'étais forcé à ne pas crier de rage alors que je me mettais à genoux pour ramasser mon téléphone, mon porte-monnaie ainsi que mes lunettes. J'étais toujours dans la chambre alors que les portes allaient bientôt s'ouvrir, mais pour ma défense, un des garçons avait mis un siècle à prendre sa douche, je n'avais pas pu me maquiller aussi bien que d'habitude. Tant pis, Chan devra faire avec. En me redressant, mes petites bricoles dans la main, je m'étais retourné avant d'avoir un léger sursaut en constatant que je n'étais plus seul dans la chambre. Felix me regardait avec un petit sourire timide, les mains derrière le dos. Il était habillé simplement. Une grosse chemise à carreaux rouges ouvertes qui cachait un teeshirt noir, un jean légèrement troué et des baskets également troués.

- Felix ? Tu veux quelque chose ? Il faut que j'y aille, les portes vont bientôt ouvrir... J'avais grimacé, un peu mal à l'aise.

- Oui, excuse-moi... Avant que tu partes, je voulais simplement te donner un truc que j'ai acheté il y a un moment déjà mais je n'avais pas osé te le donner avant parce que je ne savais pas si tu allais aimer ou accepter parce qu'on n'était pas encore des vrais amis, alors... Il avait terminé avec une petite voix timide.

J'avais levé les sourcils, bouche bée, alors que mes épaules se baissaient. Il continuait de me faire un petit sourire gêné.

- 'Lix... C'est adorable, qu'est-ce que c'est ?

- Un petit truc, ce n'est pas vraiment pour toi mais je l'avais trouvé plutôt mignon, j'étais passé devant avec Changbin...

Il m'avait tendu un sac blanc, rien d'écrit dessus.

- J'ai changé le sac pour que les garçons ne se fassent pas d'idée au cas où ils tombaient dessus, il avait presque murmuré alors qu'on était tout seul dans la chambre et probablement dans tout le bâtiment.

Je m'étais assis sur son lit, les sourcils froncés tandis que je commençais à sortir son cadeau. Lorsque je l'avais saisi, j'avais déplié. C'était un vêtement, un tout petit vêtement doux.

- Felix, c'est... J'avais écarquillé les yeux alors que je les sentais déjà s'embuer.

Je continuais de scruter le petit body pour bébé avec des petits dessins verts qui formaient une fine ceinture sur la poitrine du vêtement. Il était couleur crème.

- J'espère que tu ne me trouves pas trop envahissant... Il avait grimacé tout en grattant l'arrière de sa tête.

Mon petit cœur, qui avait fait un bond dans sa cage, était désormais en train de faire une course effrénée sur lui-même. Je continuais de scruter le body qui était pour les bébés de naissance à 3 mois. Ça me touchait horriblement qu'il pense à ça.

- Merci Felix... J'avais reniflé en relevant la tête vers lui pour lui faire un grand sourire malgré mes petites larmes émues qui roulaient sur mes joues.

- T-Tu aimes ? Il avait demandé avec une petite voix.

J'avais acquiescé immédiatement alors que je reposais le vêtement sur mes cuisses pour nettoyer mon visage. Tant pis pour les portes, tant pis pour le maquillage et Chan. C'était la plus belle attention que mon ami pouvait me faire.

- Oui, beaucoup, beaucoup... Ça sera son premier body, je te le promets, j'avais souri alors que mes doigts le rangeaient déjà dans son petit sac.

En me relevant, j'avais immédiatement passé mes bras autour du cou de Felix. Ce dernier était un peu étonné mais ne m'avait pas repoussé. Au contraire, ses bras s'étaient enroulés autour de ma taille qu'il avait serré très fort contre lui.

- Merci. C'est le plus beau cadeau qu'on ne m'avait jamais fait.

- On va dire que ça compte aussi pour ton anniversaire, il avait pouffé en nous balançant doucement de gauche à droite.

J'aurai aimé le câliner encore plus longtemps mais Felix avait décidé qu'il était temps pour moi de partir. Il m'avait presque poussé jusqu'à la porte, après que j'ai caché le cadeau dans mes affaires. Il m'avait fait un mouvement de la main, en promettant qu'il allait dormir toute la journée mais qu'on se retrouverait ce soir.

Alors j'avais acquiescé puis j'avais couru jusqu'aux portes déjà ouvertes. Le cœur léger, j'avais presque couru jusqu'à la voiture de Chan garé plus loin pour éviter que les autres ne nous voient. Il m'attendait, adossé à la portière du passager. D'un pas soudainement lent, je m'étais rapproché de mon petit ami. Il était beau, bien trop beau comme toujours. J'avais une grosse envie de le serrer contre moi avant de l'embrasser avec toute la passion du monde. Mais une fois devant lui, on s'était dit "salut", puis il était monté de son côté sur son siège, et moi sur le passager comme d'habitude. Je n'avais rien dit durant tout le trajet, je repensais à Felix. Je me sentais un peu mal de le laisser seul durant cette journée mais on se voyait ce soir. Là, j'étais à côté de Chan. Je n'étais pas énervé ou en froid avec lui, mais je savais que notre discussion allait immédiatement porter sur notre bébé. Alors j'essayais de trouver quelques mots intéressants à dire.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top