rock + 15
J'étais mal.
J'étais en cours de physique chimie, et pour la première fois depuis des jours j'arrivais à bien suivre, à m'y intéresser. Puis soudainement je m'étais senti nauséeux. J'essayais d'y faire abstraction, me dire que ça passerait, rien à faire. Ça ne passait pas. Ma main était posée sur mes lèvres pulpeuses, je ne disais plus rien. J'essayais tant bien que mal de ne pas vomir sur ma table devant tout le monde, je voulais m'éviter une honte.
Je voyais du coin de l'œil Felix, à côté de moi, gribouiller sur son cahier sans faire attention à quoi que ce soit en dehors de sa tête. Putain... Seungmin était à une place trop éloignée de la mienne pour que je lui demande de l'aide. Putain, c'était horrible, ça ne partait pas.
- Hwang Hyunjin ?
J'avais relevé difficilement la tête, le professeur avait arqué son sourcil.
- Ça va ? Vous êtes tout vert, il avait gloussé en me regardant attentivement.
Je n'avais même pas entendu la fin de sa phrase que je m'étais précipité jusqu'à la poubelle de la classe pour y déverser tout mon déjeuner, petit déjeuner et probablement ma bile. La tête dedans, dos aux garçons de ma classe, j'entendais des bruits de dégoût ainsi que des ricanements. J'avais vomi une fois encore, je détestais ça. C'était horrible.
Je n'entendais même pas le professeur ou les autres élèves, j'étais trop concentré à ne pas me mettre à pleurer tandis que mon estomac se vidait une fois encore dans cette foutue poubelle. Ma respiration était haletante, j'avais la trachée en feu.
J'avais gardé ma tête encore de longues secondes dans la poubelle pour m'assurer que ma soudaine nausée s'était apaisée, puis j'avais reposé la poubelle par terre. Je reprenais difficilement ma respiration, et je sentais quelques perles au coin de mes yeux. En me tournant doucement, j'avais constaté avec effroi que toutes les paires d'yeux étaient tournées vers moi. Ça n'était pas étonnant mais j'étais quand même plutôt mal à l'aise...
- Eh là ! S'écriait le professeur en voyant que je commençais à partir. Vous prenez votre poubelle !
Mais je ne m'étais pas retourné, j'avais directement foncé aux toilettes sans prendre en compte les cris de dégoût et de révulsions des autres. Je m'étais réfugié jusqu'au lavabo pour venir me mouiller toute ma face et espérer la nettoyer. J'avais lancé beaucoup d'eau puis je m'étais redressé, j'avais froid à present.
- C'est malin, avait prononcé une voix grave dans mon dos.
J'avais sursauté en posant ma main sur mon torse avant de me calmer lorsque je m'étais rendu compte que ça n'était que Felix. Ça m'étonnait tout de même qu'il ait bien voulu bouger ses fesses pour venir me voir.
- Le prof a envie de t'égorger, il pouffait en croisant ses bras sur sa poitrine.
Je n'avais pas répondu. Je m'étais simplement contenté de repasser une fois encore de l'eau sur ma tête.
- Ça suffit, va te laver les dents maintenant. Ensuite, je dois t'accompagner à l'infirmerie.
J'avais hoché la tête toujours sans parler. Non seulement parce que je ne devais pas sentir la rose mais aussi parce que je lui en voulais toujours pour ce qu'il m'avait dit samedi. Il pouvait être certes, énervé ou triste, mais je ne pensais pas que c'était une raison pour être aussi cru dans ses mots.
Je l'avais suivi sans un mot jusqu'à notre dortoir puis je m'étais enfermé dans la salle de douche. Elle était toujours aussi sale, avec plein d'affaire de partout. Je lavais durant un long moment mes dents, je n'avais aucune envie que l'odeur reste. C'était horrible, cette journée était un véritable fiasco. Déjà ce matin, je m'étais réveillé avec une migraine pas possible, ensuite en cours de sport impossible de courir au basket tellement j'avais des envies pressantes, et désormais ça. C'était une catastrophe, j'avais hâte que cette journée se finisse rapidement.
En sortant de la salle de douche, j'avais aperçu Felix assis sur son lit. Il avait l'air très concentré sur un papier. Mes yeux s'étaient levés jusqu'au ciel avant que je ne vienne m'asseoir à côté de lui. Au début, je n'avais rien dit puis soudainement, j'avais fait le rapprochement. C'était mon papier pour les adoptions que Felix tenait dans ses mains ! Immédiatement, je le lui avais arraché sous son grognement de désapprobation.
- Bordel mais quand est-ce que tu vas arrêter de fouiller mes affaires ?!
- Tu veux le faire adopter ?
- Personne n'a dit ça !
- "Numéros pour adoption", il faut être stupide pour ne pas comprendre que c'est pour ton gamin.
Mes mains avaient passé dans mes cheveux avant que je ne pousse un cri de rage.
- Qu'est-ce que tu veux ?!
- Fais attention à qui tu le confies, imagine qu'il se retrouve chez des gens horribles.
- C'est... J'avais poussé un long soupire tandis que mes yeux s'étaient fermés durant quelques secondes pour garder mon calme. C'est pour ça que je veux choisir ses parents.
- C'est toi et Chan, ses parents. Eux, c'est juste des remplaçants.
- Chan n'en veut pas, OK ?! Alors, maintenant, mêle toi de tes affaires ! Compris ?!
- Il n'en veut pas ?
J'avais voulu répondre dans un ton encore plus agressif mais j'avais immédiatement abandonné l'idée en voyant le visage de Felix. Ses grosses cernes sous ses yeux noirs mélangées à son teint pâle me donnait un tout autre garçon en spectacle. Ses yeux que je pensais vides avaient l'air de refléter de la tristesse. Il me regardait, durant de longues secondes. Je m'étais retrouvé complètement désarmé face à lui, j'avais la sensation d'être un monstre en face d'un petit garçon perdu. Je m'étais senti mal. Alors je n'avais rien dit.
- Pourquoi ne pas le garder avec toi ? Je suis là, moi, il m'avait dit en approchant son visage du mien. Notre club des célibataires avec un bébé marche toujours. On n'a pas besoin de remplaçant pour s'en occuper, on est débrouillard.
- Felix.. J'avais dégluti. On ne va pas se mentir, toi et moi, on n'a jamais été de vrais amis.
- C'est vrai. Je t'ai détesté, Seungmin encore plus. Je hais ce mec, je te jure. Sa tête de mec gentil m'énerve. Mais je suis resté quand même avec toi parce que t'étais le moins con de tous.
J'avais doucement souri. Ça sonnait presque comme une flatterie.
- Avec le temps, j'ai appris à te tolérer.
J'avais acquiescé. Il était vrai que c'était plutôt réciproque, même si samedi il m'avait vraiment énervé.
- On pourrait être de vrais amis ? Il avait demandé en présentant son petit doigt entre nos deux visages proches.
Il m'avait observé durant de longues secondes. Il était en pleine réflexion. Il ne savait pas si il pouvait accepter, il ne savait pas si il le voulait. Mais timidement, j'avais levé mon petit doigt pour l'accrocher au moins. Le sien était vraiment petit, c'était trop mignon.
- D'accord.
Un grand sourire s'était peint sur mon visage, le sien était bien plus petit. Mais il avait l'air content, ça me rassurait un peu. J'aurai même pu jurer avoir vu quelques rougeurs sur ses pommettes habillées d'étoiles rousses.
- Tu sais que les amis se disent tout ?
Ses lèvres entre ouvertes n'avaient rien sorti. Il avait juste haussé les épaules.
- Un jour, tu pourras me dire tout ce qui se passe dans ta tête ?
- Je ne sais pas Hyunjin. Parfois, j'en ai vraiment envie. Il avait commencé alors que sa tête se baissait au fil de ses mots. Ses sourcils se fronçaient, son regard se perdait sur ses mains qui s'étaient soudainement serrées sur son draps. Mais c'est comme si ma gorge s'enflammait juste avant, j'ai l'impression de mourir à nouveau... Alors pour l'instant, je ne te promets rien.
Sa prise s'était défaite dans un geste lent, puis il avait relevé la tête. J'avais droit d'observer un tout autre Felix. Un Felix fatigué, par son manque de sommeil ou par la vie. Je ne savais pas très bien encore.
J'avais haussé la tête. Maintenant que Felix était mon seul véritable ami, j'avais à apprendre mais je voulais essayer de bien faire.
- Et excuse-moi pour samedi. Je l'aime bien ton gamin, même si il est toujours caché, il avait soufflé dans un petit ricanement.
- T'en fais pas, moi aussi il me soûle ! J'avais pouffé en le regardant. Regarde, j'ai vomi mes tripes en classe à cause de lui !
Il avait ri à son tour. Il avait continué de me regarder avant de me proposer d'aller à l'infirmerie, il était finalement resté avec moi après avoir simulé une terrible migraine mais "sans fièvre mais je vous jure m'sieur, ça brûle dans ma tête !" il avait dit à l'infirmier.
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