rock + 13

J'étais toujours allongé sur le lit de Chan, dos à lui. Un silence était installé depuis trop longtemps, il était trop pesant.

Je venais d'annoncer à Chan que j'étais enceinte et il n'avait eu aucune réaction. Rien, il n'avait rien dit depuis bien cinq minutes. Il s'était détaché de moi et s'était assis sur le bord du lit. En me retournant pour l'observer, je voyais qu'il s'était accoudé à ses cuisses tandis que ses mains passaient sans arrêt sur son visage baissé. J'avais dégluti, puis dans un geste lent, je m'étais approché de lui. Je me tenais grâce à mon bras tendu, j'avais posé ma tête sur son épaule. Il n'avait toujours rien dit. Timidement, mes lèvres avaient embrassé son épiderme encore chaud.

- J'aimerai bien que tu m'expliques.

Sa voix était froide, tranchante. Elle m'avait immédiatement coupé dans mes baisers. J'avais dégluti alors que je reposais ma tête sur son épaule.

- Je suis enceinte, de huit semaines.

Ses mains passaient une fois de plus sur son visage.

- Comment c'est possible ?

- Tu veux vraiment que je te fasse un dessin ? J'avais doucement pouffé.

- Mais putain, on s'est toujours protégé non ?! Il s'était soudainement écrié en se levant.

J'avais sursauté sous la surprise tandis que mon sourire disparaissait immédiatement. J'avais monté mon regard vers lui pendant qu'il s'habillait d'un boxer et qu'il se saisissait de son paquet de cigarette. J'avais dégluti alors que je le regardais se diriger vers la fenêtre.

- Tu ne devrais pas fum-

- Tais-toi.

Il m'avait coupé, sa voix m'avait surpris. Elle était blessante, c'était dans un ton menaçant. Il s'était accoudé à la rambarde alors qu'il laisser son esprit s'évader dans les rues de la ville. J'avais mal, j'avais putain de mal. Qu'il réagisse comme ça, ça n'était pas le Chan que je connaissais.

Je m'étais donc tu, mais mes yeux n'arrivaient pas à se défaire de sa silhouette presque nue. Après de longues minutes interminables, il avait écrasé son mégot contre le bord puis avait jeté son mégot par la fenêtre. Lorsqu'il s'était retourné, il m'avait regardé dans les yeux.

- Tu comptes faire quoi ?

J'avais haussé les épaules alors que j'avalais difficilement ma salive.

- Le garder.

Il avait pouffé, sa langue poussait sa joue alors qu'il arquait son sourcil en jetant un coup d'œil dehors. Je n'aimais pas cette réaction, pas du tout.

- Le garder ? Sérieusement ? Tu te rends compte, Hyunjin ? On parle d'un gosse là !

- Oui, notre gosse ! Je m'étais écrié en m'adossant au mur derrière. J'avais laissé planer un long silence pendant qu'il cherchait une nouvelle cigarette. Tu vas m'abandonner ?

Il avait ouvert ses lèvres en relevant la tête pour me regarder à nouveau. Puis les avait refermées, avant de jeter son paquet par terre. Il était revenu s'asseoir sur le lit, à côté de moi. J'avais remonté mes jambes pour les entourer avec mes bras.

- Je ne peux pas avec un gosse... Pas maintenant Hyunjin, je t'ai dit que j'avais signé dans une agence, mon groupe commence enfin à bien se faire connaître, puis... Merde, on est jeune ! On a encore trop de choses à découvrir, j'ai pas envie d'avoir un enfant moi ! Il s'exclama en me regardant dans les yeux.

Les miens étaient écarquillés. Mes lèvres commençaient à trembler alors que mes poings se serraient. Mes ongles se plantaient dans la chaire de ma peau tandis que je contactais ma mâchoire pour m'empêcher de fondre en larmes.

- Alors tu vas vraiment m'abandonner ? J'avais murmuré.

J'avais senti une larme couler sur ma joue, juste une seule. Une rebelle qui avait tout de même voulu s'échapper. Chan soupirait en s'approchant de moi, il avait posé sa main sur ma joue que j'avais immédiatement bougé par un geste de la tête.

- Tu vas m'abandonner alors que tu disais m'aimer, je continuais d'une voix plus forte. C'est ça pour toi, "aimer" ? Certes, moi non plus j'y connais pas grand chose. T'es un peu la seule relation sérieuse que j'ai eu de ma vie et j'espérais que tu sois la dernière, j'avais pouffé sans aucune joie. C'est ta façon de m'aimer ? M'abandonner parce qu'on a fait un enfant ? Oui, je te rappelle qu'on était deux à le faire, c'est autant le mien que le tien.

Il avait soupiré alors qu'il avait levé la tête quelques secondes.

- Je n'ai pas dit que j'allais t'abandonner, tu me crois vraiment capable de faire ça ? Mais putain, comprends moi aussi ! D'un coup tu m'apprends qu'on va avoir un gamin, t'as pensé à moi dans tout ça ? Ce que moi je pourrais ressentir ? Si moi j'en voulais ? Non évidemment, il avait pouffé méchamment. Il me regardait. Ses yeux scrutaient mon visage puis s'encraient dans les miens qui commençaient à rougir. J'ai besoin de temps... Pour réfléchir à tout ça, essayer de remettre tout en place dans ma tête...

J'avais acquiescé. Je m'étais redressé en grimaçant, j'avais foutrement mal aux reins. Je m'étais rhabillé rapidement, j'avais récupéré mes affaires, puis je m'étais tourné vers lui.

- Tu me ramènes.

- Hyunjin, ne pars pas maintenant, on a pas fini de parler.

- Moi j'ai fini ! Je m'étais écrié en le regardant durement. Bien sûr que si j'ai pensé à toi, t'es la première personne qui m'est venue à l'esprit quand je l'ai su ! Puis tu crois que moi aussi je me sens prêt à être parent ?! Pas du tout, j'ai aussi peur que toi pour l'avenir.. Mais merde, personne comprend ! Personne arrive à comprendre ce que moi je ressens ! Je me sens tellement con et faible de pas avoir réussi à avorter, je me sens tellement stupide d'être tombé enceinte, mais j'aime mon bébé et ça personne ne comprend ! Toi ! Je m'exclamais en m'approchant de lui. Je croyais que tu me comprendrais au fond, parce que tu es quelqu'un de gentil, compréhensif et adorable. Putain mais quel con je suis, je pouffais en passant mes doigts sous mes yeux. T'inquiètes pas, tu n'auras pas à t'en occuper.

Chan avait fermé les yeux. Sa tête s'était baissée et ses déglutissements étaient bruyants. Mais il n'avait rien dit. Il s'était levé à son tour, s'était habillé avec un tee shirt Metallica noir sans manche, un jean aux ourlets relevés, une chemise rouge autour de la taille puis avait attendu que je sorte de l'appartement pour fermer la porte derrière moi.

Il m'avait ramené à l'internat dans un silence de mort, je n'avais même pas envie de le regarder. À quoi je m'attendais sérieusement ? À ce qu'il accepte qu'on joue la parfaite petite famille ? C'était ridicule. Mais malgré tout, je ne voulais pas avorter. J'avais un autre plan en tête désormais. J'avais beau être en colère contre Chan, je l'aimais plus que tout et je ne voulais pas briser son avenir.

J'étais sorti de la voiture sans un mot, puis j'avais claque la portière avant de me retourner. J'avais entendu la voiture repartir immédiatement, ça m'avait fait mal au cœur. Il faisait encore jour, j'étais fatigué, au bord des larmes.

En entrant dans la chambre, je m'étais allongé sur mon lit. J'étais seul, évidemment. Les autres ne rentraient pas avant la limite d'heure imposée, 22 heures. Même Felix était sorti, je ne savais pas du tout où.

En déglutissant, je m'étais dirigé vers l'infirmerie. Mon pas lent trainait dans les couloirs, parce que j'avais peur de mes décisions. Je réfléchissais n'importe comment depuis des semaines, plus rien n'allait. J'avais toqué à la porte, monsieur Park m'y avait reçu, visiblement très étonné de me voir si tôt.

- C'est rare que tu sois là si tôt un samedi, il m'avait dit en reprenant place sur son siège.

Je m'étais assis à mon tour, mes doigts se trituraient entre eux.

- Mes félicitions, il m'avait souri. Comme tu termines l'année avant que ton ventre ne soit trop voyant, il n'y aura aucune annonce, aucun professeur au courant.

- Merci...

Il avait froncé les sourcils mais son sourire perdurait.

- Un problème ?

- Est-ce qu'il est possible que je contacte les couples, ceux qui voulaient adopter ?

Immédiatement, son sourire s'était fané.

- Comment ça ? Pourquoi ?

J'avais ricané tristement.

- Parce que Chan n'en veut pas. Mais je ne veux pas avorter.

- Il a donné son accord pour le faire adopter ?

- Oui.

C'était un mensonge. Mais si Chan ne voulait pas de son enfant, il s'en fichait de son avenir. Je sentais battre mon cœur à tout rompre, ma cage thoracique était presque trop petite. J'avais le cœur gros. L'infirmier avait acquiescé en fouillant quelques secondes dans un tiroir, il soupirait de nombreuses fois. Puis, il avait reposé le papier devant moi.

- Il y a les noms et numéros juste en face. Tu veux le faire seul ?

- Oui.

Il avait hoché la tête puis m'avait laissé sortir de l'infirmerie sans rien dire. 

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