45 + roll

Il était tard, encore bien trop tard pour être encore debout face à mon ordinateur. J'étais là, face à l'écran, et je n'avais plus bougé depuis cinq grosses minutes à attendre le retour de l'impression. Bordel ça faisait trois semaines que je l'attendais, il serait temps de songer à revenir. Rien à faire, j'avais la tête et le coeur vide d'espoir ou d'envie, tout était brisé. 

Chaque soir depuis trois semaines, je me retrouvais seul dans le noir, assis sur le canapé, face à mon appareil à espérer pouvoir écrire un truc, je ne sais quoi, n'importe quoi d'autre que "tu me manques". Rien d'autre ne passait dans ma tête que son petit rire, ses beaux yeux, sa douce voix, ses cheveux corbeaux, ses lèvres. J'aurai dû être dessinateur, peut-être aurais-je eu pu conserver   quelques souvenirs avant de le laisser m'abandonner. J'avais bien toutes nos photos, mes souvenirs, mais je ne pouvais plus le voir, le toucher ou sentir son odeur. 

Je me souviens qu'il m'avait quitté car c'était incompatible, que j'étais trop fatigué, que c'était trop d'angoisse pour un seul petit homme comme moi. Il n'avait pas tord mais je commençais à sérieusement douter sur mon choix, pourquoi l'avais-je laisser me quitter? J'aurai dû me battre. Si j'avais su que son absence me tuerait à petits feux, je lui aurais hurlé de se taire, de ne pas m'abandonner. 

J'étais en train de mourir. 

Mourir, mourir, mourir, je vais mourir. 

Ma tête s'était baissée et des perles d'eau salées avait atterri sur le tapis au sol, pourtant j'avais toujours les yeux ouverts, aucun trait de mon visage n'avait bougé. Au fond, mourir ne m'effrayait pas, je me surprenais même à vouloir connaitre cet état. Moi qui pensais que seule la musique importait, j'étais persuadé que seule elle ne me quitterait jamais, mon inspiration elle, l'a fait alors ma musique s'en est allée aussi. Je n'avais plus rien d'autre que mes yeux pour pleurer et ma tête pour repasser en continu nos souvenirs. 

Je me demandais comment il allait ? Et le bébé ? Est-ce qu'ils allaient bien ? Je priais pour qu'il ne soit pas dans le même état pitoyable que le mien. 

Mon bébé, notre mini-nous, était-il en bonne santé ? Grandissait-il correctement ? J'espérais qu'il ne se sentait pas abandonner de son papa, je n'étais pas présent mais je pensais à lui chaque jour, il me manquait aussi.

- Mec, ça va ? 

J'avais sursauté tandis que je relevais la tête, Minho était apparu devant moi en pyjama, encore un peu endormi. J'avais renfilé avant de passer mon poignet sous mes yeux, j'avais l'air complètement ridicule. 

- O-Ouais... Ça va, t'inquiète, je déglutissais en regardant à nouveau l'écran éteint de mon ordi.

- Arrête, je ne suis pas débile, je vois bien que ça ne va pas, soupira-t-il. 

Il était allé dans la cuisine et quelques secondes plus tard, il était venu s'asseoir à côté de moi avec deux pommes dont une qu'il m'avait lancé. 

- Dis-moi tout... Il m'avait souri en croquant dans sa pomme. 

J'avais haussé les épaules. Je ne savais même pas pas quoi commencer.

- C'est Hyunjin ? 

- Ouais... Je soufflais. Oui mais y a pas que ça...

- Ton enfant ? Que tu sois obligé de quitter ton amoureux et votre enfant ? Que tu ne peux plus aller à l'échographie qui est mercredi ? Le fait que cette agence ce n'est pas du tout ce qu'on voulait ? Qu'on travaille comme des chiens toute la journée ? Qu'on ne peut plus voir nos proches ? Qu'on n'a pas le droit de dépasser 1 kilomètre autour de l'agence sans prévenir ? Qu'ils repoussent sans arrêt nos débuts ? Que tu verras probablement jamais ton fils ou ta fille grandir, peut-être que tu ne seras pas là pour l'accouchement ? 

J'avais écarquillé les yeux en l'écoutant puis je l'avais regardé. Il était pourtant très sérieux alors qu'il continuait de croquer dans sa pomme. Il avait encré son regard dans le mien, il était tout aussi vide que le mien ou celui de Jisung. Ouais, il avait raison. Ça me faisait chier de l'avouer mais on s'était trompé. 

- Je déteste cette vie, il avait fini avec un léger soupire. 

- Pourquoi ?

- Moi aussi j'ai perdu mon petit copain avec toute cette pression, Jisung m'en veut toujours. Je déteste voir mon meilleur ami et l'homme que j'aime sombrer un peu plus chaque jour.

J'avalais difficilement ma salive tandis que je baissais la tête pour pouvoir reprendre ma respiration coupée le temps d'un instant. 

- Ce n'est pas ce qu'on veut. Notre première condition était la liberté, non ? On s'était juré de ne jamais devenir des animaux de cirques qui ne servaient qu'à remplir les caisses. Bordel je commence à détester me réveiller le matin, mes doigts ne veulent plus jouer de piano et ma voix va se briser si je continue de chanter dix heures d'affilés comme on le fait. Et chaque os de mes jambes sont broyés, les tiens aussi. Tu as beau nous mentir en disant que ce n'est rien, que les jambes de tous les danseurs sont ainsi, on entend quand tu te pleins de ne pas pouvoir dormir à cause des douleurs.

J'avais acquiescé sans oser le regarder. Il avait raison. Pourtant, c'était notre rêve à tous les trois de pouvoir intégrer une grande agence et de devenir reconnus dans le monde entier, on avait se rêve de gloire. Malheureusement, j'avais l'impression que ces mois passés dans l'agence avaient balayé comme un simple jeu de carte ce rêve. On avait désormais d'être dans une prison. 

- Regarde-nous Chan, continua Minho d'une voix tremblante. On n'arrive plus à s'entendre, on est tellement épuisé qu'on enchaine les malaises et crises d'angoisse. Et notre musique, je la hais. 

- Moi aussi. 

Minho s'était redressé puis, après un léger reniflement, il avait passé son bras autour de mon épaule.

- Je suis désolé mais je ne peux plus continuer. Je n'y arrive plus. J'ai vraiment essayé mais si je ne m'arrête pas maintenant, je sens que je vais en mourir. J'ai besoin de dormir jusqu'à dix heures, de rire, de faire nos petits concerts en plein air pour s'amuser, j'ai besoin de sortir avec mes amis, j'ai besoin de Jisung. 

J'avais relevé la tête puis j'avais encré mon regard dans le sien. 

- Minho... Oui c'est difficile, pour nous tous, mais ça finira par payer. Un jour, tous nos efforts seront reconnus, je te le promets. 

- Si on y passe, ça n'aura servi à rien. Écoute, j'y ai beaucoup réfléchi mais je ne peux pas. Je suis désolé. 

- On s'était promis de commencer tous les trois, on n'y arrivera pas sans toi...

Minho m'avait fait un petit sourire triste mais il n'avait rien ajouter. Il s'était levé sans un bruit et il m'avait fait un denier salut avant de retourner dans le dortoir. Il avait laissé la moitié de sa pomme sur la table. 

J'étais désormais complètement désemparé, je ne savais plus quoi faire ou penser. Suivre Minho et nous en sortir comme on l'a toujours fait ou continuer dans l'agence qui nous assurait un succès de rêve ? Et Jisung, que dira-t-il à propos de tout ça ? Lui aussi n'allait pas bien mais il était le plus résistant de nous tous, il arrivait à mettre ses problèmes de côtés pour se concentrer uniquement sur le travail. 

J'avais besoin de Hyunjin, j'avais besoin de le prendre dans mes bras, d'entendre ses conseils sur tout ça. 

***

Jisung nous regardait avec de grands yeux alors que Minho et moi étions devant lui à se triturer les doigts. 

- Donc... Commença-t-il après un long moment de silence. Vous arrêtez tous ? Et nos rêves alors ? Ce pour quoi on a travaillé d'arrache-pieds devant tout ce temps, vous le jetez comme ça ? 

- Non, soupira Minho. Mais comprends-nous. 

- Comprendre quoi ?! S'agaçait Jisung, ses yeux étaient si cernés qu'on pourrait facilement croire du maquillage. Comprendre que vous me forcez à abandonner tous mes espoirs parce que vous êtes des fainéants ?! 

- Regarde toi Jisung, toi non plus tu n'aimes pas ça. 

- Oui mais ça changera ! On a déjà filmé des clips et enregistré des musiques, on ne peut pas s'arrêter maintenant les copains ! 

J'avais dégluti, je ne savais pas du tout ce que je faisais, j'étais tiraillé entre la peur de ne plus jamais avoir cette immense chance de pouvoir intégrer une agence et la peur d'y laisser ma peau si je restais ici. J'avais encore envie de pleurer, tout ce que je pouvais affirmer était que j'étais à bout de forces. C'était trop et j'avais beau avoir toute la motivation du monde, j'étais arrivé à mes limites. Il ne me restait plus qu'à espérer une suite heureuse à tout ça, à commencer par calmer Jisung. 

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je relis dès demain, promis mais là je suis trop fatiguée pour corriger quoi que ce soit lol pardon


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