31 + roll
Le jeune homme devant moi continuait de ranger les déchets qui jonchaient le sol alors que j'étais toujours assis sur ma chaise, adossé au dossier, à faire tournoyer mon petit verre rouge usé sur lui même, le regard dans le vide. J'étais perdu dans mes pensées. Non, une seule pensée mais à elle seule, je pensais à mille et une chose. Lui, en couvrait mille et lui ou elle, une.
Tout était tombé par terre, les boules disco roulaient au sol avant de s'arrêter en se cognant contre un des pieds de la grande table qui étaient presque aussi sale que le sol. Les serpentins noirs allaient dans tous les sens, la nappe bleue sombre était déchirée à certains endroits, toutes les boites en carton étaient ouvertes ou à moitié, la nourriture à l'intérieur laissait voir que quelqu'un avait pris quelques bouchées, la coupe de fruits elle, était toujours pleine, les canettes étaient vides, quelques chapeaux de fêtes trainaient. Une bougie toujours allumée m'autorisait à admirer sa flamme discrète et silencieuse qui pourtant, pouvait provoquer de gros désastres.
Les ballons noirs tenaient toujours en l'air, les fils accrochés à n'importe quoi, certains ballons faisaient des sauts par terre avec la petite voiture orange, les grosses lettres argentées qui laissaient lire "BACK" allaient s'effondrer. Trois chaises, moi assis sur l'une d'elle, seul mais pourtant entouré. Le jeune homme s'était excusé lorsqu'il était venu ramasser toutes les saletés sous ma chaise puis la porte au fond de la salle avait violemment claqué, nous faisant sursauter. J'avais relevé les yeux sans arrêter de triturer ce pauvre verre vide, j'avais aperçu Jisung s'approcher de moi, au vu de ses sourcils froncés j'étais presque sûr qu'il était énervé. Il s'était assis à la même place que tout à l'heure lorsque nous filmions le MV.
- Qu'est-ce que tu fous ? On doit continuer à bosser.
- On s'est levé à 5 heures pour bosser. On a filmer en entier le MV. Je suis fatigué.
- On doit encore s'entraîner, encore plus. Minho aussi est crevé, mais on fait avec. Viens.
- Je suis fatigué.
Jisung avait soupiré tandis que son coude se posait sur la table pour qu'il puisse me regarder tout en reposant sa tête dans sa main. Il était resté silencieux, on n'entendait que le jeune homme passer le balai autour de nous.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Je te l'ai déjà dit, je soupirais. Je suis fatigué, voilà tout.
- Hey, CB... Il avait dit d'une voix soudainement douce alors que ses fines lèvres avaient arborer un sourire que je lui connaissais bien. Je sais que c'est crevant mais c'est parce que nos débuts ne sont qu'à quelques jours. On ne va pas abandonner maintenant parce qu'on dort cinq heures par nuit. On en a rêvé d'arriver ici, non ? J'hochais la tête parce qu'il avait raison. C'est dur mais ça vaut le coup.
J'avais encore acquiescé mais mon visage refusait de quitter cet air maussade. Je ne comprenais pas pourquoi cette tristesse me tombait dessus ainsi, peut-être parce que j'étais loin de Hyunjin ? Parce que nous n'étions plus rien l'un pour l'autre ? Parce que Hyunjin me détestait de l'avoir lâchement abonné sur le parking d'un hôpital alors que son meilleur ami se trouvait dans une des chambres de ce même foutu hôpital ? Parce que j'allais être papa ? Parce que je voulais apprendre à connaître mon bébé mais que c'était la première fois que j'avais autant peur de quelque chose qui n'était même pas encore né ? Je n'en savais rien.
- Tu es sûr d'être fatigué à cause de tout ce boulot ? Ce n'est pas plutôt de la fatigue mentale ? Me demandait-il d'une voix horriblement apaisante sans perdre son adorable sourire.
Je n'avais pas répondu instantanément. Je continuais de regarder la flamme, elle commençait à doucement s'agiter.
- Peut-être.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Un ballon avait virevolter dans les airs lorsque le jeune homme avait ouvert la porte au fond de la salle pour sortir avec son sac poubelle plein à rebord. La porte avait encore claqué mais aucun de nous deux n'avait réagi. La flamme, elle, s'était soudainement affolée avant de se rassurer quelques secondes plus tard.
- J'ai quitté Hyunjin.
Ses sourcils s'étaient froncés.
- Quand ? Ça fait un moment non ?
J'avais hoché ma tête de gauche à droite, mes lèvres closes, mon regard perdu dans la lumière. Elle était pétillante, fascinante, intéressante lorsqu'on prenait le temps de s'arrêter pour la regarder. C'était comme mon Hyunjin. D'un premier regard, elle représentait le feu, le danger, la brûlure. Mais si on apprenait à l'apprivoiser, à s'en faire un allié, elle devenait notre guide dans la nuit sombre, elle nous réchauffait lors des jours froids, elle nous protégeait du monde extérieur.
- Une semaine.
- C'est pour ça que ça fait des jours que tu fais la gueule... Écoute, tu sais que c'est mieux pour toi... De toute façon, on n'a pas le droit d'être en couple. Tu as bien fait.
- Tu comptes quitter Minho peut-être ? Je répondais légèrement agacé par ses mots.
Il ne comprenait pas ce que je ressentais. Il ne comprenait rien, j'avais l'impression que personne ne me comprenait.
- Ce qu'il y a entre Minho et moi, c'est différent. On est dans le même groupe, on va rester ensemble partout où on sera. On habite ensemble tous les trois mais on garde tout de même notre intimité. Toi et Hyunjin, vous alliez être séparé de toutes façons, autant faire en sorte que ça soit voulu.
- Tu comprends vraiment rien... Je soufflais en relevant mon regard vers lui.
Jisung avait roulé des yeux puis il s'était redressé sans pour autant me lâcher du regard.
- Quoi ? Tu ne vas pas me dire que tu l'aimes ? Que tu l'aimes encore ?
- Si.
- Mais pourtant, on était sûr que tu n'en avais plus rien à faire de lui, avait-il prononcé avec ses sourcils froncés. Tu ne nous parlais plus de lui, on se demandait même si vous étiez encore ensemble.
Personne ne comprenait, c'était définitif. À commencer par mes parents qui refusaient de comprendre ma peur d'être père. Ouais je flippais putain, je flippais, j'avais la trouille, c'était déjà compliqué de m'occuper de mon couple alors m'occuper de notre bébé, c'était effrayant. J'avais peur d'être un mauvais papa, j'avais peur de ne pas savoir quoi faire quand il allait pleurer, j'avais peur de ne pas savoir quoi dire pour le rassurer et j'étais épouvanté à l'idée de le blesser, de mal remplir mon rôle de père. Peut-être valait mieux que je ne m'en occupais pas du tout, ça réglait tous mes problèmes après tout. Mais j'étais bien trop amoureux de son autre père, j'étais complètement fou de Hyunjin, j'étais devenu dépendant de lui. Je voulais qu'il soit à moi pour toujours, j'étais prêt à tout accepter pour lui tant qu'il restait près de moi. J'étais tellement amoureux de Hyunjin, il me donnait du souffle dans ce monde étouffant. J'avais besoin de lui dans ma vie, parce qu'il était partout dans ma tête et qu'il possédait mon coeur.
- J'aime Hyunjin... Je commençais avec une légère grimace alors que mon regard se posait une fois encore sur la flamme. Plus que tout... J'en viens même à me demander ce que je veux vraiment...
- Comment ça ? M'avait-il demandé avec une légère crainte perceptible dans sa voix.
Est-ce que je devais lui dire ? Non. Mais si je ne confiais pas à mon meilleur ami, qui pourrait porter cette charge d'écouter un jeune artiste déprimé ? La tristesse n'intéressait pas grand monde. Ma gorge s'était lentement serrée, une douce douleur s'emparait de ma trachée alors que cette dernière finissait tant serrée que ça en faisait suinter mes larmes du coin des yeux. Mes lèvres s'étaient entre ouvertes mais après trois secondes de silence, rien. J'étais resté là, les yeux emprisonnés dans cette flamme brillante, les yeux brillants d'eau. Jisung était perdu, je le voyais perdre peu à peu ses moyens, il ne savait pas quoi faire ou dire alors j'avais décidé de mettre fin à sa gêne.
- Hyunjin est enceinte.
Les yeux de mon meilleur ami s'étaient tellement écartés que j'avais cru que ses globes oculaires allaient sortir de leurs orbites. Il était resté bouche bée mais je ne daignais pas détourner mon regard, je n'avais pas honte ou peut-être que si. J'étais perdu, oui.
- Mais... Il avait commencé avant de se racler sa gorge. De toi ?
- Oui.
- Oh merde... Il soupirait. Comment s'est possible ? Depuis quand ?
- On a fait l'amour. Depuis trois mois environs.
- Non mais... S'agaçait Jisung. Comment vous avez pu être si négligents ? Pourquoi tu l'as mis enceinte ? Tu n'as pas pensé à notre groupe ou quoi ?
J'avais haussé les épaules. Tout dépend de quand il parlait, si il me demandait si j'avais pensé au groupe la nuit de la conception où j'avais fait l'amour avec Hyunjin, non, pas un seul instant leurs visages n'étaient apparus dans ma tête. Mais si il parlait du jour où Hyunjin me l'avait dit, oui, si il parlait du jour où je l'avais quitté, oui, si il parlait du jour où j'avais préféré lui dire que j'avais signé dans une agence plutôt que de l'écouter, oui. Oui, toutes ces fois j'avais pensé au groupe, à Minho et Jisung.
- Si. C'est pour ça que je l'ai quitté.
- Pour... Bordel...
Ses mains passaient sur son visage tandis qu'il s'asseyait vulgairement sur sa chaise pour se remettre de ses émotions. Il avait déglutit fort mais ensuite, il était resté silencieux durant deux minutes et trois secondes.
- Tu as merdé.
- Je sais, pas besoin de me le répéter.
- Comment tu vas faire ?
J'avais haussé les épaules. Je n'avais même plus envie de parler, je voulais Hyunjin, je voulais qu'on s'allonge sur le lit de mon appartement et qu'on se câline toute la journée, toute la nuit aussi. Je voulais qu'il me répète qu'il m'aime, que j'étais sa fierté, que j'avais bien agi. J'avais envie de Hyunjin, de ses bras, de ses rires, de ses caresses, de ses yeux, de ses lèvres, j'avais envie de le sentir me serrer contre lui alors que je laisserais reposer ma tête sur sa poitrine. J'étais fatigué, j'avais besoin de respirer, de calmer ma respiration étouffée privée de son souffle vitale.
- Tu fais des erreurs et après tu les fuis. Ce n'est pas le Chan que j'ai connu, mon meilleur ami aurait tout fait pour trouver une situation et surtout, jamais il n'aurait pensé abandonner son petit copain. Regarde-toi Chan, écoute-toi, disait-il d'une voix tranchante. J'avais encore plus envie de pleurer. Écoute-toi, tu oses me dire que tu aimes Hyunjin mais tu l'abandonnes pour une erreur faites à deux. C'est le comportement d'un fils de pute. Mais CB97, ce n'est pas ce genre de mec. Regarde-toi, donner des leçons de morale dans tes sons mais finalement, tu n'es pas mieux.
- Arrête, je serrais les dents.
La flamme bougeait lentement.
- Non, je ne suis pas d'accord pour ce gamin mais que tu fasses ça... Comment tu as pu ?
- J'ai peur, ok ?! Ça me fait tellement flipper, je n'en ai jamais voulu de ce gosse puis j'ai envie de vivre ma passion, j'ai envie d'avancer dans ce groupe ! Avec un gamin, c'est impossible !
Jisung continuait de me regarder mais j'étais bien trop honteux pour faire de même. La porte du fond de la salle s'était soudainement réouverte pour laisser le jeune homme du ménage, il était revenu.
- Prends tes responsabilités. Je te connais, tu trouves toujours la meilleure solution. Nous, on a accompli notre rêve et on veut le perdurer, on vient de tourner le MV, c'était sympa, on a bien ri. Maintenant, on doit retourner travailler et ensuite, tu diras à Hyunjin tout ce que tu m'as dit. Réveille-toi, la fête est finie.
Jisung s'était levé. Il avait bien remis ses habits puis après un léger salut poli vers le jeune homme, il avait ouvert la porte du fond de la salle et quelques secondes plus tard, un énorme fracas avait résonné dans toute la pièce. J'avais regardé vers la direction où J. One venait de disparaître avant de retourner sur ma bougie. La flamme s'était éteinte. La fête était finie.
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j'espère que vous aviez compris que c'était un flash back du rdv de Chan (je pense oui lol)
en espérant que ça n'a pas été trop catastrophique, sur ce
boomshakalaka
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