5/ Nobody's home
Je soupirais en quittant la salle de concert par la sortie qui était réservée aux artistes. Ce couloir vide et sombre bétonné du sol au plafond m'infligeait presque une sensation d'angoisse.
Mais à la sortie de ce dernier, je fus confronté à une armée de photographes, me permettant d'afficher mon sourire le plus fatigué. Traverser cette foule étouffante après plusieurs heures de concert, c'était l'une des choses les plus éreintantes.
Mais une fois à l'écart, je réussis à me glisser dans une petite ruelle, perpendiculaire à la grande avenue qu'avaient emprunté les paparazzi, peu éclairée par les flash.
Cette rue était vide. Seule l'obscurité régnait en ces lieux ainsi qu'un silence de mort. Je marchais en songeant aux concerts à venir, particulièrement le prochain, celui de Berlin, tout en me dirigeant vers mon hôtel.
Les mains dans les poches, j'essayais d'observer les étoiles mais cela m'était impossible à cause de la pollution parisienne qui recouvrait le ciel de son voile grisâtre.
Soudain, une voix stridente retentit derrière moi dans un atroce semblant d'accent américain. Cette dernière me fit sursauter brusquement.
- Is it the little, sorry, VERY little singer of sum quarante-et-un ?! S'exclama l'homme.
Quand je me retournai, je fis face à un homme d'au moins 1m85 qui me toisait de haut en bas. J'hésitais d'abord quelques secondes. Il se rapprocha de moi.
- Yes...it's me . Répondis-je un peu vexé par son insinuation. Il était à présent face à moi, essayant de m'intimider du regard.
- « A dead star » ? Dit-il en se grattant grossièrement le menton. No, « Deryck Whibley is dead ». It's better. Is it a good title for television ?
Je reculai face à cet individu, me retrouvant malheureusement dos au mur. Il était sûrement un hater du groupe . Il ne manquant plus que ça...
Il ne m'inspirait absolument pas confiance. Un large sourire prétentieux se dessina sur son visage. Je restais pétrifié face à ce géant qui s'approchait peu à peu et dangereusement de moi.
Je regardais aux alentours mais la ruelle donnait seulement sur d'autres ruelles sombres et sans issues qui ne m'étaient d'aucun secours.
- But, reprit l'homme. After you, it's gonna be your girlfriend. A dead couple of singers.
A la suite de ces paroles glaçantes, il éclata d'un sonore rire mesquin. Ces pupils rétractées donnaient lieux à un soupçon de folie qui l'habitait.
- No ! You can't kill her...soufflai-je fébrilement tentant vainement de dissimuler ma crainte à son égard.
Mon dos finit par s'écraser contre le mur en un bruit sourd et douloureux qui fit ricaner mon agresseur.
Soudainement, je le vis sortir vivement de sa poche un petit couteau Suisse dont il fit sortir la lame tranchante sous mes yeux.
J'étouffai un cri de surprise alors qu'il vint placer sa main sur ma bouche. Je tentais de me débattre alors que la peur grimpait rapidement en moi. Mais ma force n'égalait pas la sienne et d'un coup bref, il réussit à mettre son canif sous ma gorge, éraflant ma peau et laissant couler une petite goute de sang.
Je crois qu'on pouvait lire la terreur dans mes iris, c'était nulle comme fin de vie. Je n'avais pas envie de mourir de la sorte.
-Ce fut un plaisir ! Lâcha-t-il.
Mais avant qu'il n'eu le temps de faire quoi que se soit, je luis adressai un violent coup de genoux entre les deux jambes, ce qu'il le fit se rétracter sur lui même. Je mis quelques secondes à me rendre compte qu'il venait de se planter son arme dans le ventre en se pliant en deux.
L'homme se vidait peu à peu de son sang sous mes yeux alors qu'il m'implorait du regard de l'aider. Face à cette situation, j'étais pétrifié et ignorais ce que je devais faire.
Si je le laissais là, sans l'aider, je serai un criminel. Mais si je l'aidais, il pourrait revenir pour me tuer et se venger ensuite sur Avril. Mes pensées étaient tiraillées par l'hésitation et les secondes s'écoulaient sans que je réagisse. Le souffle venait à me manquer.
Cette homme était un assassin, mais partir comme un lâche ferait de moi un homme comme lui. Et il en était hors de question.
Je m'approchais lentement du blessé encore agonisant et me saisis de son sac à dos dans lequel je trouvai facilement son téléphone portable à clapet.
Les mains tremblantes, je composais le numéro du SAMU et lâchai le téléphone en quittant la rue sans adresser le moindre regard à cette ordure que je venais probablement de sauver d'une mort certaine.
Le cœur toujours aussi rapide en palpitation, je m'arrêtai enfin de courir devant la porte de mon hôtel, seul bâtiment qui illuminait encore cette avenue. J'entrai dans le hall, quelque peu soulagé d'avoir rejoint la civilisation.
Mais en faisant ce que j'avais fait, j'avais très certainement signé mon arrêt de mort médiatique.
J'étais à présent, de nouveau confronté à un dilemme déchirant. Il m'était impensable d'embarquer Avril là dedans. Sa carrière allait en subir les conséquences si le publique venait à l'associer à l'histoire de son mec, impliqué dans une affaire de tentative de meurtre.
Rien que d'y penser, ma respiration devenait saccadée, mon cœur se serra et mes mains devinrent moites. Mais c'était inévitable. Je devais éloigner de moi ma seule raison de vivre pour la préserver. Cette décision était un supplice à prendre. Elle allait m'en vouloir ; énormément m'en vouloir.
Une fois dans la chambre, je jetai mes affaires sur la table de nuit et m'allongeais sur mon lit, fixant le plafond. Je réfléchissais à une excuse plausible.
Je devais trouver une bonne raison de l'éloigner, de sorte qu'elle ne cherche pas à me retrouver ou à attendre des explications de ma part. Avril devait absolument rester en dehors de ça si elle ne voulait pas en pâtir.
J'observai mon téléphone quelques secondes avec répulsion avant de le saisir et de composer le numéro d'Avril.
- Allô ? Avril, il faut que je te dises quelque chose...Le souffle venait à me manquer.
- C'est dingue, moi aussi ! Me coupa-t-elle d'un air enjoué. Je ne la laissai pas finir, pour écourter le plus possible cette torture.
- Avril...je t'ai trompée...
J'avais lâché cette phrase telle une bombe atomique qui s'apprêtait à faire de sacrés ravages.
Un long silence pesant régna à l'autre bout du combiné. J'entendais sa respiration s'accélérer. Je pouvais m'imaginer la flamme de colère qui brûlaient dans ses iris en cet instant.
- Tu as fais quoi ?! Hurla-t-elle d'une voix étranglée. Cela me faisait tellement mal de lui mentir.
- Avec une fan... Cette phrase résonnait fausse dans ma gorge, mais j'avais le sentiment de devoir me justifier.
- Deryck, arrête ! Sa voix devenait tremblante, se mêlant à des sanglots qui me déchirèrent le cœur.
Tu savais quoi...je suis enceinte. Elle se ressaisit. Et je suis plus que désolée d'apprendre que c'est toi le bouffon de père. Va te faire foutre Deryck ! Elle raccrocha violemment.
Je restais sans voix. J'avais bien entendu ? Moi, père ? Tout se confondait dans mon esprit. Exprimer mes sentiments n'étaient pas dans mes habitudes, pourtant, je laissai échapper une larme qui coula le long de ma joue.
Tout avait tourné au cauchemar en une soirée. Malgré tout, je savais que c'était la meilleure chose à faire pour la protéger elle...et le bébé. Du moins, j'en étais convaincu à ce moment précis.
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