1/ Mobile
- Tu bois ?
-Une bière, ne t'inquiète pas, c'est seulement la 3ème de la journée.
- Tu trouves cela rassurant ? Rétorqua-t-elle visiblement exaspérée par mon excuse peu convaincante.
Je lui accordai comme seule réponse un simple haussement d'épaule.
Nous savions tous les deux que cette discussion ne mènerai nulle-part, et surtout, c'était une habitude que nous avions prise ; de boire pour oublier.
Résignée, Avril se leva et se dirigea à l'intérieur pour se saisir également d'une bouteille de cet élixir doré qui se trouvait dans le mini-réfrigérateur qui faisait office de table de nuit.
Accoudé à la rambarde du balcon, l'air frais et vivifiant balaya les quelques mèches qui tombaient devant mon visage.
Une gorgée de la boisson coula dans ma gorge, me réchauffant ainsi de l'intérieur. Le goût amer de l'alcool fit disparaître celui de l'amertume de la vie pendant une dizaine de secondes.
Je sentis un poids se déposer sur mon épaule droite avant de sentir le souffle chaud d'Avril s'écraser contre mon cou.
Les traits de son visages se tendirent pour former un petit sourire discret sur ses lips.
Des frissons me parcoururent l'échine dorsale lorsqu'elle me murmura suavement :
-Je t'aime Deryck.
-Moi aussi je t'aime Avril...
Le silence qui nous enveloppait permit à mon esprit de se ressourcer aux côtés d'Avril.
Elle leva sa tête, fixant mes iris. Ses douces lèvres se posèrent sur les miennes alors qu'une explosions de sensations envahirent mon être et je plaçai mes mains sur sa nuque alors que nous nous embrassions.
Mais un flash de lumière apparu dans mon champ de vision et attira mon regard ; me forçant à me décoller d'Avril. J'effleurai son oreille pour lui souffler :
- Quelqu'un nous observe...depuis le balcon voisin...
Avril s'écarta de moi en soupirant. J'étais consterné par le comportement des paparazzi, nous ne comptions pas leur donner ce qu'ils veulent. Mais j'étais surtout vexé et blessé par le fossé que cette situation, pourtant quotidienne, creusait dans notre couple.
Elle jeta avec énervement sa bouteille qui s'écrasa au sol dans un bruit fracassant et rentra fulminante dans l'appartement en repoussant violemment la porte vitrée.
Je pris le temps de rester quelques secondes de plus seul sur ce balcon en ruminant pour tenter vainement de calmer mes nerfs à vif.
Après tout, c'est cette célébrité qui nous avait réunis et sans les journaux et conventions musicales nous ne nous serions jamais rencontrés. Mais ne pouvaient-ils pas nous laisser en paix seulement une journée ?
Avril et moi nous sommes vus pour la première fois il y a 1 an et demi, à un concert privé dans un des hôtels les plus prisés de Toronto. Nous étions invités, mon groupe et moi-même à jouer 2, 3 morceaux vers 17h pour distraire les clients avant leur dîner et la représentation officiel.
Malgré notre succès déjà présent à l'époque, nous avions dû jouer la première partie. Cela m'avait rappelé nos débuts lorsque nous, sum41, nous faisions les premières parties de Blink-182.
Nous avions joué « In too deep », « fat lip » et « the hell song ». Je n'avais toujours pas rencontré les membres du groupe qui passait après nous et qui jouait le concert entier. A la fin de notre prestation, à la sortie de scène, je tombai sur une jeune femme, d'à peine 20 ans. Elle semblait stressée. Je m'approchai d'elle. Il s'avérait qu'il s'agissait d' Avril. Et nous avons commencé à discuté et de fil en aiguille, on s'est échangé nos numéros de téléphone.
Elle m'annonça finalement que c'était elle la chanteuse du groupe qui allait passer après le mien. J'étais assez étonné, donc je suis resté pour voir ce que cela donnait et j'ai été surpris de découvrir que cette jeune femme avait un putain de talent.
Et voilà maintenant 1 an que nous sommes ensembles. Lorsque notre relation s'est officialisée, nous avions fait la couverture des journaux. « Les deux jeunes punk-rocker ensembles autour de la musique ». Et depuis, les médias ne nous lâchent plus...
Je rejoignis Avril dans l'appartement, un peu inquiet de son état d'esprit actuel, après avoir nettoyé les débris de verre sur le balcon.
-Avril ? Questionnai-je presque imperceptiblement en entrant dans la chambre. Elle était assise sur le lit, le magasine « Rolling Stones » sur les genoux, habillée du même sweat-shirt que dans la matinée.
Ses traits s'adoucirent lorsqu'elle m'aperçu dans l'encadrement de la porte. Je fermai la porte derrière moi, elle ne scia pas.
-Deryck...articula-t-elle en se raclant la gorge et jetant son magasine au sol.
-Oui ?
Je baissai les rideaux de la chambre, peut-être par paranoïa, pour lui signifier qu'elle était à présent en sécurité. Je m'assis sur le lit à côté d'elle, la fixant droit dans les yeux. Elle afficha un maigre sourire qui illumina ses globes oculaires rougis par la fatigue.
-Pourquoi ne nous laissent-ils pas en paix ?
Je mis près de 10 secondes à chercher mes mots avant de lui répondre.
-Parce que nous sommes des personnalités publiques.
Ma réponse de semblait pas la satisfaire car elle croisa ses bras sur sa poitrine, redressa son dos et fronça les sourcils, comme si elle réfléchissait à un problème mathématique impossible à résoudre.
-Non , tu as tors...nous ne sommes là que pour les amuser, leur vendre un monde qui n'existe pas. Mais pensent-ils seulement à nous ? Aux êtres humains que nous sommes ? Dans la musique, on rêve juste d'être un peu tranquilles, d'avoir de l'intimité. Elle avait craché ce discours d'une seule traite, sans prendre le temps de respirer entre les phrases.
Sa respiration saccadée et rapide témoignait de l'essoufflement auquel elle faisait face après avoir presque crié d'aberration ces paroles. Ces yeux s'étaient assombris, voilés par la colère et le désespoir. Je repensais au fait que sa carrière avait grandit si vite. Son premier album sorti, elle n'avait que 17 ans il y a de ça 3 ans. Elle s'était retrouvée propulsé sous le feu des projecteurs. Et le fait qu'elle sorte avec moi n'avait clairement pas arrangé les choses.
Pourtant nous savions tous les deux que nous avions besoin l'un de l'autre pour tenir le coup. Et même si j'avais déjà 24 ans, j'avais parfois l'impression de retomber en enfance et de revivre ces moments de solitude que tu connais lorsque tout le monde est autour de toi mais que personne ne t'écoute vraiment.
Je ne répondis rien, me contentant de baisser les yeux. Elle avait totalement raison, mais il était impossible de revenir en arrière. Nous avions fait le choix peut-être involontairement, mais nous l'avons fait, de devenir des icônes, voir des marchandises aux yeux des gens.
Je m'éloignai, me changeai rapidement et m'assis à nouveau à côté d'elle . J'allumai la télévision sans grande conviction, tombant sur MTV. Et merde...
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