Chapitre 94
Jour 104 : minuit passé
Louis et moi sommes restés quelque temps après qu'il soit passé sur scène. J'avais hâte de me retrouver rien que lui et moi afin d'avoir un peu d'intimité, mais aussi et surtout pour pouvoir parler tranquillement.
Or, à présent que nous sortons de cette salle des fêtes, et que nous sommes enfin seuls, je ne sais plus quoi faire, ni quoi dire. Je me sens intimidée comme après un premier date avec un garçon que je connais à peine.
– Enfin un peu d'air frais, il faisait chaud là-dedans, souffle-t-il comme pour lancer la conversation.
– Tu as raison, c'était un vrai four, mais il commence à pleuvoir.
Un malaise m'envahit alors que j'aimerais tout le contraire, seulement, je suis bloquée. Bloquée par mes propres actes et mes paroles. Je ne veux pas qu'il me prenne pour la fille qui ne sait pas ce qu'elle veut.
– Est-ce que ça va ? demande-t-il en posant sa veste en cuir sur mes épaules.
Sa question était de celles que j'appréhendais, mais je me souviens que ce sont les derniers moments passés à ses côtés, alors je ne peux pas me laisser envahir par ce trop-plein d'émotions négatives qui me feront vite regretter de ne pas avoir profité de sa présence.
– Bien sûr ! Pourquoi ça n'irait pas ? J'ai passé une bonne soirée...
Ses iris ancrés dans les miens, il accapare instantanément mon regard. C'est un fait, je ne peux pas fuir.
– Tu sembles pensive...
– Oui, je le coupe prise d'un élan de courage, je le suis. Parce que tout s'embrouille dans ma tête. J'ai fait des choses que je regrette, mais qui me semblaient logiques. Alors maintenant, je ne sais plus sur quel pied danser.
– Dans ce cas, dis-moi sur lequel tu souhaites danser.
– Les deux. Ce serait l'idéal.
– Vient danser avec moi.
– Louis, tu vas avoir une mauvaise image de moi et ce n'est pas ce que je veux.
– Ce n'est pas si terrible, Heavan. Parfois, on prend des décisions sur coup de tête, sans même réfléchir. Tu ne peux pas aller à l'encontre de ce que tu ressens. Et moi non plus d'ailleurs.
Ses mains douces s'accaparent de mon visage, m'incitant à lui accorder toute mon attention. Il y a toujours cette tension électrique entre nous, cette chose qui nous pousse l'un vers l'autre. C'est impossible de faire l'impasse sur une telle attraction.
– Je tiens à ce que ce soit les dernières heures les plus magnifiques qu'ils soient pour toi.
– Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?
– Tu le sais, Heavan. Il n'y a que toi qui comptes, arrête d'en douter.
– Je t'ai pourtant blessé et je t'ai rejeté, mais tu es toujours là.
– Toi-même, tu dis regretter, alors pourquoi n'aurais-je pas le droit d'effacer ce moment de mon esprit ? C'était un mauvais jour, passe à autre chose.
Il a toujours raison, comment fait-il pour trouver sans cesse les bons mots pour me déculpabiliser ?
– J'ai peur, Louis. Peur de l'avenir, peur d'être sans toi, de me sentir seule et ne plus avoir cet amour et cette attention que tu m'accordes au quotidien. J'ai peur de vite défaillir et de ne pas tenir le coup.
– Bien sûr que tu vas réussir, tu es plus forte que tu ne le penses.
C'est ce qu'il pense de moi depuis que nous avons entamé notre relation.
Quand j'y pense, s'il n'avait pas fait le premier pas, je n'aurais jamais connu un amour aussi pur et sincère venant d'un garçon.
– Je serais là, ajoute celui-ci en posant sa main sur mon coeur, je serais toujours présent.
– Louis ? je murmure un peu gênée par ma futur demande.
Celui-ci fronce des yeux et me fixe avec intérêt.
– Viens avec moi.
Mon corps prend le contrôle, je ne réfléchis plus. L'envie insatiable de rester collée à lui est bien plus forte que toutes ses pensées maussades qui me frustrent au quotidien depuis bientôt une semaine.
Je m'agrippe à son cou, presque sur la pointe des pieds, mon visage de plus en plus proche du sien.
– Je veux passer la nuit avec toi, Louis.
La commissure de ses lèvres s'étire en un sourire mutin qui m'a fait fondre dès la toute première fois que je l'ai aperçu.
Sa réponse ne se fait pas attendre, il m'embrasse avec fougue, comme s'il attendait cela depuis des lustres. Ni lui, ni moi n'osons se lancer, par crainte et par faiblesse, mais je ne rêvais que de ça, que ses lèvres touchent les miennes. Je me demandais quelle sensation je ressentirais à ce moment-là, et bien maintenant je le sais.
J'en ai des papillons dans le ventre, j'avais la sensation de l'avoir perdu, mais il n'en est rien. En réalité, il a tout ce temps été non loin à veiller sur moi.
Il est mon ange gardien.
Mon sauveur.
Mon amour.
Mon âme-sœur.
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