Chapitre 91

Jour 103 : le soir

J'ai angoissé toute la journée en attendant ce soir. Malheureusement, j'ai passé plusieurs heures dans mes valises afin de trouver quelque chose de convenable à me mettre pour ce que m'a préparé Louis. Toutefois, je suis perdue.

Est-ce que nous irons manger quelque part ? Irons-nous au cinéma ? Il m'a laissé dans le flou le plus total, alors je ne sais pas comment m'accorder à cette fameuse soirée et je n'ai certainement pas envie de gâcher ce dernier moment avec Louis en m'habillant avec des vêtements de tous les jours. Je veux marquer le coup, mais je me pose beaucoup trop de questions.

Certes, je ne devrais pas être autant anxieuse et me prendre autant la tête pour une tenue, alors qu'on est censé être séparé, et en plus à ma demande. Alors pourquoi j'en fais tout un foin ? Mes sentiments sont toujours aussi présents, voir plus, car le manque de sa présence à mes côtés ne fait que les accroître de jour en jour, contrairement à ce que je pensais. Je l'aime éperdument et j'ai bien peur de tomber bien bas lorsque je serais à l'autre bout du monde, loin de lui.

Plus j'y pense, plus mon cœur se serre comme coincé dans un étau. C'est difficile pour moi de gérer ces émotions qui vont être viennent, j'en finis même à me demander si avoir accepté cette soirée était une bonne idée, parce que j'ai peur que ça ne ressasse ce que je réussis petit à petit, à enfouir.

Il n'est même pas dix-huit heures que mon interphone sonne dans le salon. Le cœur battant, je cours afin de lui ouvrir la porte de l'immeuble. J'ai la sensation de rencontrer un garçon pour la première fois et d'aller en date, je suis tétanisée.

Comment dois-je me comporter avec lui ? Cela fait presque une semaine que je ne l'ai pas vu, de plus, nous ne nous sommes pas quittés sous de meilleurs auspices.

Les bruits de pas de ses habituelles Rangers résonnent dans les escaliers. Elles se rapprochent au fur et à mesure que mon stress augmente.

La porte entrouverte, ce dernier frappe avant de rentrer. Nous nous regardons plusieurs secondes, le temps semble s'être arrêté. Malheureusement, notre échange ne fait que de me renvoyer en plein visage les propos que je lui ai tenu la dernière fois, car cette tension, qui traverse la pièce, est la même que lors de notre rencontre. Rien n'a changé, tout est encore à sa place, les émotions sont toujours aussi intenses et mes sentiments sont mis à rude épreuve.

Il est diablement beau. Ses cheveux hirsutes contrastent avec sa tenue pour ce soir. Il est tout de noir vêtu, de sa cravate à son  costume trois pièces avec quelques motif dorés et des boots très rock. Ses colliers de tous les jours ont, quant à eux, disparus. Seul sa boucle d'oreille est encore présente

– Salut, lance-t-il en cassant ce silence pesant.

– Salut.

Celui-ci me détaille de la tête au pied et alors son éternel sourire espiègle refait surface. Ses yeux s'accrochent de nouveau aux miens avant d'ajouter :

– J'ai quelque chose pour toi.

Ses mains, cachées dans son dos, apparaissent alors avec un sac blanc en papier. Je distingue une marque populaire me rappelant ce célèbre marquis de 1789. Gênée, je prends le sac qu'il me tend, à la fois curieuse et déstabilisée.

– Je t'attends ici. Prends ton temps, on a un peu d'avance.

J'acquiesce, les mots m'ayant échappés. Dans ma chambre, je retire ce long tissu qui se trouve être une robe noire provenant d'un grand couturier franco-espagnole. Celle-ci m'arrive aux genoux et a des manches courtes en coton, elle est magnifique par sa coupe drapée par des pressions. J'adore !

Revenant au salon, Louis affiche un rictus qui en dit long, me détaillant de la tête aux pieds, tandis que je lui fais face.

– Tu n'aurais pas dû...

– Il fallait marquer le coup, me coupe Louis, elle est à toi maintenant.

Je le connais bien, il sous-entend par là qu'il voulait s'imposer, montrer qu'il est encore présent et qu'il le sera pour un bon moment, que je ne pourrais penser à personne d'autre que lui lorsque je porterais ou poserais mes yeux sur cette robe.

– Il n'y a rien de mieux qu'une robe noire à mon goût, ajoute-t-il un rictus aux lèvres.

– Tu as raison.

– Finis de te préparer, on doit être là-bas pour vingt heures.

– Où ça exactement ?

– Tu verras.

Sa façon d'être est douteuse, il est à la fois attentionné et distant. Ses dernières paroles sont aussi tranchantes qu'un couteau bien affûté.

J'acquiesce sans le questionner davantage. Je me maquille légèrement et enfile mes boots noirs avant de le suivre je ne sais où.

Que m'a-t-il réservé de si mystérieux ?

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