Chapitre 76
Jour 83 : l'après-midi
Aujourd'hui, je me sens mal. J'ai l'estomac noué et je n'ai plus goût en rien. Je me sens totalement vide en même temps d'avoir un mauvais pressentiment.
Depuis lundi dernier, je n'ai pas revu Louis et je n'ai pas non plus eu une seule nouvelle de sa part. De mon côté, j'ai tenté à maintes reprises de le contacter, sans succès.
Dépitée, je me suis posé tout un tas de questions sur moi-même. Est-ce qu'il se serait lassé de moi ? De mes états d'âmes ? L'aurais-je déçu ?
Je me demande si cela a un lien avec mon père, car le silence radio a commencé ce même jour. Ce dernier est venu me récupérer au lycée sans même m'en avoir informé au préalable. À croire qu'il tentait de vérifier quelque chose, mais quoi ? Je l'ignore. Toutefois, lorsque mon père m'a appelé de sa voiture et que je l'ai aperçu, je suis certaine que ce n'est pas moi qu'il regardait à ce moment-là. Au lieu de ça, il fixait sans vergogne Louis qui était à mes côtés et celui-ci en faisait de même. Ils se lorgnaient en chien de faïence, tels des ennemis qui se recroisent depuis des années.
C'est donc tout à fait normal pour moi que je me trouve cet après-midi en train de marcher jusqu'à chez lui, afin de savoir ce qu'il en est vraiment. Je veux être fixée pour pouvoir éventuellement passer à autre chose, s'il ne veut plus de notre relation.
Arrivée aux abords de son quartier résidentiel, qui soit dit en passant est toujours aussi calme et désert, je me dirige vers sa maison surplombant celui-ci et dénotant des autres maisons plus classique, grâce à son architecture très cubique et sa couleur immaculée.
Néanmoins, devant son petit chemin caillouteux, je me rends compte d'une chose qui me tétanise sur le coup. Il n'y a pas seulement la moto de Louis garée devant son garage, mais il y a aussi une autre voiture, un break blanc en somme banal, mais pas tout à fait.
Ce break correspond trait pour trait au véhicule de mon père et la plaque minéralogique me le confirme immédiatement.
Et d'un seul coup, le lien que je pensais n'être qu'une hypothèse se confirme bel et bien.
Mon cœur fait un bond énorme, mes mains deviennent moites et des sueurs froides m'envahissent. Les jambes flageolantes, j'approche avec difficulté de la porte d'entrée qui, lorsque j'essaie de toquer, s'ouvre lentement comme si elle n'avait pas été fermée.
À l'intérieur, une voix grave et colérique me parvient, je la reconnaitrais entre mille, comme étant celle de mon père. Cependant, il y a d'autres bruits, telle de la vaisselle qu'on brise ou déjà cassées, et d'autres dont je ne saurais expliquer la provenance.
Faiblarde, les minutes s'écoulent avant que je n'ose bouger. Je me faufile dans la maison et me dirige jusqu'à la voix de mon père. Je dépasse le salon sur ma droite et la cuisine sur ma gauche, d'où sont amassés un tas de vaisselle, du liquide et un tissu ressemblant à une nappe sur le sol.
En continuant mon chemin dans le long couloir menant à la chambre de Louis et à la salle de bain, je découvre des perles de sang, puis de plus larges gouttes qui me mènent à cette dernière pièce.
Des frissons me parcourent tout le corps lorsque je prends conscience de ce qu'il se passe vraiment. J'assiste là, à une scène à peine croyable, digne d'un thriller.
Je vois Louis, affalé contre le mur carrelé de la douche, l'eau dégoulinant sur son corps avec le visage en sang, tandis que mon père se tient devant lui.
Ces deux-là n'ont pas encore remarqué ma présence quand, choquée, je bafouille le seul mot qui réussit à s'extraire de mes lèvres :
– Papa ?
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