Chapitre 58
Jour 71 : lundi matin
C'est la reprise des cours aujourd'hui après ces vacances de la Toussaint bien méritées, et il faut dire que j'appréhende énormément.
Depuis le samedi soir que j'ai passé avec Louis, je n'ai pas eu de nouvelles de sa part. D'un côté, cela ne me surprend pas, je ne cherche pas non plus à avoir des nouvelles, mais je dois admettre que le moindre détail m'angoisse au plus haut point.
Ça ne me surprend pas du fait que dorénavant, je sais qu'il est de nature solitaire et je suis exactement comme lui. De ce fait, ni l'un ni l'autre ne prenons des nouvelles de chacun. C'est bizarre, mais depuis le tout premier mot que j'ai échangé avec ce dernier, notre relation s'avère étrange. En conclusion, sa manière d'être et son comportement distant me déstabilise beaucoup moins qu'avant, bien que je garde une part de stress au fond de moi.
Les cours ont donc repris de plus belle, et je m'engage dans les couloirs avec l'envie de me changer les idées en plongeant la tête la première dans mes cahiers.
Me retrouver au beau milieu de cette foule m'oppresse, cela dit toujours autant qu'en début d'année. Je pense que c'est l'une des seules choses qui n'a pas disparu depuis que je côtoie Louis. Ce dernier m'a aidé sur de nombreux points négatifs me concernant, et ceci sans le savoir réellement, hélas pour moi ma plus grande phobie ne s'est pas éteinte et n'a même pas oscillé d'un poil. C'est frustrant, mais j'aurais trouvé cela étrange que du jour au lendemain cette crainte que je traîne depuis ma venue au monde disparaisse aussi vite. C'était trop beau pour être vrai, mais je suis déjà contente du fait qu'aujourd'hui j'arrive plus ou moins à supporter le poids d'aller en cours. J'ai le cœur un peu plus léger grâce à Louis et rien que pour ça, je ne le remercierai jamais assez. Il illumine petit à petit mon année scolaire qui a commencé dans les tréfonds des ténèbres.
En parlant de lui, je suis étonnée de ne pas l'apercevoir devant le lycée, une cigarette entre ses doigts et parmi ses amis.
J'hésite à lui envoyer un message lui demandant s'il est arrivé au lycée, mais j'ai peur qu'il prenne cela pour de la désinvolture de ma part, car c'est en tout point ce que je veux éviter. Et je ne veux pas non plus passer pour la fille qui dépend d'une personne, parce que je suis loin d'être comme ça.
D'un autre côté, je ne me vois pas affronter cette journée sans sa présence. J'ai l'impression qu'il est devenu indispensable.
Avant, je me sentais seule, mais aujourd'hui, je me sens abandonnée.
Jusqu'ici, je croyais avoir subi la pire des sensations, or, dorénavant, cette solitude est tout autre et c'est bien la plus horrible.
Quand on est seule, on attend rien de personne. C'est l'avantage.
Avant Louis, tout me paraissait si fade, bien que mes parents essayaient de m'apporter tout le confort qu'un enfant peut souhaiter. À présent, je ne vois pas mon avenir sans lui. Il a donné du sens à ma vie, je sens et je sais qu'il me comprend plus que quiconque.
Certes, cela se finira peut-être un jour. Le jour où je repartirais aux États-Unis, par exemple, ou bien après avoir terminé notre année. Dans tous les cas, il y a tellement d'obstacles devant nous que je ne mise pas beaucoup sur la dureté de notre relation, quelle qu'elle soit. Je regarde les choses comme elles sont, mais au fond, j'espère de tout mon cœur que j'ai tort. Car mon plus grand souhait à présent, c'est qu'il reste près de moi aussi longtemps que possible.
Je suis en train de marcher dans les couloirs, mon esprit encore encombré par tout ce que j'ai en tête, lorsque je remarque un groupe d'élèves un peu plus loin. Ils murmurent entre eux, les yeux rivés sur leurs téléphones. Un regard furtif me suffit pour remarquer qu'ils sont en train de regarder quelque chose qui semble attirer leur attention.
Je me fige en remarquant les bref oeillade des garçons de ma classe. Ils me dévisagent un instant, puis détournent vite les yeux, me laissant une étrange impression. Ils ne font pas semblant de m’ignorer, et pourtant, je sens quelque chose d'inquiétant dans la manière dont ils se comportent. C’est à peine perceptible, mais il y a quelque chose d’indéfinissable, une sorte de malaise dans l'air.
Je tente de chasser cette sensation, mais je remarque au fur et à mesure qu'une ou deux personnes se tournent légèrement dans ma direction, puis reportant leur attention sur leurs téléphones, elles continuent de chuchoter entre elles.
Quelque chose ne va pas. J'ai l'impression d'être épiée d'une manière différente...
Sans vraiment y penser, je me faufile à travers la foule, espérant échapper à cette étrange sensation, mais, plus je marche, plus cela me paraît bizarre.
Qu’est-ce qu'il se passe ?
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