Chapitre 28

Jour 23 : Mardi midi

Hier, après avoir discuté pendant des heures avec Louis, j'étais rentrée à contrecœur pour assister au cours de l'après-midi. Louis, quant à lui, avait trouvé un moyen de régler notre absence avec la secrétaire et, fidèle à ses propos, avait évité de venir en cours de l'après-midi. De mon côté, je n'avais pas d'autre choix que d'être présente. Mon père m'avait vue partir en pleine forme, et il m'aurait été impossible de mentir pour une journée entière.

Aujourd'hui, je me suis préparé un sandwich aux crudités. Pas question de refaire l'erreur des jours précédents où je ne mangeais quasiment rien de la journée. Je décide de m'installer dans le parc, là où je me trouvais la veille avant que Louis ne m'entraîne dans son monde. Le ciel est gris, chargé de nuages, et quelques gouttes tombent de temps à autre, mais l'air frais et le calme me conviennent pour déjeuner tranquillement.

Je savoure cette tranquillité, loin des regards indiscrets et des murmures. En repensant à la veille, je me demande encore si tout cela était réel. Comment aurais-je pu imaginer passer un si bon moment avec Louis ? Cet étrange revirement de situation me laisse perplexe, mais il me plaît.

Au CDI, la bande d’Angel commence à y traîner à l’heure du midi, alors je préfère éviter leur compagnie. Bien que Marie soit une alliée précieuse, je ne peux pas l'accaparer, au risque de passer pour une égoïste. Ainsi, je me réfugie ici, dans ce coin de parc où elles n'iront probablement pas. Cette solitude choisie me fait du bien. Ironiquement, j’évite maintenant celles que je considérais comme de potentielles amies pour me rapprocher de celui que je pensais inaccessible auparavant. La vie est décidément pleine de surprises.

Mon sandwich terminé, je sors mes notes pour réviser le contrôle de français de cet après-midi. Le programme porte sur Le Vol d’Icare, et je m'efforce de replacer les scènes dans le bon contexte. À force de lire des livres différents, il m’arrive de mélanger les intrigues, ce qui n’aide pas quand un contrôle de lecture tombe.

Soudain, une voix retentit derrière moi, me faisant sursauter :

– Tu fais quoi ?

Je me retourne vivement, le cœur battant. Louis est là, tenant un parapluie au-dessus de ma tête, un sourire charmeur aux lèvres.

– Je... je révise pour le contrôle, dis-je, prise de court face à son regard perçant.

– Tu recommences à bredouiller, ricane-t-il.

Je ne réponds pas, mais je sens un sourire naître malgré moi.

– Tu n’es pas au self ? demande-t-il en plissant les yeux.

– Non, je mange ici.

Je désigne le sachet de mon sandwich, haussant les épaules. Celui-ci observe l’emballage, puis me regarde avec une expression indéchiffrable avant de soupirer et de pincer l’arête de son nez, visiblement agacé.

– Ce n’est pas sain, ce que tu fais.

– Pas sain ? Je mange un sandwich, assise tranquillement dans un parc. Où est le problème ? rétorqué-je, vexée.

– Ce n’est pas une critique. Mais pourquoi tu ne vas pas au self ? Je ne comprends pas.

– Alors ne cherche pas à comprendre.

Son regard se radoucit. Il relâche ses épaules et laisse échapper un léger sourire.

– Très bien. Jeudi, je te traîne à la cafétéria. Tu mangeras une entrée, un plat chaud, un vrai repas chaud je dis bien, et un dessert.

– Louis ! Je n’en ai pas envie, protesté-je, agacée.

– Heavan, personne ne va te dévorer !

Je soupire et commence à ranger mes affaires. La discussion tourne en rond, et je n’ai pas envie de continuer.

– Où est-ce que tu vas ? s’écrie-t-il en me voyant quitter le banc.

Je ne me retourne pas immédiatement, mais son ton légèrement inquiet me pousse à ralentir. Peut-être que, malgré tout, il se soucie réellement de moi.

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