⭐56- Choc
— Tu peux m'expliquer ce que faisait ton putain de téléphone entre les mains de Shawn ?
— Déjà, c'est mon téléphone, pas mon putain de téléphone, me reprit-elle. En plus, je l'ai recroisé dans le café où je...
— Salut, Rick. Ravi de te voir, intervint l'intéressé, les mains dans les poches.
Ce mec avait toujours été beau, mais là... J'avoue qu'il me complexait de ouf. Il s'habillait toujours comme s'il ne faisait pas d'efforts, mais le résultat était quand même réussi. Là, il portait négligemment une simple chemise hawaïenne qui laissait à l'air libre les multiples tatouages sur ses bras, et il ressemblait quand même à un top-modèle. De plus, ce sourire suffisant sur son visage presque parfait me dérangeait au plus haut point.
— Tu faisais quoi avec ma femme ?
Sara leva les yeux au ciel et le photographe plissa le nez en se passant une main dans ses cheveux ras colorés en blond.
— C'est pas une enfant, mec. Je vois que t'es toujours aussi dominateur qu'à l'époque, termina-t-il avec un petit rire malicieux.
C'était confirmé ! Je le haïssais officiellement, désormais.
— Au revoir, Adams, le congédiai-je.
Il sourit d'un air arrogant en insérant encore une fois ses mains dans ses poches.
— Et toujours aussi marrant, dis donc ! Merci pour ce moment, Sara, s'adressa-t-il à la femme de ma vie avec un regard complice. Je t'enverrai les dossiers plus tard. Au fait, Rick, Barbara te salue.
Je ne voyais pas de qui il s'agissait, mais de toute évidence, le photographe escomptait une réaction de ma part, car il eut l'air déçu de mon indifférence. Qui était cette Barbara ? Et pourquoi la mâchoire de Shawn avait tressauté avant de murmurer :
— Tu ne te rappelles pas d'elle ? Oh !
Je devrais ? Je n'allais pas lui faire le plaisir demander de qui il s'agissait. De toute façon, mon ancien camarade avait déjà tourné les talons - avec style, sinon ce ne serait pas Shawn. Il enleva ensuite ses mains dans ses poches et grimpa dans la décapotable avec un dernier petit sourire à notre adresse.
— Je ne veux plus que tu lui adresses la parole ! décrétai-je une fois la voiture de sport au loin.
— J'aime pas ta façon de parler, Rick, souligna Sara d'un ton dur avant de faire demi-tour.
Eh merde !
Je me passai nerveusement les mains dans les cheveux et lui emboîtai le pas en contournant la fontaine au milieu de la cour.
— Attends !
— Quoi ? s'arrêta-t-elle sans se retourner.
— Je m'excuse, confessai-je en priant pour qu'elle perçoive la sincérité dans ma voix. Je suis désolé. Je me sens pathétique, mais c'est comme si je ne pouvais pas m'empêcher de réagir autrement. Je suis désolé. Je...
— Ça va, coupa-t-elle en faisant volte-face.
Elle prit ensuite une grande inspiration, puis m'attrapa délicatement la main en proposant :
— Viens !
Je la suivis jusqu'à un banc dans le jardin, tout près de la baie vitrée de la salle de musique. On s'y installa et elle déposa un bras sur le dossier en débutant sans tarder :
— Les mannequins que je recherche sont celles et ceux dont aucune agence ne veut.
Il était où le rapport avec ce qui venait de se passer ?
— Quoi ? me troublai-je.
— Ceux et celles que les autres jugent comme pas assez beaux, ou pas assez sexy, enchaîna-t-elle. En gros, tous ceux dont les autres marques ne trouvent pas assez parfaits pour les représenter. Je les veux comme égéries et influenceurs. Le problème, c'est que je ne connais personne. J'ai un peu parcouru les articles et les blogs où ce genre de discrimination était dénoncé afin de repérer quelques...
— Attends ! J'adore ton projet, sincèrement. C'est noble. Mais...
— Comme si toi, tu t'es déjà fait jeter ! fit-elle en levant les yeux au ciel.
— Es-tu es en train de me juger, Sara ? voulus-je confirmer, incrédule.
Elle haussa les épaules avec l'expression mitigée de quelqu'un en train de se demander s'il devrait avoir pitié d'un clochard ou pas.
Je n'avais jamais postulé en tant que mannequin. Tous les jours, je recevais juste des et des mails où des entreprises et des marques m'invitaient à poser pour eux. Ensuite, Lara, quelques fois accompagnée de Maryse, me soumettait les contrats les plus intéressants, ou parfois les plus nobles de cause. Car oui, j'avais déjà posé gratuitement pour certaines associations humanitaires...
Tout comme il ne fallait pas obligatoirement être un arbre pour être contre la déforestation, je comprenais et soutenais à cent pour cent le projet de Sara. Je ne voyais juste pas ce que Shawn venait chercher là-dedans. D'ailleurs, je ne tardai pas à l'exprimer :
— Et Adams dans tout ça ?
— On a pris un café ensemble, expliqua-t-elle. Je lui ai raconté mon projet et il m'a dit qu'il pouvait...
— Je peux !
Je ne savais pas quoi, mais j'étais prêt à le faire à la place de Shawn.
— Quoi ? m'interrogea Sara en fronçant les sourcils.
— Ce que Shawn a dit.
Elle me dévisagea, l'air de penser : « Sérieusement, Rick ! »
— Tu es débordé, cita-t-elle. Tu dois bâcler en quelques semaines le travail d'au moins deux mois. Et tu veux m'aider à recruter des mannequins ? rigola-t-elle.
— Je...
— Lucas m'a dit pour l'album, m'interrompit-elle. Je sais que tu devras bosser comme un malade.
J'avais subitement mal à la tête. Je me contrôlais trop en présence de Sara. Il y avait tellement de choses que j'aimerais crier ou que j'aimerais la secouer pour qu'elle fasse. Pourtant, je prenais tout le temps sur moi, car je savais qu'elle n'apprécierait pas ou qu'elle me giflerait tout simplement si j'osais. Je ne fis pas suite à son aveu sur le pianiste et soupirai en m'écrasant le visage dans mes mains appuyés sur mes cuisses.
— Je ne dois pas parler à Lucas non plus. C'est ça ? devina-t-elle.
Je gardai la même position sans prendre la peine de répondre. Je n'avais pas d'énergie pour un débat que je savais perdu d'avance.
— Je t'aime, Rick. Je t'appartiens corps et âme, mais tu ne peux pas décider de mes relations, dit-elle, comme pour confirmer mes pensées.
Mais finalement, je trouvai ça trop injuste et levai la tête.
— Tu m'as demandé de ne pas partir avec mon téléphone ; je t'ai écouté. Cite-moi une chose que tu m'as suggéré de faire et que j'ai refusée !
— Tu n'as pas signé mon contrat, argua-t-elle d'un air peu convaincant.
— Il était stupide ! répliquai-je de plus en plus à cran. Et si je l'avais fait, on n'en serait pas là aujourd'hui.
Elle savait que j'avais raison. Je le devinais rien qu'à sa façon de détourner les yeux. Mais apparemment, elle n'était pas prête à l'admettre, car elle se passa les mains dans les cheveux et changea de sujet :
— C'est qui Barbara ?
— Je ne sais pas, soupirai-je en m'adossant au banc. Ou alors, je ne me rappelle pas. Vous n'avez pas parlé de ça aussi, toi et Shawn autour de votre café ? terminai-je avec plus d'aigreur que j'aurais souhaitée.
— Tu as quoi contre Shawn finalement ? Je croyais que vous étiez potes ? s'enquit-elle en plissant les yeux, comme si elle essayait vraiment de comprendre.
Je ne détestais pas le photographe avant, en fait. Mais il fricotait avec Sara, désormais. Et j'avais peur que celle-ci voie ce que moi, je voyais. Enfin, si ce n'était pas déjà le cas.
— Tu le trouves beau ?
La question était presque sortie toute seule, et je la regrettai tout de suite après la façon dont Sara écarquilla les yeux, avant d'éclater de rire.
— T'as peur que je le trouve beau ? se marra-t-elle en me dévisageant comme si j'étais con. Tu penses qu'il reste de la place dans ma tête et mon cœur après que tu l'aies envahi ? J'ai pas tous les symptômes de la fille follement amoureuse, d'après toi ? Qu'est-ce qui te fait douter ? Pas assez de clins d'œil ou de petits mots ? Je t'en laisserai tous les matins. Pas assez de « je t'aime » ? Plus une heure ne s'écoulera sans que je ne te le rappelle... Pas assez de cul ? susurra-t-elle en prenant mon visage entre ses mains après s'être installée à califourchon sur moi. C'est quelle pièce dans la maison tu veux essayer ? demanda-t-elle avec un sourire coquin. Je suis folle de toi, Rick Rivera. Que veux-tu d'autre comme preuve ?
— Ne parle plus à Shawn et à Lucas.
Oui, j'étais chiant. Oui, je l'assumais. Mais là, j'avais vu une occasion et je n'avais pas voulu la rater.
Elle laissa lourdement retomber ses mains sur mes épaules avant de souffler d'un air vaincu :
— OK !
— Quoi ? m'étranglai-je.
— D'accord, confirma-t-elle. Je ne leur parle plus.
Je refusais d'y croire. C'était trop beau pour être vrai. Cependant, elle avait l'air sincère — et résignée, mais ne nous attardons pas dessus — lorsqu'elle me tendit son téléphone.
— Efface leurs contacts, bloque-les sur Twitter... et où tu veux. C'est toi qui décides, bad boy.
Je n'oserais jamais ; je me sentirais trop minable ensuite. Pourquoi elle me demandait une chose pareille ? Elle savait pertinemment que je refuserais, comme en témoignait ce petit sourire mutin au coin de ses lèvres.
— T'as peur de passer pour un mari trop chiant, hein ? devina-t-elle en déposant le téléphone sur le banc.
Elle replaça ensuite ses mains sur mes joues et assura :
— J'étais sincère. Tu pouvais le faire. Et si tu te sens mal, parce que l'idée t'a un peu séduite. Dis-toi que je signale les comptes de toutes les filles à faire des commentaires trop déplacés sous tes photos.
— Quoi ? m'intriguai-je en plissant le front.
— Je ne supporte pas de lire « Je veux sentir ce corps contre le mien. » ou alors « Rick prends-moi quand tu veux ». Je veux être la seule à prononcer ce genre de phrases, décréta-t-elle d'un air possessif qui fit de moi l'homme le plus heureux de la terre.
Je m'étais mis à sourire à m'en faire un claquage des zygomatiques. Elle m'avait revendiqué en tant que sien et mon cœur pulsait d'amour rien qu'à cette pensée. Peu m'importait le nombre d'innocentes à avoir été signalé juste pour avoir désiré le mec d'un autre... le mec de Sara. Putain, je mourrais d'amour !
Apparemment, elle n'avait pas fini de me rendre fou, car elle murmura à mes oreilles :
— Alors, laisse-moi profiter de mon droit : prends-moi quand tu veux, comme tu veux, où tu veux et où tu veux.
Je savais parfaitement ce qu'elle avait voulu dire par le dernier où, qu'elle avait spécialement pris le soin d'appuyer dessus. Ma queue aussi l'avait compris ; il n'y avait qu'à voir la façon dont elle avait réagi, qui d'ailleurs, fit sourire Sara.
Elle acceptait ? Je n'arrivais toujours pas à y croire.
— Où je veux ? Ça veut dire...
— Oui, acquiesça-t-elle avec un sourire rempli de promesses.
On n'avait toujours pas franchi l'étape du sexe anal. On en avait parlé et elle m'avait confié qu'elle ne trouvait pas cela tabou. C'était juste qu'elle s'était dit qu'elle se devait de laisser quelque chose pour plus tard. C'étaient ses mots. Son choix. Je n'avais pas trop compris, mais je n'avais pas insisté.
Mais qu'elle me trouve digne de me donner quelque chose qu'elle avait réservé « pour plus tard » ! Putain, je me sentais... Je ne trouvais même pas le mot exact. Ce n'était pas le côté sexuel qui me faisait le plus plaisir, mais celui d'abandon et de confiance. Elle avait eu l'occasion de le faire, mais n'en avait jamais ressenti l'envie et le besoin... jusqu'à moi. Genre, elle avait choisi de laisser tomber ses dernières barrières et tester ce nouveau monde... avec moi.
Les mots ne suffisaient pas pour exprimer ce que je ressentais à ce moment-là. Je glissai alors mes mains sur sa nuque et dévorai ses lèvres en y mettant tout mon amour et ma reconnaissance. Elle y répondit sans tarder, avec la même passion, en se cambrant et enfouissant ses mains dans mes cheveux.
Je l'aimais ! Nos langues tourbillonnaient, nos souffles se mélangeaient, nos soupirs se confondaient. Elle m'aimait ! Mon cœur battait à tout rompre, ses fesses se pressaient contre mon érection douloureuse, mes mains tremblaient en glissant sur son corps... J'étais un putain de veinard ! Des larmes de gratitude s'étaient mises à couler sur mes joues sans que je ne puisse m'en empêcher et Sara finit par les remarquer.
Elle les essuya doucement de ses pouces d'un air amusé et attendri, avant de se moquer :
— C'est mon cul qui te met dans cet état ?
— Je t'aime, bordel ! rigolai-je en la serrant contre moi.
— Je t'aime aussi, promit-elle avant de redéposer ses délicieuses lèvres sur les miennes.
Je ne pourrais plus jamais me passer de son goût, ou de son corps, ou de sa chaleur et des sensations que celles-ci provoquaient en moi. Je voulais ressentir ça tous les jours, pour le restant de ma vie... Je crois encore que ce fut plus mon cœur que moi-même qui s'était exprimé lorsque je prononçai entre deux baisers :
— Épouse-moi !
Sara s'était tout de suite figée, les paumes sur mes joues, sa bouche à quelques centimètres de la mienne...
— Quoi ? s'étrangla-t-elle.
— Pour nous seuls. Pour notre amour. Dès qu'on a du temps libre, sauvons-nous et marions-nous en secret. Juste nous deux. Peut-être en Europe, pourquoi pas en Suisse même ? Je te laisserai choisir. Tu n'as qu'à dire oui...
Elle ne semblait pas sur le point de dire quoi que ce soit, cependant. Elle était encore immobile, me dévisageant de ses grands yeux verts perplexes, la bouche entrouverte sur un petit O muet...
Je savais que je l'avais surprise. Personnellement, je l'étais aussi. Ça m'était juste venu d'un coup et je l'avais sorti. Mais c'était la chose à faire. J'en étais certain. Ce serait la dernière étape pour rendre encore plus vraie, et plus réelle notre relation. Je pouvais lire sur son visage qu'elle aussi savait ce que ma demande signifiait.
Le choc passé, elle cligna plusieurs fois des yeux et essuya du dos de la main la larme qui avait coulé sur sa joue.
— C'est ma queue qui te met dans cet état ? la taquinai-je.
— Idiot, rigola-t-elle en sanglotant en même temps.
— Alors ? insistai-je, impatient et nerveux de connaître sa réponse.
— Même si je dis non. Techniquement, ce sera pas une déception, on est déjà marié, pas vrai ? réfléchit-elle en penchant la tête sur un côté.
— Tu n'envisagerais pas de dire non, par hasard ? m'angoissai-je.
— Non. C'est pas ça. C'est juste que je n'ai pas envie de te dire oui. J'ai envie de te le crier. Tu penses pouvoir arranger ça ? termina-t-elle en baissant les cils de manière aguicheuse.
Putain, j'étais totalement fou d'elle !
— C'est dans mes cordes, oui, souris-je, heureux, en me levant avec ses jambes nouées sur ma taille.
Et j'obtins tous les oui que j'espérais ce soir-là, et même plus que ce à quoi je m'attendais. Ma femme était ma fiancée et j'étais fou amoureux.
☆☆☆
À la maison, je vivais sur un petit nuage. Si elle sortait avant, elle me laissait un petit mot. Et si au contraire, c'était mon cas, je faisais de même.
Mais dehors, je travaillais beaucoup. Et je m'énervais presque autant avec les paparazzis que j'avais un peu plus de mal à éviter avec toutes mes apparitions dans les médias, à l'approche de la date sortie de l'album.
En parallèle, je devais aussi finaliser les chansons restantes, prendre soin de mon physique et être présent pour les tournages et les shootings. Notre photographe officiel, à moi et aux gars, ne nous quittait plus. Peu importait notre activité, on se faisait filmer, capturer et interroger toute la journée, pour les teasers et le documentaire sur l'album.
Avant même mon départ pour la Suisse, trois vidéos avaient été bouclées. Il en restait trois autres désormais, car mon équipe avait prévu d'en sortir six ; une pour chaque semaine qui suivrait l'album. Belle stratégie marketing, mais ça impliquait aussi que je me tue pour coïncider tout ça avec mon emploi du temps déjà chargé.
Mais je ne me plaignais pas, car je savais qu'on me jetterait à la gueule que c'était de ma faute si on devait tout faire dans un laps de temps si limité. En quelque sorte, c'était vrai. Mais pour rien au monde, je ne regretterais ces deux semaines en Suisse avec Sara.
Pour le moment, mon staff ne se concentrait que sur deux des clips. Le tournage du dernier, devil's captive, ne se réalisera qu'au cours de l'énorme concert du lancement de la tournée. Le réalisateur le prévoit en noir et blanc avec l'esthétique d'un film d'horreur d'époque. Il sera en grande majorité constituée d'un mélange de scènes d'action en direct sur scène et en coulisse. Donc, pour le moment, il n'occupait pas trop mes pensées.
Par contre, les deux autres m'exigeaient pas mal de temps. On était d'ailleurs en route pour le studio de tournage lorsque j'annonçai :
— J'ai soif.
— Attends d'arriver, suggéra Maryse. Il...
— J'ai dit, j'ai soif. Il y a une supérette dans ce coin. Qu'on arrête ce foutu 4×4 et que je descende m'acheter de l'eau.
Ces pétages de plomb surgissaient de plus en plus souvent ces derniers temps. Je savais qu'ils étaient dus à mon manque de sommeil. J'avais des cernes énormes que Lara pouvait toujours cacher à coup de maquillage, mais mentalement, j'étais presque tout le temps sur le point de craquer.
Le chauffeur effrayé se gara près du magasin et Maryse n'eut même pas le temps de finir :
— Attends. On descend l'acheter pour...
J'étais déjà par terre. En fait, j'avais besoin de prendre l'air. J'étais constamment à deux doigts d'étouffer avec toute cette pression. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser : et si je faisais tout foirer ? Et si je n'assurais pas comme avant ?
Ç'aurait été plus facile de laisser tomber en chemin. Mais là, j'irais jusqu'au bout et je ne serais pas capable de supporter un échec. Du coup, pour me donner à cent pour-cent, je n'hésitais pas à me fatiguer à l'extrême, pour ensuite péter un câble presque toutes les heures à cause du manque de sommeil, avant de rentrer chez moi dormir deux trois plombes, pour au final recommencer le même schéma encore et encore...
Les seuls petits moments de bonheur de mes journées étaient ceux où je recevais les messages de Sara. Car comme elle l'avait promis, elle m'en envoyait toutes les heures, sans exception...
D'ailleurs, j'en lisais un, le sourire aux lèvres, en direction de la caisse pour payer ma bouteille d'eau, quand je rentrai dans quelqu'un.
— Fais chier, grommelai-je en ramassant mon portable que la collision avait projeté par terre.
Je me relevais d'ailleurs avec la ferme intention de jeter un regard incendiaire au responsable, lorsque je me figeai en découvrant son visage.
- Rick ? souffla celui-ci d'un air hagard.
De toute évidence, il était tout aussi surpris de me voir.
J'avais pensé que les chances pour qu'on se recroise lui et moi dans une ville aussi grande que L.A. étaient quasi inexistantes. Pourtant, il était là, devant moi, en chair et en os ; plus craquant que jamais dans un tee-shirt noir à manche longue.
— Marcos ! prononçai-je faiblement après un moment qui sembla durer une éternité.
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