🌟3. La sans-abri


– Attends, tu as cru que je te poursuivais à cause du baiser ? vérifiai-je, amusé.

– Eh ben, débuta-t-elle, manifestement gênée. Quelle autre raison auriez-vous de le faire ? Je... hésita-t-elle en détournant le regard pour fixer ses Converse. J'ai trop honte. Je sais que je n'aurais pas dû vous embrasser. J'imagine que vous aviez dû être énervé. Je suis vraiment désolée, je sais que vous ne tolérez pas...

Mon rire étouffé devant tant de solennité la fit relever la tête, et je pus lire toute sa perplexité sur son visage.

Oui, j'étais plutôt connu pour mes crises de colère, surtout à la suite d'un contact inattendu. Cependant, je ne me rappelais pas avoir été contrarié par le sien, le jour où elle m'avait utilisé. Je ne me souvenais pas de grand-chose à part du baiser, mais peut-être avais-je été de bonne humeur, tout comme en ce moment-ci... Enfin, ce n'était pas le cas, il y avait à peine quelques minutes... Finalement, peut-être que c'était elle, qui avait le don de m'attendrir.

– Tu penses que je t'en voudrais à cause d'un baiser ? rigolai-je. Un sacré baiser, en plus !

– Je... attends ! Tu n'es pas fâché ? fit-elle, en clignant des yeux d'un air troublé, et me tutoyant pour la première fois.

– Pas du tout ! confirmai-je de ma voix de velours. Recommence quand tu veux !

Ça faisait un peu partie de mon métier de flirter en permanence. Je n'étais pas sérieux, bien évidemment.

En es-tu parfaitement sûr ?

Ses joues s'étaient légèrement colorées suite à mon dernier commentaire. Cependant, elle se reprit assez vite en secouant la tête comme pour se concentrer avant d'ajouter l'expression dubitative :

– Tu es vraiment Rick Rivera ? Je veux dire... mon esprit ne m'a pas joué un tour ?

Je n'avais rien à lui prouver. Cependant, je me surpris à abaisser ma capuche, libérant mes cheveux désormais coupés court au niveau de la nuque et sur les côtés, tandis que de longues mèches noires tombaient négligemment sur mon front et mes yeux clairs, que je soulignais d'eye-liner pour certains concerts.

Elle me détailla de la tête au pied d'un air incrédule, et ses émeraudes s'attardèrent sur les sept bagues à mes doigts qui ne me quittaient jamais, comme pour être certaine que c'était vraiment moi.

– Je ne... merde... J'arrive pas... Je ne sais pas quoi dire, ânonna-t-elle en cillant de façon répétitive.

J'étais habitué à ce genre de réaction. Certaines personnes pleuraient, quelques filles s'étaient même évanouies en me voyant en vrai, pour la première fois. Par contre, elle avait été la seule à s'être enfuie. J'imagine que c'était pour cela qu'elle avait attiré ma curiosité.

Pourtant à ce moment-là, elle se comportait comme n'importe quel fan que j'avais pu rencontrer dans ma vie. Ses grands yeux verts reflétaient une totale stupéfaction.

– Ne dis rien, suggérai-je avec un petit sourire. Bon, je dois filer. Tu veux une photo ou un autographe ?

– Je n'ai pas de plumes sur moi et on m'a volé mon téléphone en même temps que mes vingt dollars, confessa-t-elle en pinçant les lèvres d'un air résigné. C'est ce que j'essayais d'expliquer au connard à la caisse. Je ne suis pas une voleuse !

– Moi, je te crois, assurai-je avec sincérité. C'est quoi ton nom ?
Oui, j'étais un petit peu curieux. Il y avait quelque chose d'inconnu chez elle qui, aussi étrange que ça pouvait paraître, m'amusait.

– Sara, me communiqua-t-elle. Sara Hood. Oh, mon Dieu, j'arrive pas à croire que je t'ai vu encore une fois et que tu m'en veux même pas ! Et le pire, j'aurai même pas de quoi prouver notre rencontre ! pesta-t-elle en se mordant la lèvre inférieure.

Ce geste me fit sourire intérieurement, car moi aussi, j'avais presque la même manie. Dès que j'étais un petit peu nerveux ou préoccupé, je tirais sur le labret à ma lèvre inférieure, le plus souvent, sans même m'en rendre compte.

Par ce simple mouvement, elle venait de gagner un petit peu plus de mon affection. Il y avait toujours de ces fans qui nous marquaient plus que les autres. C'était comme ça, tout simplement. Je devrais bien repartir, mais je savais que je n'oublierais pas cette Sara Hood de sitôt.

Je tirai mon iPhone de ma poche et décidai :

– Sara, que dirais-tu si on faisait cette photo dans mon téléphone ? Je la publierai sur mon compte Instagram, comme ça, tu auras ta preuve peu importe quand tu auras ton nouveau portable.

– Tu ferais ça ? s'étrangla-elle, l'expression aussi dubitative qu'incrédule.

– Je viens de te le dire, acquiesçai-je avec hochement de tête.

Un sourire franc éclaira son visage, révélant de magnifiques fossettes. Elle se rapprocha du lampadaire le plus proche du parking vide, afin d'optimiser l'éclairage du selfie.
Je me positionnai ensuite un peu derrière elle, me baissai un peu pour être à sa hauteur et passai un bras autour de ses épaules.

Sauf qu'avant que je ne capture nos sourires fabriqués pour l'occasion, elle me ficha un coup de coude dans les côtes en voulant redresser son sac.

Je ravalai un gémissement de douleur et regrettai encore plus ma proposition lorsqu'elle m'écrasa les orteils en marchant sur mes Yeezys Boost noirs.

– Oh mon Dieu ! s'affola-t-elle, en se cachant la bouche de ses mains. Si, tu ne me détestais pas encore, je suis sûre que là, c'est fait !

En fait, oui, j'étais franchement moins emballé pour cette photo. En temps normal, j'aurais juste abandonné et tourné le dos, mais ses grands yeux verts paniqués eurent raison de moi.

– OK, encore un essai, proposai-je, d'un ton que je voulais cool.
La deuxième fois fut la bonne. Je conservai les deux selfies les plus potables après avoir effacé les autres et pris congé.

– N'oublie pas hein ! lança-t-elle d'une voix pleine d'espoir par-dessus mon épaule.

Je m'étais exprimé sans réfléchir, parce que comme je l'avais dit, quelque chose chez elle, me plaisait. Mais en réalité, je ne pourrais pas publier les photos sur mon compte Instagram de plus de trente-trois millions d'abonnés. Je n'étais franchement pas à mon avantage dessus et tous mes clichés se devaient d'être parfaits.

Cependant, je tiendrais ma promesse, elle pourrait les récupérer quand elle voudrait, car j'allais les envoyer à mes fans pages, où celles-ci rejoindraient mes autres photos avec les Rrivers.

Non, mais j'avais vraiment parlé comme un gros con ! Je savais que si je postais moi-même une photo avec une fille, des questions sur son identité et sur les relations que j'entretenais avec elle n'allaient pas tarder à fuser...

Relation avec Sara ?

Cette réflexion me rappela un article datant de huit mois plus tôt ; précisément d'après le baiser qu'on avait échangé elle et moi. On l'avait bien prise pour ma petite amie, non ? Donc si je prétendais que j'avais gardé notre relation secrète pendant tout ce temps, ce serait crédible si on se mariait, si ?

L'idée me séduisait de plus en plus. C'était une fan. Il fallait juste espérer qu'elle serait gentille et prête à tout pour moi comme les autres.

Était-ce risqué ? Oui. Mais si ça me permettrait de ne pas épouser Daphney ou Alexie, ça valait le coup de tenter.

Je fis demi-tour et la surpris à la même place où je l'avais laissée.

– Où vas-tu au beau milieu de la nuit ? demandai-je, frappé pour la première fois par l'étrange contraste entre l'heure tardive et sa présence dans ce lieu presque vide.

– Je ne sais pas ! avoua-t-elle en haussant les épaules d'un air désinvolte.

– Quoi ? m'intriguai-je. Tu n'as pas de maison ?

– Je me suis fait virer de mon appart, répondit-elle d'un ton évasif, comme si elle parlait d'un sujet aussi anodin que la météo.

Mais c'était évident qu'elle n'avait pas de maison. Il était presque 2 h du matin et elle était dans la rue avec un énorme sac. Qu'est-ce que j'étais con !

– Tu accepterais de venir avec moi ? finis-je par hasarder après avoir longuement hésité.

Elle serra les lèvres quelques secondes, et son ton se fit glacial lorsqu'elle s'exprima à nouveau :

– Je ne vais pas coucher avec vous !
Elle avait repris le vouvoiement, son visage s'était fermé et elle avait perdu son expression admirative : je m'étais donc mal fait comprendre. Qui avait dit que moi, j'allais coucher avec elle ?

– Je n'ai pas envie de coucher avec toi non plus. Je voulais juste t'aider.

– Oui, bien sûr. Qui ne voudrait pas aider une fille seule dans la nuit et sans défense ? ironisa-t-elle en levant les yeux au ciel.

J'étais franchement vexé. Je n'étais et ne serais jamais ce genre de personne.

– Écoute-moi bien ! voulus-je clarifier en la pointant du doigt. Mets-toi dans la tête qu'il existe encore des gens sur Terre qui font du bien sans rien attendre en retour.

Quoique, je n'en fisse pas partie, car j'attendais quelque chose d'elle, mais je poursuivis néanmoins :

– Je suis Rick Rivera, je n'ai qu'à lever le petit doigt pour baiser. Je n'aurais jamais rusé juste pour une partie de jambes en l'air.

– Oui, je sais qui vous êtes justement, rétorqua-t-elle avec une pointe de sarcasme dans la voix. Et vous n'êtes pas connu pour être un prince charmant qui sauve les demoiselles en détresse.

Ma réputation ne cesserait donc jamais de me précéder ! Cependant, ce n'était pas une raison pour qu'elle crût que je pouvais abuser de sa situation.

De toute façon, je ne voyais pas pourquoi je perdais mon temps. C'était clair que j'avais eu une idée de merde. Cette fille ne pourrait jamais jouer le rôle de mon épouse. Je n'ajoutai plus un mot et retournai dans ma voiture en traversant le parking désert en sens inverse.


J'irai donc voir Alexie et je supporterai ses excentricités quelque temps encore,  me résignai-je en soupirant.

Sauf qu'à peine avais-je attaché ma ceinture de sécurité, j'entendis quelqu'un toquer sur la vitre du côté passager. J'abaissai celle-ci avec un haussement de sourcils intrigué, en découvrant Sara qui s'était baissée pour être à ma hauteur sur le siège conducteur.

– J'ai peur ! annonça-t-elle d'une voix moins assurée que tout à l'heure.

– Et ? fis-je d'un ton égal en me composant une expression ennuyée.

– Je n'ai nulle part où aller, ajouta-t-elle avant de se mordre la lèvre inférieure d'un air gêné.

Encore ce geste ! Ça me faisait un petit truc que je ne pouvais pas m'expliquer. Il me fallut toute ma concentration après cela, afin de feindre un niveau de flegme que j'étais loin de ressentir.

– Je suis déjà au courant. Je ne vois juste pas en quoi c'est mon problème.

Elle fronça les sourcils et je me surpris à la trouver mignonne.

– Vous n'allez quand même pas me laisser seule sur ce parking ?

– C'est justement ce que je m'apprête à faire pourtant.

Je passai le contact et fis vrombir le moteur.

– Attendez ! s'écria-t-elle, l'air franchement paniqué.

Elle devait être terrifiée, et ça me fit  sourire sous cape. Ça lui apprendrait !

– Je suis désolée pour ce que j'ai dit tout à l'heure, enchaîna-t-elle rapidement. Mais ne me laissez pas toute seule. Je n'ai personne... à part vous.

– Tu ne me connais même pas ! soulignai-je, avec un petit sourire sadique. Et je peux profiter de la situation, rappelle-toi.

Elle se mordit de nouveau la lèvre inférieure et jeta un regard circulaire comme dans une dernière tentative pour voir si elle aurait d'autres potentiels sauveurs. Cependant, le parking restait désespérément vide, et je doutais que le vieux à l'intérieur du supermarché la prenne gentiment avec lui.

– Tout le monde vous connaît ! finit-elle par arguer, sans relever ma dernière remarque.

Je pris une grande expiration et décidai l'avoir assez taquinée :

– Bon, OK ! Grimpe !

Elle déposa son sac sur le siège arrière et s'installa à l'avant avec un soulagement palpable.

Je conduis pendant plus d'une dizaine de minutes dans le silence. Je fredonnais en tapotant le volant en rythme avec la chanson dans ma tête. Elle fixait la vitre et maltraitait sa robe sur ses cuisses dans un geste nerveux.

Je devenais complètement con, mais tout ce qu'elle faisait, même ce simple geste, m'amusait.

Elle était tendue comme un arc. Je me demandais combien de temps faudrait-il avant qu'elle n'explose.

– Vous m'emmenez où ? demanda-t-elle, d'une voix qu'elle voulait décontractée, mais qui cachait à peine son état de stress.

– Si tu crains tellement pour ton honneur, pourquoi être montée dans ma voiture ? l'interrogeai-je, agacé. Ta réaction est insultante. Et arrête de me vouvoyer ; c'est saoulant !

– Vous m'excuserez ! Désolée de ne pas faire confiance à quelqu'un que je rencontre pour la première fois, aussi célèbre soit-il, fit-elle, avec un petit air arrogant, en faisant fi de ma dernière remarque.

Quelle têtue ! Mais sur un point, je dus admettre qu'elle avait raison. Elle venait à peine de me rencontrer, puisque je ne pensais pas qu'on pouvait vraiment compter la première fois près du restau.

– Je t'emmène où tu veux, déclarai-je en engageant un virage. Comme tu as peur de moi, si tu as un ami ou de la famille, je te déposerai chez eux...

– Je n'ai personne, je vous l'ai déjà dit.

Je pouvais donc dire adieu à ma petite visite chez Alexie. Non pas que je m'en plaignisse. J'avais juste l'impression que ma passagère et moi en avions encore pour un moment.

– Eh ben, je te conduirai à l'hôtel, suggérai-je, ne voyant que ça comme solution.

– Je n'ai pas d'argent, maugréa-t-elle d'un air mauvais, comme si j'étais con d'avoir proposé ça.
Qui avait dit que ce serait elle qui paierait ?

Je me garai près d'un magasin de luxe, dans la rue commerçante Rodeo Drive et me tournai vers elle pour lui accorder toute mon attention.

– En gros, tu n'as rien, résumai-je. Pourquoi je te garde dans ma caisse ? T'es pauvre, t'es pas marrante, en plus, tu veux même pas baiser !

Elle se crispa tandis que son teint devenait tout livide, et j'éclatai très franchement de rire. C'était si facile de jouer avec ses nerfs ! Elle m'adressa un regard foudroyant et se détendit légèrement, lorsqu'elle réalisa que je la menais juste en bateau.

Elle était déjà loin, la fille qui souriait de toutes ses dents pour un selfie avec moi. Des plis d'inquiétude barraient désormais son front et elle avait l'air perdue dans ses pensées.

– Tu peux être tranquille, tu n'es pas mon genre de fille. Tu es trop maigrichonne, mentis-je pour la rassurer.

Je n'avais rien contre les filles minces. Je voulais juste qu'elle comprenne que la sauter n'était pas ma priorité.
En tout cas, pas dans l'immédiat.

– Vous non plus, vous n'êtes pas mon genre, riposta-t-elle, les mains crispées sur sa robe, comme si elle se retenait de ne pas me gifler. Votre ego ne pourrait même pas tenir dans mon sac.

Je fis un gros effort pour ne pas éclater de rire à nouveau. Qu'irait chercher mon ego dans son foutu sac ?

– Écoutez ! reprit-elle, plus doucement après avoir entamé une longue respiration. Merci de m'avoir aidé, je ne m'attendais vraiment pas à ce que vous le proposiez. Rick Rivera quand même ! Et je ne suis personne.
On progressait. On progressait.

– Je me mettrai à chercher un nouveau boulot dès demain, ajouta-t-elle, l'expression déterminée. Je vous promets de ne pas profiter de votre bonté trop longtemps, et je vous rembourserai.

Ce changement d'humeur m'arracha un petit sourire amusé tandis que je la détaillais de la tête au pied. Elle n'avait pas hésité pas à sortir les griffes, alors même qu'elle était désespérée. Très peu de personnes auraient eu ce cran.

Qui es-tu donc, Sara Hood ?

C'était clair qu'elle était intelligente. De plus, elle avait osé me traiter de prétentieux. Bien que je fusse un peu présomptueux — bon d'accord, plus qu'un peu. Mais j'étais habitué à ce que toutes les nanas qui grimpaient dans ma bagnole me fassent de la lèche — et souvent dans les deux sens du terme.

Je continuais de l'examiner avec un rictus de guingois, en faisant fi de son regard noir. Je remarquai qu'en plus de ses magnifiques yeux verts, elle avait une belle bouche pleine ; et si mes souvenirs étaient bons, ces lèvres embrassaient divinement bien. Son teint hâlé, était çà et là pigmenté de quelques taches de rousseur, mais ça ne faisait que renforcer son air rebelle.

Elle était certes très mince, mais je savais qu'il y avait des fesses fermes sous sa petite robe — pour infos, je les avais touchées, il y avait huit mois, et j'avais une très bonne mémoire pour ce genre de choses.
Sans avoir la beauté de ces brunes qu'on retrouvait en couverture de magazine, elle avait le genre de visage qu'on oubliait rarement, avec ce petit quelque chose en plus, qu'on n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Dans une ville comme L.A. pleine de gens refaits, prêts à tout pour correspondre aux critères de beauté actuels ; j'étais habitué à voir des visages tous plus parfaits les uns que les autres, mais sans vraiment rien d'accrocheur. Pourtant, en la regardant, je ne pouvais m'empêcher de penser que ses petites imperfections la rendaient encore plus attachante à mes yeux. Elle semblait plus originale que toutes les filles que j'avais pu croiser depuis un bon bout de temps, plus réelle...
Je ne saurais pas dire ce qui m'avait poussé à changer d'avis à ce moment-là, mais je choisis de me lancer sans attendre.

– Sara, que dirais-tu si on passait un marché ?

– Quoi encore ? soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. Je croyais que certaines personnes faisaient du bien sans rien demander. Tu n'as qu'à lever le petit doigt pour baiser, je te rappelle.

– Je ne veux pas coucher avec toi Sara, répétai-je, agacé de devoir me répéter.

Son entêtement faillit me décourager à nouveau, mais je me surpris à poursuivre :

– J'aimerais que tu m'épouses.

Elle me dévisagea longuement, l'air de penser : « Tu me prends vraiment pour une grosse conne ? ». Ensuite, elle explosa, le visage empreint d'une expression hautement choquée :

– C'est ça ! Vous savez, j'ai bientôt vingt-trois ans. Ce n'est pas avec des mensonges à la con qu'on obtient quelque chose de moi. Vous épouser ? pouffa-t-elle d'un ton dédaigneux. Celle-là, on ne me l'avait jamais faite. Ne me dites pas que des fois ça marche ? Ai-je l'air conne, au point que vous croyez que vous me traîneriez dans votre lit parce que vous me demandez en mariage sans même me connaître ? Dire que j'aurais pu me vendre un rein pour assister à l'un de vos fichus concerts. C'est pas croyable ! Vous êtes tous...

Au moment où j'allais lui demander si elle en avait encore pour longtemps, car elle commençait sérieusement à me les gonfler, mon téléphone qui s'était mis à sonner interrompit abruptement son monologue et je soupirai de soulagement en lui adressant un regard harassé.

Mon correspondant n'était autre que Maryse, et je priai à Sara de m'attendre en descendant de la voiture.

– Oui ! décrochai-je.

– Je viens de mettre Daphney au courant de la situation et elle est prête à t'ai...

– Tu as quoi ? rugis-je dans le téléphone...

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