⭐14- Honeymo...

Je détestais dormir dans la même position !

Je me réveillai et étirai mes membres malmenés par le canapé du salon de notre suite.

Sara avait insisté pour le prendre, mais j'avais tenu bon. Elle s'était donc assoupie sur le lit King size de notre chambre, au décor somptueux et tons blanc et ivoire.

Je n'avais pas explicitement avoué à ma nouvelle compagne que j'avais quelqu'un dans ma vie. Mais à mon avis, elle s'en doutait certainement.

La preuve : quand j'avais préféré dormir par terre, pour notre nuit de noces à Houston, elle ne m'avait même pas laissé m'expliquer. Elle m'avait coupé avec fermeté qu'elle savait pourquoi elle avait signé et n'en attendait pas plus de moi.

J'aurais dû être satisfait que les choses fussent claires entre nous. Cependant, sans pouvoir me l'expliquer, j'avais éprouvé une petite pointe de déception suite à ses propos.

Je devais être le mec le plus lunatique de la planète terre, car je m'étais d'abord convaincu que c'était ce que je voulais.

Aussi, ce changement de comportement m'avait laissé perplexe, parce qu'elle avait vraiment eu l'air d'être blessée quand j'avais mis fin à nos baisers, dans sa chambre, chez Diane.

Cette situation commençait sérieusement à me dépasser.

Après une longue inspiration, je décidai de bouger mon corps afin de dénouer mes muscles endoloris.

Je chaussai mes pantoufles et me dirigeai vers la chambre qui n'était pas vraiment séparé du salon. Je remarquai que Sara n'était plus dans le lit et que ce dernier était déjà parfaitement refait.

Je supposais qu'elle devait être réveillée depuis un bon momet déjà.

J'étais en train de me demander d'où venait le vacarme qui menaçait de m'exploser les tympans, quand je compris qu'elle me parvenait de la salle de bain, où une certaine jeune femme que j'avais épousée, était en train de prendre sa douche et de chanter à tue tête.

Je faillis pleurer en entendant comment elle massacrait les notes de Heartless, l'une de mes plus célèbres interprétations.

On ne pouvait pas chanter plus mal, cependant, je me surpris à éclater de rire devant la fausseté de sa voix.

Après autant d'heures de vol, j'aurais pensé qu'elle serait fatiguée. Et pourtant, la voilà pleine d'énergie et d'humeur à faucher des tympans.

Décidant que je pouvais bien me passer de ce petit concert privé, je me dirigeai torse nu sur notre terrasse personnelle, uniquement vêtu d'un pantalon de jogging noir.

Et le paysage que j'y découvris me sublima.

Si j'avais trouvé l'île de Santorin magnifique la nuit, quand nous étions arrivés, elle était mille fois plus spectaculaire le jour.

La ville d'Oia avec ses ruelles sinueuses, ses moulins à vents et le panorama impressionnant sur les caldeiras avait été bâtie sur une falaise abrupte. Les villas et les maisons chaulées pour la plupart en forme de dôme d'un blanc étincelant sous le soleil levant, surplombait la mer Égée d'un bleu tellement foncé qu'on l'aurait crue teintée au colorant alimentaire.

Depuis le balcon de notre hôtel avec ses multiples jacuzzis intérieurs et sa piscine à débordement, la vue était à couper le souffle.

C'était la première fois que je venais en Grèce. J'avais beaucoup voyagé, mais on ne m'y avait jamais organisé de concerts.

Sara m'avait confié qu'elle rêvait depuis toujours de venir ici. Je lui avais donc laissé choisir notre destination. Mais j'étais bien content que ce fût celle-là.

Un mouvement dans la chambre attira mon attention, et je rentrai pour tomber nez à nez avec Sara, une serviette nouée sur la poitrine et une autre autour de ses cheveux.

- Ah ! T'es réveillé ! s'écria-t-elle, de bonne humeur.

Comme si tout l'hôtel ne l'était pas après sa petite performance sous la douche !

- J'ai commandé notre petit déjeuner, m'annonça-t-elle sur le même ton. Mets un maillot de bain et descendons à la piscine.

- Qu'est-ce que notre petit déjeuner a à voir avec la piscine ? m'intriguai-je.

Elle expira longuement comme si elle s'apprêtait à me confier une information de la plus haute importance. Puis elle se mit à m'expliquer, tout en fouillant frénétiquement dans sa valise :

- Je rêve de ce voyage à Santorini depuis toujours. Et dans mon rêve, je prenais mon petit déj' au bord de la piscine. Comme désormais tu es mon... mari, tu dois me suivre dans mes délires... Enfin, tu sais, pour un mariage crédible et tout, termina-t-elle, en se mordant la lèvre inférieure d'un air gêné, comme si elle craignait de s'être trop laissée aller.

J'avais remarqué qu'elle avait hésité avant de dire "mari" et ça me fit légèrement sourire. Je fus satisfait de voir que je n'étais pas le seul à avoir du mal à me faire à l'idée que j'avais un nouveau bijou avec une signification des plus sérieuses à mon annulaire.

Je n'aimais pas vraiment les couleurs dorées. J'avais donc opté pour une alliance en or blanc et diamant noir. Elle était parfaite et elle s'associait parfaitement aux trois autres bagues à ma main gauche.

Celle de Sara était plutôt discrète, elle aussi. Je savais que ça ne se faisait pas, mais c'était elle-même qui l'avait choisie.

La première que je lui avais offerte lors d'un concert pour ma théâtrale demande en mariage était surmontée d'un énorme diamant. J'étais allé à une bijouterie et avais demandé leur bague de fiancailles la plus chère.

J'avais cru comprendre que les filles adoraient les bijous hors de prix, non ? Eh bien, je m'étais trompé. Après avoir pleuré et joué la comédie sur scène, elle m'avait balancé clairement qu'elle avait hâte de pouvoir l'enlever.

J'étais content pour elle, que ce petit anneau sobre qui étincella dans sa main lorsqu'elle brandit un maillot de bain entier, échancré sur les côtés, fasse son bonheur.

- Ah le voilà, s'écria-t-elle, triomphante.

La serviette autour de sa poitrine en profita pour se dénouer et tomber à ses pieds, exhibant son corps menu entièrement dénudé.

Je contractai les mâchoires et détournai le regard, avec un pincement de culpabilité à la poitrine, à cause des pensées que la vue de son corps nu avait généré dans mon esprit.

J'étais quand même un mec - avec une très forte libido de surcroît - et ses jolies jambes n'étaient pas pour me déplaire.

Sa bouche s'était arrondi en un O de stupéfaction muet et ses joues se colorèrent d'embarras.

Puis d'un mouvement rapide, elle ramassa la serviette par terre et se dépêcha de se couvrir avec.

Ensuite, ses yeux rencontrèrent un bref instant les miens, puis glissèrent sur le centre de mon pantalon de jogging, qui à mon grand dam, était tendu.

Mal à l'aise, je déglutis et tirai sur mon labret. Puis je croisai mes mains devant mon érection.

Suite à mon geste, elle rougit de plus belle et recula en faisant tomber la lampe de chevet, qui se brisa dans un bruit sec.

- Je ne l'ai pas fait exprès, s'empressa-t-elle de se justifier.

- Et pourquoi penses-tu que je crois que tu l'as fait exprès ? rétorquai-je d'une voix qui, à ma grande surprise, était rauque.

Et pourquoi tout à coup, j'étais d'humeur joueuse ?

- Je ne parle pas de la lampe, bredouilla-t-elle. Enfin, non pas que je l'ai fait exprès pour la lampe... Mais je ne... Enfin tu vois de quoi je parle.

- Tu parlais de beaucoup de choses, ne pus-je m'empêcher de la taquiner.

Elle cligna plusieurs fois des yeux comme pour se remettre les idées en place avant de décréter.

- Arrêtons tous les deux, OK ?

- Qu'est-ce qu'on a commencé ? m'amusai-je. J'ai raté quelque chose ?

- Tu arrêtes tout ça, Rivera, reprit-elle d'un ton de plus en plus agacé.

Non, je ne voulais pas arrêter.

- Mais...

- Arrête ! cria-t-elle, catégorique. Tu cherches juste une nouvelle façon de m'humilier. Tu veux que ce soit moi qui insinue que tu flirtes avec moi, pour qu'ensuite tu répondes que non, tu n'essaies pas de flirter avec moi ; que je me fais des idées. Alors j'endosserai le rôle de la chatte en chaleur, et toi celui du pauvre gars sans défense qui n'est même pas intéressé. Ça ne marchera pas ! Si tu veux quelque chose de moi, va falloir l'assumer.

Elle attrapa son maillot de bain et se dirigea d'un pas rageur vers la salle de bain. Elle claqua furieusement la porte de celle-ci, pour ensuite la rouvrir quelques secondes plus tard et cracher avec dédain :

- Et même si tu voulais quelque chose avec moi, ne pense pas que je serais automatiquement intéressée, parce que tu es " Rick ". Je sais que je ne t'intéresse pas vraiment et j'ai de l'amour-propre.

Elle ferma de nouveau la porte d'un coup sec et la verrouilla, me laissant immobile, aussi confus qu'embarrassé.

Tout s'était enchaîné tellement vite. Qu'est-ce qui avait provoqué cette explosion exactement ?

Toute la matinée et le début de l'après midi se déroula dans cette ambiance tendue. Même pendant la visite guidée, elle ne m'adressa que brièvement la parole en essayant le plus possible de m'éviter.

Cependant, malgré tous mes efforts, je ne pouvais me résoudre à détacher mes yeux d'elle. Elle portait un jean ample avec une autre de ces bodys avec ces maudits motifs fleuris auquels j'avais fini par m'habituer.

Je finissais par m'habituer à pas mal de choses à propos d'elle. Comme par exemple ces petits " accidents " qui arrivaient souvent quand elle était en colère.

À la fin de la journée, mes baskets blanches étaient devenues grises à cause du nombre de fois où elle m'avait " involontairement " piétiné. Et on n'en parlait même pas de mon tee-shirt blanc " A, B, C, D, Et, Fais, Chier... " désormais maculé du café de Sara qu'elle avait fait tomber " par accident " dessus.

J'étais passé à deux doigts de la crise de nerfs, mais je m'étais retenu, car ça risquerait d'empirer les choses entre nous. Et je commençais déjà à en avoir marre de cette situation.

Alors qu'on faisait nos sacs pour notre séjour en bateau, vers les quatre heures de l'après-midi, j'explosai :

- Arrête de m'ignorer !

- Je ne t'ignore pas, répondit-elle d'une voix monocorde.

Qui essayait-elle de convaincre ?

- Bien sûr que tu m'ignores.

- Non, répéta-t-elle, alors qu'elle ne daignait même pas me jeter un regard.

Ça allait être plus compliqué que je ne le pensais.

●●●

Je soupirai et la fis pivoter par les épaules. Elle leva la tête et me fusilla de ses émeraudes en se dégageant de ma poigne.

- Tu me manques, confessai-je avec sincérité.

- Je suis là, rétorqua-t-elle d'une voix atone, comme un robot.

Le pire c'était que je n'étais pas arrivé à déterminer l'élément déclencheur de sa colère, ce matin-là. Donc je ne savais pas pour quoi je devais présenter des excuses exactement. Parce que je l'avais vu nue ? Parce que j'y avais réagi ? Pour quoi ?

Je préférai donc lui dire ce que j'avais sur le cœur.

- Je n'aime pas comment on est. Te parler tout au long de la journée ; te voir sourire... rire jaune à tes blagues nulles. Tout ça me manque.

- Tu n'as jamais ri jaune, et mes blagues ne sont pas nulles, protesta-t-elle d'un air vexé.

Puis elle fronça les sourcils, l'expression dubitative et s'assura :

- Attends, tu as ri jaune ?

Un pan de ma bouche se releva en un sourire narquois. On revenait donc petit à petit à nos vieilles habitudes.

- Enterrons la hache de guerre et je te répondrai.

- C'est du chantage ? fit-elle en haussant un sourcil provocateur.

Je ne me départis pas de mon sourire et elle leva les yeux au ciel avant de conclure d'un air indolent :

- Comme tu veux ! Je ne vais pas céder à un chantage pour quelque chose que je sais déjà. Mes blagues sont meilleures que les tiennes, et tu n'as jamais ri jaune.

Puis elle me tourna le dos et se remit à ranger sa valise.

- Je suis désolé, annonçai-je en désespoir de cause en priant pour que ma voix dénote toute ma sincérité. Quoi que j'ai pu te faire ce matin, je suis désolé. Crois-moi.

Elle s'apprêtait à plier un tee-shirt et suspendit son geste pour s'adresser à moi d'un air nouvellement intéressée :

- Avoue, et j'oublie tout !

- Avouer quoi ? m'intriguai-je.

- Avoue que je n'ai pas tout inventé. Que tu flirtais. Que je ne me faisais pas des idées.

Elle venait de réveiller ma curiosité... et ma perversité.

- Quelles sortes d'idées fais-tu, Sara ?

- Pourquoi tu ne peux pas juste te...

Elle ferma les yeux comme pour s'évertuer à rester calme. Puis elle trancha en se dirigeant vers le balcon :

- Vas-y tout seul. Je reste ici.

On avait loué un yacht pour trois jours. On y passerait nos nuits pour profiter de la mer, puis on visiterait Le Pirée et Athènes durant la journée. C'était son idée, son rêve. Il n'était pas question qu'elle reste.

Je devais lui faire changer d'avis ! J'allais lui avouer et ce serait réglé. De toute façon, elle avait raison, je flirtais.

C'était une habitude : les commentaires lubriques, l'attitude de tombeur, ça faisait partie de moi... Quoique dans le cas de Sara, je me doutais que c'était plus que ça. Mais il fallait que je m'en tienne à ma décision initiale : on resterait juste amis. De plus, j'avais quelqu'un dans ma vie.

C'était la meilleure décision pour elle et moi, me répétai-je. Alors, pourquoi n'étais-je pas entièrement satisfait ?

Je respirai un bon coup et la rejoignis sur le balcon avec l'intention d'arranger les choses.

- Je suis désolé, Sara. Ça ne se reproduira plus, promis-je en espérant avoir raison.

Elle m'ignora en fixant l'étendu bleu devant elle d'un air absorbé, mais ça me découragea à peine.

Elle devait monter sur ce bateau.

- OK, je... me comportais d'une façon qui ressemblait plutôt à de la drague, reconnus-je avec une petite moue.

Elle m'accorda finalement un regard et ça m'incita à poursuivre :

- Je n'allais jamais t'accuser de chatte en chaleur, rigolai-je, amusé. Et ce n'était pas de mon intention de t'humilier la dernière fois, continuai-je plus sérieusement. Tu me plais plus que tu ne le penses mais... Crois-moi, c'est mieux si on évite certaines choses. En même temps, je dois avouer que mon comportement n'est pas en accord avec ma décision et ça peut prêter à confusion. Mais te voir nue m'a fait de l'effet. Je suis un homme, bon sang ! Et... la vue n'était pas du tout déplaisante, ajoutai-je dans un murmure, comme si j'étais partagé entre vouloir qu'elle entende ce dernier commentaire ou pas.

Elle faillit décamper, en pinçant les lèvres, mais je lui bloquai la route.

Finalement, peut-être que j'aurais mieux fait de garder ma dernière phrase pour moi.

- Laisse-moi terminer ! exigeai-je avec fermeté. Je suis un con, je le sais. Mais on s'en tient à notre accord, OK ? Pas de sexe, ni d'allusions. On est pote et je veux pas tout gâcher.

Elle me scruta un long moment comme si elle se demandait si c'était judicieux de me faire confiance. Cependant, elle finit par prendre une grande inspiration avant de souffler :

- OK !

- OK ? Ça veut dire qu'on y va, tous les deux ? m'excitai-je.

J'aimais vraiment passer du temps avec elle.

Elle leva les yeux au ciel, mais n'eut plus l'air autant remontée contre moi.

- Oui, OK je vais devoir supporter tes blagues nulles encore longtemps. Et OK aussi, on s'en tient à notre accord. Moi... moi aussi, je pense que c'est la meilleure décision.

- Cool ! m'écriai-je, mais sans entrain.

- Cool ! répéta-t-elle avec un sourire qui n'atteignit pas ses yeux verts.

Pourquoi avais-je l'impression que cet arrangement ne réjouissait personne ?

En attendant qu'elle termine de préparer ses affaires, j'en profitai pour faire quelques appels.

Marcos m'avait clairement fait comprendre qu'il n'avait pas envie de prendre de mes nouvelles pendant ma " lune de miel " .

Je n'avais pas compris sa décision - enfin si, je comprenais mais je n'étais pas d'accord. Cependant, je résistai à l'envie de l'appeler.

J'avais une tonne de messages - des félicitations et d'autres trucs chiants - que j'ignorai les uns après les autres, avant d'appeler Maryse.

Celle-ci me communiqua les commentaires qui circulaient à propos du mariage. Mais je m'abstins de lui informer que je les avais moi-même déjà vu sur internet.

Elle radota encore un moment sur le fait que mon couple avec Sara était crédible, etc, etc... Je commençais déjà à regretter de l'avoir appelé lorsqu'elle changea de sujet en adoptant une voix plus professionnelle :

- Turner veut la chanson sur ton prochain album...

- Quelle chanson ? m'intéressai-je.

- Celle que tu as chanté à ton mariage.

Je restai sans voix pendant plus de dix secondes. Quoi ?

- Mais je croyais que mes compositions n'étaient pas vendables ?

J'étais partagé entre perplexité et... perplexité.

Pour une nouvelle, c'en était une. On acceptait l'une de mes compositions ? J'étais excité, confus, fou de joie, perdu...

Je m'étais tellement fait répéter que mes chansons n'étaient pas assez biens, qu'une partie de moi avait fini par y croire.

Je me demandais ce qui avait fait changé d'avis à Turner.

- Je ne sais pas, affirma la manager. L'un des invités t'a filmé lors de la réception et a mis la vidéo en ligne. Je crois que Scott a vu que les réactions étaient plutôt positives.

- OK, j'en ai écrit d'autres. Peut-être que...

- N'abuse pas trop, Rick ! m'interrompit-elle de sa voix de femme d'affaires. Tu ne vas quand même pas passer au soft rock du jour au lendemain ! Les chansons sur lesquelles tu travailles sont des succès assurés. Sois reconnaissant qu'il ait accepté celle-là. On verra pour la suite.

Mon excitation redescendit en flèche et je tirai sur mon labret avec agacement. Être reconnaissant d'être traité comme un enfant ? Oui, avec plaisir.

Maryse dut percevoir mon changement d'humeur, car elle s'empressa de changer de sujet encore une fois.

- Daphney est venu me voir.

- Ah bon ! Pourquoi? demandai-je pour la forme.

Je n'allais pas tarder à raccrocher.

Les déplacements de Daphney étaient loin d'être mon souci. Et franchement Maryse m'avait gâché mon humeur. Je lui en voulais d'être du côté du producteur. Je lui en voulais de ne pas croire en moi. Mais je ne dirais rien comme toujours. C'était un combat que j'avais abandonné depuis longtemps.

- Elle a dit qu'elle a essayé de te joindre mais que tu ne répondais pas à ses appels, raconta la sœur d'Elza.

- Je n'ai répondu à aucun appel, tu le sais, rappelai-je d'une voix blasée.

- Oui, ne mets que des stories Snapchat. Pour que votre lune de miel soit crédible et tout. En tout cas, elle a dit que Dant souhaitait te parler et que c'était urgent. J'avoue que j'ai trouvé ça bizarre. Depuis quand Daphney parlait-elle au nom de ton père ? Depuis quand étaient-ils proches ? Rick ? s'inquiéta-t-elle devant mon silence. T'es là ?

Non. Dès que j'avais entendu la partie en rapport avec mon père, je m'étais perdu dans mes souvenirs.

- Oui, je suis là, marmonai-je. On se parle... demain, OK ?

- Ricardo ça va ? Si tu...

Je mis fin à l'appel sans la laisser poursuivre.

De mieux en mieux !

Dant Rivera, souhaitait me parler ? C'était normal que Maryse trouve bizarre que ce fut Daphney qui l'annonce. À part moi, tout le monde ignorait leur liaison.

Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Mon père ne m'avait pas adressé la parole depuis cinq ans.

Mon amie d'enfance serait-elle folle au point de tout lui balancer à propos du mariage ? Et si c'était le cas, voulait-il me voir pour me juger ? Je rejetai rapidement ces hypothèses, car elles étaient toutes très improbables. Même si on n'était plus aussi proches qu'avant, Daphney ne me ferait jamais ça.

Je détestai cette petite part de moi qui avait envie de rentrer sur le champ à Los Angeles pour savoir pourquoi mon géniteur voulait me voir maintenant. Cette petite part de moi qui avait toujours rêvé d'un père qui l'accepte, et qui avait gardé l'espoir que ça finirait par arriver.

Mais l'autre partie. Celle qui avait tant souffert de la froideur de cet homme, m'intima l'ordre de l'ignorer et de profiter de ma vie. Ce moi que j'avais construit après qu'il m'ait rejeté. Celui qui n'avait plus qu'une phrase à lui dire : « Va te faire foutre ! »

- On y va ?

La voix de Sara, me tira de mes réflexions et je m'empressai de me composer un sourire.

- Quand tu veux... répondis-je.

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