🌟13b. Yes, I will

~ Point de vue de Rick ~


Tous les yeux convergèrent vers la femme du jour et le silence se fit dans l'assemblée. Sara avançait, sublime, dans sa somptueuse robe de mariée. Celle-ci était constituée d'un bustier en soie et dentelle, avec une jupe de tulle brodée de minuscules boutons de roses rouges.
Elle ne portait pas de voile, mais elle avait regroupé ses belles boucles brunes sur un côté, en un demi-attaché wavy, orné de fleurs de la même couleur que son bouquet rouge.
Elle était magnifique : on aurait dit une princesse de conte de fées.
Je lui souris. Je savais qu'elle m'en voulait encore pour la semaine dernière, mais les fiancés se devaient de sourire à leurs promises, non ? Non pas que j'en susse grand-chose, car c'était la première fois que j'assistais à ce genre de cérémonie.
Mais vraiment, mon sourire était sincère. Je la trouvais sublime et mon cœur avait bondi de joie lorsque mon regard d'azur avait croisé le sien. Encore une réaction que je ne comprenais pas. Tout était toujours tellement différent avec cette fille.
Je remarquai avec satisfaction que malgré sa colère contre moi, elle avait suivi mes conseils. Je lui avais suggéré de profiter pour réaliser ses rêves de petite fille, même si le mariage en soi était un mensonge.
C'était donc pour ça qu'on était dans le vaste jardin du Four Seasons Hotel de Houston, avec plus de deux cents invités, dont je devinais la plupart, avoir été invité par Diane.
— Désolé, s'était-elle excusée avec un petit rire nerveux. Mais c'est ma fille, je suis tellement excitée. Je voulais que tout le monde vienne voir ça. Je ne pensais jamais assister à ce jour. Sara est tellement... différente. Mais elle a décidé de passer le pas avec toi. Juste, prends soin d'elle pour moi, s'il te plaît, d'accord ?
Je lui avais promis qu'elle pouvait compter sur moi, sans savoir si je mentais ou pas. En tout cas, j'espérais que non.
Les seules personnes que j'avais moi-même invitées étaient mes musiciens qui avaient tous trouvé que c'était une mauvaise idée de me marier.
Jason s'était levé sans un mot et avait quitté le studio en faisant contracter ses mâchoires. J'avais pu constater qu'entre lui et Sara le courant ne passait vraiment pas, depuis ma gaffe du festival. Malgré tout, sa réaction m'avait quelque peu désemparé, mais je ne m'étais pas trop attardé dessus.
Même Sam, le batteur asiatique aux cheveux blonds polaires, qui était en couple depuis plus de cinq ans, n'était pas franchement emballé par ma décision.
Lucas m'avait donc surpris en se proposant pour être mon témoin. Mais fidèle à lui-même, il avait posé comme condition de l'appeler à chaque fois que je me disputais avec Sara, afin qu'il puisse venir la consoler personnellement.
Plaisanterie ou pas, j'avais eu envie de lui colorer le sourire de rouge. Je n'avais pas compris ma réaction et le pianiste avait commenté, en haussant les sourcils, devant mon expression meurtrière :
— Je voulais être sûr que tu faisais pas une connerie. Marie-toi avec elle si c'est ce que tu veux ! Sincèrement mec, c'est la première fois que je te vois jaloux. Elle doit avoir un sacré déhanché, avait-il pouffé.
Et c'était ainsi que le musicien aux yeux cerclés de khôl se retrouvait à être mon témoin aux côtés de Diane qui avait pleuré quand Sara l'avait choisie. Nos costumes noirs trois-pièces étaient presque identiques, mais contrairement à moi qui avais discipliné mes cheveux en les peignant en arrière, le tatoué laissait tomber librement sa longue chevelure brune sur ses épaules.
En voyant Sara avancer vers l'autel, la plaisanterie du pianiste me revint à l'esprit. Avait-elle vraiment un sacré déhanché ? Oui, ce n'était pas le moment, mais il fallait dire ça à mon cerveau. La question n'avait pas arrêté de tourner dans ma tête, sans que je ne parvienne à la chasser.
Et dire que j'avais presque été sur le point de le savoir la semaine dernière, mais que je m'étais dégonflé !
Notre relation à moi et Sara était bizarre, mais je l'aimais.
Dieu savait comme j'avais envie d'elle, mais je ne pouvais rien contre ce sentiment de déception que je ressentais à chaque fois que je couchais avec une fille. Je baisais rarement la même meuf deux fois, car habituellement juste après, je ne pouvais plus voir celles-ci en peinture. J'étais en colère et je leur en voulais de ne pas pleinement me satisfaire, alors que ce n'était pas de leur faute.
J'imaginais bien que le sexe entre moi et Sara pourrait être génial. Je peinais de plus en plus à contrôler mon excitation en sa présence. Mais j'avais eu peur de gâcher notre complicité, nos échanges de piques et nos longues discussions, juste pour un orgasme, aussi puissant soit-il.
J'espérais simplement que j'arriverais à tenir cette résolution jusqu'au bout.
Les rêves de petite fille de Sara devaient être très fleuris, car il y avait des fleurs partout. Ou alors, c'était pour me faire chier, car j'avais un jour fait un commentaire désagréable sur son obsession pour les fleurs.
Je n'avais jamais trouvé un quelconque intérêt à ces trucs fragiles. Mais désormais, dès que j'en voyais une ça me faisait directement penser à Sara.
L'allée était remplie de pétales de roses rouges et blanches, et même l'arche sous lequel je me tenais n'avait pas été épargnée.
Honnêtement, Maryse, Sara et sa maman avec le designer floral avaient fait du beau boulot. Le résultat était tout à fait réussi.
Sara n'était pas accompagnée, car elle avait refusé la proposition de son beau-père de la conduire jusqu'à l'autel, aussi sympa était le compagnon de sa mère.
— J'irais seule ! avait-elle décidé avec une expression déterminée et tout le monde avait respecté son choix.
J'avais pu remarquer qu'Edouard tenait vraiment à Diane et qu'il redoutait que Sara fasse souffrir sa femme de nouveau. Malgré tout, il observait en silence, sans vraiment opiner.
Même si personne n'en parlait jamais, j'avais pu noter, lorsque Diane regardait sa fille à la dérobée, que le départ de celle-ci l'avait vraiment fait mal.
Mais c'était clair que la fille Hood cachait quelque chose. Je savais qu'elle ne lui causerait jamais délibérément de la peine. Elle n'était pas comme ça, non ?
Tout comme sa mère, je mourrais d'envie de savoir la raison de sa fuite cinq ans plus tôt. Mais comme elle m'avait soufflé qu'elle n'était pas partie seule, je n'insisterais pas et attendrais qu'elle se décide à me confier la suite d'elle-même, à son rythme.
En même temps, je comprenais aussi Diane. Bien que je ne savais pas grand-chose des parents. Personnellement, je n'avais eu qu'une grande maison vide et de l'argent à ne plus savoir qu'en faire. Mais il n'était pas difficile de capter que cette femme si gentille et si douce, s'était juste retrouvée coincée avec une fille qu'elle ne pouvait pas comprendre.
Malgré tout, elle l'aimait et la supportait jusqu'au bout, comme en témoignait son excitation pour ce mariage.

La cérémonie se déroula parfaitement bien. On échangea nos vœux pendant que les trois photographes qu'on avait engagés nous mitraillaient de leurs appareils photo.
Durant la réception, qui s'était déroulée dans la salle de bal de l'hôtel, Sara n'arrêtait pas de sourire et de danser avec tout le monde. En particulier, avec Lucas qui me narguait en faisant des gestes lubriques à l'insu de la mariée.
Cependant, malgré mon irritation grandissante, j'étais resté assis depuis la première danse avec elle, déclinant proposition après proposition.
Jason et moi semblions être les seuls à ne pas avoir été contaminés par l'ambiance festive de la soirée. Même Ty, vêtu de noir comme d'habitude, avec ses cheveux gominés tirés en arrière, semblait s'amuser avec une petite blonde. Lara et Sam discutaient gaiement à une table pas loin. Mais le bassiste assis seul au fond de la salle dans son costume sombre donnait l'impression de vouloir être partout ailleurs, sauf ici.
Jason McGraal et ses sautes d'humeur étant le cadet de mes soucis, je préférai regarder Sara qui avait vraiment l'air d'être heureuse sur la piste. Elle illuminait la vaste pièce à la déco en blanc et rouge à elle toute seule.
Et à cause d'une raison qui m'échappait ; ça me faisait toujours plaisir de la voir sourire, avec ses fossettes purement angéliques.
Pendant un court moment, je m'étais tellement retrouvé perdu dans mes pensées, que je pris du temps avant de remarquer qu'elle était désormais devant ma table.
— Hé ! Pourquoi tu viens pas danser ! claironna-t-elle.
— Je suis bien comme ça, fis-je avec un sourire que je voulais rassurant, en lui montrant mon énième verre de champagne.
— C'est notre mariage. Tu ne crois pas que rester assis pendant que moi, je danse, fissure un peu notre image de couple amoureux ?
— Pas si mes yeux ne te quittent pas sur la piste, arguai-je avec un clin d'œil.
Son expression joyeuse faiblit quelque peu, et elle soupira en s'installant sur la chaise en face de moi, comme une maman qui s'apprêtait à avoir une discussion avec son fils difficile.
Elle me prit la main et ça me fit vraiment bizarre d'y voir une alliance, au milieu de mes autres bagues.
— Écoute, on oublie ce qui s'est passé l'autre soir, OK ! débuta-t-elle en adoptant une expression grave, de femme d'affaires. Mon ego s'en est remis. Tu n'as plus à m'éviter, ça ne se reproduira plus. On est potes, c'est mieux qu'on le reste.
Elle parcourut la pièce d'un regard pensif avant de poursuivre d'un ton rassurant :
— Il y a quelques mois, tu ne te voyais sûrement pas ici. Moi non plus d'ailleurs. Me marier à Rick Rivera ? rigola-t-elle doucement. Mais Rick, on est déjà là, souligna-t-elle en me désignant nos doigts. Ce qui va se passer, tu l'ignores autant que moi. Que penses-tu qu'il te reste comme alternative ?
— Profiter de la vie, achevâmes-nous tous les deux d'une seule voix.
— Heee ! Ce sont mes paroles ça ! feignis-je de protester, en me rappelant qu'il n'y avait pas longtemps, il avait fallu que je la convainque de ne pas se contenter de se marier avec moi, mais d'en profiter.
— Parfois, on a juste besoin de ses propres conseils, sourit-elle sagement. Alors Rivera, es-tu prêt à profiter de l'instant présent en attendant ce que la vie voudrait bien nous lancer ?
Elle venait vraiment de me faire voir les choses d'une autre façon. Rester assis à ruminer la situation toute la soirée n'allait rien arranger.
— Tu sais quoi ? Tu as raison. Allons profiter de ce beau mariage !
Je me levai de ma chaise et elle sourit en se redressant à son tour, en empoignant sa grosse robe.
— J'ai une meilleure idée, murmurai-je avec un sourire espiègle, avant de la charger sur mes épaules et de me diriger vers la piste de danse fleurie.
— Arrête, repose-moi ! m'intima-t-elle.
Cependant, son ton manquait de conviction. Je ne voyais pas son visage, mais à l'intonation de sa voix, je savais qu'elle souriait.
Voyant que je ne lui obéissais pas, elle avait repris :
— Sais-tu la quantité d'alcool que j'ai ingurgité ce soir ? OK, ne dis pas que je ne t'avais pas prévenu, quand j'aurais retouché ton sur-mesure avec mon vomi.
— Te gêne surtout pas, la narguai-je.
Non pas que ça me plairait qu'elle tache mon costume, mais je savais qu'elle bluffait. Elle ne serait pas dans cet état si vraiment elle avait bu beaucoup d'alcool.
Oui, je la connaissais assez bien !
Les gens me firent de l'espace en souriant, et quand j'arrivai au centre de la piste, je la déposai en annonçant :
— Arrivée !
— Déjà ? feignit-elle de bouder d'un air suffisant. Je commençais à peine à apprécier d'avoir mon cul en l'air.
Qu'est-ce que ce genre de phrase m'avait manqué !
On rit tous les deux, et quelques minutes plus tard, je me surpris à pas mal m'amuser.
Je changeais souvent de cavalière. En passant par la maman de Sara, dont la ressemblance physique avec sa fille m'étonnerait toujours. Puis, quelques cousines Hood dont j'avais fini par oublier le nom, et des tas de gens me priant de leur signer un autographe à l'insu de Diane.
J'estimais aux coups d'œil furtifs et inquiets qu'ils lui jetaient que la maman de mon... épouse le leur avait interdit.
Ma femme — je n'arrivais toujours pas à croire que j'étais marié ! — de loin, me faisait des grimaces auxquelles je lui répondais comme un gamin. Puis à un moment donné, elle vint me chercher d'entre les mains de l'une de ses cousines avec une expression fermée que je trouvai assez mystérieuse.
— Puis-je récupérer mon tendre époux ?
— Bien sûr, répondit cousine numéro dix-huit ou vingt, sans parvenir à masquer sa déception.
— Jalouse ? narguai-je Sara quand nous fûmes assez loin de sa cousine et qu'elle eut noué ses bras derrière mon cou.
Un slow venait de commencer et on se balançait lentement, les yeux dans les yeux.
— Nan, affirma Sara avec une petite moue. J'avais juste peur que Tiffany dévoile des chapitres plutôt gênants de ma vie, que je ne suis pas encore prête à partager avec toi. C'est une vraie commère !
Et j'en avais la preuve.
— Des moments gênants comme quand tu t'es présentée à l'élection de ta classe avec un morceau de papier de toilette pendouillant comme une queue, éclatai-je de rire tandis que son visage virait au rouge.
— Je vais la tuer ! grinça-t-elle.
Elle dénoua ses mains sur mon cou et s'apprêtait à aller en découdre avec la blonde, les poings et les lèvres serrés.
— Arrête ! la retins-je en mettant fin à mon hilarité.
Je lui pris ensuite le visage entre mes deux mains et lui murmurai avec douceur :
— Hey ! Ce n'est que moi !
— Oui, Rick Rivera ! ironisa-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure.
— Mouais, grimaçai-je. Mais je suis aussi ton mari désormais.
Elle n'avait pas à se sentir gênée devant moi. J'avais trouvé la situation plus drôle qu'embarrassante.
— Qui me dit que tu n'écriras pas une chanson dessus un jour quand je t'aurais énervé ? bouda-t-elle.
— La fille à la queue en papier ? fis-je mine de réfléchir. Hum, tentant, souris-je. J'ai une idée.
Je l'embrassai sur la joue et me dirigeai vers la scène sous ses yeux paniqués.
— Non, Rick ! s'écria-t-elle sur un ton implorant. Arrête-toi ! Tu n'oserais pas hein ? l'entendis-je pester.
Je souris sans interrompre ma progression vers le petit podium de la salle de réception du Four Seasons.
Je demandai à ce qu'on arrête la musique et prêtai la guitare acoustique de l'un des musiciens.
— Bonsoir à tous !
Tout le monde se tourna vers moi et répondit à mon salut.
Sara, par contre, était pâle et me faisait de grands gestes, m'intimant de descendre immédiatement de l'estrade.
Sérieusement ? Elle pensait que j'allais improviser une chanson sur sa queue en papier ? J'étais doué, mais pas à ce point.
— Merci à tous d'être là. Je voudrais chanter ce soir en l'honneur de la plus merveilleuse des femmes de cette assemblée. Ma femme !
Toute l'assistance acclama et on tamisa l'éclairage avant de diriger un faisceau sur Sara qui semblait au bord de l'évanouissement.
Cette chanson avait peu de chance d'être sur mon album, puisque c'était l'une de mes compositions. Mais Sara avait aimé l'autre, j'espérais juste que ce serait le cas avec celle-là.
Prenant mon courage à deux mains, j'inspirai un coup pour évacuer mon stress et entamai les premières notes.
On avait concentré l'éclairage sur moi et Sara, mais je pouvais malgré tout percevoir la frénésie des gens de la pièce.
J'aimais cette sensation ! Celle de savoir tout le monde suspendu à mes lèvres. De voir les émotions des gens changer sous l'effet de ma voix et de ma musique, en passant de l'excitation, puis l'appréciation à l'admiration.
Dans cette chanson, je racontais comment j'étais content que le destin ait planifié notre rencontre à moi et à Sara parce que, personnellement, je ne l'aurais jamais imaginé, et aussi comment j'aimais être avec elle, et comment j'adorais son humour merdique.
Je la vis marmonner que son humour n'était pas merdique en essuyant une larme, et je souris.
Je n'avais pas à faire semblant sur ce coup-là. J'aimais vraiment les moments qu'on passait ensemble, et nos discussions... Mais aussi, j'adorais la faire rire, et me comporter comme un gosse avec elle.
Cependant, je savais que ce n'était pas de l'amour.
Avec Marcos, je laissais enfin la liberté à une partie de moi que j'avais appris à détester. À mon avis, personne ne pourrait prendre sa place dans mon cœur, même si j'étais loin d'être amoureux de lui aussi.
Il n'empêchait que j'étais heureux d'avoir Sara dans ma vie. Et comme elle venait de le me dire, en me volant mes paroles : on ignorait ce qui allait se passer. La seule alternative c'était de profiter du moment présent. Et ce fut ce que je fis, jusqu'à trois heures du mat' où moi et ma nouvelle épouse nous nous retirâmes, épuisés dans notre suite.
Je lui souhaitai bonne nuit et m'écroulai sans même prendre la peine de me déshabiller entièrement. J'étais fatigué et on n'avait que quelques heures de sommeil devant nous, avant de nous envoler pour l'île de Santorin, en Grèce, pour notre fausse lune de miel.

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