🌟10b. Live, Love, Laugh

Une petite culotte noire assortie à son soutien-gorge. Même ses larmes n'étaient pas arrivées à minimiser cette information dans mon esprit.
C'était la première fois que je voyais son magnifique corps, et celui-ci n'était pas pour me déplaire.
J'étais très embarrassé par la situation, mais encore une fois, elle me surprit en éclatant de rire.

— Ça doit être chiant hein d'être un mec ? se marra-t-elle.

Oui, mais non. Je ne faisais pas partie de ces hommes qui se chauffaient à la vue d'un simple morceau de peau. Je baisais seulement quand j'avais besoin de baiser. Certaines filles pouvaient déballer tous leurs atouts de séduction et me laisser de marbre. Certaines filles n'étaient pas Sara...

— Pourquoi tu pleurais ? demandai-je pour changer de sujet.

Elle retrouva son sérieux et se passa les mains dans les cheveux en se mordant la lèvre inférieure.

— Pourquoi tu cassais les bouteilles l'autre jour ? éluda-t-elle.

— C'est compliqué !

— C'est toujours compliqué, dit-elle avec un petit sourire triste. Mais je n'allais pas te juger, tu sais.

C'était bon à savoir. Vraiment, ça me faisait du bien qu'elle ne fît pas tout un plat de cet épisode.

Elle s'écroula de nouveau, dos aux tiroirs et soupira en ramenant ses genoux contre elle :

— Je ne sers à rien.

Je m'assis à côté d'elle et elle poursuivit, les yeux dans le vague :

— Je ne sais pas en quoi je suis douée. Je ne dis pas que je suis nulle en tout, mais j'ai rien trouvé que j'aime vraiment... Tu sais, ce truc pour lequel tu as la conviction d'être fait pour.
Dans mon cas, c'était monter sur scène. Je ne m'imaginais vraiment pas faire autre chose.

— Je sais pas pourquoi je suis sur cette terre, enchaîna-t-elle avec la même expression lointaine. Et ça, c'est chiant. À l'école, j'avais de bonnes notes parce que c'était nécessaire, mais pas parce que j'aimais ça. J'ai jamais su ce que je voulais vraiment... Je sais juste ce que je ne veux pas : être ces gens sans vie qui se tuaient au travail et qui réalisaient plus tard sur leur lit de mort que leur existence a été nulle. Mais voilà, tout le monde autour de moi fait quelque chose de leur vie, mais moi...

— Sara...

— Non ! coupa-t-elle en croisant mon regard. N'essaie pas de me convaincre que j'ai tort. Toi, tu sais chanter. Tu réussis tout ce que tu fais. T'as trouvé ce qui te faisait vibrer. Moi, j'ai rien.

Elle se prit la lèvre inférieure entre les dents d'un air gêné, comme si le sujet qu'elle s'apprêtait à aborder n'était pas des plus faciles.

— Tu sais pourquoi Caleb m'a quittée ? On avait grandi côte à côte. On s'était enfui ensemble. Mais il a fini par vouloir une vie plus « sérieuse », raconta-t-elle en mimant des guillemets d'un air méprisant. Il m'a dit que je ne pourrais pas en faire partie, car je n'étais pas le genre de filles avec qui on bâtissait un avenir ; que je n'étais une gamine qui... Bref, ça n'a plus d'importance, mais des fois, je me demande s'il n'avait pas raison.

C'était donc à cause de ce con qu'elle doutait d'elle ! J'imaginais bien que c'était un de ces gars qui croyait que la seule vie convenable était de travailler dans une entreprise de merde, faire les choses « bien », se marier, avoir des enfants, épargner de l'argent, avoir des vacances à l'étranger et être un bon petit citoyen modèle jusqu'à sa mort puis basta. Ce type de personnes qui méprisait tous les autres qui osaient vivre différemment ; ce genre de personnes que je méprisais.

— Habille-toi ! sortis-je de but en blanc en me remettant debout.

— Hein, pourquoi ? s'intrigua-t-elle de ma requête.

— On va en boîte, annonçai-je avec le plus grand sérieux.

Elle se releva à son tour et je pus presque lire les différentes réponses auxquelles elle avait pensé sur son visage, dont « t'es sérieux ? », « C'est quoi le rapport avec ce que je t'ai dit ? ». Cependant, elle finit par acquiescer en hochant lentement la tête.

Lorsqu'elle me rejoignit à côté de la voiture dans le garage au plafond dallé de lumière LED, elle portait une petite robe rouge caraco en satin qui suivait les lignes de son corps, sans être trop moulante. Elle l'avait accompagnée de bottines noires à talons épais, et d'un choker de la même couleur. Ses cheveux légèrement ondulés tombaient librement sur son dos et rebondissaient au gré de ses pas.
Je la trouvais magnifique ! Cependant, elle interpréta mon regard scrutateur à sa façon, car son front se plissa en désignant sa tenue :

— C'est too much ou pas assez ?

— T'es parfaite Sara, promis-je avec sincérité.

— Parle pour toi ! rétorqua-t-elle en grimpant dans la voiture.

Elle me trouvait parfait, ce soir-là ? Pourtant, j'avais juste troqué mon tee-shirt noir contre un autre de la même couleur avec l'inscription « PervArt ». Par-dessus, j'avais enfilé un perfecto en gardant mes boots et mon jean moulant déchiré aux genoux. Puis, à la dernière minute, j'avais aperçu mes faux plugs et avais enlevé mon autre paire de boucles d'oreilles pour les mettre. Il n'y avait rien d'exceptionnel à mon allure ce soir-là, mais je ne disais jamais non aux compliments.

Avec un petit sourire, je grimpai à mon tour dans la voiture. Et à peine la lourde barrière en fer forgé de la maison fut-elle refermée derrière nous, j'accélérai.

— Rick ! Tu vas nous tuer, s'affola-t-elle devant ma conduite.

— Regarde encore autour de toi, suggérai-je avec enthousiasme.

Je savais que voir le paysage défiler à toute allure sous ses yeux avait des chances de réveiller l'adrénaline dans ses veines. La vitesse procurait une sensation indescriptible de liberté, ajoutée au plaisir de l'interdit : c'était tout à fait jouissif.

Et en effet, lorsqu'elle croisa mes yeux clairs de nouveau, ce ne fut pas la peur que je lus dans son regard, mais de l'excitation.

Elle baissa ensuite la vitre et éclata de rire en criant à la population nocturne de Los Angeles :

— Je vous baise !

J'étais ravi de constater qu'on partageait encore quelque chose en commun.

— Laisse-moi conduire ! demanda-t-elle au bout d'un moment avec un grand sourire plein d'espoir.

Moi qui étais si sensible quand il s'agissait de mes bagnoles, je me surpris à me garer et à lui céder le volant. Elle attacha sa ceinture sur le siège conducteur et démarra d'un coup sec tandis que mon cœur ratait un battement.

— Putain ! C'est ce que ressentent donc mes passagers ? m'étranglai-je, interdit.

Elle restait tout sourire et je ne pus m'empêcher de l'imiter.
C'était agréable d'être au volant. Je comprenais sa frénésie. Même la pile de contraventions que j'avais récoltée n'était pas arrivée à diminuer mon amour de la vitesse.

Souvent, quand j'étais de mauvaise humeur, je n'avais qu'à mettre mes talents de chauffard en exergue pour que ça aille mieux.

Ce sentiment de dominer la route, donc de dominer le monde, et de dominer le sentiment de vide que j'éprouvais n'avait pas d'égal. C'était dangereux, mais être sur le fil du rasoir entre le vertige et la maîtrise était excitant et addictif. Par contre, ça l'était moins d'être sur le siège passager. Confier sa vie comme ça à quelqu'un avait quelque chose de totalement terrifiant.

Je lui indiquai l'adresse de L'Avalon Hollywood sur Vine Street et lorsqu'on arriva, elle pila et s'écria avec bonne humeur :

— C'était géant ! On n'est pas suivi par la police au moins ?

— Non ! répondis-je en essayant de calmer les battements assourdissants de mon cœur qui se remettait à peine de cette course folle.

Moi qui croyais qu'il ne pouvait pas avoir pire conducteur que moi !

— Tant mieux, soupira-t-elle. J'ai pas le permis.

Cette fille, c'était autre chose !
On pénétra rapidement dans le bâtiment historique qui faisait office de night-club branché, sans avoir à faire la queue comme tout le monde.
C'était ça l'un des avantages d'être Rick Rivera. Même si juste après une cohue s'était élevée après mon passage, car les gens se bousculaient pour me voir et me prendre en photo.
Je n'étais pas la seule personne connue à avoir une préférence pour ce club, et c'était parfaitement compréhensible.

Une paire de longs comptoirs flanquaient toute la pièce principale, au fond de laquelle s'élevaient une magnifique scène et de multiples écrans LED. Ceux qui cherchaient à échapper aux festivités pouvaient se rendre à la grande mezzanine où on avait une vue spectaculaire sur la piste principale et qui comprenait un autre bar et les salons VIP.

Cependant, l'espace prisé par les célébrités était Bardot, le salon jumeau du club.

D'ailleurs, ce fut là que j'entraînai Sara. Au lieu du bar et du salon intime qu'il comprenait aussi, on s'installa à la terrasse en plein air, avec vue sur la tour de Capitol Records, concurrent de longue date de Starecord.

Un groupe que je ne connaissais pas mettait l'ambiance avec un morceau de pop rock assez intéressant.
Je commandai plusieurs bouteilles et on commença à rigoler comme des fous dès le quatrième verre.
Sara m'attrapa ensuite la main et m'entraîna en bas, sur la piste principale bondée, où des gens dansaient sur un remake de High life de Sia feat Rihanna.

Sara se colla un peu plus à moi et me souffla à l'oreille :

— J'ai un secret à te confier : je tiens très mal l'alcool.

— Moi aussi, j'en ai un, lui glissai-je à mon tour. Je sais pas danser.

Elle rigola en rejetant ses cheveux en arrière et je ne pus m'empêcher de sourire. Elle respirait tellement la joie de vivre que j'aurais presque pu croire que j'avais inventé la scène de tout à l'heure.

Elle recula avec un petit sourire coquin en me regardant droit dans les yeux. Elle se mit ensuite à bouger au rythme de la musique, se passant de temps en temps les doigts dans les cheveux et ondulant légèrement des hanches.

Putain, j'allais recommencer à bander, car sa danse constituait des préliminaires à elle toute seule. Et la lumière tamisée de la pièce, ajoutée aux jeux des rayons bleus, rouges, verts et jaunes lui conféraient une apparence presque surnaturelle.
Apparemment, je n'étais pas le seul à le penser. Je jetai un regard noir aux deux types qui s'étaient immobilisés pour la regarder, un sentiment que je n'arrivai pas à identifier m'étreignant la poitrine.

J'attrapai Sara qui souriait toujours, par la taille afin de mettre fin au spectacle et lui murmurai à l'oreille :

— Voilà ce pour quoi tu es née : Vivre, rire, être libre, faire ce que tu veux. Tu n'as pas à sauver le monde. Contente-toi juste d'être toi-même et tout le monde autour de toi sera touché par ta lumière. T'es exceptionnelle Sara Hood !

Elle se figea, adopta un air sérieux et me fixa tellement longtemps que je crus avoir merdé.

— Je t'aime, finit-elle par dire dans un murmure.

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