Média : Ode to the Moon - Dunbarrow

Mardi 25 juillet 2017

J'ai passé une nuit merveilleuse dans les bras et les draps de Lila. Le réveil de ce matin est tout aussi coquin que le coucher. Mais cette fois nous prenons le temps de nous cajoler, de nous caresser et de nous embrasser jusqu'à ce que le désir de fusionner se fasse aussi impérieux que la veille mais encore plus savoureux.

Nous prenons une nouvelle douche rapide avant d'aller rejoindre Anka mais surtout Harry et Inkillay. Lila est tout autant pressée que moi d'en savoir plus sur les retrouvailles des deux anciens amants.

J'attrape mon téléphone que j'ai mis à charger avant d'aller me coucher et l'allume tandis que nous sortons du logement. Anka est affairé au bar à préparer des tacos mais nous fait un signe de la main pour nous demander d'approcher. Il place deux tasses de café et des beignets pour nous inviter à nous installer. Je pose mon smartphone sur le comptoir qui se met instantanément à vibrer. Ce sont certainement les messages de Harry comme il s'inquiétait pour moi, il a dû me harceler d'appels. Je consulterai tout ça plus tard et j'enverrai aussi un SMS à Jay pour l'informer que je suis revenu vivant de la pampa amazonienne ! Pour le moment, Anka à l'air enclin à la confidence vu le sourire de connivence qu'il nous lance pendant que nous prenons place sur les tabourets hauts.

— On dirait que les astres ont été d'humeur badine cette nuit, rigole le colombien en nous montrant la terrasse où Harry et Inkillay sont installés à la même place qu'hier main dans la main.

— Ils ont passé la nuit là ? l'interroge Lila avec curiosité.

— Je ne peux pas te dire, je les ai laissés se retrouver et discuter tranquillement. Moi je suis parti sur la plage pour fumer un joint en admirant la lune afin de vous permettre de vous poser confortablement, nous explique-t-il avec un clin d'œil complice sur la teneur de notre installation. Puis j'ai expliqué à maman où se trouvait sa chambre avant d'aller me pieuter tranquillement. Et ce matin je les ai trouvé déjà là quand je me suis levé. Donc je ne peux pas te dire ce qu'ils ont fait de leur nuit. Et vous deux alors, je vois que le séjour au village vous a été bénéfique, nous taquine-t-il en nous souriant visiblement heureux de notre rapprochement.

— Les ancêtres ont aidé Greg à se rééquilibrer et l'esprit de la lune l'a guidée à moi, relate-t-elle en me couvant du regard avec la sérénité qui la caractérise lorsqu'elle endosse son rôle de chaman.

— C'est parfait ça ! Et en plus il a rempli sa mission de parler de mon père à maman, s'enthousiasme-t-il en jetant un coup d'œil à ses parents. Quand à vous deux, je suis content que vous ayez trouvé l'un et l'autre votre harmonie. Tu as acquis ou du moins compris la sagesse de notre culture, s'amuse-t-il.

Mon téléphone se met soudain à sonner troublant ce moment de confessions intimes. Je le saisis en sursautant pour arrêter ce son que j'avais complètement zappé de ma vie tout en vérifiant sur mon écran l'identité du perturbateur. Le nom de Will s'affiche et aussitôt cela me reconnecte à une réalité qui ne m'avait pas manqué. Je découvre par la même occasion des notifications multiples de Harry, Jay et de notre manager. Visiblement, ce n'est pas la première fois qu'il tente de me joindre. Toutefois je tourne mon téléphone pour ne pas voir ces petites bulles rouges indiquant le nombres de mails, messages et appels manqués. Cette vision me projette vers mon retour à Seattle et je ne suis pas prêt à imaginer ma séparation avec Lila, ma fleur de lune, la gardienne de mon bien-être.

— Un problème ? s'inquiète ma belle colombienne en posant sa paume sur ma joue pour me relier à elle.

— Non rien d'important, la rassuré-je en tournant la tête pour embrasser ses doigts longs et fins.

— Salut fiston, nous coupe Harry. Tiens, j'ai Jay en ligne, il veut te parler, me tend-il son portable.

— Ah et bien on dirait que c'est urgent finalement, intervient Anka.

Je saisis le téléphone de mon pote à contre cœur et m'éloigne pour m'isoler sur un fauteuil de la terrasse avant de lui répondre.

— Hey salut mon Jaynius, commencé-je sur un ton léger, j'allais t'appeler justement après mon café, me justifié-je en me marrant. Comment allez-vous ?

— Salut Greg, nous ça va impec ! C'est plutôt à toi qu'il faut poser la question. On t'a laissé pleins de messages. Même si tu m'avais prévenu de ton absence prolongée, j'avais imaginé que tu nous donnerais des nouvelles dès que tu aurais du réseau. Mais je n'ai eu aucune réponse de ta part et comme cela ne te ressemble pas, on se faisait tous du souci. Je me suis finalement décidé à appeler Harry en pensant que tu squattais la Californie pour profiter du soleil, de l'océan et des belles gonzesses avant de retrouver Seattle ! se moque-t-il.

— Même pas ! Je suis rentré cette nuit de Colombie. Je suis au Mexique dans l'hacienda d'Anka. Comme il s'inquiétait pour sa Harley, il est venu passé quelques jours chez son fils et je l'ai trouvé ici à mon arrivée ! Mais grâce à moi, il a renoué avec son premier amour ! Inkillay est venue avec nous ici. Enfin c'est une longue histoire. Je te raconterai tout en détail quand je rentrerai !

— Justement en parlant de retour, il faut que tu rappliques rapidos. Will a une annonce importante à nous faire mais il ne veut rien lâcher tant que tu ne seras pas là. Donc dépêche toi de ramener tes miches ici car on est tous impatients de savoir ce que le boss a à nous dire ! m'incite mon pote sur un ton directif mais amusé.

Toutefois en l'écoutant, moi je ris jaune et je sens mon cœur se serrer douloureusement. La voilà ma crainte qui devient concrète. Je vais me retrouver dans l'obligation de partir sans préambule et de laisser Lila alors que je viens tout juste de découvrir ce sentiment si doux qu'est l'amour.

— Sérieux, il ne peux pas nous l'annoncer à distance. Il existe ce qui s'appelle des visios maintenant. Il le sait ça l'ancêtre ? proposé-je en riant pour essayer de trouver une solution qui pourrait satisfaire tout le monde.

— Pff, t'es con ! rigole mon pote. Tu sais quoi, tu n'as qu'à l'appeler pour lui suggérer. J'en ai marre de te sauver la peau et de me faire botter le cul à ta place.

— Ok mon Jaynius. Je m'en occupe de suite. Bises à tes femmes. Et on se fait un WhatsApp dès que vous voulez pour que je vois comme ma filleule a grandi et que je vous présente quelqu'un ! conclus-je énigmatiquement avant de raccrocher.

Je retourne vers le bar et rend le téléphone à Harry en le remerciant. Avec Inkillay ils se sont installés sur les tabourets hauts pour discuter avec Anka et Lila.

— Alors ? s'inquiète ma belle colombienne.

— Rien de grave, une réunion de groupe à organiser avec mon manager. Je le contacte de suite pour régler l'affaire, la rassuré-je en déposant un baiser sur son front tout en attrapant mon smartphone.

Je retourne à l'écart sur mon fauteuil et compose le numéro de Will. A la deuxième sonnerie celui-ci décroche.

— Hey salut le baroudeur, pas trop tôt que tu donnes des News ! me branche-t-il d'entrée de jeu.

— Ouais je sais mais j'ai atterri cette nuit et la batterie de mon tel était complètement à plat. Enfin bref, c'est quoi cette grande nouvelle que tu as à nous annoncer ?

— Ne cherche pas à m'amadouer, je veux que vous soyez tous présents donc rentre vite, on n'attend plus que toi mon grand !

— Et si je suis en visio, ça ne suffit pas ? tenté-je.

— Écoute Greg, tu sais que je t'ai toujours considéré comme un fils et que j'ai fermé les yeux sur pas mal de choses. Alors tu ne vas pas me faire ta diva capricieuse. Tu vas ramener ton popotin de beau gosse ici sinon c'est moi qui vient de chercher et je pense que tu n'as pas très envie de me voir en colère.

Oh putain non ça c'est sûr ! La seule fois où il s'est vraiment énervé, c'était lors de notre première tournée. Un jour, j'avais un peu trop abusé de tout, de meufs, d'alcool et de drogue et Will m'a trouvé la tête dans les chiottes en train de vomir mes tripes juste avant de monter sur scène. Il m'a mis une branlée mémorable qui m'a fait décuver direct. Même si je n'étais pas très frais j'ai pu assuré le concert et après j'ai vite compris les limites.

— Ok, admis-je à contre cœur. Il faut que je sois rentrer pour quand ?

— Si tu avais écouté tes messages tu le saurais, répond-t-il agacé. La réunion est prévue au studio vendredi matin. Alors prends l'avion, le train, ce que tu veux mais débrouille toi pour être présent.

— Très bien, je serai là. Salut Will. A vendredi, promis-je en raccrochant dégoûté.

Je n'ai qu'une envie c'est de jeter ce satané téléphone. Mais je le pose calmement sur la petite table devant moi et me masse les tempes en soufflant pour faire redescendre la tension.

— Ça ne va pas ? me surprend Lila. Tu es tout tendu, constate-t-elle en malaxant adroitement mes épaules avec ses mains fines et ses doigts habiles.

Je me sens déjà mieux à son doux contact mais ce que j'ai à lui dire ne s'avère pas plus facile pour autant. J'attrape son poignet pour la tirer à moi afin qu'elle s'assoit sur mes genoux. Son long corps gracile glisse sur mes jambes et elle m'observe avec ses grands yeux noirs de biche effarée dans l'expectative de la réponse à sa question.

Je pose mes mains sur ses joues à la peau si veloutée pour approcher son visage du mien. Je dépose tendrement mes lèvres sur les siennes. J'avais besoin de cette délicate pression sur sa bouche pour me reconnecter à elle, inhaler son énergie et trouver le courage de lui annoncer la suite. Ayant puiser suffisamment de force, je m'écarte délicatement pour prendre la parole.

— C'était mon manager. Apparemment il a une bonne nouvelle pour le groupe, commencé-je en douceur pour la ménager. Par contre, je respire un grand coup et balance dans un soupir, je dois être à Seattle vendredi matin. Ce qui veut dire que dois prendre la route demain, conclus-je amèrement.

Lila me regarde surprise et ses yeux deviennent brillants. Sans faire de commentaires, elle vient loger sa tête dans mon cou où je sens son souffle me caresser la peau. Je ferme les yeux et fais le plein d'elle, de nous, afin de remplir mon cœur de cette merveilleuse fusion de nos âmes.