Chapitre 48 - La vulnérabilité
Média : Breathe - Freedom
Jeudi 20 juillet 2017
Je me lève et prépare le petit déjeuner pour Lila. Ça va devenir une habitude d'apporter un plateau au lit de ma belle endormie. Mais elle le mérite car la fin de journée d'hier a été assez éprouvante pour elle, même si je me suis démené pour lui changer les idées.
Comme Inkillay n'était toujours pas rentrée, après l'avoir aidée à ranger la cuisine de sa mère, j'ai réussi à la convaincre de retourner dans notre cabane de pêcheur. Heureusement que je commence à connaître le village car il a fallu que je reste vigilant pour ne pas passer devant la maison de son oncle. Lila s'avère rusée et curieuse mais la chaman a demandé à ce qu'on la laisse régler seule ses problèmes, alors il était normal de respecter son souhait.
Arrivés dans notre petite demeure au bord de la rivière, j'ai dû faire preuve d'initiative et d'imagination pour occuper ma belle colombienne sans passer pour un pervers en l'amenant directement au lit. C'était l'activité facile, surtout paumés dans la jungle mais Lila n'avait pas vraiment la tête à la badinerie.
Alors nous avons commencé par une partie de pêche. L'eau est un élément qu'elle affectionne et c'est plutôt apaisant comme activité. Si elle s'est prêtée au jeu, je ne la sentais pas moins anxieuse pour autant. Nous avons toutefois attrapé quelques poissons qu'elle a nettoyés et mis à cuire pendant que je préparais une tisane. Comme un véritable colombien, je deviens un adepte de la décoction de plantes. Enfin, c'était surtout pour la détendre car personnellement j'aurais plutôt eu tendance à fumer un joint dans ce genre de circonstance. Mais à part l'ayahuasca, Lila ne consomme pas de psychotrope donc l'infusion de plantes amazoniennes a fait le job.
Après manger, nous sommes restés un moment au coin du feu à admirer les bûches se consumer en silence, Lila se contentant de mes bras comme refuge pour pallier à son angoisse. Elle ne l'a pas verbalisé mais elle n'arrivait pas à accepter le rejet de sa mère après la révélation que j'ai faite à cette dernière. Elles partagent tellement de choses au quotidien que Lila n'a pas l'habitude d'être mise à l'écart. Moi je connais trop cette douleur pernicieuse de se sentir évincé par ses proches. Alors je suis resté présent pour elle, sans dire un mot, en fumant clope sur clope. C'est mon côté éponge, j'ai absorbé tout son désarroi et je l'ai évacué à ma façon. Mais Inkillay a raison, ce combat est le sien. Elle devait trouver seule les réponses sur son idylle gâchée avec le père d'Anka.
Sentant Lila toujours aussi tendue, j'ai fini par lui proposer un massage, juste pour l'apaiser sans arrière-pensée. Toutefois, j'avoue que de glisser mes mains ointes d'huile sur son corps de déesse m'a filé une trique d'enfer. Mais j'ai réussi à demeurer sage. Enfin, jusqu'à ce que Lila ait besoin de plus et me supplie de venir en elle. Je n'ai pas pu résister à son besoin de se sentir rassurée et comblée par la jouissance. Même si je ne devais être qu'un exutoire, j'ai choyé chaque partie de son anatomie avec tendresse pour lui apporter de la satisfaction de la plus douce des façons.
Grâce à Lila, je deviens une bien meilleure version de moi-même, plus patient, plus attentionné. Sa vulnérabilité m'a touché et j'ai adoré prendre soin d'elle, lui donner sans rien attendre en retour. Et pourtant, j'ai reçu le plus beau des cadeaux lorsque dans un soupir, elle m'a soufflé les trois mots que personne ne m'avait jamais dits. Ce « je t'aime » prononcé contre l'oreiller avant de s'endormir. Je ne sais pas si elle voulait vraiment me faire cette déclaration ou si c'était juste l'expression de son bien-être après l'orgasme. Mais je n'ai pas cherché à le savoir. Je n'étais pas prêt à connaître la véritable raison car j'aurais été incapable de lui répondre en retour. C'est beau ce que je vis avec elle mais c'est encore trop confus pour moi. Je ne sais pas si c'est de l'amour ou une immense complicité qui durera uniquement le temps d'un été. De toute façon, commençant également à ressentir la fatigue, il était trop tard pour partir dans des questions existentielles. Alors même si elle était assoupie, je lui ai prouvé mon fort attachement en la serrant dans mes bras pour que nos corps s'emboîtent avant que je sombre à mon tour dans le sommeil.
Et je me lève ce matin avec les mêmes doutes sur notre relation suite à ces mots lâchés à la volée. Mais je ne veux pas précipiter les choses en lui faisant miroiter un quelconque avenir que je ne suis pas sûr de pouvoir lui offrir ou pire encore, de me leurrer sur ses intentions véritables. Je préfère attendre pour voir si le sujet refait surface. Pour le moment, je vais me contenter de savourer chaque moment passé avec elle à commencer par la câliner pour la réveiller en douceur.
Je dépose le plateau sur le sol et m'assieds délicatement sur le rebord du lit, juste à côté d'elle. Je la regarde tendrement dormir lorsque, sentant ma présence, elle bat des cils pour s'acclimater à la lumière qui inonde la pièce.
— Bonjour ma belle, lui murmuré-je en me penchant pour déposer un baiser sur sa bouche. Madame est servie ! annoncé-je fièrement.
Je commence à me redresser pour attraper le petit-déjeuner mais Lila se pend à mon cou et s'installe à califourchon sur mes genoux. Ses petits yeux encore ensommeillés et ses cheveux en bataille lui confèrent un côté encore plus sauvage. Elle est magnifique dès le saut du lit et tellement sexy. Je pose mes mains sur ses hanches et me contente de sourire béatement. C'est bon quand même de me réveiller à ses côtés. Mais ma beauté ethnique ne se satisfait pas de ma contemplation et ne perd pas de vue son objectif. Si pour moi il subsiste encore quelques incertitudes de la veille, Lila est déterminée à batifoler ce matin, en commençant par me manger littéralement le visage avant d'être plus entreprenante avec le reste de mon corps. Impossible de lui refuser de lui donner du plaisir. De plus, je ne connais pas de meilleure façon pour débuter la journée.
Après un orgasme et un petit déjeuner, nous nous préparons pour aller voir Inkillay. Mes attentions et mes câlins ont su satisfaire ma belle colombienne, mais elle n'en demeure pas moins impatiente d'avoir des nouvelles de sa mère. Toutefois, c'est une hutte vide qui nous accueille. Il n'y a pas la moindre trace de passage de la chaman, comme si elle n'était pas rentrée chez elle depuis notre départ d'hier.
Le stress gagne de nouveau Lila et j'avoue que je n'en mène pas large moi non plus. Je me sens coupable de cette situation. Ni une ni deux, elle m'attrape par la main et me tire jusqu'à chez son oncle. Je ne suis pas spécialement ravi d'aller chez lui après notre altercation de la dernière fois cependant j'ai autant besoin que Lila d'avoir des nouvelles de sa mère.
Par chance, Tupak est assis sur le perron de sa maison à fumer tranquillement une cigarette. Au moins nous n'aurons pas besoin de pénétrer dans cette demeure où je ne suis plus le bienvenu.
— Bonjour Tío. Tu sais où se trouve ma mère ? l'interroge Lila. Elle n'est pas rentrée chez elle depuis qu'elle nous a quittés hier.
— Bonjour Killasisa. Non, je ne l'ai pas revue après son départ d'ici. On ne s'est pas quittés en très bon terme donc je suis la dernière personne à qui elle aura envie de parler dans l'immédiat, annonce-t-il en recrachant calmement la fumée de sa clope.
— Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais ce n'est pas le style de maman de disparaître comme ça pendant toute une nuit. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande Lila inquiète.
— Non, ce ne sont pas tes histoires et c'est encore moi celles de ce yankee, balance-t-il en me toisant. Je t'avais prévenue de te tenir loin de lui, Killasisa. C'est le Diable. Lis ses tatouages, ils vont te prédire ton avenir et tu verras, il ne va attirer que des problèmes. Tu vas vivre l'enfer à ses côtés. Regarde, ça ne fait que commencer, présage-t-il en me lorgnant avec méchanceté. En partant Inkillay m'a dit qu'elle ferait une dernière séance de chamanisme demain. Je ne sais pas ce qu'elle sous-entend mais va voir dans la forêt si elle n'est pas en train de ramasser des plantes, conclut-il en se levant avant de rentrer chez lui.
Sans plus attendre Lila se dirige vers la jungle. Moi je reste statique à fixer la porte qu'il vient de claquer. Je réalise tout juste les mots qu'il a employés pour me qualifier. Il y a été fort ce con. Je tente de prendre sur moi et de garder mon calme mais je sens les prémisses de la colère grandir au plus profond de moi. Je suis encore une fois stigmatisé par mon apparence. J'en ai marre qu'on me juge et me rejette pour l'image que les gens se font de moi. Oui j'ai des tatouages, beaucoup même. Certains intriguent, d'autres font peur mais ils racontent tous une histoire, mon histoire. Ils exorcisent mon mal être et me permettent de me rappeler par quoi je suis passé pour rester fort jusqu'à aujourd'hui. Donc Tupak peut bien me juger pour ces dessins qui encrent ma peau, mais pour moi ils représentent mon ancre et j'en suis fier.
Malgré tout mon self-control, ce connard a réussi à me foutre en rogne et je me retiens d'aller le retrouver pour lui dire de se les carrer où je pense ses prédictions malsaines. Mais cela lui donnerait raison et Lila ne mérite pas que je tape un scandale. Alors je respire un grand coup et regarde ma belle colombienne s'éloigner. Après tout, son oncle a peut-être raison, je ne suis pas bon pour elle. Je suis partagé entre la nécessité de la laisser tranquille et l'impératif de retrouver Inkillay pour m'assurer que tout va bien.
Voyant que je ne la suis pas Lila s'arrête et me scrute inquiète.
— Viens, j'ai besoin de toi, me supplie-t-elle en me tendant la main.
Elle patiente en me regardant avec ses yeux de biche qui m'implorent de ne pas la laisser. Oh et puis merde, l'oncle de mauvaises augures peut aller se faire foutre ! Si Lila m'accepte comme je suis, plus rien n'a d'importance à part elle. Instantanément ma colère s'évapore et je la rejoins pour l'accompagner dans l'exploration de la forêt.
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