Chapitre 40 - Les révélations

Média : Falling Sky - Mikka Häkki

Lundi 17 juillet 2017

Lila est toujours pensive et son regard brillant est rempli des émotions qui l'animent intérieurement.

— Tu as encore du temps devant toi, finis-je par lui dire en guise de consolation.

— Décidément tu es vraiment borné quand tu t'y mets, balance-t-elle en levant ses grands yeux noirs vers moi. C'est toi que mon cœur a choisi.

Je reste stupéfait par cette déclaration. Celle-là par contre, je ne l'ai pas vu venir. Je n'ose même plus bouger de peur de rompre cet instant étrange de confidences. Alors Lila reprend :

— J'ai essayé de lutter contre cette attraction que j'ai ressenti en moi au moment où mon regard s'est posé sur toi dans la chambre de mon frère. Avec ton air mutin et tes cheveux en bataille, tu étais si craquant, on aurait dit un poussin sortant de sa coquille, m'explique-t-elle avec un petit sourire mélancolique et le regard perdu dans le vague.

Je la laisse errer dans ce souvenir de notre première rencontre qui reste mémorable pour moi aussi tant elle m'a ébloui par sa beauté naturelle ce jour-là, ma Pocahontas. Et je sens mon cœur s'emplir d'une tendre émotion de savoir que depuis le début notre attraction est réciproque. Tandis que je me complais dans ce doux sentiment, son regard redevient lucide et elle continue sa révélation avec un air sérieux.

— Mais à ton attitude de jeune loup, j'ai compris que tu n'étais pas bon pour moi alors je t'ai fui, je t'ai détesté même de me faire ressentir de l'attirance pour toi, de faire revivre mon cœur après toutes les épreuves que j'ai endurées. Tu n'avais même pas conscience comme c'était perturbant pour moi de sentir mon âme vibrer à nouveau pour quelqu'un. Non, toi tu semblais juste t'amuser de la situation, pour toi tout n'était que challenge et jeu de séduction pour satisfaire ton ego et ta libido.

Elle marque un temps d'arrêt pour boire une gorgée de tisane. Putain, j'en prends pour mon grade mais le pire c'est qu'elle n'a pas totalement tort et je n'en suis pas fier en l'écoutant me dévoiler sa perception de ma façon d'être.

— Et puis lors de la plongée, tu m'as montré une autre facette de toi, plus entière et vulnérable. Alors dans la grotte, j'ai sondé ton âme et j'ai ressenti qu'avec l'aide de ma mère tu pourrais briser ce carcan qui t'empêche d'éprouver des sentiments. Ainsi, je t'ai proposé de venir avec moi. Mais j'avoue que si je t'ai invité ici, c'est pour te guérir car tu mérites d'être heureux, d'aimer et d'être aimé en retour, mais au fond de moi, j'avais aussi espoir que ce voyage nous permettrait de nous connaître et pourquoi pas de nous rapprocher, avoue-t-elle un peu gênée de révéler sa manigance.

Je voudrais la prendre dans mes bras pour lui prouver qu'elle a eu raison, car moi aussi j'ai envie de la découvrir davantage. Je veux lui montrer que depuis le début l'attirance que j'ai pour elle n'est pas uniquement sexuelle, mais elle semble encline à me dévoiler enfin le fond de ses pensées alors je la laisse continuer. Et puis, j'ai peur de m'emballer et de déchanter avec la suite.

— La veille de notre départ, j'ai passé la nuit chez Steve pour rompre avec lui. Même si on n'était pas réellement dans une relation amoureuse, on était amants et je devais être honnête avec lui, c'est mon patron et avant tout un ami que je respecte. Mais en rentrant le matin, quand je t'ai vu avec ces deux nanas au bar de l'hacienda, tu m'as mise dans une rage folle. Cependant, il était trop tard pour faire machine arrière sans devoir me justifier. Toutefois, je devais mettre de la distance physique et émotionnelle avec toi. C'est pour cela que j'ai donné une dernière chance à Otoronqo en essayant de me persuader que c'était lui qui m'était destiné.

— Pourtant à la cascade tu ne semblais pas trop simuler, ne puis-je m'empêcher de la couper.

— C'est vrai, Oto est un bon amant, mais c'est ta présence qui m'a excitée outre mesure. Sentir tes yeux se poser sur mon corps pendant qu'il me prodiguait des caresses m'a fait perdre la raison, jusqu'à ce que je te voie avec Tamya. C'était au-dessus de mes forces d'assister à ce spectacle décadent de te regarder donner du plaisir à ma cousine. Alors j'ai fui et j'ai passé la nuit dans les bras d'Oto pour t'oublier et essayer d'éprouver pour lui ce que je ressens pour toi. Mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi, à chaque fois que je pose les yeux sur toi, mon cœur s'emballe. Hier soir, j'ai eu un déclic en te voyant jouer du bombo avec les miens comme si tu faisais partie de la tribu. Alors j'ai décidé d'arrêter de lutter et je t'ai cherché pour te dire tout ça, tout ce que je ressens pour toi, mais tu étais parti. Et encore une fois, j'ai été déçue et énervée contre moi d'être si faible avec toi, conclut-elle en terminant sa boisson.

Elle est tellement imprévisible que sa tirade me laisse désarçonné. Je n'étais vraiment pas préparé après la soirée d'hier à encaisser de telles révélations. Je tente toutefois de me ressaisir pour m'expliquer à mon tour.

— Lila, je suis désolé de t'avoir fait du mal malgré moi. Je ne suis pas une personne intentionnellement mauvaise. Tu n'as pas cessé de me repousser depuis que je te connais. Tu es déstabilisante et je ne pouvais pas imaginer ce que tu éprouvais et endurais à cause de moi. J'ai cru que je t'agaçais alors j'ai fait ma vie de mon côté pour te laisser faire la tienne tranquillement sans t'importuner.

Tout en parlant, je pose délicatement ma main sur sa joue. J'ai besoin de ce contact pour m'assurer que tout cela est bien réel, qu'elle ne me fait pas un sale coup en se moquant de moi. Mais à la façon donc elle vient lover son visage contre ma paume tout en soupirant de contentement, je sais qu'elle est sincère.

— Oh et puis zut, se redresse-t-elle soudain pour poser sa tasse. J'en ai marre de patienter, tu as déjà beaucoup changé. Tu es plus serein, je le sens et ça se voit, me révèle-t-elle en posant sa paume sur mon torse tout en s'asseyant à califourchon sur mes jambes.

Ses yeux brillant d'une intensité nouvelle me sondent. Cette proximité me rend fou de désir mais je tente de canaliser mes pulsions pour lui prouver que je ne suis pas le connard avide de coucher avec elle à la première opportunité, quand tout à coup elle approche sa tête de la mienne et m'embrasse avec fougue. Ses mains remontent le long de mon cou et viennent plaquer ma bouche encore plus fort contre la sienne comme si elle avait besoin de s'abreuver plus intensément de notre étreinte. Nos lèvres s'aspirent, nos langues s'entremêlent passionnément. Nos respirations deviennent erratiques mais ni l'un ni l'autre ne peut cesser cette frénésie. Emporté par cet élan de volupté, mes mains se posent au creux de ses reins et la collent contre moi. Je veux sentir la chaleur de son corps, que nos cœurs battent à l'unisson. Je me sens revivre. Et à cet instant, chaque baiser que Lila me donne me rend un peu plus vivant.

Quand soudain une voix grave nous fige sur place.

— Killasisa...

Merde Tupak ! Nous étions tant concentrés sur notre désir de découvrir l'autre, seuls au monde dans notre bulle, que nous ne l'avons pas entendu entrer. Il semble si furieux qu'il termine sa phrase en quechua. Lila se lève d'un bond et suit son oncle jusqu'à la cour me laissant pantelant et plein d'incertitudes quant à la teneur de leur échange. Je me retrouve comme un con à tenter de planquer mon érection en espérant que la mère de Mya ne fasse elle aussi une entrée théâtrale dans la pièce de vie tandis que je rejoins ma chambre la queue entre les jambes. 

Lila vient rapidement me retrouver et m'enjoint de rassembler mes affaires.

— Mon oncle est très fâché, il m'a fait comprendre que tu n'étais plus le bienvenu chez lui. Alors il vaut mieux que tu t'installes dans une cabane de pêcheurs, car il ne sera pas agréable avec toi si tu restes. Je suis désolée, je ne pensais qu'il rentrerait sinon je n'aurais pas pris de risques inutiles. On va le laisser se calmer et j'essaierai de le raisonner plus tard.

J'obtempère en fourrant mes vêtements dans mon sac mais au fond de moi ça me fait vraiment chier que son oncle ait cette réaction. Après tout Lila est une adulte libre de ses choix et j'ai prouvé que j'étais respectueux en me tenant à ma place à chaque fois qu'il me l'a ordonné. De plus, je dois avouer que je ne suis pas très serein à l'idée de passer la nuit seul au bord de la rivière même si j'ai pu constater que c'était sans risques.

— Ne t'inquiète pas, me rassure Lila comme si elle avait lu dans mes pensées. Je ne vais pas t'abandonner, je resterai avec toi, convient-elle en se serrant contre moi.

J'adore cette Lila prévenante. Je retrouve ma belle sirène attentionnée de la grotte, cette femme douce qui me chamboule et me pousse à devenir meilleur. Je glisse un bras dans le creux de ses reins, dépose un baiser sur sa tempe et nous sortons de la chambre l'un contre l'autre.

— J'ai peut-être réussi à sauver ta mère mais je t'aurai prévenu Killasisa, tu devras assumer les conséquences si tu le choisis lui, avertit Tupak avec amertume en nous voyant partir tous les deux.

Avant que j'ai le temps de me retourner pour l'affronter, Lila me tire par la main pour qu'on s'éloigne au plus vite de son oncle et de ses menaces.

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