Chapitre 32 - La diète
Média : Love Divine - Djinn
Vendredi 14 juillet 2017
Après ma douche de plantes, Mya me tend une serviette ultra douce, tellement que même avec mon assouplissant, elles ne sont pas aussi moelleuses. C'est un rêve de s'envelopper dedans pour s'essuyer. Encore une recette miracle qu'il faudra que je demande avant de rentrer à Seattle. J'enfile ensuite mes vêtements confortables, j'ai la grande classe en survêtement et en tongs. De toute façon, interdiction de toucher une nana maintenant que je suis purifié alors je m'en cogne de mon look.
Nous retournons dans la maison des parents de Mya où elle me sert un bol de riz blanc. J'attends l'accompagnement mais elle m'explique que c'est le seul repas que je suis autorisé à prendre, comme ça, sans sauce ni viande, jusqu'à demain matin. Je me marre en pensant qu'elle me fait une blague. Mais non, c'est ainsi, il faut faire la diète. Bordel, c'est de mieux en mieux. Abstinence, purge, diète, la liste est encore longue des sacrifices que je dois faire pour cette cérémonie ?
Je mange ma portion de riz en tirant la tronche. Je ne sais pas si la frustration de tout va vraiment m'aider à me soigner car pour le moment, à part me mettre de mauvaise humeur je n'en vois aucun bénéfice. Je décide donc de me retirer dans ma chambre pour ruminer tout seul au lieu d'en vouloir à la terre entière. Après tout, personne ne m'a forcé donc il faut que je me calme pour mieux accepter et vivre cette expérience à fond.
Une fois mon bol de riz et ma frustration digérés, je me décide à sortir de ma tanière. Lorsque j'ouvre la porte, il n'y a personne dans la pièce de vie à part une casserole qui mijote sur le poêle d'où sort une délicieuse odeur qui se répand dans la pièce. Je me rapproche tout doucement de la marmite dans le but de soulever discrètement le couvercle afin de découvrir ce qui me met tant l'eau à la bouche. De toute façon, au niveau de faim où j'en suis, je serais capable de bouffer n'importe quoi, même un ragoût de la jolie petite biquette égorgée.
— Holà el Americano. Tu as besoin de quelque chose ? m'interpelle une voix grave avant que j'aie eu le temps de recourir à mon dessein.
Je me retourne en sursautant, tout penaud d'avoir été surpris errant dans la maison.
— Oh bonjour ! En fait, je suis affamé et ça sent super bon, avoué-je en souriant à l'homme d'âge mûr qui me fait face, appuyé contre le chambranle de la cuisine.
Autant être honnête, ils ont l'amabilité de m'accueillir chez eux donc je ne vois pas l'intérêt de lui mentir pour si peu. Surtout que c'est une chance, il parle ma langue. Cependant, l'homme me toise l'air méfiant comme s'il m'avait surpris la main sur son portefeuille. Il n'est pas très grand, les cheveux blancs, une moustache et un bouc grisonnants qui font encore plus ressortir le hâle de sa peau. Malgré sa plus petite taille que moi, sa posture impose le respect.
— Vous êtes l'oncle d'Anka ? Je m'appelle Greg, me présenté-je.
Je me souviens de la discussion de Lila avec son frère donc j'espère l'amadouer et radoucir l'atmosphère en sortant la carte de l'amitié avec son neveu. Et ça marche, un rictus se dessine dans le coin de sa bouche.
— Enchanté Greg l'Américain ! se marre-t-il. Je suis Tupak, l'oncle d'Anka en effet. Qu'est-ce que tu es venu te perdre chez nous ? se moque-t-il.
— Lila m'a dit que sa mère pourrait soigner mon plexus solaire, expliqué-je brièvement.
— Ma nièce a toujours des idées farfelues, se marre-t-il. Toutefois, ma sœur est très puissante, aussi je te conseille de ne pas tenter de la fantaisie et de bien écouter ce que je vais te dire, me prévient-il l'air tout d'un coup moins amical. Inkillay doit se concentrer pour exceller avec son don, les gens du village ont grand besoin d'elle alors ne t'amuse pas de lui mettre des idées bizarres en tête. Ok le yankee ?
Je suis surpris par sa soudaine animosité envers moi. Cela me fait penser à la réaction vive de Lila lorsqu'elle m'a entendu parler de Harry avec son frère. Pourtant, je n'ai rien fait là qui pourrait le mettre en rogne, à part tenter de renifler dans les casseroles. Je ne sais pas ce qui peut provoquer ce subit changement de ton mais je n'ai pas envie de le contrarier. Le malaise semble plus profond alors pour le moment je vais me tenir à carreaux. Toutefois, je compte bien comprendre ce qu'il peut bien craindre de moi.
— J'ai apporté des friandises et des bougies en offrande comme me l'a conseillé Anka. Vous m'autorisez à les transmettre à votre sœur ? taté-je le terrain pour ne pas commettre d'impairs avec lui.
— Tu participes déjà à la cérémonie de ce soir ? s'étonne-t-il. Lila doit être pressée de te soigner pour te réexpédier chez toi, explose-t-il de rire. Passe-moi tes cadeaux, je les donnerai à Inkillay de ta part, m'assure-t-il avec un regard qui ne laisse pas de place à la négociation.
Je pars dans ma piaule et lui rapporte le sachet contenant les présents que je lui tends à contre-cœur. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que je ne dois pas lui faire entièrement confiance, et pourtant il me reçoit aimablement chez lui. Il y a quelque chose qui me dérange dans sa façon de se comporter avec moi, même s'il ne m'a pas franchement manqué de respect.
— Merci. Tu devrais te reposer maintenant car la soirée risque d'être longue, me conseille-t-il avec un sourire redevenu chaleureux avant de quitter la pièce.
Je commence à en avoir ras-le-bol de ces colombiens avec leurs changements permanents d'humeur, ils devraient surtout se soigner pour bipolarité. Mais ça, je vais bien sûr m'abstenir de le soumettre à Inkillay.
Je chope mon outre de purge que je continue sagement et docilement de boire même si cela me donne envie d'aller aux toilettes toutes les trente minutes et décide d'aller fumer une clope dehors. En attendant la suite des festivités, cela me coupera peut-être la faim.
Je suis tranquillement assis sur les marches de la maison à observer la vie de la fin de journée du village. Des enfants jouent dans la ruelle avec des rubans et des ballons, des femmes passent avec des bassines pleines de linge ou de denrées. Elles me jettent des regards curieux mais emplis de douceur, certaines me font même des sourires timides. Avec leurs accoutrements chamarrés, je n'arrive pas à leur donner d'âge aussi je ne sais pas jusqu'où je peux me permettre d'aller sans entrer dans une approche ambiguë alors je me contente de rester sur la réserve et de répondre avec un hochement de tête. Pourtant j'en ai repéré quelques-unes qui étaient plutôt mignonnes. Mais bon, il faut savoir se montrer patient, j'ai encore plusieurs jours devant moi pour apprécier la beauté de ces femmes et surtout de les côtoyer de près. J'avoue que j'ai très envie de vérifier la théorie du libertinage que m'a vendue Anka et dont j'ai eu un aperçu fugace près de la cascade.
Je n'ai pas encore vu beaucoup d'hommes. Il y a bien quelques mecs qui sont comme moi sur le parvis de leur maison à prendre l'air ou à fumer une cigarette mais aucun ne vient me parler, la barrière de la langue peut-être. Il faut dire qu'après leur journée dans les champs ou sur la rivière, ils doivent avoir envie de se poser tranquillement chez eux. Je comprends mieux pourquoi ils se couchent aussi tôt.
— Ah tu es là ! me surprend Lila en arrivant par l'arrière de la demeure. Tu m'attendais ? minaude-t-elle.
— Non pas vraiment, je m'imprègne de l'ambiance de ton village, déclaré-je avec détachement. D'ailleurs tu aurais au moins pu me prévenir que ta mère est chaman et également m'informer de toute la préparation à faire pour la cérémonie, râlé-je. Heureusement que Mya est là pour m'expliquer et s'occuper de moi.
— C'est la mission que je lui ai confiée ce matin quand je suis passée alors que tu dormais encore, se justifie-t-elle. J'ai d'ailleurs pu constater qu'elle a pris son rôle très au sérieux et qu'elle a en effet bien pris soin de toi. Je vois que tu n'as pas de scrupules à flirter avec une femme fiancée, me reproche-t-elle.
— Mya ne m'a rien dit. Je ne savais pas que c'était elle la future mariée ! m'insurgé-je.
— Enfin Greg, Tamya, Mya, il y a quand même une similitude qui aurait pu te mettre sur la piste non ?
— Parce que tu crois que je fais ce genre de déduction moi. Vous avez tous des prénoms hors du commun et des surnoms tout aussi étranges par-dessus le marché. Et puis tu te prends pour qui pour me juger Killasisa, insisté-je sur son vrai nom pour appuyer mes propos. Ça ne te gêne pas de folâtrer dans la jungle avec celui qui espère t'épouser un jour.
— Tu n'as pas à me critiquer, riposte-t-elle sur la défensive. Tu ne connais rien de ma vie ici alors tes reproches, tu te les gardes.
— Oh mais je ne porte aucun jugement, rétorqué-je calmement. Je sais que vous avez une entière liberté d'assouvissement de vos désirs tant que vous n'êtes pas mariés. Alors tu vois, je n'ai rien fait de mal avec Mya aujourd'hui.
— Je vois qu'elle t'a bien renseigné sur ce qui l'intéressait.
— C'est ton frère qui m'a informé de vos mœurs.
— Ok, alors je comprends mieux ton emballement à me suivre ici.
— Pff, tu m'agaces, m'exaspéré-je devant ses conclusions hâtives.
— Oui tu as raison, cette discussion ne mène à rien. Allez suis-moi, il est temps d'y aller. La cérémonie va bientôt commencer, décrète-t-elle en se retournant agacée.
N'ayant pas envie d'approfondir davantage cette conversation pleine d'aprioris infondés, je décide de ne pas surenchérir et de la laisser avec ses préjugés me concernant si ça peut lui donner bonne conscience. Je progresse à sa suite en silence pour qu'elle me mène jusqu'au lieu des festivités. Toutefois, j'en profite pour me faire plaisir en appréciant sa plastique de rêve moulée dans sa tenue de yoga. Et finalement, je savoure encore plus ses formes parfaites maintenant que je l'ai vue s'exposer sans pudeur devant moi.
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