Chapitre 29 - Le réveil
Média : Send Me On My Way - Rusted Root
Vendredi 14 juillet 2017
Je sors de ma chambre pour aller faire un brin de toilette. Hier soir j'étais tellement mort que je suis tombé directement dans un sommeil de comateux. Le lit est un peu court pour ma taille du coup j'ai les pieds qui dépassent du matelas mais il est confortable alors j'ai dormi comme un bébé.
Lorsque j'ouvre la porte, je tombe face à une femme, certainement la tante Lila, qui me regarde de la tête au pieds comme si elle avait vu un extraterrestre. C'est l'effet des tatouages peut-être, et encore heureusement que j'ai pensé à enfiler un short et un t-shirt sinon elle me faisait une syncope.
Elle est en train d'éplucher des pommes de terre avec une telle dextérité que je reste admiratif. Je me serais déjà tranché un doigt à peler les patates sans regarder mes mains. Je constate que la pièce de vie n'est pas immense. Il n'y a pas de canapé avec méridienne et d'écran plat au mur ici. Juste le strict nécessaire, une table et six chaises, un poêle à bois sur lequel mijote une casserole d'où se répand une odeur bizarre, une étagère remplie de bocaux au contenu parfois douteux et un évier avec un meuble en dessous pour ranger la vaisselle. Il y a bien un coin détente avec un tapis en laine et des coussins posés dessus mais cela reste rudimentaire.
— Holà, je m'appelle Greg. Je suis un ami de Lila et d'Anka, me présenté-je.
J'observe la femme aux traits marqués et à la peau burinée par le soleil. Elle est vêtue d'une espèce de jupe à froufrou bariolée avec un haut bleu à petits pois blanc recouvert d'un gilet rose fuchsia. Je reconnais bien les goûts colorés dont j'ai été habitué avec Anka.
La femme continue de me regarder sans décrocher un mot ni un sourire. Fichu caractère ces colombiens.
— Je vais dans la salle d'eau pour faire ma toilette, articulé-je en pointant la pièce en question du doigt.
— Ne cherche pas, ma mère ne parle que quechua ou espagnol, me surprend une voix dans mon dos.
Je me retourne et découvre une jolie brune au visage souriant. Elle doit avoir dans les vingt-cinq ans. Elle est moins belle que Lila et beaucoup plus petite mais elle est quand même mignonne et surtout très pulpeuse. Mais sans parler de son opulente poitrine sur laquelle je tente de ne pas loucher, je dois reconnaître qu'elle est avant tout agréable et accueillante avec le touriste paumé que je suis.
— Salut ! Je m'appelle Mya, m'informe-t-elle. Bienvenu Greg ! Je t'en prie, ne te gêne pas, tu fais comme chez toi. Après ta douche, viens nous rejoindre, je vais te préparer une assiette.
Je la remercie pour son hospitalité et la laisse faire la traduction à sa mère pendant que je vais dans la salle d'eau. Une fois dans la pièce, je me rends compte que je ne suis pas au bout de mes surprises dans cette baraque. En ouvrant le rideau de douche, je trouve un baquet en inox rempli d'eau et une tasse en métal posés au sol. Génial, j'ai l'impression d'être parachuté au moyen âge ! Mais bon, lorsque l'on part pour un road trip, il faut savoir s'adapter à toutes les situations donc ça ne me gêne pas de faire ma toilette à l'ancienne.
Après ce brin de nettoyage, je me sens malgré tout beaucoup plus frais et j'ai surtout une faim de loup. Je m'approche de la table où la mère de Mya est à présent installée et coupe ses patates en morceaux.
— Assieds-toi et mange, m'invite la brunette.
Je prends place et observe l'assiette contenant une espèce de bouillie jaunâtre. Ça ne sent pas mauvais alors je ne vais pas les vexer et faire la fine bouche. J'avale une cuillère de la purée, c'est salé et un peu spongieux mais le goût est bon.
— C'est du « mote pillo », du maïs bouilli avec des œufs, m'explique Mya qui se marre en observant ma mine certainement circonspecte. C'est très bon le matin pour avoir de l'énergie, m'encourage-t-elle tout en aidant sa mère.
Je termine mon plat avec appétit en essuyant même mon assiette avec une tranche de pain. Puis j'attrape la tasse encore fumante et bois une bonne gorgée que j'avale en m'étouffant. La mère et la fille explosent de rire en voyant ma tête dégoûtée face à la mixture que je viens d'ingurgiter.
— C'est quoi ça ?
— Du maté ! me répond Mya hilare. C'est une infusion de plantes, c'est bon pour la santé et un très bon stimulant.
— Heu...ouais, je n'en doute pas mais je suis plus café le matin, expliqué-je penaud pour ne pas paraître impoli.
— Oh mais oui bien sûr, on a ça aussi ! me rassure-t-elle.
Tandis que Mya part dans une autre pièce, sa mère m'encourage à finir ma tasse de décoction de plantes avec un sourire si avenant que je ne veux pas la décevoir. Alors je prends mon courage et une bonne respiration avant de vider le récipient de ce mélange infâme que j'avale d'une traite et en apnée. Puis je lève le pouce pour lui indiquer que c'est nickel avec une grimace que j'essaye de transformer en un rictus le plus aimable possible.
Mya revient avec une boîte en métal et un moulin à café pour me préparer le fameux breuvage noir que je rêve de boire. Ce serait quand même un comble de voyager en Colombie sans goûter leur illustre café.
Une fois ma dose de caféine ingurgitée, je demande où je peux trouver Lila. Ce n'est pas que je sois dépendant d'elle mais j'aimerais quand même avoir un peu plus d'informations sur le programme de la journée.
— Elle est partie dans la forêt avec Inkillay, m'explique Mya. Elles vont cueillir les plantes pour la cérémonie de ce soir.
Ah bein voilà, j'étais sûr qu'ils savaient s'amuser les couche-tôt. La fête d'accueil que j'espérais hier est en fait prévue pour ce soir. Je m'en réjouis d'avance ! Par contre, cela ne me dit pas ce que je vais bien pouvoir tourner en attendant le retour de Lila. Alors je décide de me montrer courtois et attrape un couteau pour imiter la mère de Mya afin de l'aider à cuisiner. La femme se marre, un rire gras et rauque qui sort du fond de ses entrailles et lui secoue la poitrine avant de dire quelque chose à sa fille dans un dialecte complètement incompréhensible.
— Ma mère a peur que tu te blesses, m'explique la brunette en se moquant de moi. Allez viens, je t'emmène en balade. Il y a bien mieux à voir dehors. Par contre, mets des bonnes chaussures car on va crapahuter un peu, m'informe-t-elle. Et mets un maillot de bain si tu en as un, précise-t-elle avec un clin d'œil.
J'enfile mon bermuda de plage et mes Dr.Martens. Heureusement que j'ai toujours mes fameuses boots avec moi. Avant d'aller rejoindre Mya, j'attrape mon sac à dos avec mon portefeuille et mon téléphone. Même s'il n'y a pas de réseau, il y a toute ma vie dans ce portable et puis c'est surtout mon appareil photo. De toute façon, je n'ai pas encore suffisamment confiance pour laisser traîner mon passeport. Le périple colombien c'est sympa quand tu sais que tu peux rentrer chez toi après. Je suis peut-être un peu farfelu mais pas inconscient au point de laisser mes papiers sans surveillance surtout dans un pays comme celui-ci.
Je salue la mère de Mya avec la main en passant puis je pars retrouver la jeune brunette qui m'attend sur le pas de la porte d'entrée. Sa silhouette en contre jour est ultra sexy avec son débardeur moulant qui souligne à la perfection le galbe de son opulente poitrine et son mini short en jean dévoilant des cuisses bien musclées.
— C'est bon tu es prêt ? me surprend-t-elle en train de la mater.
— Ouais. Fais moi crapahuter ! balancé-je en rigolant.
— Alors suis-moi, m'invite-elle sur un ton mutin.
Il faut que je fasse gaffe avec mes blagues aux sous-entendus salaces, c'est vrai qu'ils sont très ouverts d'esprits ici. Je lui emboîte le pas et nous sortons dans la rue. Je découvre enfin le village en plein jour.
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