Chapitre 13 - La sympathie

Média : I Am the Highway - Audioslave

Lundi 3 juillet 2017

Je viens de passer un week-end de folie au DarkFest. L'annonce de la naissance prématurée de la petite de Jay m'a fait une sorte d'électrochoc émotionnel, une errance psychique entre la joie extrême pour mes amis et la peur du retour à la réalité de ma vie à Seattle. Alors j'ai noyé ce melting-pot de sentiments dans ce qui me réconforte le plus, à savoir la musique, l'alcool et les joints.

Pendant ces deux jours, je n'ai pas cherché à rencontrer de nouvelle nana pour occuper mes nuits en me défoulant dans la baise, comme si l'arrivée d'Amy m'avait vacciné de copuler. Il ne faudrait pas qu'il m'arrive une tuile et encore moins avec une inconnue. Alors je me suis contenté de sympathiser le temps d'un concert avec des musicos de tout genre pour échanger sur notre passion commune sans réellement lier de relation.

J'ai recroisé Oliver sur le parking avant son départ samedi après-midi. Comme je le pressentais, son réveil avec les deux nanas a été très chaud et il a pu s'offrir une séance de rattrapage en trio. Je l'ai encore remercié pour les pass VIP car sans lui, je ne serais sans doute pas descendu jusqu'à Sacramento. Quoique.

Et à présent, je reprends tranquillement la route en direction de Los Angeles. Je suis content de passer quelques jours chez Harry. Je vais pouvoir me ressourcer chez mon daddy spirituel, une habile transition avant le retour à la maison. Je sais qu'il va me chouchouter comme il sait si bien le faire.

A la sortie de Sacramento, j'aperçois deux auto-stoppeuses avec un panneau en carton indiquant la même destination que moi. Vue leur dégaine, l'une avec les cheveux bleus, l'autre teintée en rose, tatouages, t-shirts de groupes de rock, Dr. Martens coquées aux pieds et énormes sac à dos, je dirais que ce sont très certainement des festivalières. J'hésite un instant en passant à côté d'elles car je n'ai pas envie de parler mais je finis par me garer sur le bas côté un peu plus loin par compassion. Avec leur allure grunge, personne ne voudra les prendre en bagnole. Je sais trop ce que c'est d'être stigmatisé pour son apparence, pour preuve, mes parents n'ont toujours pas réussi à franchir ce cap avec moi.

— Hello ! Merci, c'est trop cool de ta part, s'exclame la schtroumpfette en ouvrant la porte latérale de mon van pour y poser sa grosse besace poussiéreuse.

Elle vient s'installer à côté de moi pendant que sa copine prend place sur la banquette arrière. Je leur jette un rapide coup d'œil pour vérifier qu'elles aient bien attaché leurs ceintures et fais mes contrôles rétro pour reprendre la route.

— Hey mais t'es pas le batteur des Seven Deadly Sins ? m'interroge la passagère à la chevelure rose en pointant sa tête entre les fauteuils pour me détailler de près.

— Mais ouais t'as carrément raison ! s'écrie sa pote en me pétant les oreilles.

— Bingo ! me marré-je. Mais pas d'affolements, je souhaite conduire tranquillement sinon je vous dépose sur la prochaine aire d'autoroute, les préviens-je gentiment.

Je ne voudrais pas en arriver là, même si j'en suis capable. Cependant, je vais rester clément, après tout ce sont juste des fans de rock donc c'est normal qu'elles se montrent enjouées face à ma gueule. Mais visiblement mon avertissement leur suffit et elles se contentent de me regarder, limite à se pincer pour être sûres de ne pas rêver. Je rigole intérieurement tout en allumant la musique et en me concentrant sur la route.

Au bout de trois heures, je décide de faire une pause pour boire un café et me dégourdir les pattes. Pendant le trajet, les deux minettes m'ont foutu la paix. Elles sont cool et ont respecté mon besoin d'introspection en se contentant de parler calmement entre elles ou de chanter. Elles profitent de la halte pour se relayer aux toilettes, la confiance règne ! Je pense qu'elles ont vraiment eu la trouille que je mette ma menace à exécution et les largue ici. En attendant qu'elles soient prêtes à décoller, je roule un joint et l'allume.

— On fume le calumet de la paix ? proposé-je avec un sourire en coin à celle aux cheveux roses qui assure la garde avec moi à côté de Léon.

Elle me regarde avec ses grands yeux noisette émerveillés avant de se décider à attraper le cône. C'est ça d'être une star, un petit rien et tu égayes une journée. J'adore ce pouvoir qui est d'ailleurs très utile pour draguer. Mais là je ne vais pas te sauter ma jolie, ni ta copine d'ailleurs. Je n'ai toujours pas le mood pour une baise rapide. Bordel, je viens tout juste d'être nommé parrain que je prends déjà toute la mesure des responsabilités qui en incombent et ça me ramollit de la queue. Du repos, il faut que je dorme dans un vrai lit cette nuit, voilà qui devrait me requinquer.

— Et alors, on ne m'attend pas ? râle la copine qui n'a pas raté les œillades de sa pote en son absence.

— Sers-toi, il est pour vous. Je n'ai que ça à vous offrir de toute façon, les informé-je pour qu'elles captent qu'il n'y aura pas de plan à trois, ni à deux. Allez en route les miss, décrété-je gentiment.

Toutes contentes, elles reprennent leurs places et nous terminons le trajet dans une ambiance plus décontractée. La mise au point m'a permis de me détendre avec elles et le joint a dû y contribuer aussi. Je leur mets notre dernier album et on reprend ensemble les paroles des morceaux qu'elles connaissent. J'apprécie ces moments de partage exempts d'ambiguïtés. C'est cool aussi de sympathiser avec des meufs sans arrière-pensées.

Arrivés à la hauteur de Valencia, la schtroumpfette m'indique la sortie à prendre pour les déposer vers la station de car qui les amènera à leur destination finale. Elles me demandent un petit selfie en souvenir et je leur fais même un autographe sur leur pass du festival pour marquer le coup. Puis je mets la navigation de mon téléphone en marche pour me laisser guider jusqu'à la baraque d'Harry à Beverly Hills.

Je gare Léon sur le parking face au numéro indiqué sur l'adresse de mon pote. Je descends, attrape mon sac et sonne à l'interphone en tirant la langue à la caméra. C'est plus fort que moi, je ne peux jamais résister à faire des grimaces devant ce genre d'appareil de vidéosurveillance. Un déclic retentit et les doubles vantaux blindés du portail s'ouvrent sur un magnifique jardin luxuriant. J'ai bien fait de faire un détour vers ce petit coin de paradis, je me sens déjà apaisé. Je descend les quelques marches qui mènent à l'entrée de la demeure où je suis accueillie par une jolie nana typée latino en uniforme de domestique. J'adore ce type d'hospitalité, elle me ferait presque fantasmer la petite maid avec son sourire sincère.

— Bienvenue ! Je suis Loretta. Suivez-moi, Monsieur est dans le patio, il vous attendait.

Oh mais oui ma jolie, je te suis où tu voudras ! Je lui emboîte le pas en matant son fessier rebondi qui s'anime sous sa jupette. Et bien me voilà rassuré, la vision d'une soubrette et je suis guéri. Je sens l'animation revenir dans mon caleçon.

— Salut fiston, s'écrie mon pote depuis le spa installé sur la véranda.

— Salut Harry, me penché-je pour lui donner une accolade.

— Je suis content de te recevoir, avoue-t-il en me tapant dans le dos. Enfile un maillot et viens me rejoindre. Loretta, tu montres sa chambre à mon ami pour qu'il se change, s'il te plaît.

— Oh ouais, tu sais comment m'accueillir ! Bouge pas, j'arrive ! m'exclamé-je en rattrapant la femme de chambre dans le couloir.

Je jette mon sac sur le lit et vire rapidement mes vêtements pour mettre mon bermuda de bain. Je me retourne et vois la petite soubrette qui pointe le nez vers le plafond pour faire style je ne regarde pas. Forcément dans ma hâte je n'ai pas fermé la porte derrière moi, mais je ne pensais pas qu'elle allait m'attendre aussi. Et bien au moins on sera deux à s'être rincé l'œil en matant du postérieur ce soir. Sauf qu'elle a l'avantage de m'avoir vu cul nu. Je me poste devant elle en penchant la tête avec un sourire entendu. Elle lève les yeux vers moi avec un air faussement gêné. On ne me la fait pas à moi, je peux lire dans son regard toute la lubricité de ses pensées. Je me retiens de faire tout commentaire et la laisse me raccompagner vers Harry.

Je glisse avec bonheur dans l'eau tiède du jacuzzi. Les petites bulles me massent les muscles qui se relâchent après ses heures de concentration pour la conduite. Harry me tend un joint et là c'est le bonheur total.

— Loretta, tu nous sers deux Jack Daniel's, s'il te plaît.

La jolie maid s'exécute et revient rapidement nous poser les verres sur le rebord du spa. J'en profite pour reluquer son beau petit décolleté qui me permet d'apercevoir la naissance de ses seins lorsqu'elle se penche. Finalement, c'est ça le pied intégral.

— Pas touche à mon personnel, me reprend mon pote en m'éclaboussant le torse. C'est déjà assez difficile de trouver une personne discrète et de confiance.

— T'inquiète pas. Je ne fais que regarder.

C'est dommage, je vais devoir me contenter d'admirer ce paysage sympathique pour ce soir. Mais demain, je compte bien me rattraper à Venice Beach.

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