préface

  Le tapotement de ses talons venait déstabiliser le silence meurtri dans lequel il était plongé durant cette balade nocturne. Assis sur le banc du jardin public, il balançait ses jambes sous le bois usé en attendant patiemment que son invitée arrive.
Le temps passait, il se contentait de sourire vaguement à l'entente de la voix aigüe des criquets au dessus de sa tête, certainement logés dans l'arbre fruitier qui commençait peu à peu à reprendre sa couleur vive. Ses prunelles fixaient son ombre au sol même, rendue plus détaillée en raison de l'emplacement d'un des seuls réverbères de la zone non loin de sa silhouette.  Il surveillait tant bien que mal tout se qui l'entourait, sans daigner bouger d'un pouce. Il arrivait à ressentir la faible brise lui transpercer son cocon de chaleur sous son écharpe rouge et son nouveau manteau blanc, il pouvait clairement détecter le son du roulement d'une paire de roues, et il était sûr qu'il s'agissait d'un cycliste de nuit.

Il attendait, et attendait toujours.

Ses petites mains violacées par le froid ne tarderent pas à se geler, ses articulations se bloquant quelque peu face au manque de mouvement. Il fixait toujours, et encore, son ombre si grande face à sa petite personne. Le temps d'un souffle, il crut entendre un eternuement timidement retenu mais plus rien d'autre ne lui arriva aux oreilles et il en déduisit bien vite qu'il ne sagissait que d'une hallucination.

Il attendait, et attendait toujours.

Ses genoux lui faisaient mal et ses mollets semblaient se muscler, le bruit de ses talons devenant un supliement pour l'arrêt de cette mascarade. Son sourire ne put tenir plus longtemps, il commençait déjà à s'effacer sous la tournure d'un temps qui s'etait declaré si delicieusement chaleureux lorsqu'il entendit la météo à la radio ce midi.

Il attendait, et attendait toujours.

Seul, face à lui-même, il s'efforçait d'attendre. Une partie de lui ne faisait que le convaincre de rentrer chez lui, de fermer ses yeux, de ne pas esperer la venue de cette fille.
Mais il ne pouvait pas, elle le lui avait promis pourtant et elle semblait si enthousiaste à l'idée de le revoir en ce dernier jour de février.
Son coeur semblait céder peu à peu à la vague de tristesse et de déception qui revenait en force dans sa cavité pulmonaire.

Il attendait, et attendait toujours.

Mais ses joues finirent par transporter un fin flot d'eau salée en provenance de ses orbes vers la bordure de son menton. Ses sourcils se fronçèrent involontairement et un petit couinement lui échappa contre sa volonté.

Non, elle ne viendra pas, mais Jimin restera à l'attendre, parce qu'elle lui avait promis de venir.

Sa tête s'inclinait doucement, hésitant à céder ou non à la douleur de ses muscles. Il finit par poser sa tête contre le morceau de bois témoignant de querelles amoureuses et euphoriques, laissant ses jambes s'entremêler afin de créer un peu de chaleur. Allongé maladroitement sur ce banc en fin d'hiver, ses dents claquetaient alors qu'il vit le fantôme d'un dernière silhouette dans l'ombre qui n'était crée que par sa carrure solitaire il y a peu, avant d'être emporté par le vide.

Une silhouette qu'il finit par reconnaitre lorsqu'elle s'approcha de lui a pas de loup, vêtue de sa veste en cuir usée qu'il avait longuement contemplé, de sa paire de jeans trouées aux rotules qu'il connaissait étant sa préférence, de son tee-shirt encore trempé par l'effort de ses mouvements de danse et de tout son charisme à l'état sauvage. Portant une seule paire de boucles d'oreilles dansant sur l'air silencieux du vent, il arrivait à lire l'hésitation, la perplexité et la colère de l'homme aux cheveux chocolats ebourrifés qui pouvait témoigner de toute son existence.

Hoseok.

Les mains dans les poches, il pencha sa tête en tentant de capturer un regard de l'individu en boule sans pour autant bouger d'un grain de plus, restant à quelques centimètres du corps expirant de vie. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il venait de s'endormir encore une fois.

Il s'accroupit, lentement, pliant ses genoux en gardant sa tête dans le même angle, permettant à ses yeux de se poser plus clairement sur le petit visage d'ange qui le perturbe tant.

"  C'est quand que tu comptes sortir de ma tête putain... "




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Pensez soft, vivez soft 😶

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