VIII
La soirée de vendredi touchait à sa fin, et Sayuri, fatiguée, mais satisfaite, s'asseyait sur le banc des vestiaires du dojo. Ses muscles protestaient doucement sous la tension accumulée : deux heures intensives de kyūdō, suivies d'une heure de course à la salle de sport.
La session de kyūdō avait été particulièrement exigeante. Chaque flèche qu'elle tirait demandait une concentration totale et une précision impeccable. Sous la supervision de son instructeur, Sayuri avait passé les trente premières minutes à répéter les bases : son ancrage, la tension de la corde, et l'alignement parfait de son regard avec la cible. La répétition constante lui permettait de perfectionner chacun de ses gestes, mais elle sentait aussi la fatigue s'installer progressivement. La tension dans ses épaules, le picotement dans ses bras... Tout lui rappelait que le kyūdō était autant un exercice physique que mental.
Vers la fin de la première heure, l'instructeur avait augmenté la difficulté. Sayuri devait enchaîner des tirs rapides tout en maintenant sa posture impeccable. La pression montait à chaque flèche qu'elle tirait, mais la satisfaction d'entendre le « thud » caractéristique de la flèche atteignant la cible l'aidait à continuer. Quand, enfin la session s'acheva, elle salua l'instructeur avec gratitude, son kimono légèrement collé à sa peau par la sueur.
Malgré sa fatigue, Sayuri ne s'était pas arrêté là. Elle se changea rapidement dans les vestiaires pour enfiler une tenue de sport avant de se rendre à la salle de sport adjacente. Là, elle monta sur un tapis de course et régla une vitesse modérée. Au début, ses jambes semblaient pesantes, mais au fur et à mesure qu'elle trouvait son rythme, elle entra dans un état de flux. La musique dans ses écouteurs l'aidait à maintenir sa cadence, et ses pensées s'égarèrent vers les événements de la semaine : les regards furtifs de ses camarades, les attentes tacites de son grand-père, et les interactions troublantes avec ce crétin.
Au bout de quarante minutes, Sayuri accéléra, poussant son corps à ses limites. Chaque foulée semblait expulser une partie de la tension accumulée dans son esprit. Quand elle s'arrêta enfin, haletante, elle sentait une étrange légèreté dans son corps et son esprit. Elle passa les dix dernières minutes à s'étirer, savourant la sensation de ses muscles à la fois fatigués et vivants.
La discipline stricte et l'effort physique étaient pour elle des échappatoires, des moyens de canaliser son stress et de maintenir un équilibre mental.
Elle essuya la sueur de son front avec une petite serviette avant d'attraper son téléphone dans son sac. L'écran s'illumina aussitôt, révélant trois notifications. Tsubasa Okamoto, un ami de Kyoto, lui avait envoyé un message. Kazuki Ginryu, comme à son habitude, avait rédigé un message succinct, mais intrigant. Et enfin, Ryuuji Hebiyama, son grand-père, avait pris le temps de lui écrire un message visiblement plus long.
Sayuri hésita pendant une fraction de seconde, mais son choix était clair. Elle décida de répondre d'abord à son grand-père. Tapotant sur l'écran, elle ouvrit le message de Ryuuji, qui disait :
【 Sayuri, j'espère que ta semaine s'est bien passée. Je voulais te rappeler que les Ginryu attendent toujours ta réponse officielle concernant ton installation chez eux. Nous devons clarifier cette situation rapidement. Par ailleurs, as-tu eu le temps de pratiquer le kyūdō comme je te l'avais conseillé ? N'oublie pas, ma petite-fille, que chaque épreuve est une opportunité d'apprentissage. Repose-toi bien. 】
Un sourire doux et mélancolique étira les lèvres de Sayuri. Son grand-père avait une manière unique de conjuguer affection et exigence. Elle lui répondit rapidement :
【 Bonsoir, Grand-père. Merci pour ton message. Oui, j'ai suivi ton conseil et j'ai pratiqué le kyūdō ce soir. Cela m'a aidée à clarifier mes pensées. Concernant les Ginryu, je comprends l'importance de cette décision et je vais y réfléchir très sérieusement ce week-end. J'espère que tu vas bien. Bonne nuit. 】
Une fois le message envoyé, Sayuri posa son téléphone sur le banc quelques instants, les yeux rivés sur le sol. La perspective de vivre chez les Ginryu était encore une idée difficile à accepter, mais elle savait que son grand-père avait raison : ce mariage arrangé était bien plus qu'une simple union entre deux individus. Il symbolisait une alliance entre deux clans puissants.
Sa réflexion fut interrompue par une autre vibration de son téléphone. Cette fois, elle ouvrit le message de Tsubasa, qui disait :
【 Bravo pour ce soir, Sayuri ! Ta précision et ta concentration ont été impressionnantes. C'est toujours inspirant de te voir exceller. 】
Sayuri haussa un sourcil, troublée. Elle savait que Tsubasa, un yakuza de son clan, avait toujours eu une amitié sincère pour elle. Mais quelque chose dans ce message lui semblait déroutant. Comment avait-il su qu'elle avait remporté une manche ce soir au club ? Est-ce qu'il s'était finalement décidé à agir comme un yakuza avec elle ?
Elle relut le message avec plus d'attention, essayant de discerner une subtilité qu'elle aurait manquée. « Il ne pouvait pas être au courant de ma victoire, à moins que quelqu'un ne lui ait dit... Mais qui, comment et pourquoi ? » pensa-t-elle en fronçant les sourcils.
Le lien entre Tsubasa et sa famille était bien connu. Il appartenait à un clan allié des Hebiyama, et, bien qu'il ne mentionnât jamais directement son implication dans les affaires familiales, Sayuri soupçonnait qu'il restait connecté aux réseaux informels. Sa famille avait sans doute des moyens de savoir des choses rapidement. Cette idée la mit mal à l'aise. L'idée que chaque moment de sa vie, même ceux qu'elle considérait comme à l'abri des regards extérieurs, puisse être observé ou rapporté l'oppressait.
Elle soupira doucement, réfléchissant à la meilleure façon de répondre.
【 Merci pour ton message, Tsubasa. Je ne manquerai pas de te contacter si j'ai besoin de conseils. Passe une bonne soirée aussi. 】
Elle savait que rester vague était parfois la meilleure stratégie avec lui.
Quelques secondes après avoir envoyé son message, une nouvelle notification apparut sur l'écran. Tsubasa avait répondu presque immédiatement.
【 Tu as l'air fatiguée.. 】
【 Tout va bien chez toi ? J'espère que tu ne te surmènes pas trop avec le kyūdō et tes autres activités. 】
【 D'ailleurs, j'ai entendu parler de Kazuki Ginryu. Est-ce vrai que tu vas vivre chez eux ? Comment est-il, ce type ? 】
【 Est-il respectueux avec toi ? 】
Sayuri relut le message, ses sourcils se fronçant de plus en plus à chaque ligne. La rapidité de sa réponse, combinée au ton protecteur et intrusif de ses questions, la mettait mal à l'aise. « Pourquoi toutes ces questions d'un coup ? » pensa-t-elle en tapant une réponse rapide.
【 Je vais bien, ne t'inquiète pas. Merci pour ton souci, mais je préfère gérer ces choses moi-même. 】
Elle hésita avant d'appuyer sur « Envoyer », se demandant si elle devait répondre plus directement à ses interrogations sur Kazuki. Finalement, elle décida de ne rien ajouter de plus pour l'instant.
Une fois le message envoyé, Sayuri sentit une pointe de frustration monter en elle. Elle appréciait l'amitié de Tsubasa, mais son insistance et son intérêt soudain pour sa relation avec Kazuki lui donnaient l'impression d'être surveillée de trop près. Elle posa son téléphone à côté et inspira lentement pour calmer ses pensées. Cependant, avant qu'elle ne puisse se relever, une nouvelle notification de Kazuki apparut sur l'écran. Intriguée, elle ouvrit le message.
【 Alors, tu as des projets pour ce week-end ? 】
Elle resta un instant figée, réfléchissant à la manière de répondre sans trop dévoiler ses pensées. Mais avant qu'elle ne puisse taper quoi que ce soit, une avalanche de messages suivit :
【 Quelle est ta musique préférée ? 】
【 Et pour les vêtements ? Tu préfères le style classique ou moderne ? 】
【 Quel genre de garçons te plaît ? Soyons honnêtes, tu as bien un type, non ? 】
【 D'ailleurs, la lingerie, tu aimes quoi ? Noire, rouge... ou un peu plus osée ? 】
【 Et les desserts ? Tu es plutôt gâteau au chocolat ou pâtisseries japonaises ? 】
Sayuri sentit ses joues chauffer alors qu'elle parcourait cette série de questions. Elle ne savait pas si elle devait être amusée, gênée ou irritée par son insistance. Ses doigts hésitèrent sur l'écran, une part d'elle tentée de l'ignorer totalement. « Pourquoi autant de questions d'un coup ? C'est presque... intrusif, mais... » Elle ne put s'empêcher de sourire légèrement. Une partie d'elle était surprise qu'il semble si curieux à son sujet, une attention qu'elle n'avait pas l'habitude de recevoir de la part de quelqu'un comme Kazuki.
Elle finit par taper une réponse concise.
【 Kazuki, si je répondais à tout ça, tu n'aurais plus rien à apprendre sur moi. Bonne nuit. 】
Elle appuya sur « Envoyer », satisfaite de sa réaction mesurée, mais légèrement piquante. Alors qu'elle s'apprêtait à éteindre son téléphone, une nouvelle série de vibrations attira son attention. Encore Kazuki. Cette fois, le message était différent.
【 Tu prends ton temps pour rentrer... 】
【 Je devrais commencer à m'inquiéter ? 】
Sayuri soupira, déjà agacée par son insistance. Mais avant qu'elle ne puisse répondre, un autre message arriva :
【 Je vois que tu es encore au dojo. Pas trop fatiguée ? 】
Elle haussa les sourcils. « Comment sait-il que je suis encore là ? » se demanda-t-elle avant que la réponse ne devienne évidente. Elle tapota rapidement une réponse.
【 Arrête de regarder ma localisation. C'est intrusif. 】
Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'une réponse n'apparaisse.
【 Oh, princesse, ce n'est pas de l'intrusion. C'est de la préoccupation. 】
【 Tu sais, les yakuzas veillent toujours sur ceux qui leur sont chers. 】
Sayuri sentit un frisson de frustration monter. « Typique, » murmura-t-elle en secouant la tête. Elle répondit rapidement, son ton clair et ferme.
【 Je ne suis pas une membre de ton clan. Trouve une autre façon de t'occuper. 】
Kazuki resta silencieux cette fois, mais Sayuri n'avait pas l'intention de le laisser s'en tirer aussi facilement. Avant de quitter le vestiaire, elle ralluma brièvement son téléphone et tapa une réponse avec une ironie mordante.
【 Si tu t'ennuies autant, Kazuki, peut-être que Fumiko pourrait t'offrir une conversation plus intellectuelle. Ou autre chose, qui sait. 】
Elle appuya sur « Envoyer », un sourire en coin, avant de ranger son téléphone dans son sac. Le silence ne dura que quelques secondes avant que l'écran ne vibre à nouveau. Cette fois, Kazuki semblait avoir perdu une partie de son calme habituel.
【 Intéressant. 】
【 Alors, toi, Sayuri, est-ce que tu vois quelqu'un pour compenser ce manque de patience ? Ou bien est-ce que tu es trop parfaite pour ça ? 】
Sayuri sentit une pointe de chaleur monter à ses joues, mais elle ne laissa rien transparaître. Inspirant lentement, elle répondit sans hésiter.
【 Non, je ne vois personne. 】
【 Mais si cela devient nécessaire, je suis certaine que je pourrais trouver quelqu'un de bien plus intéressant que toi. 】
【 Bonne nuit, Kazuki. 】
Elle envoya le message et éteignit immédiatement son téléphone cette fois, décidée à ne plus se laisser entraîner dans son jeu. Alors qu'elle quittait enfin le vestiaire, une satisfaction discrète l'accompagnait. Elle avait mis fin à l'échange de manière nette, mais une part d'elle se demandait si Kazuki en restait vraiment là.
『☁︎』
Le vendredi soir, bien que Sayuri ait été physiquement épuisée par son long entraînement, elle ne parvenait toujours pas à trouver le sommeil. Les draps frais de son lit lui semblaient inconfortables, et ses pensées tournaient en boucle autour des événements de la journée. Espérant se détendre, elle alluma doucement son ordinateur portable sur la table de chevet et s'installa sur son lit.
Elle enfila l'un de ses écouteurs sans fil, laissant l'autre libre pour capter les sons de son environnement. Un film apaisant défilait sur l'écran, mais Sayuri avait du mal à se concentrer. La fatigue physique contrastait avec son esprit trop éveillé.
Soudain, un bruit provenant de l'extérieur attira son attention. Elle mit la vidéo sur pause et se redressa dans son lit, tendant l'oreille. Des voix basses, mais clairement masculines s'élevaient depuis le jardin. Elle se leva discrètement, ses pieds nus frôlant le sol froid de la chambre. Déplaçant doucement le rideau, elle observa les silhouettes de deux hommes dans le jardin éclairé par la lueur tamisée des lanternes.
L'une des voix lui était immédiatement familière, profonde et posée, empreinte de cette autorité naturelle qui caractérisait Shunpei Sasaki. Son ton grave avait une manière presque apaisante de commander l'attention, comme un grondement discret, mais ferme. En revanche, l'autre voix contrastait vivement : plus vive, ponctuée de rires étouffés et d'une ironie palpable. Kazuki parlait avec une assurance effrontée, chaque mot prononcé avec une légère pointe de dérision, comme s'il cherchait à déstabiliser son interlocuteur.
Sayuri fronça les sourcils, ses pensées s'emballant face à cette scène inattendue. Que faisaient-ils là, dans le jardin, à une heure aussi tardive ? La présence de Shunpei et son ton mesuré laissaient croire qu'il essayait de calmer quelque chose — ou quelqu'un. Quant à Kazuki, son rire sourd et détendu ajoutait une couche d'ambiguïté à la scène. Une vague de curiosité, mêlée à une pointe d'inquiétude, poussa Sayuri à observer davantage, ses doigts se crispant inconsciemment sur le rebord du rideau.
Elle ouvrit la fenêtre juste assez pour mieux entendre leur conversation. Shunpei semblait tenter de raisonner Kazuki, dont les réponses étaient teintées d'insolence habituelle.
« Kazuki, tu prends des risques inutiles. Monsieur Ginryu ne serait pas ravi d'apprendre que vous passez votre temps à surveiller les autres ».
« Surveiller ? » répondit Kazuki avec un rire moqueur. « Je préfère appeler ça s'intéresser. Et puis, dis-moi, Shunpei... n'est-ce pas notre devoir de veiller sur les nouveaux arrivants ? »
Shunpei soupira audiblement.
« Tu sais très bien que ce n'est pas le cas ici. Elle n'a pas demandé votre protection. En fait, je dirais qu'elle apprécierait que tu lui laisse un peu d'espace ». Il marqua une pause avant de reprendre, son ton légèrement plus sérieux : « Soit honnête. Pourquoi fais-tu tout cela ? Est-ce simplement par ennui ou y a-t-il autre chose ? »
Kazuki resta silencieux un moment, croisant les bras avec une expression indéchiffrable. Puis, finalement, il haussa les épaules et répondit, évasif.
« Peut-être que je trouve tout simplement son caractère... intéressant ».
Sayuri roula des yeux, agacée par la nonchalance de Kazuki. « Fascinante ? Ce type est vraiment... » murmura-t-elle pour elle-même. Elle retourna s'asseoir sur son lit, mais ses pensées restèrent figées sur les paroles de Kazuki. Cette obsession qu'il semblait développer à son égard l'était aussi troublante qu'agaçante.
Shunpei leva un sourcil, peu convaincu.
« Intéressant ? Vous êtes rarement si obsédé par ce qui est simplement « intéressant ». Dis-moi, est-ce qu'elle te plaît ? »
Kazuki lâcha un soupir, un sourire ironique étirant ses lèvres.
« Très bien, tu veux savoir ? Oui, elle me plaît. Je suis attirée par son caractère affirmé, son esprit malicieux, et ce regard qui pourrait geler un incendie. Et, évidemment, sa beauté captivante n'aide pas. Mais ce n'est pas tout ». Il se pencha légèrement vers Shunpei, son ton devenant plus acéré. « Ce qui m'agace, c'est que je n'aime pas l'idée qu'un autre homme puisse attirer son attention. Ça... ça me rend fou ».
Shunpei hocha la tête, une lueur de compréhension dans ses yeux.
« C'est bien ce que je pensais. Mais ce genre de possessivité pourrait poser problème. Tu sais qu'elle n'est pas quelqu'un que l'on manipule facilement ».
De l'autre côté de la fenêtre, Sayuri croisa les bras, perplexe et légèrement exaspérée. « Manipule facilement ? Ces hommes semblent penser que je suis un pion dans leur jeu d'échecs », pensa-t-elle en roulant des yeux. Cependant, l'idée que Kazuki soit à ce point captivé par elle la fit presque rire.
« Amoureux de moi ? Quelle absurdité... Il ne me connaît pas. Pas vraiment. »
Elle referma doucement la fenêtre pour éviter d'entendre davantage et retourna s'asseoir sur son lit. Les mots de Kazuki tournaient dans son esprit, un mélange de flatterie malvenue et de réflexion stratégique. « S'il est aussi obsédé que cela, je pourrais peut-être utiliser cette situation à mon avantage... »
L'idée du mariage arrangé entre les deux familles lui revint en tête. « Si j'acceptais temporairement ce mariage... Cela pourrait me permettre d'approfondir ma compréhension des Ginryu. Leur clan regorge de mystères que je pourrais découvrir. » Sayuri se mit à imaginer les possibilités : écouter discrètement, observer leurs dynamiques internes, comprendre leur fonctionnement. Chaque détail qu'elle apprendrait pourrait devenir une arme précieuse.
Elle se mordit la lèvre, hésitante. Jouer avec des sentiments était une pente glissante, surtout dans un contexte aussi dangereux. Mais elle savait qu'elle possédait une force mentale suffisante pour naviguer dans cette complexité. « Si Kazuki est assez stupide pour tomber amoureux de moi, autant utiliser cela contre lui... » murmura-t-elle en fixant son reflet dans la vitre sombre.
Elle ferma les yeux quelques instants, réfléchissant à la meilleure stratégie. Elle ne voulait pas se précipiter, mais elle était déterminée à tirer parti de chaque opportunité que cette situation offrait. Pour Sayuri, le jeu venait à peine de commencer.
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