VI
Le grondement régulier du métro résonnait dans les tunnels alors que Kazuki Ginryu, adossé à une barre, observait distraitement le défilé des stations. La journée avait été longue, rythmée par des réunions, des discussions stratégiques, et quelques confrontations imprévues. Son expression restait impassible, mais ses yeux reflétaient une lueur de fatigue bien dissimulée.
À ses côtés, Sota était assis, une jambe croisée, son regard curieux fixé sur Kazuki. Visiblement moins affecté par le poids de la journée, il était déterminé à briser le silence pesant.
« Alors, Kazuki, » dit-il finalement, son ton léger et un sourire en coin, « cette fameuse Hebiyama, vous avez eu le temps de mieux la connaître ? »
Kazuki détourna les yeux de la vitre pour fixer son compagnon, un sourcil légèrement levé.
« Et si je te disais que je n'ai pas encore eu cette chance ? »
Sota fit mine d'être surpris, plaquant une main sur sa poitrine dans une exagération dramatique.
« Vous voulez dire que vous avez laissé passer toute une journée sans aller lui parler ? Elle doit se demander où est passé l'héritier des Ginryu ».
Un sourire en coin étira les lèvres de Kazuki.
« Peut-être que c'était précisément mon intention. Laisser un peu de mystère peut être une stratégie, tu ne crois pas ? »
Sota haussa les épaules, réprimant un ricanement.
« Stratégie ou pas, elle a l'air d'une fille intelligente. Elle n'attendra pas longtemps avant de se faire sa propre opinion. Et puis, entre nous, vous allez voir comment elle va épater tout le monde au club de kyūdō ».
Kazuki répondit par un hochement de tête pensif, son sourire se faisant plus malicieux.
« Intéressant. Cela veut dire qu'elle sait manier un arc... Peut-être un signe qu'elle sait aussi se défendre d'autres manières ».
« Ou qu'elle sait viser au bon endroit, » ajouta Sota avec un clin d'œil. « Mais bon, vous avez toujours eu un faible pour les femmes qui peuvent vous tenir tête, n'est-ce pas ? »
Kazuki éclata de rire, un son rare qui fit se retourner quelques passagers. Il se redressa, croisant les bras devant lui.
« Tu es plein de sagesse, Sota. Peut-être devrais-tu venir travailler comme conseiller personnel ».
« Ah, mais je le fais déjà, Kazuki, » répondit Sota avec un ton moqueur, mais respectueux.
Le métro ralentit alors qu'ils approchaient de leur station. Kazuki jeta un dernier regard à Sota, son sourire toujours présent.
« Nous verrons bien ce que réserve cette rencontre. Une chose est certaine, je doute que l'ennui fasse partie de l'équation ».
« Oh, j'en suis convaincu, » murmura Sota en le suivant hors du wagon, une étincelle d'amusement dans les yeux.
Kazuki s'arrêta un instant, croisant les bras avec un sourire en coin.
« En parlant de ça, tu sembles très à l'aise pour donner ton avis sur elle. Je me demande bien pourquoi. Peut-être parce que tu as eu l'immense privilège de passer la soirée avec elle à son arrivée ? »
Sota, pris au dépourvu, laissa échapper un léger rire nerveux : « Eh bien, c'était purement professionnel. Elle semblait fatiguée après son voyage ».
Kazuki haussa un sourcil, visiblement amusé.
« Fatiguée, mais assez vipère pour te faire parler d'elle jusqu'à maintenant. Tu veux dire que, pendant que j'étais coincé en ville avec Fumiko dans un motel pittoresque, toi, tu te pavanais au domaine avec cette... fascinante héritière ? »
Sota détourna les yeux, cherchant ses mots.
« Je n'irais pas jusqu'à dire ça, mais elle est impressionnante, c'est vrai ».
Kazuki lâcha un petit rire sec avant de se remettre en marche.
« Impressionnante, hein ? On verra bien si elle l'est autant que tu le prétends. Pour l'instant, je préfère encore miser sur mes propres talents de persuasion ».
Il sortit son téléphone de la poche intérieure de sa veste et tapa rapidement un message destiné à Sayuri : 【 Alors, comment s'est passée ta première journée ? 】Un sourire satisfait étira ses lèvres alors qu'il appuyait sur « envoyer ». Ensuite, il navigua dans ses messages pour en écrire un autre, cette fois à Fumiko : 【 Une journée encore bien remplie. Je pense qu'il vaut mieux reporter notre rendez-vous. Je te tiendrai au courant. 】
Kazuki rangea son téléphone, le sourire toujours présent, et jeta un coup d'œil à Sota.
« Maintenant, les choses deviennent intéressantes. Ne te fais pas trop d'idées, mais cette soirée pourrait bien marquer un tournant ».
Lorsqu'ils arrivèrent enfin au domaine Ginryu, la nuit était déjà bien avancée. La lueur tamisée des lanternes éclairait faiblement l'entrée, accentuant l'atmosphère lourde qui les attendait. Shunpei Sasaki, debout dans l'ombre, semblait faire corps avec l'austérité du lieu. Ses bras croisés, son visage habituellement impassible était cette fois marqué par une colère froide. Ses sourcils étaient froncés, et sa mâchoire crispée trahissait une irritation qu'il maîtrisait à grand-peine.
Il n'attendit pas qu'ils enlèvent leurs chaussures pour les interpeller d'un ton tranchant.
« Vous deux.. Votre manque de ponctualité est inacceptable, surtout après l'imprévu en ville aujourd'hui. Vous auriez dû anticiper et prévenir ».
Sa voix, bien que basse, résonnait avec une autorité incontestable, comme un rappel des valeurs de discipline et de rigueur que la famille Ginryu exigeait. Chaque mot était un reproche, pesant et précis, comme une flèche décochée sans hésitation. Kazuki haussa un sourcil, légèrement amusé par l'emportement de Shunpei.
« Allons, Shunpei, un peu de compréhension. On ne peut pas tout contrôler, même avec la meilleure organisation ».
« Ce n'est pas une question de contrôle, mais de rigueur, » répliqua Shunpei, son ton plus sec. « Ce genre de retard met en péril la perception de notre discipline. Que se serait-il passé si la situation en ville avait dégénéré davantage ? »
Kazuki haussa les épaules, désintéressé.
« Mais elle ne l'a pas fait. Et honnêtement, je ne vois pas l'intérêt de s'attarder là-dessus. Par contre, » ajouta-t-il en reniflant discrètement, cette odeur de nourriture, « elle vient d'où ? »
Sota ne put retenir un léger éclat de rire, ce qui ne fit qu'accentuer la frustration de Shunpei.
« Vous devriez prendre cela plus au sérieux »
« Je prends toujours ce qui compte au sérieux, » répondit Kazuki avec un sourire narquois avant de commencer à se diriger vers la salle à manger. « Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je crois que le dîner m'appelle. »
Avec un air moqueur, Kazuki entama une promenade dans les corridors du manoir. Il refusa de se laisser abattre par la morosité de la journée et décida d'éviter de participer à la discussion animée en poussant légèrement Shunpei pour continuer son chemin.
Alors qu'il avançait, l'ambiance des couloirs plongés dans une semi-pénombre l'entourait comme une étreinte lourde. Les lanternes suspendues diffusaient une lumière vacillante qui projetait des ombres mouvantes sur les murs, donnant au lieu un aspect à la fois apaisant et oppressant. Le silence régnait, brisé uniquement par le bruit léger de ses chaussures sur le parquet poli, amplifiant la solitude du moment. Kazuki sentait encore le poids de la journée sur ses épaules. Les réunions interminables, les visages tendus, les décisions stratégiques — tout cela formait un brouillard dans son esprit. Une colère sourde persistait en lui, alimentée par les imprévus et la pression constante de maintenir les apparences. Mais il refusa de s'y attarder davantage. « Ce soir, pas de place pour les frustrations, » se dit-il, forçant un calme factice.
En arrivant devant la porte de la salle à manger, il s'arrêta brusquement. Un son inattendu le fit tressaillir : un rire chaleureux, profond et authentique s'échappait de l'autre côté. Kazuki sentit un frisson désagréable courir le long de sa nuque, comme si ce rire ne cadrait pas avec l'image stricte qu'il avait de son grand-père. C'était un homme qu'il voyait rarement cédé à une telle expression de joie, et cette rareté accentuait l'étrangeté du moment.
Intrigué, il resta un instant immobile, ses yeux fixant la porte devant lui. Les ombres dansantes autour de lui semblaient s'arrêter, comme si le domaine lui-même retenait son souffle. Puis, un sourire ironique se dessina lentement sur ses lèvres.
« Eh bien, on dirait que le vieux renard a trouvé une raison de s'amuser, » murmura-t-il pour lui-même, sa voix à peine audible dans l'obscurité.
Poussant la porte avec une assurance décontractée, Kazuki pénétra dans la pièce, son regard balayant rapidement les lieux. Il s'arrêta net en voyant Sayuri assise en face, un léger sourire sur les lèvres. Elle semblait parfaitement à l'aise, échangeant avec une fluidité étonnante avec son grand-père, un homme que Kazuki avait toujours connu comme distant et sévère.
Il sentit une pointe de surprise l'envahir. Il la reconnut immédiatement, ses traits lui étant familiers après avoir scruté des photos d'elle sur Internet, cherchant à saisir le moindre détail de cette fameuse héritière. Cependant, les images qu'il avait vues ne lui rendaient pas justice. Ses longs cheveux, qu'il n'avait jamais remarqués auparavant, étaient laissés libres, tombant en une cascade soyeuse qui rappelait la grâce des portraits classiques japonais. C'était un détail frappant, presque intimidant, tant cela renforçait son apparence d'une élégance naturelle. Pourtant, ce qui attira davantage son attention fut son pyjama simple, mais audacieusement confortable. Voir cette tenue si décontractée à côté de son grand-père, un homme qu'il considérait comme l'incarnation même de la rigueur, lui parut presque irrévérencieux. « Comment peut-elle se sentir aussi à l'aise avec lui ? » pensa-t-il, un mélange de curiosité et de dépit se mêlant à son irritation croissante.
La scène intime qu'ils partageaient provoqua en lui un étrange mélange d'irritation, d'intrigue et, bien qu'il ne l'admettrait jamais, d'un léger sentiment de jalousie. Sayuri, avec sa tenue informelle et son assurance tranquille, semblait défier toutes les attentes qu'il s'était forgées à son sujet.
« Ah. Te voilà enfin. Tu arrives juste à temps pour te joindre à notre conversation ».
Kazuki haussa un sourcil, dissimulant son trouble derrière une façade moqueuse.
« Je dois dire que je suis surpris.. Je ne savais pas que tu pouvais rire aussi librement. Cette vipère aurait-elle des talents cachés pour te charmer ? »
Sayuri tourna son regard vers Kazuki, ses yeux brillants d'une lueur indéchiffrable. Elle ne répondit pas tout de suite, mais un sourire subtil se dessina sur son visage, interprété comme un défi.
« Peut-être devrais-tu t'asseoir et le découvrir par toi-même, » répondit-elle finalement, sa voix calme, mais teintée d'une assurance qui fit légèrement tiquer Kazuki.
Il s'avança lentement, son sourire ironique toujours présent.
« Très bien, découvrons donc ce qui te rend si fascinante, » dit-il finalement, prenant place à table avec un regard perçant, ses pensées toujours fixées sur l'énigmatique héritière.
Il s'avança lentement, son sourire ironique toujours présent. Pendant le dîner, Kazuki ne tarda pas à remarquer que son grand-père avait donné l'ordre de préparer plusieurs plats typiques de Kyoto, des spécialités minutieusement disposées sur la table, allant des sashimis artistiquement découpés à des plats chauds émanant des arômes réconfortants de sa région natale. Tout semblait avoir été pensé pour rappeler à Sayuri un sentiment de familiarité. Cette « comédie » de gentillesse lui fit sourire intérieurement. Renji Ginryu, d'habitude si rigoureux et calculateur, jouait le rôle d'un hôte attentif avec une aisance déconcertante.
Kazuki, cependant, choisit de ne rien dire. Il détourna son attention vers Sayuri, qui semblait parfaitement à l'aise dans cet environnement soigneusement orchestré. Il étudia chaque détail d'elle, comme on décortique un mystère fascinant. La manière gracieuse dont elle tenait ses baguettes trahissait une éducation raffinée, tandis que la légère inclinaison de sa tête lorsqu'elle écoutait Renji témoignait d'une politesse impeccable. Ses expressions faciales — un sourire doux ici, un froncement subtil là — offraient un éventail de nuances intrigantes, oscillant entre la retenue et une confiance discrète. Ce qui captiva le plus Kazuki fut sa manière de répondre. Ses phrases étaient mesurées, jamais trop longues, mais suffisamment précises pour montrer qu'elle réfléchissait avant de parler. Elle semblait maîtriser l'art de maintenir une conversation fluide tout en dévoilant le strict minimum. « Elle sait jouer, » pensa Kazuki, amusé, mais aussi légèrement agacé par cette maîtrise qui le mettait sur ses gardes.
Chaque détail qu'il observait nourrissait sa curiosité, mais aussi son instinct compétitif. Sayuri n'était pas seulement l'héritière d'une famille rivale; elle était une énigme à part entière. Et cette pensée rendait le dîner bien plus captivant qu'il ne l'avait anticipé.
Kazuki s'amusa à décortiquer chacun de ses gestes, comme on analyse un tableau complexe. Ses longs cheveux, tombant en cascade sur ses épaules, semblaient refléter la lumière tamisée de la pièce, ajoutant une touche presque irréelle à son apparence. Il nota la fluidité de ses expressions faciales qu'il commençait à apprécier et jalouser que ses rictus ne lui soit pas destinés : un léger sourire lorsqu'elle écoutait Renji parler, un froncement à peine perceptible lorsque le sujet devenait plus sérieux, et cette manière subtile de détourner les yeux avant de répondre, comme si elle mesurait chaque mot avant de le prononcer. Alors qu'il continuait à l'observer, il ne put s'empêcher de se demander si cette retenue apparente n'était qu'une stratégie pour maintenir le contrôle, ou si elle était simplement naturelle. Chaque détail qu'il captait nourrissait à la fois sa curiosité et son irritation, mais cela rendait ce dîner infiniment plus intéressant qu'il ne l'avait imaginé.
La fin du dîner approchait, et Renji Ginryu, fidèle à son habitude, se leva lentement de table, un geste empreint d'une dignité presque cérémoniale. Tout au long du repas, il avait multiplié les échanges avec Sayuri, abordant avec curiosité son quotidien d'étudiante, ses passions et ses ambitions. Sayuri avait répondu avec une sincérité mesurée, et Renji semblait sincèrement charmé par son intelligence et sa politesse. Kazuki, quant à lui, avait gardé un silence relatif, préférant observer la dynamique qui se construisait sous ses yeux.
Renji passa brièvement son regard de Sayuri à Kazuki, une lueur énigmatique dans les yeux, comme s'il savourait une réflexion silencieuse.
« Je vais vous laisser, » dit-il d'une voix calme. « Prenez le temps de discuter, vous avez beaucoup à apprendre l'un de l'autre ».
Avant de partir, il s'adossa un instant à la table, sortit une fine cigarette de sa poche et l'alluma avec une habileté nonchalante. Kazuki l'imita, allumant la sienne avec un air détachement calculé. Les deux hommes fumèrent quelques instants en silence, la fumée s'élevant en volutes dans l'atmosphère tamisée de la pièce. Sayuri, quant à elle, fit une grimace discrète, visiblement peu friande de cette habitude.
« Vous devriez vous y habituer, » dit Kazuki avec un sourire narquois en remarquant son expression. « Les hommes de cette maison ne changent pas facilement leurs habitudes ».
Renji, amusé, exhala une dernière bouffée avant d'écraser sa cigarette dans un cendrier en laque.
« Kazuki, je vous laisse la responsabilité de veiller sur elle ce soir. Faites preuve de votre meilleure éducation, » ajouta-t-il avec une pointe de moquerie dans la voix avant de quitter la salle.
Avant que l'un ou l'autre ne puisse répondre, il quitta la salle à manger, laissant les deux jeunes seuls dans une atmosphère chargée de tension subtile. Kazuki s'adossa nonchalamment à sa chaise, un sourire moqueur étira ses lèvres.
« Alors, Sayuri, » dit-il en jouant avec ses baguettes, « que penses-tu de cette petite comédie ? Mon grand-père est un excellent acteur, n'est-ce pas ? »
Sayuri leva les yeux vers lui, mais son expression restait indéchiffrable. Elle répondit d'une voix mesurée : « Je ne vois pas cela comme une comédie. Peut-être que tu devrais écouter ce qu'il a à dire avant de le juger ».
Kazuki haussa un sourcil, intrigué par son ton. Mais avant qu'il ne puisse poursuivre la conversation, Sayuri se leva doucement, ajustant les plis de sa tenue avec soin.
« Si tu veux bien m'excuser, » dit-elle poliment, « je vais me retirer ».
Elle tourna les talons et quitta la pièce avec une élégance qui semblait presque calculée. Kazuki resta un moment immobile, surpris par sa réaction. Elle l'évitait. Ce constat éveilla en lui un mélange d'énervement et d'excitation. Il aimait les défis, et Sayuri venait de se transformer en un mystère qu'il était déterminé à déchiffrer.
Se levant rapidement, il décida de la suivre. Les couloirs du manoir, plongés dans une pénombre seulement troublée par la lumière tamisée des lanternes, amplifiaient l'atmosphère de jeu de cache-cache qui s'installait. Kazuki accéléra le pas, ses chaussures émettant des bruits feutrés sur le parquet ancien.
« Sayuri, » appela-t-il d'une voix teintée de malice. « T'es pas obligée de fuir comme ça. Je suis bien plus intéressant que tu le crois ».
Elle ne répondit pas, mais il entendit le bruissement léger de ses pas s'éloignant davantage. Il sourit, réalisant qu'elle choisissait consciemment de l'ignorer, et cela ne faisait qu'attiser sa curiosité.
Il tourna un coin, la repérant enfin au loin. Sayuri s'était arrêtée devant une fenêtre donnant sur le jardin du manoir. La lueur de la lune baignait son visage, accentuant l'expression pensive qu'elle arborait. Kazuki ralentit, observant cette scène comme s'il s'agissait d'un tableau vivant.
« Tu sais, » poursuivit-il en s'approchant doucement, « Tu devrais pas m'ignorer. Je pourrais finir par penser que tu as peur de moi ».
Sayuri se tourna lentement vers lui, son regard à la fois calme et perçant.
« Ce n'est pas de la peur. Je préfère simplement éviter des conversations inutiles ».
Il éclata de rire, un son clair qui résonna dans le couloir vide.
« Inutile ? Tu es sévère. Mais cela ne fait que renforcer mon envie de te connaître davantage ».
Sayuri haussa un sourcil, mais ne répondit pas. Elle se retourna vers la fenêtre, coupant court à l'échange. Kazuki, pour une fois, accepta de ne pas insister. Il s'adossa au mur voisin, les bras croisés, observant le jardin à son tour. Pourtant, un sourire narquois finit par étirer ses lèvres alors qu'une pensée lui traversait l'esprit.
« Dis-moi, » demanda-t-il soudain, sans masquer son ton provocateur, « est-ce que tout ce calme et cette retenue cachent quelque chose d'autre ? Tu joues parfaitement le rôle de l'héritière parfaite, mais... y a-t-il une vraie vipère sous cette surface polie ? »
Sayuri tourna lentement la tête vers lui, son regard se durcissant légèrement. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre, sa voix teintée d'une froideur calculée : « Et toi, Kazuki ? Est-ce que ton petit sourire narquois et t'es remarques acerbes cachent quelque chose de faiblard, ou est-ce tout ce que vous êtes capable d'offrir ? »
La réplique frappa Kazuki de plein fouet, mais au lieu de se vexer, il éclata d'un rire bref et aigu.
« Toucher, » dit-il en haussant les mains, un air faussement impressionné sur le visage. « Tu as du mordant, je dois l'admettre ».
Sayuri ne réagit pas, se retournant vers la fenêtre, son expression redevenant pensive. Kazuki observa le profil de son visage quelques instants, mais la tension montait en lui. Il n'était pas habitué à être défié de cette manière, et cela l'agaçait autant que cela l'intriguait.
Finalement, il se détacha du mur avec une brusquerie contenue, jetant un dernier regard à Sayuri avant de se tourner pour partir. Ses pas étaient rapides, presque rageurs, et lorsqu'il atteignit sa chambre, il claqua violemment la porte derrière lui, faisant trembler les cadres sur les murs voisins.
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