7. Communiquer
"Tout refus de communiquer est une tentative de communication ; tout geste d'indifférence ou d'hostilité est appel déguisé.
Albert Camus
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— Comment tu vas aujourd'hui mon grand ? demandai-je à Noé en m'installant en face de lui.
Cela faisait quelques minutes qu'il était installé dans la salle commune, à la même table qu'il occupait souvent lorsque son frère lui rendait visite. Je savais qu'il avait eu une séance de rééducation ce matin et j'avais vu Léon le ramener ici. Noé ne semblait pas aimer rester trop longtemps seul dans sa chambre. En même temps je le comprenais, ça ne devait pas toujours être sympa de rester tout seul dans une pièce, surtout lorsque cela faisait des mois qu'on était hospitalisé. Ça ne pouvait que lui faire du bien pour son moral de voir d'autres gens et de ne pas rester isolé.
Et les jours où il refusait de sortir de sa chambre étaient justement ceux où il n'allait pas bien, les jours plus compliqués qu'on devait malheureusement redouter, et tout faire pour améliorer. Mais aujourd'hui il était là, assis dans un rayon de soleil, en train de dessiner tranquillement et j'étais heureux de ne pas le voir si perturbé que ça par sa séance. La rééducation pouvait être difficile et fatigante, même décourageante parfois lorsque tout n'allait pas assez vite au goût des enfants, mais elle était essentielle. Et il était rare de voir ces mini-humains courageux abandonner leurs objectifs. Ils savaient que ça leur permettrait d'aller mieux.
Noé avait directement levé les yeux vers moi lorsque je m'étais approché et assis en face de lui, m'accordant un petit sourire. A la question que je venais de lui poser, il se contenta de hausser les épaules. Au moins c'était une réponse assez honnête, je me doutais que tout ne pouvait pas aller à la perfection, mais je m'inquiétais tout de même. Je tenais à ce que tous les enfants de ce centre se sentent au mieux possible. Et puis Noé faisait beaucoup de progrès ces derniers temps, j'espérais qu'il s'en rendait compte.
— Comment s'est passé ta séance de rééducation ? lui demandai-je alors, curieux et intéressé de commencer à communiquer avec lui.
Noé commença par m'adresser un pouce en l'air, ce que je compris sans difficulté, avant d'enchaîner d'autres signes qui restait encore pour moi un mystère. Le petit garçon m'observa ensuite pendant quelques secondes et il dut juger mon expression faciale, y décelant visiblement de l'incompréhension et de la réflexion pour tenter de mieux le comprendre, puisqu'il m'adressa un petit sourire. Noé attrapa alors une feuille et un de ses crayons afin d'y écrire quelque chose. Il me fit ensuite glisser la feuille sur laquelle un seul simple mot y était écrit.
Fatigué
Evidemment, il s'agissait de l'écriture d'un enfant de huit ans, et il y avait peut-être être une petite faute d'orthographe mais j'appréciais tous les efforts qu'il faisait pour communiquer et ne pas se renfermer. Dans le service, tout le monde était d'accord pour dire que Noé était un petit garçon très débrouillard et toujours volontaire pour parvenir à communiquer. Il se débrouillait toujours pour arriver à se faire comprendre, et même s'il était assez solitaire et ne semblait pas s'être beaucoup lié d'amitié avec d'autres mini-patients, il ne rechignait jamais à discuter avec les membres du personnel. Il était déterminé.
Et moi, j'avais envie de pouvoir mieux le comprendre, et de découvrir cette langue qui était toute nouvelle pour moi. Je voulais rendre la communication plus facile entre nous, et je savais que c'était à moi de faire un effort, de faire un pas vers lui.
— Dis-moi, Noé, tu crois que tu pourrais m'apprendre quelques signes ? proposai-je alors. J'arriverais mieux à te comprendre comme ça. Juste quelques bases. Tu es d'accord ?
Avec un grand sourire, Noé hocha la tête avant de me faire signe de lui redonner la feuille qu'il venait d'utiliser. Dessus, il écrivit deux mots ; "bonjour" et "merci". Il me laissa le temps de lire avant de placer sa main à plat, paume face à lui, tous ses doigts complètement collés ensemble, au niveau de sa bouche. Puis il l'avança vers moi dans un mouvement plutôt rapide.
J'avais déjà vu ce signe, et de ce que j'avais compris il était valable pour les deux mots de politesse que Noé venait de me donner. Dans un sourire, et un souci de mieux comprendre et de m'entrainer à cette nouvelle langue, je l'imitais et reproduisis donc ce signe. Le petit garçon hocha vivement la tête pour me signifier que je faisais ce qu'il fallait. Il avait l'air content, alors cela me rendait aussi heureux.
Noé récupéra la feuille pour m'y noter le troisième mot, et m'apprendre le deuxième signe de ce premier cours sur la langue des signes. Il s'agissait cette fois-ci du mot "s'il te plaît". Avec sa main, Noé garda la même configuration que tout à l'heure sauf qu'il plaça sa paume vers moi cette fois-ci puis il la colla contre le côté de son visage, son pouce contre sa joue, avant de la faire glisser le long de celle-ci. Comme tout à l'heure, je l'imitais pour mieux imprégner ce signe dans mon esprit. Jusqu'ici, c'était assez facile.
Mais cela se compliqua légèrement lorsque Noé choisit le prochain mot ; "famille". Je devais bien l'admettre, il me fallut deux essais avant de réaliser ce signe correctement. Pourtant le geste que Noé me montrait était clair, mais il fallait croire que je n'étais pas doué pour la coordination de mes doigts. Noé semblait, lui, très à l'aise, et pour ce signe il lui avait suffit de placer ses deux mains l'une à côté de l'autre, d'écarter tous ses doigts puis de faire un mouvement circulaire, chacune des mains vers leur extérieur, avant qu'elles ne se rejoignent en refermant tous les doigts dans une sorte de bec de canard. Et finalement, avec un peu de pratique, je réussis à le répéter.
Souriant, et vraisemblablement heureux de partager ça avec moi, le garçon récupéra encore une fois la feuille pour y écrire un autre mot ; "frère". Depuis le début de cette séance, c'était lui et seulement lui qui choisissait les mots qu'ils m'apprenaient, et après les trois formules de politesse, il semblait vouloir m'apprendre des mots qui lui tenaient à coeur. Je savais à quel point son frère était important pour lui, et à quel point le sentiment était réciproque.
Pour ce signe, Noé leva ses mains, paumes devant moi. Ses doigts étaient tous écartés avant qu'il n'abaisse ses deux index, collant ensuite ses pouces contre ces derniers. Puis il tapota ses deux mains l'une contre l'autre. Comme pour le précédent signe, je mis quelques secondes à bien placer mes doigts avant de l'effectuer correctement. Et lorsque je réussis, je fus récompensé d'un autre grand sourire de la part de Noé.
— Tu l'aimes très fort ton frère, pas vrai ? lançai-je alors soudainement, attendri.
Noé, les yeux brillants, hocha vivement la tête avant d'écarter grandement les bras. Il ne s'agissait plus d'un petit garçon qui signait pour se faire comprendre, mais d'un enfant comme un autre qui exprimait et mesurait son amour pour un de ses proches en déployant ses bras autant qu'il le pouvait.
J'étais si enthousiaste et enjoué de voir Noé se comporter ainsi, sourire, et m'apprendre un moyen de communiquer avec lui que je ne remarquai pas tout suite cette personne qui s'avançait dans notre direction, je n'entendis pas ces pas se rapprocher derrière moi. Par contre je vis le regard de Noé s'illuminer lorsqu'il releva la tête, et son bras se tendre vers cette personne comme pour l'inviter à nous rejoindre.
— Qu'est-ce que vous faîtes ? demanda alors une voix que je reconnu aussitôt.
Je me retournai alors légèrement et relevai vivement la tête dans sa direction. Je tombai directement dans les yeux chocolat d'Axel qui m'observait à son tour avant de reporter son attention sur Noé qui répondait à sa question de quelques signes. J'eus alors le plaisir de voir le jeune homme sourire avant que son regard ne plonge à nouveau dans le mien. Et cela ne devrait pas faire battre mon coeur un peu plus vite, mais je ne semblais pas pouvoir l'en empêcher.
J'essayai pourtant de ne pas y penser et préférai plutôt profiter de la présence d'Axel pour lui parler. Je devais le convaincre de me laisser être là pour lui, rien qu'un petit peu. Je n'arriverai pas à me détacher de lui tant que je ne me serais pas assuré qu'il aille bien, lui et son frère.
— Est-ce que je peux te parler ? lançai-je alors d'une voix que je voulais douce et convaincante. S'il te plaît. Rien que deux minutes.
Axel continua de m'observer un instant, et je pouvais presque voir les rouages de son cerveau tourner, avant de jeter un coup d'œil à Noé. Il hésitait, mais j'attendais tout de même sa réponse patiemment. Le jeune homme échangea quelques signes - que je ne comprenais évidemment pas - avec son frère avant que ce dernier ne hoche la tête.
— D'accord, deux minutes, finit-il par me répondre.
Axel s'avança vers son frère pour déposer un baiser sur son front puis lui assura qu'il reviendrait très vite. Je le laissai passer devant lorsqu'il se redressa puis le suivis jusqu'à la petite cour extérieure où nous serons tranquilles pour discuter. Néanmoins, je remarquai à travers la baie vitrée le regard de Nicolas, mon collègue et ami. Ce devait être l'heure de sa pause et à en juger par l'air concerné qu'arborait son visage, il s'inquiétait toujours pour moi.
— Alors comme ça mon frère t'apprend à signer ? commença Axel, me poussant à reporter mon attention sur lui.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne la parole en premier et cela me fit plaisir, même si je savais qu'engager la conversation sur un tout autre sujet que celui que je voulais aborder n'était qu'une feinte pour le repousser un peu plus. Cependant tant qu'il me parlait, ça m'allait.
— Oui, il a accepté de m'apprendre quelques mots, quelques signes, dis-je. Je suis curieux d'apprendre cette langue et je voulais pouvoir communiquer avec lui.
— Il ne connait pas encore tous les signes, et la façon de signer certaines phrases, et moi non plus d'ailleurs puisque ça fait seulement quelques mois qu'on a dû être plongé dans ce monde-là, mais il aime ça, précisa Axel. Il aime communiquer avec moi de cette façon et moi je suis content qu'il ne se renferme pas malgré son aphasie. J'avais tellement peur de le perdre à cette époque, peur qu'il se coupe du monde.
Je voyais l'émotion dans ses yeux, évidemment tout ça l'avait affecté, et l'affectait encore. C'était difficile de voir un membre de sa famille affaibli, et voir son petit frère ainsi devait être terrible. Surtout quand on faisait face à l'inconnu. Et puis il n'avait pas tort dans son inquiétude, il n'était pas rare qu'une aphasie liée à un traumatisme cause aussi un effacement, un isolement et une difficulté ensuite à socialiser. Mais Noé, malgré tout ça, restait ouvert et souriant. Les mauvais jours étaient encore une réalité mais il s'en sortait toujours.
— Noé est un petit garçon très volontaire, soulevai-je d'un ton doux. Il a tout ce qu'il faut pour être bientôt remis sur pied, et toute l'équipe est là pour l'aider.
Axel se contenta de hocher la tête avant de la baisser, observant alors ses chaussures. Il se balançait légèrement sur lui-même, les mains dans les poches.
— Alors, pourquoi tu voulais me parler ? me demanda-t-il finalement d'une petite voix.
— Je veux t'aider, dis-je de but en blanc, même si j'avais l'impression de me répéter ces derniers jours. Je connais tes réticences, mais je sais que je peux t'apporter quelque chose, si tu veux bien me laisser faire.
— Tu n'abandonnes jamais, pas vrai ? lança-t-il en relevant cette fois-ci vivement la tête vers moi et plantant un regard franc dans le mien.
— Je te l'ai dit, je suis un peu obstiné parfois, souris-je dans une grimace.
— Et tu aides toutes les familles de tous tes patients, peut-être ? soupira-t-il, comme blasé. Ça m'étonnerait. Et puis qu'est-ce que tu pourrais faire pour nous ? Tu t'occupes déjà de Noé, et c'est très bien, je t'ai déjà dit que c'était le plus important.
— Je pourrais faire plus, assurai-je. Bien sûr que je vais continuer d'aider Noé, c'est mon travail, mais je ne peux pas rester là à te regarder subir tout le reste. Tu me l'as dit toi-même, tu es seul face à la situation et je ne suis pas aveugle, tu es épuisé. Je ne voudrais pas que tu finisses par exploser en t'obstinant à refuser toute aide extérieure. Je peux être là pour te soulager si tu en as besoin. Tu es très généreux, tu es dévoué pour ton frère, mais tu dois bien reconnaître que c'est une grande responsabilité, c'est normal que ça devienne parfois lourd à porter, alors tu ne devrais pas rester seul, Axel. On commence à se connaître toi et moi, on n'est plus totalement des inconnus, et je veux t'aider à traverser ça. Je peux être là pour toi comme je suis là pour aider Noé.
— Et comment tu ferais ça ? rétorqua-t-il. Je ne suis pas un de tes patients, et on n'est même pas vraiment amis.
— Ça ne m'empêchera pas d'être là quand tu en auras besoin. Et je suis sûr qu'il y a plein de choses que je pourrais faire pour toi, pour te soulager. Je peux t'aider à faire des papiers pour l'hôpital si jamais tu as besoin de clarifications ou d'un œil neuf, je me doute que tu as des formulaires à remplir et des frais médicaux à régler. Et j'ai compris à quel point la situation était compliquée avec votre mère et que le dialogue semble difficile à renouer mais on peut quand même essayer de trouver un moyen de lui donner une nouvelle chance, enfin seulement si tu en as envie. Ou je peux simplement être là pour t'écouter. Et je suis sûr que je peux encore trouver beaucoup d'exemples pour lesquels je pourrais me rendre utile.
Axel arborait une expression dubitative, qui s'était encore renforcée lorsque j'avais mentionné sa mère. Il était difficile à convaincre, mais je voyais cette lueur au fond de ses prunelles chocolat, cette faille. Il avait peut-être du mal à l'accepter, cette main tendue, mais je crois qu'il commençait au moins à prendre conscience qu'il en avait besoin. Du moins je l'espérais.
— Pourquoi tu tiens tant à faire ça pour moi, pour nous ? s'enquit-il dans un murmure. Corrige-moi si je me trompe mais tu n'es pas censé t'impliquer autant.
— Je te l'ai dit, on se connaît déjà un peu toi et moi, répondis-je doucement et sincèrement. On ne s'est pas rencontrés dans ce centre mais à l'extérieur des murs de cet hôpital. J'ai appris à te connaître pendant ce déjeuner, du moins un peu, alors je ne peux pas faire comme si tout ça n'importait pas, comme si tu n'étais personne pour moi. Et je ne peux pas ne pas m'impliquer, j'arrive pas à faire ça. Parce que je... je tiens à toi, Axel.
J'eus à peine le temps de terminer ma phrase qu'il avait détourné le regard, tournant son visage certainement dans l'objectif que je ne vois pas ses joues rougir. C'était trop tard pourtant, j'avais bel et bien remarqué cette douce couleur habiller ses pommettes. Difficile de rater ça, très honnêtement, avec les rayons du soleil qui éclairaient juste assez son visage pour les mettre en valeur et faire aussi ressortir ses tâches de rousseur.
Je n'avais pas spécifiquement prévu de dire ça, c'était simplement sorti sincèrement. Et peut-être que c'était un peu trop, peut-être que ce n'était pas la chose à dire si je ne voulais pas le repousser encore plus ou lui faire peur, mais c'était vrai après tout, je tenais à Axel, et je ne laisserai pas tomber.
— J'ai déjà des gens pour m'aider, lâcha-t-il finalement dans un soupir alors qu'il se décidait à nouveau à me regarder dans les yeux. Je ne suis pas si seul.
— Et est-ce que c'est si grave que ça d'avoir une personne en plus ? soulevai-je. Tu pourrais avoir quelqu'un avec qui parler de Noé, me dire tout ce que tu as sur le cœur à tout moment, tout ce qui t'inquiète, n'importe quand, n'importe quoi, sans tabous, je serais là pour t'écouter. Ou alors tu pourrais simplement me parler cinéma pour t'évader.
Le visage neutre, Axel me fixa quelques secondes, sans rien dire, immobile. Cela me sembla à nouveau durer une éternité, c'était si facile de me perdre dans son regard. Fascinant et terrifiant. Finalement, Axel poussa un très léger soupir avant de remonter ses lunettes de son index, rompant alors notre échange de regard.
— Tu vas continuer d'insister ? souffla-t-il alors.
— Je le crains, répondis-je dans un haussement d'épaule. Ecoute Axel, je ne veux pas te forcer la main, mais je veux juste être sûr que tu aies quelqu'un à tes côtés pour faire face. Je voudrais être quelqu'un sur qui tu puisses te reposer, si tu me laisses faire.
— Il faut... Il faut que je réfléchisse à tout ça, murmura-t-il.
— Bien sûr, prends ton temps, concédai-je. Ou alors, on pourrait y réfléchir ensemble pendant un autre déjeuner.
Je lui adressai un grand sourire innocent alors que, lui, m'envoyait un regard noir. Soudainement il n'était plus timide mais franchement blasé. Et je devais bien avouer que j'aimais voir se chevaucher ces deux facettes de sa personnalité.
— Allez, juste un nouveau déjeuner cinéma, repris-je dans une moue que je souhaitais irrésistible. Il paraît que tu as encore plein de choses à m'apprendre sur le cinéma. J'y connais pas grand chose, je pourrais avoir besoin d'un autre cours, et de ta culture. On pourrait se voir mercredi par exemple ?
— Je ne suis pas au cinéma le mercredi, souleva-t-il.
— Je sais, tu travailles au vidéoclub, souris-je. Et ça ne change rien.
— Tu t'en souviens ? s'étonna-il.
— Evidemment, je t'écoute, et je retiens ce que tu me dis.
Le timide sourire qu'Axel m'adressa était tout ce qu'il me fallait pour me dire que je prenais la bonne décision. C'était peut-être égoïste, c'est vrai, mais je voulais continuer de le voir sourire.
— Ecoute, Camille, je dis pas non, mais j'ai besoin d'un peu de temps, me dit-il avec honnêteté. Tu sais, je ne m'attendais pas à ce que tu prennes cette place dans ma vie. J'ai besoin d'avoir les idées claires sur ce que ça engendrerait si je te laissais faire. Quand... quand on a déjeuné ensemble, j'imaginais pas que ça prendrait ce tournant.
— Je sais, et je comprends. Je ne m'attendais pas à ça non plus, reconnus-je. Mais on n'a pas besoin de rendre ça compliqué, et quoi qu'il arrive je m'adapterai à ton rythme. Et pour aujourd'hui je te dérange pas plus longtemps. Tu peux retourner voir ton frère, je suis sûr qu'il t'attend.
D'un geste délicat et que je voulais réconfortant, je posai quelques secondes une main légère sur son bras tout en lui adressant un sourire. Comme tout à l'heure, son regard s'ancra dans le mien quelques secondes avant qu'il ne hoche la tête. Il ne tarda pas à se reculer pour reprendre le chemin du centre.
Je restai encore un instant à l'extérieur, observant discrètement à travers la fenêtre Axel rejoindre son frère et le prendre dans ses bras. Ils étaient adorables tous les deux, et ils ne méritaient rien d'autre que de guérir du drame qui leur était tombé dessus et d'être heureux.
Je passai une main dans mes cheveux puis me décidai à rentrer après un soupir. Lorsque je passai la porte, je remarquai rapidement que Nicolas était toujours là, à son poste, près du comptoir. Je tentai d'ignorer son regard sur moi et de passer à ses côtés sans me préoccuper de lui. Je me doutais déjà de ce qu'il me dirait sinon. Malheureusement, c'était sans compter sur la détermination de mon ami.
— Cam ! m'interpella-t-il, et je fus bien obligé de me retourner. T'as une minute ?
Je retins un nouveau soupir et m'approchai de lui, tout sourire, en tentant de cacher mon malaise. Je ne voulais pas qu'il se fasse des idées, et je craignais qu'il me fasse la morale.
— Qu'est-ce qu'il se passe avec Axel Moreau ? me demanda-t-il franchement.
— Rien, j'étais juste en train de lui parler de Noé, répondis-je rapidement. Tu sais qu'il m'a appris quelques signes tout à l'heure ?
— Oui j'ai vu en passant, et c'est très bien que tu communiques avec lui, dit-il sincèrement. Mais tu sais très bien que ce n'est pas à propos de Noé que je m'inquiète.
— Je vois pas de quoi tu parles, éludai-je en tentant un pas sur le côté pour partir, ou m'enfuir.
— Camille, fais juste attention à toi, soupira-t-il. Je te connais et je sais que tu t'es probablement fais une mission de les aider. Ça fait des années qu'on se connaît toi et moi, je sais comment tu fonctionnes. Et je sais à quel point tu t'attaches vite. Je veux juste que tu fasses attention à toi, Cam, parce que je ne veux pas que ça te retombe dessus à la fin, et je ne veux pas que tu souffres. Je serais là quoi qu'il arrive, mais j'aimerais éviter de ramasser mon meilleur ami à la petite cuillère une nouvelle fois.
Je baissai les yeux, le ventre noué, ne souhaitant pas réellement me rappeler de ce passage de ma vie. C'était vrai, j'étais passé par là il y avait quelques mois de ça seulement, et Nicolas avait été présent pour moi. Et je savais qu'il le serait encore si j'en avais besoin, tout comme je savais qu'il s'inquiétait pour moi. Mais il n'y avait pas de raison. Je voulais juste faire un geste bienveillant pour aider mon prochain, un jeune homme seul et vraisemblablement perdu. Quant à mes sentiments, je saurais les gérer cette fois-ci.
— T'inquiète pas, je gère, lançai-je finalement en lui donnant une légère tape sur l'épaule avant de m'en aller vers la suite de mon planning.
En réalité, je ne savais pas du tout si je gérais la situation. Mais je savais que je devais le faire. Et je savais que je ne regretterais pas cette décision, quoi qu'il arrive.
⭐️⭐️⭐️
Hey !
Comme toujours, je suis vraiment contente de vous retrouver pour ce nouveau chapitre. Je m'excuse vraiment si les updates entre chaque chapitre peuvent paraître longs mais c'est vrai qu'en ce moment j'ai beaucoup de mal à rester concentrer là-dessus, à écrire, un peu de mal à trouver mon inspiration. Mais je continue, toujours, parce que j'aime partager avec vous et j'aime mes petits personnages que j'ai envie de faire avancer.
Je vous remercie d'être toujours là et toujours si patients avec moi !
En tout cas pour ce chapitre, on voit Camille commencer à communiquer avec Noé, pour moi c'était important qu'ils puissent échanger et que Camille veuille en apprendre un peu plus sur la langue des signes. Alors vous me direz si les signes sont bien décrits, si c'est clair, parce que je dois bien vous avouer que ce n'est pas la chose la plus facile à faire... Quant à Axel, on fait des petits pas, non ??
Bon, j'ai hâte de savoir, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Ce moment entre Camille et Noé ? Camille qui apprend quelques signes ?
Axel ? Est-il en train de craquer ?
Vous pensez que Camille a dit ce qu'il fallait pour convaincre Axel ? Vous a-t-il convaincu ?
Et Nicolas, inquiet pour son ami, vous comprenez ?
Je suis vraiment impatiente de lire tous vos commentaires et d'y répondre, j'adore réellement partager avec vous !
Bon, vous le savez, je ne sais pas quand sera posté le prochain chapitre, mais je fais toujours de mon mieux. Vous serez avertis quand tout sera prêt pour la prochaine publication.
Et au fait, êtes-vous prêts à retrouver Axel ? Parce que le prochain chapitre sera à nouveau de son point de vue ;)
J'ai déjà hâte de vous le poster !
En attendant, je vous souhaite une très bonne soirée / journée / semaine et je vous embrasse !
À bientôt, T.
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