40. Dans Son Élément

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Un sourire attendri au coin des lèvres, je regardai Noé évoluer dans l'eau. Évidemment, il avait toujours ses brassards, et il ne restait jamais trop loin de nous – il était même bien escorté par Axel à cet instant – mais il se débrouillait très bien.

Nous étions de retour à la piscine. Bon, ce n'était pas exactement le même bassin que la dernière fois, et il ne nous était plus exclusivement réservé puisque celui-là était publique et nous étions cette fois-ci conforment aux horaires d'ouverture. Il y avait un petit peu de monde, certainement dû aux fortes chaleurs qui s'abattaient ces derniers jours sur la région parisienne, mais cela restait raisonnable et Noé arrivait très bien à gérer cette foule. C'était lui, d'ailleurs, qui n'avait cessé de me tanner pour qu'on retourne à la piscine. Il voulait absolument que je les y emmène à nouveau, lui et son grand frère.

Qui étais-je pour refuser les volontés de ce petit garçon ?

Alors, maintenant que j'avais un petit peu plus de temps devant moi, j'avais décidé de leur accorder la journée et j'étais venu les chercher une heure plus tôt à leur appartement pour leur offrir cette petite escapade. Et depuis, Noé était comme un poisson dans l'eau – c'était le cas de le dire. Il était si heureux et à l'aise. Ses douleurs à la hanche lointainement oubliées, il semblait dans son élément.

Je crois qu'il adorait ça. Axel m'avait déjà expliqué que son petit frère avait beaucoup aimé apprendre à nager, il disait qu'il se sentait bien dans cet élément. Et mon petit-ami m'avait confié que Noé avait eu peur de ne plus pouvoir aller dans l'eau après son accident, avec sa jambe abîmée et sa marche compliquée.

Mais il avait progressé. Et ce que je voyais aujourd'hui, alors qu'il nageait tranquillement aux côtés de son frère, c'était un grand potentiel. S'il aimait tant ça, et si l'eau lui permettait de continuer une certaine rééducation, lui permettait d'aller mieux et d'oublier ses douleurs, alors je me demandais si Noé serait intéressé pour venir à la piscine plus régulièrement.

C'était une idée qui me trottait dans la tête depuis quelques temps et j'avais bien l'intention d'en parler avec Noé et son grand frère.

Mais, en attendant, je me contentai de les regarder avec un grand sourire. Ils étaient adorables. Je restai quelques minutes ainsi, assis au bord de la piscine, jusqu'à ce que Axel me rejoigne. Désormais aidé d'une frite, Noé voulait se débrouiller tout seul. Évidemment, nous ne le quittions pas des yeux.

— Il se débrouille vraiment bien, dis-je à Axel.

Ce dernier hocha la tête en s'installant à côté de moi.

— Franchement il m'impressionne, admit Axel. Et il aime vraiment ça. Si tu savais combien de fois il m'en a parlé depuis qu'on a eu sa date de sortie du centre ! Il était en boucle. Mais je crois que ça lui fait vraiment du bien.

— Si c'est quelque chose qu'il aime alors ce sera toujours bénéfique pour lui, acquiesçai-je. Sa séance de kinésithérapie s'est bien passée ?

Ce n'était pas parce que Noé était sorti du centre qu'il était libéré de tous les spécialistes qui continuaient de l'aider dans sa guérison. Et il me tenait à cœur suivre son parcours.

— Oui, confirma Axel. Il était très motivé et sa kiné est efficace mais douce. J'avais cette petite appréhension qu'il ne veuille plus être aussi assidu dans ces séances maintenant qu'il n'est plus au centre et qu'il est libre, mais il est toujours déterminé. Donc ça se passe bien. Je trouve ça déjà extraordinaire qu'il ait retrouvé la marche, maintenant j'espère secrètement qu'il pourra aussi travailler sur son traumatisme et qu'il arrivera à reparler un peu. Quand il se sentira prêt, bien sûr.

— Ça prend souvent un peu plus de temps que des douleurs physiques, dis-je doucement. Mais je suis certain que ça reviendra un jour. Je n'ai jamais vu un petit garçon aussi fort et aussi déterminé que Noé.

— J'espère. Sa voix me manque.

La voix d'Axel était petite, cette phrase n'avait été qu'un souffle presque inaudible. Je savais que c'était encore la dernière chose qui pesait sur son cœur. Je passai une main délicate et discrète dans ses cheveux, en signe de réconfort. Je n'aurais pas donné mon avis si ce n'était pas honnête et si je ne croyais pas en mes mots. Ce n'était pas des paroles en l'air lorsque je lui disais que, à mon sens, Noé avait toutes les capacités pour vaincre ce dernier obstacle.

— Comment s'est passé l'emménagement de Noé ? demandai-je soudainement, pour changer légèrement de sujet.

— Très bien ! s'enthousiasma Axel, son sourire retrouvé. Je vais pas te mentir, il était un peu triste de quitter sa mère, mais il était très content de découvrir l'appartement. Et sa chambre aussi ! il a passé une heure à l'inspectée. Merci de m'avoir aidé à la décorer.

— C'est normal, murmurai-je, heureux. Je suis content que ça lui plaise. Il s'est bien acclimaté à la vie avec toi, alors ?

— Oui, on est toujours en train de prendre nos petites habitudes, répondit-il. C'est pas tous les jours facile, et je te cache pas que c'est un peu bizarre de se retrouver juste tous les deux, on n'a jamais vécu ça. Mais c'est agréable. Mes moments préférés pour l'instant c'est quand je prends le petit-déjeuner avec lui et sa petite tête pas réveillée ou quand il se blotti contre moi le soir dans le canapé. Ces derniers jours c'est toujours comme ça qu'il s'endormait.

Rien qu'à imaginer cette scène, mon sourire s'agrandit encore plus sans que je ne me rende vraiment compte.

— J'aurais aimé pouvoir voir ça, soufflai-je simplement. Vous devez être trop mignons.

— Tu peux, nous voir, répliqua-t-il en plantant ses jolis yeux chocolat dans les miens. Il suffit juste que tu nous rendes visite. Je te promets que ça ne perturbera pas Noé.

Visiblement, Axel avait deviné la raison pour laquelle je ne leur avais pas rendu visite depuis les quelques jours où ils avaient emménagé tous les deux. C'était premièrement parce que je voulais leur laisser le temps de s'installer, de prendre leurs marques et de s'habituer à cette nouvelle vie ensemble. Mais Axel avait raison, il y avait aussi cette petite inquiétude. Je ne voulais pas m'imposer et je ne voulais pas que Noé soit mal à l'aise de me voir plus régulièrement si je venais rendre visite à mon petit-ami. Même si je venais aussi pour lui.

Mais, alors que Axel me rassurait avec cette simple petite phrase, je me rappelai que Noé nous avait assuré à tous les deux qu'il s'en fichait. Et qu'il aimait bien passer du temps avec moi. Alors, oui, cette inquiétude était certainement inutile.

Après un dernier regard vers les yeux convaincants d'Axel, je hochai la tête pour lui assurer que le message était bien passé.

— Et je t'ai pas dit ! s'exclama soudainement Axel après quelques minutes de silence. Noé s'est déjà fait une pote dans l'immeuble.

Je tournai la tête vers Axel avec un léger rictus amusé et un sourcil haussé, intrigué. Je n'eus pas besoin de vocaliser mon intérêt pour que Axel le comprenne. Il avait toute mon attention, je voulais qu'il m'explique.

— Le jour où Noé a emménagé avec moi, commença-t-il. On a fait un peu de bruit avec les différents allés et retours pour amener toutes les affaires. Et pendant notre dernier voyage, on a croisé une petite fille qui sortait d'un appartement du rez-de-chaussée avec sa maman. Et elle a tout de suite été curieuse en nous demandant si on était des nouveaux voisins, ou si on revenait de vacances à cause de nos valises. Sa maman s'est excusée pour sa curiosité, même si c'était pas bien grave, et finalement on a discuté un peu. La petite s'appelle Sanaa et elle a le même âge que Noé. Et je crois qu'elle est bien décidée à être amie avec mon frère.

Je ris en même temps qu'Axel. La situation était définitivement cocasse. Une petite fille inconnue qui voulait directement se lier d'amitié avec un petit garçon timide et qui ne faisait que redécouvrir la vie à son rythme pour l'instant.

— Comment a réagi Noé ? voulus-je alors savoir.

— Il était tout silencieux et presque apeuré au début, me dit Axel en arborant un sourire attendri. Tu sais comme il est réservé quand il ne connait pas la personne. Une fois qu'il est à l'aise ça va beaucoup mieux, mais c'est vrai que là c'était si soudain. Mais la petite et sa mère étaient très gentilles, alors je pense que ça l'a rassuré. Et je crois qu'il a bien apprécié aussi de trouver quelqu'un de son âge dans l'immeuble.

— Je suis vraiment content pour lui, assurai-je. Il reprend une vie normale et se fait des amis, ça va lui faire du bien.

Axel hocha la tête en continuant de couver son frère du regard.

— Il a pu revoir Tiago aussi, reprit-il. Tu sais, le petit garçon du centre avec qui il s'entendait bien. J'ai gardé contact avec ses parents et j'ai pu les inviter à la maison hier après-midi. Ils sont très gentils, et Noé était vraiment content. Tiago arrive à booster Noé, c'est adorable à voir.

— J'ai pas passé beaucoup de temps avec Tiago mais ça se voyait aussi au centre, rajoutai-je. C'est un garçon extraverti et amical, il a vraiment aidé Noé à sortir de sa coquille. C'est bien que vous ayez pu garder contact avec cette famille.

— Je pense qu'on va continuer à se côtoyer, parce qu'il ira dans la même école que Noé, m'apprit-il. Tu sais, j'ai fait toutes les démarches pour réinscrire mon frère à l'école et quand j'en parlais avec les parents de Tiago ils m'ont dit que leur fils était inscrit au même endroit. Ils n'habitent vraiment pas loin de chez nous. Et Sanaa aussi sera dans la même école !

— C'est génial ! m'exclamai-je. Tu dois être rassuré, Noé pourra retrouver des personnes qu'il connait. Peut-être même que Tiago et Sanaa s'entendront bien aussi et ils formeront un vrai groupe d'ami. Tu crois qu'ils pourraient rester amis jusqu'à leur adolescence, voire même après ? Comme une sorte de golden trio ?

J'étais complètement enthousiaste d'un seul coup, et Axel sembla le remarquer puisqu'il m'observa avec un sourcil haussé et un rictus amusé. Je me projetai peut-être un peu trop mais j'étais réellement heureux de déjà voir Noé lier des amitiés et trouver des enfants de son âge avec lesquels s'amuser. Il avait besoin de ce lien social, ça allait lui faire beaucoup de bien.

Je me sentais même ému. Presque comme si j'étais moi-même comme un grand frère pour lui. Alors je n'osai imaginer ce que devait ressentir Axel. Il devait être extrêmement fier de Noé.

— Tu vas un peu vite là, rit Axel, me ramenant sur terre. Mais c'est vrai que ce serait sympa. On verra comment ça se passe à la rentrée.

— Tout va bien se passer, j'en suis certain.

Axel hocha la tête mais je sentais que quelque chose l'inquiétait encore. Je voyais bien son front qui venait de se plisser. Mais désormais je n'avais plus besoin de l'interroger pour qu'il me parle. Il prenait les devants et me partageait tous ses soucis. Lui aussi avait bien évolué.

— J'espère juste qu'on arrivera à s'organiser, dit-il alors. Évidemment, je dois continuer à travailler, mais je dois aussi m'occuper de Noé. Les jumelles m'aident déjà à le garder quand je travaille tard le soir, mais je ne veux pas qu'il ait l'impression que je l'abandonne.

— Il ne pensera jamais ça, intervins-je rapidement. Pas après tout ce que tu as fait pour lui. Tu es son héro ! Et il sait très bien que tu dois travailler alors ne t'inquiète pas pour ça. Et puis je t'ai déjà dit que je pouvais t'aider aussi si tu as besoin de quelqu'un pour le garder. Tu sais que ça me fait toujours super plaisir de voir Noé. En plus je suis en vacances pendant les trois prochaines semaines, alors n'hésite pas, vraiment.

— Merci.

Axel avait soufflé ce mot en posant sa main sur la mienne. J'espérais qu'il comprendrait bientôt qu'il n'avait pas besoin de me remercier. J'étais simplement là pour lui parce que je l'aimais, parce que j'aimais Noé et parce que je voulais les aider. Je voulais être là pour eux, tout le temps. Si je pouvais, je passerais mes journées entières avec eux.

— D'ailleurs, repris-je d'un ton presque chuchoté, timide. J'étais censé partir un peu pendant mes vacances, mais maintenant j'ai pas envie de vous quitter. Alors je me suis dit que, si tu avais la possibilité de poser quelques jours de congés, je pourrais vous emmener quelque part. Peut-être dans deux petites semaines ? C'est seulement toi qui décides et tu peux me répondre sincèrement. Il y aura un voyage à faire et je sais que c'est compliqué pour Noé. Mais... oui, j'aimerai bien partir quelques jours avec vous.

Je devais bien l'admettre, je m'attendais à un refus catégorique. Pourtant, lorsque je plongeai enfin mon regard dans les yeux chocolat d'Axel après l'avoir timidement évité quelques secondes, il était doux. Il me souriait tendrement.

— Laisse-moi juste quelques jours pour réfléchir, d'accord ? me répondit-il simplement, d'une voix douce. J'ai juste besoin de m'assurer que ça ne posera aucun problème pour Noé.

— Bien sûr ! Prends tout ton temps !

— Quoi qu'il arrive, que Noé soit prêt ou pas pour faire un voyage, sache que l'idée de partir avec toi me plairait vraiment.

Je ne pouvais lui répondre autrement que par un grand sourire. Que ça se fasse cette année ou non, l'essentiel pour moi était de savoir ça. Axel serait prêt à partir avec moi et à me faire confiance. C'était tout ce dont j'avais besoin.

Je ne pouvais rien faire ici, au milieu de cette piscine publique, mais j'avais très envie de l'embrasser. Alors je lui communiquai cette envie par mon regard, et mon cœur flamba lorsque je lus un sentiment réciproque danser dans ces iris.

Nous nous concentrâmes bientôt sur autre chose pour ne pas être tenté. Et évidemment nos regards s'orientèrent vers Noé qui s'approchait de nous. Je l'aidai à sortir de l'eau et nous décidâmes d'un commun accord qu'il était temps de rentrer. Les garçons avaient bien profité, et c'était ce qui comptait pour moi.

Quelques minutes plus tard, nous étions changés et presque prêts à partir. Je ne savais pas si Noé avait entendu la conversation que j'avais eu avec Axel lorsque nous étions à la piscine mais pendant que nous l'aidions à se préparer, il avait eu le temps de m'apprendre les mots "voisin", "école" et "vacances" en langue des signes. Il devait bien être l'enfant le plus mignon que je n'avais jamais côtoyer.

C'était trop bien ! J'adore l'eau ! signa ensuite Noé alors que je l'aidais à enfiler ses chaussures.

Je me félicitai d'avoir compris ce que me disait Noé. Malgré qu'il me manque encore quelques mots de vocabulaire, je m'étais vraiment amélioré en langue des signes et rien ne pouvait me rendre plus heureux. Il fallait croire que nous avions tous les trois beaucoup progressé dans nos objectifs ces derniers mois.

— Tu t'es bien amusé ? lui demandai-je pour le voir hocher vivement la tête sans aucune hésitation. J'ai une question à te poser, mon bonhomme. Est-ce que ça te plairait de venir à la piscine plus souvent ? Pour t'amuser et pour apprendre à nager encore mieux que tu sais le faire maintenant. Ça te dirait ?

Noé hocha à nouveau la tête en m'adressant le signe qui voulait dire oui. Je me redressai alors et me tournai vers Axel pour le mettre dans la confidence. Évidemment, je ne ferais rien sans son autorisation.

— Je me disais que je pourrais parler à mon ancien coach, expliquai-je. Noé, si tu aimes nager et être dans l'eau, alors peut-être qu'on pourrait t'inscrire à la piscine. Tu pourrais au moins faire un essai et voir si ça te plait. Et si ça te convient pour ta jambe, si ça ne te fait pas trop mal. Si ton frère est d'accord, bien sûr.

— Évidemment ! lança Axel. Si ça peut aider Noé et si ça lui plaît alors oui, je suis complètement d'accord.

— Parfait ! m'exclamai-je. Alors suivez-moi.

Je commençai à m'engager vers le couloir alors que les deux frères me regardaient encore avec les sourcils foncés.

— Attends, on va où ? m'interrogea Axel.

Je ne répondis que par un sourire alors que les deux frères s'échangèrent un regard avant de se décider à me rejoindre. Noé attrapa fermement sa béquille de sa main droite et tendit sa main gauche à Axel qui l'attrapa sans attendre.

Une fois dans le couloir, je tournai à droite, la direction opposée à celle qu'il fallait normalement prendre pour retrouver l'accueil et donc la sortie. Mais Axel et Noé me suivaient en toute confiance. Nous empruntâmes un escalier pour descendre d'un étage puis je les guidai dans un nouveau dédale de couloir.

— Mais, on a le droit d'être là ? s'inquiéta soudainement Axel.

Je lui lançai un regard amusé.

— Tu es chez toi au cinéma, pas vrai ? Eh bien moi je suis chez moi ici, dans cette piscine. Alors t'inquiète pas, il ne nous arrivera pas d'histoires.

— Et où est-ce qu'on va exactement ? rajouta-t-il.

— Voir mon ancien coach, répondis-je. Je sais qu'il est souvent dans le bureau qu'il s'est aménagé ici à cette heure-là. C'est pas garanti mais on va essayer. Je crois qu'il pourrait aider Noé.

Je m'arrêtai devant une des portes qui se trouvait dans ce couloir. Je toquai et lorsque j'entendis un ferme "entrez" je me tournai vers les deux garçons avec un sourire victorieux.

Dès que je fis mon entrée dans le bureau et que je croisai le regard de mon ancien coach, ce dernier se leva et contourna son bureau pour venir me prendre dans ses bras.

— Camille ! s'exclama-t-il. Qu'est-ce qui t'amène, mon grand ?

— J'avais une question pour toi, répondis-je simplement, tout en me décalant un peu pour voir mes deux accompagnateurs.

Axel et Noé se tenaient encore à l'entrée de la pièce, tout intimidés. Je leur fis un signe pour leur indiquer de s'avancer.

— Les garçons, je vous présente Bruno Mercier, mon ancien coach de natation, commençai-je. Bruno, je te présente Axel et son petit frère, Noé. Et je suis là aujourd'hui parce que ce petit bonhomme aime beaucoup nager alors je voulais te le présenter et te demander quelques conseils.

Bruno leur adressa un sourire sincère et se déplaça pour aller serrer la main des deux garçons. Noé était tout intimidé, impressionné, il était adorable.

— Ravi de vous rencontrer, dit mon ancien coach. Alors je t'écoute. Qu'est-ce que tu voulais me demander ?

— Je vais être honnête avec toi, j'aimerai bien inscrire Noé à la piscine et surtout j'aimerai qu'il fasse un essai avec toi et tes nouvelles recrues, commençai-je en posant une main sur l'épaule du petit garçon. Il ne nage pas depuis très longtemps, mais il se débrouille déjà très bien. Il aura bientôt neuf ans et je sais que tu entraînes aussi cet âge et je te fais parfaitement confiance. Comme tu peux le voir, Noé à une béquille. Malheureusement il a subi un accident mais il a retrouvé la marche et il est très à l'aise dans l'eau. Je crois que ça pourrait lui faire du bien, tout comme je crois qu'il pourrait être un très bon nageur.

Bruno sourit tendrement puis hocha la tête. Il prit quelques secondes avant de répondre.

— Il y a de la place pour tout le monde ici, lança-t-il avec assurance. Et j'ai confiance en ton jugement. Comme tu le sais, les inscriptions s'ouvriront en septembre donc tu pourras parfaitement inscrire Noé. Il pourra venir faire un essai avec moi et on discutera honnêtement du résultat. Je vous dirais ce que j'en pense et il nous dira ses ressentis et si c'est compatible avec sa jambe. Le but n'est pas non plus de forcer et de se faire mal. Est-ce que ça te dirait de faire un essai de natation ici, Noé ?

Il s'était tourné vers le petit garçon qui hocha rapidement la tête.

— Parfait ! Alors je vous attendrais en septembre, sourit-il.

— Merci beaucoup Bruno, soufflai-je sincèrement. Je crois vraiment que la natation pourra l'aider.

— Et toi ? Toujours pas décidé à revenir ? me demanda-t-il soudainement, l'air malicieux.

— Tu sais très bien que je suis trop vieux et trop occupé pour nager, maintenant, ris-je.

— Alors tu te contentes de recruter et de parrainer maintenant ? répliqua-t-il.

— T'as tout compris, ris-je en cœur avec lui.

— Je sais que tu continues quand même de nager, reprit-il, plus sérieusement. Je suis au courant que tu continues de venir à la piscine, comme je te l'avais recommandé. Tu sais bien que mes yeux et mes oreilles traînent partout. Je suis content que tu n'aies pas complètement arrêté. C'est important. Même si tu ne fais plus de compétition, garde ça et continue de voir la natation comme un plaisir.

— C'est le cas, lui assurai-je. Merci de m'avoir accompagné pendant toutes ces années et de m'avoir transmis cette passion. Je n'aurais pas pu rêver meilleur coach.

Bruni leva ses deux mains dans un signe d'humilité, m'assurant que j'étais celui qui avais fait tout le boulot.

Je devais bien admettre que la natation me manquait parfois, mais ce n'était pas vraiment le cas des compétitions. Je savais que je n'étais pas vraiment fait pour ce milieu, je préférais que nager reste un plaisir plutôt que ce sport ne devienne une pression sur mes épaules. Je ne regrettais pas mon choix, et revenir nager ici me permettait toujours de me vider la tête, de ne plus penser à rien d'autre qu'à mon corps qui fendait l'eau, mes muscles tendus pour danser avec cet élément. Et c'était tout ce qui comptait.

Bien sûr, Bruno avait tenté de me garder, il avait essayé de me convaincre de rester. Mais après avoir écouté mes arguments, il avait respecté mon choix, tant en me permettant tout de même de revenir dans notre piscine d'entraînement quand je le voulais.

— Je vais devoir vous laisser, nous apprit Bruno. J'ai un entraînement dans pas longtemps. C'est des jeunes alors je ne peux pas les faire attendre. Mes futurs champions t'ont remplacé, tu sais.

Un rictus se dessinait sur son visage et il y avait une certaine malice dans sa voix.

— Ils sont meilleurs que moi ? demandai-je d'un air à la fois curieux et taquin.

— Ils y arrivent, ils progressent, me répondit-il. Il leur faut encore un peu d'entrainement. Ton niveau était très haut, Camille. On en fait des compétitions toi et moi, on a fait des nationales, et avec un peu plus de travail je suis sûr que j'aurais pu t'emmener aux olympiques. Mais j'ai compris et respecté ta décision. Je vais bien trouver mon nouveau champion. Et qui sait ? Peut-être que ce sera Noé ?

Le petit garçon nous adressa un grand sourire en entendant son nom être mentionné. Il était trop tôt pour qu'il se mette la pression pour ça, mais le voir aussi enthousiaste de nager me rendant très heureux. J'étais persuadé que ça lui ferait beaucoup de bien.

Nous dîmes bientôt au-revoir à mon coach et Axel le remercia longuement. Noé, de son côté, était tout joyeux. Il avait l'air déjà excité et impatient de commencer ses essais.

T'étais trop fort en fait ! me dit-il alors que nous sortions de la piscine.

— Je me débrouillais bien, répondis-je. Mais je suis sûr que tu pourras être aussi fort que moi, si ce n'est plus !

— Je vais me retrouver avec deux garçons qui feront la course la prochaine fois qu'on ira à la piscine, intervint Alex en soupirant d'un souffle faussement désespéré. Qu'est-ce que je vais faire, moi ?

— Tu nous encourageras, ris-je en posant une main rassurante sur son épaule.

Ce fut dans cette bonne humeur générale que nous continuâmes cette journée. Même dans la voiture – qui était pourtant un endroit angoissant pour Noé – ce dernier ne pouvait taire sa joie et son enthousiasme. Paradoxalement, il restait très bavard même lorsqu'il ne pouvait pas utiliser sa voix. Il avait encore plein de ressources et de moyens pour se faire comprendre.

Et Axel souriait face à l'optimisme de son frère. Des journées comme celle-ci, je voulais en vivre tous les jours. Je voulais voir les garçons que j'aimais aussi souriants, aussi heureux à chaque minute que je passais avec eux.

⭐️⭐️⭐️

Hey !

Contente, comme toujours, de vous retrouver aujourd'hui pour un nouveau chapitre. Comme promis, attendez-vous à de la douceur désormais, les garçons ont bien mérité un peu de calme. On amorce doucement la descente vers la fin de cette histoire. Mais tout n'est pas terminé ! Il nous reste encore à voir comment Noé s'adapte à cette nouvelle vie, et je suis sûre qu'il a encore plein de chose à vous montrer, ce petit garçon courageux.

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Noé qui a réussi à convaincre son frère et Camille d'enfin retourner à la piscine ?

Un petit poisson dans l'eau ? Vous pensez que c'est une bonne idée de l'inscrire à la piscine ?

D'ailleurs qu'avez-vous pensé de l'ancien coach de Camille ?

Et le compte rendu d'Axel a propos de son petit frère qui se fait à la vie avec lui ?

Il est en train de se faire de bons amis, c'est une bonne chose pour Noé, pas vrai ?

Et vous pensez qu'Axel va accepter de partir un peu en vacances avec Camille ( et Noé bien sûr ) ?

Ça fait beaucoup de questions, désolée ! Je suis juste curieuse et j'ai hâte de connaître toutes vos pensées et d'avoir vos avis sur ce petit chapitre. Il est assez tranquille avec pas mal de dialogues mais j'ai aimé l'écrire. Je les trouve adorables.

Je ne vous embête pas plus longtemps. On se retrouve très vite dans un prochain chapitre ! Bon week-end, les amis.

À bientôt,
Tan 🦋

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