4. Priorité

"Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien
Quand même tu devrais n'en savoir jamais rien
S'il se pouvait, parfois, que de loin j'entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice !"

Edmond Rostand

⭐️⭐️⭐️

Axel

Il avait fallu que Camille travaille dans le centre hospitalier dans lequel mon petit frère passait désormais ses journées depuis des mois.

Quelles étaient les chances pour que ça arrive ? A quel point étais-je maudit pour que le garçon attachant que j'avais rencontré dans ce cinéma soit désormais si inaccessible ? Et surtout, à quel moment est-ce que ma vie m'avait échappé à ce point ?

Je poussai un long soupir et m'appuyai contre le comptoir devant moi. En réalité je savais très bien quel a été le moment qui avait bouleversé ma vie, quel événement en avait été le tournant. Tout avait changé après cet accident qui avait envoyé mon petit frère à l'hôpital et qui lui avait enlevé son père. Tout avait changé pour nous depuis décembre dernier, et c'était Noé qui en souffrait le plus.

Pourtant il était encore debout et déterminé à aller mieux, malgré ses blessures, ses cicatrices, son traumatisme, il continuait d'avancer. Et malgré ses mauvaises journée, malgré ses pleurs et ses crises d'angoisses, il ne lâchait rien. Et il continuait à sourire. J'étais si admiratif et si fier de lui, de sa force. Je ferais tout pour lui, pour rendre mon petit frère heureux.

Et c'était ce que je me démenai à faire depuis des mois. Ma vie ne tournait plus qu'autour de lui, mais je ne m'en plaignais pas. C'était difficile, oui, mais je ferais n'importe quoi pour lui. Et je savais que jamais je ne finirais par le blâmer pour avoir abandonné mes études ni pour avoir à cumuler deux jobs afin de pouvoir ensuite subvenir à tous ses besoins. Jamais je ne finirais par le blâmer pour sacrifier le reste de mes journées, lorsque je ne travaillais pas, afin de lui rendre visite. Il était ma priorité, le centre de mes préoccupations, et je donnais tout pour lui rendre visite cinq jours par semaine.

Noé était ma vie.

Et pourtant, pour la première fois depuis cinq mois et demi, j'avais raté une visite. En effet, je n'avais pas pu me rendre à l'hôpital la veille, je n'avais pas osé. Pour la simple et stupide raison que j'avais peur de croiser Camille. J'étais pétrifié à l'idée de le revoir parce que je ne savais plus comment me comporter désormais.

Alors j'avais appelé l'hôpital, hier matin, et j'étais tombé sur Léon, l'infirmier préféré de Noé. Et je lui avais demandé de faire passer un message à mon frère, de m'excuser auprès de lui et de lui dire qu'on ne pourrait pas se voir. Aujourd'hui je regrettais cette décision, parce que je travaillais toute la journée le mercredi, et que Noé me manquait terriblement. Parce que je m'inquiétais affreusement pour lui et que j'avais peur qu'il m'en veuille. Je ne voulais pas qu'il pense que je le laissais tomber.

J'avais lâchement évité l'hôpital, et désormais j'avais l'impression d'avoir abandonné mon frère.

J'étais pathétique.

Mais ma vie était déjà devenue si compliquée qu'une nouvelle complication me terrifiait.

Ces dernières semaines, Camille avait représenté pour moi un vent de légèreté dans ma vie pesante. Avec lui, c'était simple. Discuter avec lui, c'était rafraichissant. C'était exactement ce qu'il me fallait pour égayer ma vie, rien que d'un seul petit rayon de soleil. Et avoir la possibilité de déjeuner avec lui, comme l'autre jour, c'était comme m'évader rien qu'un instant, c'était avoir la possibilité de m'échapper de ma vie. Cet instant avait été libérateur.

Oui, même si je ne le connaissais encore que très peu, Camille m'avait permis de respirer.

Il était comme une bouffée d'oxygène dans ma vie monotone. Avec ce sourire toujours présent sur ses lèvres, sa bonne humeur constante même quand il semblait fatigué, il était rayonnant. Ces conversations que nous avions eu tous les deux, l'attention qu'il portait à tout ce que je lui disais, même lorsque j'avais l'impression de divaguer, d'en dire trop ou de paraître ennuyeux. Non, lui m'écoutait attentivement, et semblait même intéressé. Le respect qu'il montrait envers ma passion me fascinait, et je devais bien avouer que ça me touchait bien plus que ça ne le devrait. Au fond, ce n'était qu'un détail, mais ça me faisait plaisir.

J'appréciais Camille, je l'appréciais beaucoup, et j'aimais toutes ces visites au cinéma, nos débats sur tous ces différents films, j'avais aimé lui en faire découvrir plus sur ce domaine. J'appréciais son arrivée imprévue dans ma vie.

Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas m'impliquer un peu plus auprès de lui, de quelque manière que ce soit.

Ce n'est pas que je ne voulais pas, mais cette découverte, le fait qu'il travaillait à l'hôpital, compliquait tout. Avant ça, tout semblait léger avec Camille, sans promesses, sans prise de tête, sans engagements, juste un début d'amitié. Mais désormais cela devenait trop personnel, trop complexe. Interdit aussi.

Parce que je n'étais pas certain que nous avions le droit d'établir une quelconque relation. En tout cas je ne voulais pas le risquer, je ne risquerais rien lorsque le bien-être de Noé était en jeu. Cela devenait trop dangereux, et cela demandait de s'impliquer un peu plus personnellement, ce que je refusais de faire. Je ne pouvais pas. Je n'avais pas le temps ni l'envie de m'impliquer dans une relation qui s'avérait déjà compliquée en ce moment.

Alors je devais instaurer une distance entre lui et moi. Peu importe à quel point je le trouvais gentil, adorable et charmant. Oui, si je m'écoutais, je devais bien avouer que je le trouvais absolument mignon.

Mais je devais m'éloigner avant de trop m'attacher, avant de donner trop d'importance à ce début de relation qui ne devrait pas déjà compter autant pour moi. Je ne devais pas déjà ressentir ce genre de sentiment, c'était déplacé et ce n'était pas du tout le bon moment. Et puis je ne savais même pas si Camille était intéressé. Alors, quoi qu'il arrive, je devais oublier cette idée.

Surtout que ce n'était clairement pas ma priorité. Je n'avais pas le temps pour ça, pour une amourette ou quelque soit le nom que je devais lui donner. Ma priorité était et resterait toujours Noé. Rien d'autre ne pourrait passer en premier, rien ne pourrait le devancer, jamais. Son bien-être, sa santé, son confort, son bonheur, c'est pour toutes ces raisons que je faisais tout ça. Il avait trop besoin de moi pour que je me laisse distraire. Après tout, il ne lui restait plus que moi, puisque nous ne pouvions pas compter sur notre mère.

Je poussai un soupir et passai une main sur mon visage, j'étais fatigué. Fatigué d'une situation qui me tourmentait depuis des mois. Mais je ne devais rien lâcher, je n'en avais pas le droit. Il fallait que j'arrête de penser à ça. Je devais me reconcentrer et sortir définitivement Camille de mes pensées.

Je me redressai et inspectai la boutique. Heureusement qu'il n'y avait pas eu beaucoup de client aujourd'hui parce que je n'étais décidément pas opérationnel. Rien que cet après-midi, j'avais mis un quart d'heure à enregistrer le prêt d'un client, faisait capoter deux fois notre logiciel, tout ça parce que j'avais la tête ailleurs. Alors je ne savais pas pourquoi les clients boudaient le magasin en ce mercredi soir mais ce n'était peut-être pas plus mal.

Ce boulot, dans ce petit vidéoclub perdu au milieu d'une rue parisienne, avait été le premier travail que j'avais décroché après avoir abandonné mes études. Le propriétaire, André, avait été particulièrement bienveillant et conciliant envers moi, m'offrant ce poste que j'occupais trois jours par semaines. C'est plus tard que j'avais été embauché au cinéma, sous les conseils de mon père. Je n'avais pas osé y postuler au début mais j'avais besoin de l'argent que ces deux postes m'apportaient.

Mon père m'aidait aussi financièrement, bien sûr, mais je ne voulais pas trop lui en demander. Je ne voulais pas dépendre complètement de lui, surtout si je voulais réussir à m'occuper de Noé sur le long terme. Je me devais de pouvoir lui assurer moi-même une stabilité financière.

Alors je travaillais, sans jamais me relâcher. Oui, j'étais fatigué, mais je savais que tout ça en valait la peine.

Et heureusement pour moi, il était bientôt l'heure de fermer la boutique. Je me décidai alors à ranger en rayons les quelques films qui reposaient encore sur le comptoir, ceux que les clients avaient rendus ces derniers heures. Puis je récupérai mes affaires ainsi que les clés pour procéder à la fermeture du magasin. Je rangeai et fermai l'arrière boutique, éteignis toutes les lumières avant d'enfin sortir de la boutique, fermant à double tour derrière moi. Peu productive, cette journée m'avait tout de même paru longue et j'étais impatient de rentrer chez moi.

La soirée était bien avancée et la nuit était tombée sur Paris. Les lumières des lampadaires illuminaient désormais la petite rue qui abritait ce vidéoclub, perdu entre deux immeubles. C'était assez calme mais je savais qu'une fois que j'aurais rejoint la grande avenue, au carrefour, tout sera soudainement plus agité. C'était Paris après tout, une grande ville comme celle-ci ne cessait jamais vraiment toute activité. Surtout lorsqu'il commençait à faire aussi bon, les gens profitaient des températures qui montaient, des jours qui rallongeait, des douces soirées en terrasse et des balades dans les parcs.

Il y avait toujours du monde, toujours quelque à faire, à voir, et quand les gens ne parvenaient pas à s'arrêter deux minutes pour se poser alors ils continuaient à courir partout. C'était étourdissant parfois, ce rythme de vie, mais on s'y faisait, surtout quand on y était plongé depuis l'enfance.

Je n'avais pas de leçons à donner, moi non plus je ne m'arrêtais jamais. Encore ce soir, je marchais le plus vite possible pour rejoindre mon domicile. Je n'avais pas envie de prendre mon temps et de flâner comme certains groupes, couples ou promeneurs solitaires que je croisais. J'étais fatigué et je n'avais aucune raison de traîner, je n'avais pas que ça à faire.

Il me suffisait de marcher quelques minutes pour rejoindre l'appartement. Le vidéoclub était moins loin pour moi que le Mo-Derne Cinéma, ce qui n'était pas négligeable lorsque je finissais tard comme aujourd'hui.

Une fois arrivé en bas de l'immeuble et la grille déverrouillée, il me fallait encore monter cinq étages sans ascenseur. Ce fut seulement une fois passé la porte de mon chez moi que je pus respirer. Je passais rapidement devant les jumelles, qui étaient en train de discuter de je ne sais quoi devant la cuisine, et m'empressai de me laisser tomber dans le canapé, laissant échapper un long soupir. Malheureusement, je n'eus pas beaucoup de répit.

Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que les jumelles viennent se planter devant moi, toutes les deux les bras croisés. L'une me regardait avec inquiétude, l'autre avec réprobation. En tout cas elle ressemblaient toutes les deux à une mère prête à sermonner son enfant après qu'il soit rentré trop tard d'une soirée.

Ce qu'il fallait savoir, c'était que cet appartement n'était pas vraiment mon chez moi, il était aussi et surtout celui des jumelles qui m'avaient recueillis lorsque je souhaitais mon indépendance, cherchant un appartement avant ma rentrée en école de cinéma. Cela faisait presque un an que nous vivions en colocation désormais. Et depuis elles étaient devenues des amies proches, et tout ce que j'avais vécu ces derniers mois, elles l'avaient vécu à mes côtés. Elles avaient été là tout le long du chemin, développant même un côté protecteur - peut-être trop protecteur - envers moi.

Prune et Cerise étaient atypiques, exceptionnelles, mais elles étaient aussi les personnes les plus incroyables que j'avais pu rencontré dans ma vie. Je n'avais pas vraiment d'amis, juste mes colocs, et ça me suffisait. Elles étaient à la fois si semblables et si différentes que c'en était troublant, déroutant. Si ce n'était pour la coloration que faisait Prune, préférant ses cheveux d'un noir ébène, et les tatouages qu'elle arborait, il serait impossible de les différencier. Enfin depuis le temps, j'avais appris que la forme de leur mâchoire était légèrement différente, mais pour un inconnu, les jumelles pourraient rester un mystère sans ces différences qu'elles avaient elle-mêmes bien voulu créer. Cerise, elle, était blonde et dégageait une lumière, une fraîcheur que Prune s'entêtait à cacher.

Côté personnalité, Cerise était la douceur et la patience incarnée, tandis que Prune fonçait dans le tas, ne mâchait pas ses mots et nous poussait à avancer, mais toujours dans un élan bienveillant. Leurs différences étaient une force, et je savais très bien que j'avais besoin de ces deux filles dans ma vie. Selon les situations que j'affrontais, il y avait toujours une de leur méthode qui résonnait en moi, un conseil qui venait de l'une ou de l'autre et qui provoquait ce déclic pour me faire avancer.

Oui, je les aimais toutes les deux, mais cela ne voulait pas dire que j'étais prêt à subir leur remontrances ce soir. Parce que je savais parfaitement que c'était de ça dont il s'agissait.

— Tu as l'air épuisé, constata Cerise dans un souffle concerné.

— J'ai eu une longue journée, balayai-je sans entrain et sans vraiment y croire moi-même puisque je n'avais fais que de rêvasser pendant des heures.

— Tu n'as que des longues journées en ce moment, me fit remarquer Prune. Et plus ça va, plus tu viens à bout de tes forces. Tu vas crever, Axel.

Génial. Ça faisait toujours plaisir de parler avec Prune. Je poussai un soupir et levai les yeux au ciel.

— Je vais très bien, et j'ai la nuit pour me reposer, me défendis-je.

— Tu parles ! Tu dors à peine, y'a qu'à voir les cernes sous tes yeux, rajouta-t-elle. Elles arriveraient presque à cacher tes tâches de rousseurs.

C'était même pas vrai, le niveau de mes cernes était tout à fait sous contrôle.

— Est-ce que tu as mangé, au moins ? s'inquiéta Cerise.

— Non, pas ce soir, répondis-je d'une petite voix, sachant très bien que cette information n'allait pas plaire aux filles. Mais j'ai mangé un demi sandwich ce midi.

— Je vais te faire réchauffer ce qu'on a mangé ce soir, lança Cerise en faisant déjà volte-face.

— Non, ça va, c'est pas...

— Il faut que tu manges ! cingla-t-elle.

Son ton était catégorique et je savais très bien que ça ne servirait à rien de discuter avec elle, je l'avais appris par expérience. Et comme cela ne suffisait pas pour que je sois tranquille, Prune profita de ce moment pour se rapprocher un peu plus de moi.

— Tu ne manges rien, Axel, me reprocha-t-elle. Quand on ne te rappelle pas de te nourrir, tu trouves toujours quelque chose d'autre à faire, quand on ne te pousse pas à prendre une pause et manger tu oublies la notion même de repas un jour sur deux. Comment espères-tu tenir debout après ça ? Comment comptes-tu continuer à ce rythme si tu t'entêtes à ne pas reprendre des forces ?

— Ça va, j'ai compris, je ferais attention, soupirai-je en posant ma tête contre le dossier du canapé.

Prune continua à me regarder avec ce sourcil haussé et cet air réprobateur mais elle ne rajouta rien. Elle n'en avait pas besoin, je savais déjà à l'expression de son visage ce qu'elle pensait de tout ça.

Il ne fallut pas longtemps pour que Cerise revienne avec une assiette et des couverts qu'elle me tendit avant de s'asseoir à côté de moi. J'analysai alors ce que j'avais sous les yeux ; un poulet qui nageait dans sa sauce mais qui avait l'air très cuit - trop cuit - et des patates artistiquement noircies.

— Désolée si c'est un peu cramé, mais c'est Prune qui a fait la cuisine, m'indiqua Cerise dans une grimace. Tu sais bien qu'elle essaye mais il y a encore des progrès à faire.

— Je te remercie ! s'insurgea la concernée dans un grognement.

— Mais c'est bon ! se reprit alors Cerise. Mange, Axel, ça va te faire du bien.

Je réajustai mes lunettes sur mon nez avant de baisser les yeux sur mon assiette. Elles avaient raison, je devais faire un effort et puis, de toute façon, il n'y avait aucun moyen pour que j'échappe à leur regard scrutateur.

— Tu ne crois pas que tu devrais te reposer un peu ? murmura Cerise, comme si elle avait peur de le dire trop fort. Axel, tu enchaînes les heures de boulot et même quand tu ne travailles pas, tu trouves toujours un moyen de courir partout, dans toute la ville. Et je sais que les visites que tu rends à ton frère sont très importantes, mais il faut que tu te trouves un peu de temps pour toi. Ou tu vas finir par exploser. Alors, tu ne crois pas qu'il serait temps que tu décélères un peu le rythme ?

— Je me reposerai, et je décélérerai comme tu le dis si bien, quand mon frère sera en bonne santé et en sécurité, soupirai-je. Pour l'instant j'ai besoin de ces jobs, j'ai besoin de l'argent qu'ils me rapportent. J'en ai besoin pour Noé.

— On le sait mais...

— Et Noé a besoin de son frère à cent pour cent de ses capacités, coupa Prune. Il a besoin d'un frère qui ne se sera pas tué au travail. Il a surtout besoin de ton amour.

— Je l'aime de tout mon coeur, et c'est pour ça que je fais tout ça, précisai-je. Mais l'amour ne va pas payer les factures.

Un long silence s'installa entre nous. Comme une seule personne, les jumelles se pincèrent les lèvres en parfaite synchronisation. Moi, je baissai les yeux sur mon assiette essayant tant bien que mal de mettre quelque chose dans mon estomac. Elles ne répondaient rien parce qu'elles savaient que j'avais raison, de toute façon. Je pouvais aimer Noé de toutes mes forces, si je voulais m'occuper de lui il me faudrait surtout les ressources financières nécessaires.

— Est-ce que tu ne pourrais pas au moins trouver quelque chose pour te vider la tête ? souffla doucement Cerise. Il faudrait que tu puisses aussi te trouver un peu de temps pour toi, faire quelque chose qui puisses te permettre de te détendre, quelque chose que tu aimes et qui permettrait de t'évader. Tu es tellement préoccupé en ce moment, ça pourrait te faire du bien de souffler un peu et de te retrouver.

— Je croyais que je devais me reposer, répliquai-je en tournant la tête vers mon amie, un sourcil haussé. Et maintenant tu veux me rajouter une activité ? Et quand est-ce que je suis censé faire ça ?

— Je voudrais juste que tu prennes quelques minutes pour toi chaque jour, pour te détendre, je ne te demande pas de t'inscrire à des cours de Zumba, précisa-t-elle. Je voudrais juste que tu puisses t'aérer un peu l'esprit.

— Et ce mec que tu as rencontré ? intervint Prune. Celui du cinéma, celui avec qui tu as déjeuné l'autre jour ?

— Oh oui, tu étais tellement souriant ce jour là ! s'exclama Cerise. Tu ne veux pas le revoir ? Ça pourrait te faire du bien de rencontrer de nouvelles personnes. Et si ce garçon est mignon, c'est encore mieux !

Je lui jetai un regard en coin, blasé, tandis qu'elle m'adressait un clin d'œil.

— J'ai pas besoin d'un mec en ce moment, et surtout pas de celui-là, soupirai-je. C'est un nid à problème.

— Pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ? Est-ce qu'il s'est mal comporté avec toi ? s'emballa Prune.

— Non, bien sûr que non, m'empressai-je de la rassurer. Il a l'air parfait, et c'est bien ça le problème. Il est gentil, il est à l'écoute, il a l'air adorable mais je ne peux pas trop m'impliquer avec lui parce que je sais que ça deviendra trop personnel, je sais qu'il finira par débarquer un peu trop dans ma vie. Et de toute façon je n'ai pas le droit de m'impliquer avec lui puisque je viens juste de découvrir qu'il travaille au centre hospitalier, il travaille pour aider des enfants comme Noé. Alors oui, peut-être qu'il veut m'aider, mais je ne peux plus m'impliquer, il doit rester à sa place et aider Noé plutôt. C'est le plus important, et moi je n'ai plus le droit de le vouloir plus personnellement dans ma vie. Peu importe à quel point je le trouve adorable. Vous voyez bien qu'il ne va m'apporter que des problèmes !

Dans un soupir, je laissai à nouveau retomber ma tête contre le dossier du canapé, passant une main sur mon front.

— De ce que je vois, c'est aussi quelqu'un qui a réussi à te rendre ton sourire samedi dernier, après votre déjeuner, murmura Cerise d'un ton doux, comme pour essayer de m'apaiser. Et tu as besoin de sourire en ce moment.

— Mais tu as écouté ce que je viens de te dire ! grognai-je. Il travaille au centre ! Il est inaccessible ! Il dit qu'il veut m'aider mais il va juste mettre tout le monde en danger en voulant s'impliquer. Il va mettre le bordel dans ma vie et je n'ai pas besoin de ça. Il est trop gentil, et moi je dois m'éloigner avant de me laisser entraîner. Je n'ai pas le temps de souffrir à cause d'un mec, et je ne ferais jamais rien pour faire souffrir Noé. Je ne peux pas me le permettre.

— Selon moi, cela semble justement être le genre de personne dont tu as besoin dans ta vie, pourtant, me fit remarquer Cerise. Même si c'est juste en ami. Tu as besoin de nouvelles personnes dans ta vie, de personnes bienveillantes, et s'il veut t'aider c'est qu'il l'est. Laisse faire le temps, peut-être que ça ne sera que bénéfique pour toi. Et ce n'est pas parce qu'il sera ton ami que cela nuira à Noé.

— Mais je n'ai pas besoin de nouvelles personnes, je vous ai vous, bredouillai-je. Et vous m'aidez déjà énormément, j'ai pas besoin de son aide à lui. Je m'en sors très bien comme ça. J'ai pas besoin de bouleverser à nouveau ma vie pour un mec que je connais à peine.

— Comme tu voudras, dit Prune. Mais Axel, tu as vingt-et-un ans, tu es jeune, très jeune pour gérer autant de responsabilités d'un seul coup. Alors on veut être certaines que tu vas bien, que tu n'es pas en train de te noyer. Et on voudrait que tu n'oublies pas de vivre ta vie de jeune adulte, que tu ne t'oublies pas. Noé est très important, on le conçoit, mais ne laisse pas absolument tout ce que tu fais tourner autour de lui.

— Mais ma vie tourne autour de Noé désormais ! m'exclamai-je. C'est un fait, et il vaudrait mieux qu'on l'accepte tous. Je ne suis plus qu'un simple jeune de vingt-et-un ans, je suis un frère sur qui Noé doit compter. Et j'ai pas le droit de me planter.

— Axel...

— Non, c'est bon, j'en ai eu assez. Je vais me coucher, je suis fatigué.

Je fis passer mon assiette encore presque pleine à Cerise, qui me regardait de son air triste, puis me relevai avant de passer devant Prune, qui semblait plutôt réprobatrice. Je savais qu'elles s'inquiétaient mais il n'y avait rien à faire, je ne changerais pas d'avis.

Déterminé, je me dirigeai vers ma chambre. J'étais épuisé et j'avais mal à la tête, je n'étais définitivement pas d'humeur à me torturer un peu plus l'esprit avec ça. Je devais résister à cette connexion que j'avais ressenti auprès de Camille, il le fallait. Pour mon bien, et surtout pour celui de Noé. Je ne mettrais jamais en péril sa sécurité ou son bien-être. Alors je devais refuser son aide, son amitié, ou tout autre relation.

Je ne pouvais me permettre aucune distraction.

⭐️⭐️⭐️

Hey !

Il est un peu tard pour vous poster un chapitre mais c'est pas grave, j'étais trop impatiente de vous faire découvrir Axel et son premier point de vue.

Alors voilà, on découvre ici un peu plus Axel, et on continuera d'en apprendre plus sur lui au fil des chapitres ( je ne vais quand même pas tout vous donner d'un coup...). On voit ici qu'absolument toute sa vie tourne autour de Noé, il est toute sa vie et il ferait tout pour lui quitte à faire des sacrifices.
On rencontre aussi ici deux nouveaux personnages, les jumelles et colocs, Prune et Cerise. J'ai hâte aussi d'exploiter un peu plus leurs personnages par la suite et j'espère qu'elles vont auront plu. Tout comme ce chapitre dans sa globalité d'ailleurs.

Alors, qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Que pensez-vous de notre petit Axel ?

Ce qu'il fait pour Noé ? Ses deux jobs ? Ses sacrifices ?

Votre avis sur les jumelles, Prune et Cerise ?

La décision que prend Axel de prendre ses distances avec Camille ? Vous la comprenez ?

Bon, pour l'instant on en sait pas grand chose sur sa famille, juste des petites phrases par ci par là mais est-ce que vous avez des hypothèses quelconques ?

Comme toujours, je suis vraiment impatiente de lire tous vos commentaires et d'y répondre !

J'espère vraiment que ce chapitre vous aura plu et je suis déjà impatiente de vous poster le prochain, dans lequel on retrouvera Camille. Comme toujours, je fais au plus vite et je vous tiens au courant. D'ici là, je vous souhaite une très bonne semaine et je vous embrasse fort. Merci d'être toujours au rendez-vous !

À bientôt, T.

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