37. Pour Lui
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Axel
J'étais arrivé tôt ce matin, et j'avais bien fait. Si je voulais que tout soit prêt et impeccable pour l'arrivée de Noé dès demain, alors j'allais avoir du boulot pour la journée. La maison dans laquelle j'avais passé mon adolescence était dans un état lamentable, je ne l'avais jamais vu aussi mal entretenue. Le salon était en désordre, la poussière s'accumulait dans toutes les pièces, tout comme le gras dans la cuisine dont le frigo et les placards étaient vides. Heureusement j'avais anticipé en allant faire des courses dès l'ouverture des magasins.
Ma mère, elle, n'avait pas bougé. Elle était exactement la même que lorsque je l'avais vu le week-end où Noé avait pu sortir. Avachie à la même place sur le canapé, devant la télé allumée sans qu'elle ne la regarde vraiment. Elle avait simplement ôté son vieux peignoir violet, maintenant qu'il faisait beaucoup trop chaud pour qu'elle puisse le supporter. Mais les détritus de nourriture, le cendrier rempli et les boîtes de médicaments étaient bel et bien toujours présents sur la table basse.
Parfois je m'arrêtai une minute et la regardai, me demandant comment on en avait pu arriver là. Parfois j'avais envie de craquer à nouveau, comme ce jour où j'avais fondu en larmes dans les bras de Camille à l'hôpital. Elle restait ma mère et je détestais la voir comme ça.
Mais ma priorité était toujours Noé. Je devais rester fort pour lui.
Alors je ne pensais plus qu'à lui et à son confort lorsque je me reconcentrai sur ma tâche ; rendre cette maison habitable. J'avais déjà fait le ménage dans toutes les pièces, il ne me restait plus que le salon. Un lieu que j'avais évité jusqu'ici parce que je savais pertinemment que j'allais me confronter à ma mère.
Je déposai l'aspirateur à l'entrée du salon et me dirigeai directement vers la première prise électrique disponible. Visiblement, cela suffit à attirer l'attention de ma mère qui quitta la télévision des yeux pour trouver mon regard.
— T'es vraiment obligé de faire ça maintenant ? On est dimanche matin, Axel, souffla-t-elle.
— Et j'ai encore une montagne de choses à faire après ça donc oui, je suis obligé de faire ça maintenant, répliquai-je. Mais si tu veux m'aider, vas-y, je t'en prie. Tu pourrais commencer par débarrasser le bordel que tu laisses toujours sur cette foutue table basse.
— Depuis quand tu te permets de me parler sur ce ton, Axel ? gronda-t-elle.
— Depuis que je suis visiblement le seul adulte ici, rétorquai-je.
Ma mère leva les yeux au ciel et poussa un soupir mais ne répondit rien. Peut-être qu'au fond elle savait que j'avais raison. J'avais arrêté d'avoir peur de l'autorité et cette sorte de hiérarchie voulu entre une mère et son enfant depuis que j'avais réalisé qu'elle n'avait plus rien d'une mère. Pas en agissant comme elle le faisait.
— Et t'es vraiment obligé de courir partout et de t'agiter autant si tôt dans la journée ? renchérit-elle.
— Je te l'ai dit, j'ai une tonne de chose à faire pour rattraper tout ce que tu ne fais pas, répétai-je. Et si je veux que tout soit prêt pour demain, alors il faut que je m'active dès le matin puisque tu ne m'aideras pas. Maman, tu te rends compte que la maison est une vraie porcherie quand même ? Et qu'il n'y a rien à manger à part une pizza froide dans le frigo ?
— Il faut toujours que tu exagères. J'ai fait le ménage l'autre jour.
Je pouffai. Si "l'autre jour" voulait dire il y a deux mois pour elle, alors je voulais bien la croire.
— Et puis il n'y a rien qui presse, t'es pas obligé de tout faire aujourd'hui, reprit-elle.
Je lâchai instantanément le manche de l'aspirateur et plongeai mon regard dans le sien.
— Tu réalises que Noé sort du centre demain, qu'il rentre à la maison, commençai d'un ton à la fois prudent et suspicieux. Rassure-moi, t'as pas oublié, pas vrai ?
— Bien sûr que non, j'ai pas oublié, souffla-t-elle en levant à nouveau les yeux au ciel. Pour qui tu me prends ? Il n'avait rien à y faire dans ce centre, de toute façon. Je ne vois pas pourquoi ils l'ont gardé aussi longtemps, il aurait pu rester à la maison.
A cet instant, je bouillonnai à l'intérieur. Mais je fis de mon mieux pour garder une respiration régulière et rester calme. Commencer une dispute à ce sujet lui ferait trop plaisir.
— Tu sais aussi bien que moi qu'il ne pouvait pas rester ici, contrai-je. Maman, tu n'as même pas été capable de t'occuper de lui pendant une matinée, explique-moi comment tu aurais fait pour l'avoir à la maison pendant des mois ? Et même sans ça, il avait besoin de ce séjour. Il avait besoin d'être encadré dans cet endroit pour travailler à sa rééducation et parler de son traumatisme. Ça lui a fait du bien. Mais ça tu ne pourrais le savoir que si tu t'intéressais vraiment à lui.
— Evidemment que je m'intéresse à lui, Axel ! s'exclama-t-elle. C'est mon fils, il m'intéresse ! Et je l'aime !
— Vraiment ? Parce que c'est pas l'impression que tu donnes. Tu ne demandes jamais de ses nouvelles, tu n'as jamais suivi l'avancée de sa rééducation et tu ne t'es pas non plus donné la peine d'apprendre les bases de la langue des signes. Je suis sûr que tu ne connais même pas le nom des spécialistes qui s'occupent de Noé. En six mois, tu ne lui as même pas rendu visite, maman !
— Je pouvais pas. Tu es cruel, Axel, couina-t-elle.
— Et tu es irresponsable. Maintenant, si tu permets, je dois faire le ménage.
Je n'attendis pas une seconde de plus et allumai l'aspirateur avant qu'elle ne réplique quoi que ce soit. Le bruit sourd du vieil appareil couvrit rapidement ses complaintes. Et de mon côté, j'essayai au mieux de faire abstraction de sa présence. De la même façon dont elle avait très bien réussi à faire abstraction de l'existence de son propre fils ces derniers mois.
Plus aucun mot ne fut échangé de toute la matinée entre ma mère et moi. Je terminai le ménage du salon avec le simple bruit de l'aspirateur ou celui de la télévision pendant que je passai la serpillère. Ma mère ne m'avait pas aidé une seconde, elle ne m'avait même plus jeté un regard. Nous nous ignorions royalement.
Je quittai bientôt la pièce pour m'occuper d'autre chose. Dès que je fus arrivé à l'étage, j'eus l'impression qu'un poids s'allégeait de ma poitrine. C'était étrange comme j'avais du mal à respirer lorsque j'étais dans la même pièce que ma mère. Notre relation s'était tellement détériorée, ça me faisait mal d'y penser. Elle me manquait et en même temps elle m'insupportait. C'était un sentiment que je détestais, j'évitais d'y penser autant que je le pouvais. Sinon ça m'étouffait. J'avais l'impression d'avoir perdu ma mère.
Je pris une grande inspiration et chassai ces pensées de mon esprit avant d'entrer dans la chambre de mon frère. J'y avais déjà fait le ménage et rien n'avait bougé depuis la dernière fois que Noé avait dormi ici, la chambre était rangée et tenue correctement – certainement parce que ma mère n'y mettait jamais les pieds. En revanche, il fallait que je fasse son lit.
C'est l'esprit un peu plus léger que je sorti de mon sac ce que j'avais préparé pour Noé. Je lui avais acheté des nouveaux draps rien que pour lui, à l'effigie de son super-héros préféré ; Spider-Man. Je savais déjà que ça lui ferait plaisir. C'était un simple cadeau qui avait pour seul but de le faire sourire. Après les six mois passés dans ce centre, à faire des efforts tous les jours pour aller mieux malgré sa situation et la fatigue, il méritait tous les cadeaux du monde. Je l'en couvrirais autant que je pouvais.
Je dépliai alors les draps fraîchement lavés avec enthousiasme et me mis à la tâche. C'était un simple geste mais je le faisais avec amour, pour mon petit frère. Je n'oubliai pas non plus de rassembler les quelques peluches qu'il avait laissé ici au niveau de sa taie d'oreiller, elles seraient toutes prêtes à l'accueillir. Je voulais faire tout mon possible pour créer un environnement apaisant, serein et sécurisant pour mon petit frère. Je voulais qu'il se sente bien ici, et à l'abri dans cette chambre. Je voulais que sa sortie et son retour dans le monde réel se passe le mieux possible, tout en douceur. Alors je faisais ces tâches avec soin.
Ça me faisait plaisir de m'occuper de mon frère, de tout préparer pour voir son adorable sourire illuminer son visage. Je ne laisserai pas l'ambiance maussade qui planait dans cette maison avoir raison de son moral.
Une fois le lit de Noé terminé, bordé comme il le fallait et décoré de ses peluches préférées, je décidai de faire une petite pause. Je n'avais pas arrêté de courir partout et maintenant que le début d'après-midi avait sonné, j'avais besoin de passer quelques minutes tranquille dans un coin rien qu'à moi où j'arriverais à m'apaiser.
Je me stoppai net à l'entrée de ma chambre et observai les alentours. C'était dans cette pièce que j'avais passé toute mon adolescence. A l'époque, j'évitais au maximum d'aller dans le salon et de fréquenter les adultes de cette maison. Alors je passai la plupart de mon temps libre à l'étage, soit dans ma chambre, soit dans celle de mon petit frère. Je m'étais toujours beaucoup occupé de lui, même lorsqu'il était bébé. J'avais toujours été très investi dans mon rôle de grand frère.
Une fois passée la déception de ne pas partager le même père avec Noé, j'étais finalement heureux de ne plus être fils unique. Il y avait auprès de moi un petit être qui allait grandir sous mes yeux et que j'allais aimer toute ma vie.
Je poussai un soupir et allai m'asseoir sur le lit. J'observai mes affaires, mon sac posé dans un coin. Je n'allais pas faire la même erreur que la dernière fois, je n'allais pas lâcher Noé d'une semelle. Je n'avais aucune confiance en ma mère, surtout après qu'elle m'ait prouvé que trois heures seule avec mon frère lui suffisait pour tout foirer et faire peur à son fils. Alors, en attendant l'audition, j'allais passer quelques jours ici. Et lorsque je devrais sortir de la maison, j'emmènerai Noé avec moi. Au moins ça lui permettra de bouger et de respirer l'air extérieur.
C'était peut-être excessif mais au moins je ne prenais aucun risque. Il était hors de question que je mette mon frère en danger. Ce qui m'inquiétait, cependant, c'était la suite.
Comment allions-nous faire si je perdais l'audience ? Si je perdais la tutelle de Noé ? Je ne pouvais pas consciemment laisser mon petit frère de huit ans sous la responsabilité d'une personne complètement irresponsable et déconnectée de la réalité.
Je retins un frisson, ma gorge était nouée d'inquiétude. Je fermai étroitement les yeux et laissai tomber mon visage dans mes mains, mes coudes appuyés sur mes genoux. Je ne pouvais pas laisser Noé dans ces conditions, livré à lui-même.
J'avais tout préparé, tout fait pour être capable de l'accueillir. J'avais fait des sacrifices, assuré mes revenus, trouvé un appartement. Et si j'avais fait tout ça pour rien ? Si ma mère gardait la garde de Noé, je ne voyais pas comment faire autrement que d'emménager à nouveau ici le temps d'engager une autre procédure. Parce que jamais je ne pourrais laisser Noé seul avec cette femme. Pas temps qu'elle ne se rendra pas compte de ses problèmes, et de son incapacité à prendre en charge un enfant quand elle n'arrivait même pas à s'occuper d'elle-même.
Je pris une grande inspiration et relevai la tête. Je devais éviter de penser à ça maintenant, je devais rester concentré et déterminé. Je devais paraître plus fort et plus fiable que ma mère. Je devais continuer de me battre. Alors je passai une main sur mon visage, respirai un bon coup et me décidai à retourner dans la gueule du loup.
Le courage que je venais de rassembler s'évapora presque complètement dès que j'arrivai dans le salon. Prise en flagrant délit, ma mère était en train de s'enfiler un de ses précieux cachets. Elle dut remarquer mon regard insistant, ou alors entendre mon soupir, puisqu'elle releva rapidement le regard vers moi avant de relâcher la boîte de médicament.
— Quoi ? lâcha-t-elle sur un ton déjà défensif.
— Rien. Tu sais quoi ? Continue comme ça, et ça me permettra de prouver plus facilement que tu n'es pas apte à t'occuper de Noé. Tu m'offres sa tutelle sur un plateau là.
C'était peut-être cruel, mais je parlais sous l'effet de la colère.
— Alors tu vas vraiment aller jusqu'au bout avec ça ? souffla-t-elle. T'as que cette idée en tête ?
— Tu croyais quoi ? Que j'allais me dégonfler ? Que c'était qu'un caprice ? répliquai-je. Tu sais que l'audition c'est mercredi, dans trois jours ? Tu crois vraiment que je vais reculer maintenant ?
— Je crois que cette histoire d'audition et de tutelle est complètement débile, dit-elle. Ce n'est pas à toi que reviens la charge de Noé. C'est moi sa mère !
— Ah oui ? Alors rappelle-moi c'était quand la dernière fois que tu t'es occupée de lui ces six derniers mois ?
— Arrête ! Je ne pouvais pas ! Tu cherches juste une excuse pour me mettre de côté. Tu veux juste me prendre mon fils ! cria-t-elle. Tu veux me voler Noé !
— Je veux le protéger ! criai-je encore plus fort. Je veux qu'il retrouve une vie normale dans un cadre stable. Et ça, c'est pas ce que tu peux lui apporter en ce moment.
— Tu te rends compte de ce que tu fais ? s'étrangla-t-elle, un sanglot dans la voix. Tu veux me séparer de mon fils ! Tu vas lui retirer sa mère ! Est-ce que tu sais ce que ça va lui faire au moins ? Tu es vraiment prêt à aller jusqu'à ruiner une relation entre une mère et son fils ?
Je poussai un soupir. Il fallait toujours qu'elle retourne la situation à son avantage, et qu'elle apparaisse comme la victime. Il fallait qu'elle manipule les mots jusqu'à ce que je me sente mal. Même lorsque je savais que je prenais la bonne décision.
— J'ai tout expliqué à Noé, assurai-je. Avec des mots d'enfants, bien sûr, mais il sait ce qu'il se passe. Et il comprend. Il n'est pas idiot, tu sais. Je ne me serais jamais permis de faire ça derrière son dos et de le prendre avec moi sans lui en parler avant. Et j'ai expliqué d'une manière neutre, évidemment je ne me suis pas permis non plus de rabaisser sa mère devant lui. Honnêtement, s'il y a quelqu'un qui ruine ta relation avec ton fils, c'est bien toi, maman.
Avec tes deux fils.
— Tu as retourné le cerveau de mon fils de huit ans ! cingla-t-elle.
— T'en as pas marre de toujours te faire passer pour la victime ! craquai-je en élevant la voix. Je sais que ça a été dur pour toi de perdre Guillaume, mais ton fils est toujours là. Et lui aussi a perdu quelqu'un dans cet accident. Il a perdu son père ! Seulement tu ne le vois pas, tu ne vois que ta petite personne et tes problèmes. Et tant que tu ne t'en rendras pas compte, je ferais tout mon possible pour le protéger de tout ça. Parce qu'il a déjà assez de problèmes comme ça pour un petit garçon de huit ans.
— C'est mon fils ! cria-t-elle à nouveau en insistant sur le possessif.
— Et tu as tendance à l'oublier, répétai-je une énième fois en soufflant. Maman, tu restes plantée là toute la journée, dans ce foutu canapé et tu ne t'occupes que de te gaver de médicaments. Tu crois vraiment être apte à t'occuper d'un enfant dans cet état ? Tu n'as même plus de travail ! Alors que pendant ce temps-là j'ai cumulé deux boulots pour m'occuper de lui, pour subvenir à ces besoins. J'ai abandonné mes rêves sans hésiter pour lui. Et quand j'ai eu besoin d'aide, je savais très bien que c'était pas à toi que je pouvais demander. Vois les choses en face, maman, tant que tu seras dans cette situation, tu ne pourras pas t'occuper de Noé.
Elle ne répondit rien, se recroquevillant au fond du canapé. Son visage s'était fermé, ses yeux s'étaient embués. Je sentais que ses larmes n'étaient pas loin. Et comme elle restait ma mère, ça me faisait mal de voir que je les avais causées.
— Je veux juste qu'il rentre à la maison, murmura-t-elle d'une petite voix. Je peux me rattraper. Je saurais quoi faire une fois qu'il sera à la maison.
Ça, je n'en étais pas si sûr. Je soupirai à nouveau et me dirigeai vers le fauteuil placé en face du canapé pour m'y asseoir.
— Tu sais que ce n'est pas parce qu'il sort du centre qu'il est guéri, commençai-je. Est-ce que tu sauras vraiment quoi faire une fois qu'il sera là ? Est-ce que tu sauras comprendre et gérer tous ses besoins ? Tu as conscience de tout ce qu'il lui faut pour continuer sa convalescence ? Tous les rendez-vous auxquels il faudra continuer de l'emmener ? Tous les médicaments qu'il doit prendre ? Quoi faire en cas de crises d'angoisse ? Comment tu pourrais te rendre compte de tout ça quand tu n'as même pas pris la peine d'aller voir son état à l'hôpital. Le centre, c'est pas un remède miracle, il n'est plus le fils que tu as connu avant son accident. Et quand il sera simplement question de le rassurer, d'être là pour lui, est-ce que tu sauras comment t'y prendre ? Noé a aussi besoin de soutien psychologique. Et pour ça tu dois être forte si tu veux espérer l'aider.Est-ce que tu te rends compte, au moins, de ce que ça lui a fait, à lui, cet accident ?
Ma mère pleurait silencieusement en face de moi, la tête baissée, les bras croisés. Ses larmes coulaient le long de ses joues tandis que mon cœur se serrait. Si notre relation n'avait pas été aussi brisée, je serais aller la prendre dans mes bras.
— Il est fort, chuchota-t-elle. Il arrivera à surmonter tout ça.
Et ma colère refaisait surface. C'était tout ce que ça lui faisait ? Il s'en remettra tout seul ? Oui, Noé était fort, mais il restait un enfant qui avait besoin de soutien. Il avait besoin de sa famille.
— Il a huit ans, maman ! m'exclamai-je d'une voix chevrotante. Il a huit ans et il a déjà perdu son papa. Et il pense qu'il a aussi perdu sa maman. Il a besoin d'être entouré. Il se sent seul, maman. T'étais où, toi, quand il pleurait parce qu'il avait mal ? Quand il pleurait parce que ses parents lui manquaient ? Quand il pensait ne plus jamais remarcher ? Quand il faisait des cauchemars et des crises d'angoisses ? T'étais où à ce moment-là, maman ? Et t'étais où quand ça devenait trop pour moi et que j'avais aussi besoin de toi ? T'étais où ?
C'était désormais sur mes joues que les larmes coulaient. Je ne savais pas exactement quand j'avais commencé à pleurer mais toute cette conversation, toute cette situation et ma mère qui refusait d'en voir la gravité m'avait épuisé. J'étais à bout.
J'avais mal pour ma famille brisée.
Je baissai alors la tête, cachai mon visage dans mes mains et tentai d'étouffer mes sanglots. Je m'en voulais de pleurer comme ça devant ma mère, devant celle qui n'était plus capable de s'occuper de nous, de nous consoler. J'aurais voulu rester fort devant elle, fort pour tout le monde.
— Je suis fatigué, maman, sanglotai-je pourtant.
Je me figeai lorsque je sentis une main caresser mes cheveux. Elle était petite, frêle, la main de ma mère, froide sur ma peau lorsqu'elle descendit sur ma joue. Je ne l'avais pas entendu se lever et s'approcher de moi. C'était étrange, cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti ne serait-ce qu'un début d'affection maternel.
— Je suis désolée, Axel.
Je repoussai sa main et me relevai d'un bond. Je fis quelques pas, essuyai rageusement les restes de larmes sur mes joues et pris une grande inspiration. Je n'en voulais pas de ses simples excuses, je ne pouvais pas les entendre maintenant. C'était trop tard.
— Moi j'étais là pour lui. Et je continuerai de l'être, tranchai-je avant de quitter la pièce.
⭐️⭐️⭐️
Hey !
Rien qu'en corrigeant ce chapitre, ça m'a replongé dans tout ce que j'ai ressenti en l'écrivant. Je crois que c'est le chapitre de ce tome pour lequel j'ai ressenti le plus d'émotions "négatives". Je me souviens de la semaine où je l'ai écrit ; j'étais en colère face à la mère des garçons, triste pour la situation d'Axel et Noé, beaucoup de frustration aussi.
J'espère avoir réussi à vous transmettre toutes les émotions que j'ai voulu mettre dans ce passage.
Et je vous le promets, on aura aussi pleins d'émotions positives d'ici la fin de cette histoire.
Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Axel qui prépare tout pour l'arrivée de Noé ? Au petit soin et protecteur envers son petit frère ?
Le comportement de la mère ? Leurs discussions ?
Axel qui craque ? Vous le comprenez ?
Bon dites-moi, à quel point avez-vous hâte que Noé sorte du centre ? Vous pensez que tout se passera bien pour lui à l'extérieur ?
Vous l'aurez compris, on verra ça au prochain chapitre, j'ai hâte de vous le poster ! Comme toujours, je vous le posterai au plus vite. C'est vraiment un moment de l'histoire qui s'intéresse spécifiquement à Axel et Noé, impatiente de continuer à développer tout ça avec vous.
Alors je vous dis à très bientôt et je vous embrasse !
Tan 🦋
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