27. Sacrifice
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Axel
Debout devant notre miroir dans le salon, je me recoiffai. J'accordai de plus en plus d'importance à mon apparence, alors qu'il y a quelques semaines de ça c'était le dernier de mes soucis. Il y a quelques semaines de ça, je ne faisais plus du tout attention à moi, je ne prenais plus soin de moi. Je n'en avais plus le temps et encore moins l'envie. Aujourd'hui, tout ça avait bien changé.
Et j'avais bien conscience que Camille n'était pas étranger à mon changement de comportement. Non pas que je me sente obligé d'en faire des tonnes pour plaire à un homme, seulement il m'avait redonné l'envie. Intéresser un homme comme Camille, voir son regard sur moi et sentir ces sentiments qui se développaient de manière puissante et sans que je ne puisse les contrôler avait changé ma vision des choses. J'avais envie de recommencer à prendre soin de moi, et de faire attention à mon style. Je ne voulais plus prendre le premier tee-shirt qui me tombait sous la main, ni que mon vieux jogging me fasse de l'œil. Je voulais être bien habillé. Je voulais faire cet effort pour moi d'abord. Puis pour voir, peut-être, les yeux de Camille s'illuminer en me voyant. J'espérais pouvoir lui faire cet effet-là.
Je replaçais mes lunettes convenablement sur mon nez lorsque je sentis une présence à mes côtés. Je déplaçai mon regard pour voir le reflet d'une des jumelles me sourire. Cerise se tenait là, une main posée sur mon épaule.
— Tu as l'air heureux, dit-elle simplement. Tes yeux pétillent. Je ne sais même pas si je t'ai déjà vu comme ça.
Je me penchai un peu plus vers le miroir, inspectant mon regard chocolat, le cherchant à travers les reflets de mes verres de lunettes, pour tenter d'y déceler ce que Cerise voyait. Je ne m'en rendais pas compte. Je ne savais pas si j'avais l'air plus heureux, plus pétillant, je ne savais pas si ça allait durer. Mais ce qui était sûr, c'est que je me sentais bien en ce moment.
Bien mieux qu'il y a quelques mois.
— Le mois de juin a été bon jusqu'ici, déclarai-je en haussant les épaules. Noé va mieux, il sortira bientôt, j'aurais peut-être un nouvel appartement et...
— Et il y a Camille, compléta-t-elle avec des petits yeux malicieux.
Je hochai doucement la tête. Oui, il y avait Camille. Un mois et demi qu'il avait fait irruption dans ma vie, quelques semaines que j'avais pleinement accepté sa présence. Et oui, je n'allais pas le nier, Camille me rendait plus heureux.
— Je suis contente pour toi, reprit Cerise, d'une voix douce. Tu mérites vraiment d'être heureux. Je suis contente que tu aies rencontré quelqu'un comme Camille. Tu as retrouvé le sourire et je ne le remercierai jamais assez pour ça.
Elle déposa un léger baiser sur ma joue qui rougissait. Je ne pus empêcher ce sourire d'étirer mes lèvres. C'était comme une réponse automatique de mon corps à chaque fois qu'elle me disait ce genre de chose, et à chaque fois que Camille était évoqué.
— Je sais que je n'ai pas été très agréable à côtoyer ces derniers mois, commençai-je en me tournant vers mon amie. J'étais un peu morose, et j'en suis désolé. Mais je voulais te remercier, toi et Prune, de ne jamais m'en avoir tenu rigueur. Et d'avoir continué à me soutenir, de m'avoir aidé même quand j'étais de mauvaise humeur.
— C'est normal, Axel, assura-t-elle. Tu es comme un petit frère pour nous. Et on tient aussi beaucoup à Noé. On s'est promis de t'aider et d'être toujours là pour vous. Et on veut absolument te voir heureux. Alors maintenant arrête de papoter et va-t'en. Je sais que tu vas rendre visite à ton frère aujourd'hui, et retrouver ton amoureux.
— C'est pas mon amoureux, baragouinai-je en fuyant son contact.
Je me retournai pour échapper à son regard taquin et son sourire, cherchant nerveusement mes clés.
— Bien sûr, ricana-t-elle. On en reparlera dans quelques semaines. Ou le jour de la demande en mariage, qui sait ?
Je levai les yeux au ciel. Elle racontait n'importe quoi. Il était bien trop tôt pour parler d'amour. Et définitivement trop tôt pour parler mariage !
— Dis pas de bêtises, soufflai-je en déposant un baiser sur sa tempe. Je dois y aller, à tout à l'heure, Cerise.
Je n'attendis pas une seconde de plus, laissant ma tête baissée pour cacher mes joues rosées et sorti de l'appartement. Je dévalai les escaliers et me dirigeai au plus vite vers la première bouche de métro. Je ne m'étais jamais autant dépêché pour me rendre au centre. Mais j'étais incroyablement impatient de revoir mon petit frère. Et Camille aussi.
Une demi-heure plus tard, j'avais enfin retrouvé Noé, mais je n'avais encore pas vu son éducateur. Lorsque je m'étais présenté à l'accueil, j'étais tombé sur Léon qui m'avait indiqué que Noé était dans sa chambre. J'ai eu peur au début, croyant que Noé avait eu besoin de s'isoler parce qu'il était dans un mauvais jour. Mais finalement il m'attendait juste patiemment, tout souriant, ses chaussures aux pieds et sa béquille en main. Il voulait faire un tour dans le parc du centre.
C'est ainsi que nous retrouvâmes assis sur un banc, le même que celui sur lequel je m'étais installé avec Camille il y a quelques jours. Nous avions marché doucement, à notre rythme, Noé s'appuyant toujours fermement sur sa béquille mais adoptant un pas plus assuré, jusqu'à nous installer. Il faisait beau, les températures étaient idéales et mon frère était souriant, je ne pouvais rien demander de plus.
— Comment tu te sens aujourd'hui, mon grand ? voulus-je savoir.
— J'ai un peu mal à la jambe mais je vais bien, me répondit-il en langue des signes.
— Tu l'as dit aux infirmiers et aux médecins ? m'inquiétai-je.
Noé hocha la tête puis s'empressa de me rassurer.
— Oui mais c'est normal, expliqua-t-il. J'ai fait beaucoup de rééducation hier et puis j'ai toujours un peu mal avant de prendre mes médicaments.
— J'aimerais que tu n'aies plus mal du tout, soufflai-je.
— Peut-être un jour, signa Noé en haussant les épaules.
Je souris tristement avant de passer mon bras droit derrière ses épaules, le rapprochant de moi. Noé se laissa fondre dans mon étreinte, posant sa tête contre mon épaule. Moi aussi je profitai de ce câlin. Si je pouvais prendre toute la douleur et toute la peine de mon petit frère, je le ferais sans hésiter.
— Mais t'inquiète pas, Axel, reprit-il après m'avoir lancé un coup d'œil. Je vais bien. Et je préfère quand tu souris.
Je pouffai et hochai la tête. Je tentai de garder mon sourire alors qu'il se détachait de moi.
— Tu souris souvent en ce moment, remarqua-t-il. J'aime bien.
Il était adorable. Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter un petit frère aussi mignon ? J'avais envie de fondre. Comment pouvait-il autant s'inquiéter pour moi alors que c'était normalement mon job de m'inquiéter pour lui ? Tout le monde gagnerait à avoir un petit garçon tel que lui dans son entourage.
— C'est parce que toi aussi tu souris plus souvent en ce moment, lui répondis-je. Alors ça me rend heureux.
Suite à cette phrase, j'eus justement le droit à ce grand sourire – qui laissait apparaître sa dent manquante – qui le caractérisait tant. Il ferait craquer n'importe qui. Pas étonnant que mon petit frère ait réussi à charmer tout le service.
— Camille aussi te fait sourire, lança-t-il sans transition.
— Arrête avec ça, râlai-je instantanément, les joues rosies. T'es un voyou, tu le sais ça ?
Je n'avais pas encore eu cette conversation avec Noé, à propos de Camille et moi. Et je tenais à l'avoir – dans les prochaines semaines – parce que je voulais m'assurer que ça ne dérange en rien Noé. Mon petit frère n'en avait rien à faire que je sorte avec un garçon, c'était le dernier de ses soucis et pour lui c'était naturel. Mais je ne voulais pas qu'il se sente mal à l'aise face au fait que je sois en couple, je ne voulais pas qu'il pense que je n'aurais plus d'attention à lui donner.
Je comptais donc être honnête avec lui. Mais au vu de ce qu'il me répétait ces derniers temps, j'avais bien l'impression qu'on était déjà cramés.
— Je dis juste la vérité, rajouta-t-il en haussant les épaules. Moi je crois que tu l'aimes beaucoup beaucoup Camille.
Je levai les yeux au ciel et secouai la tête de gauche à droite. Noé était persuadé que Camille était mon amoureux, et il n'y avait pas moyen de lui retirer cette idée de la tête. Entre ça et la réflexion similaire que m'avait faite Cerise avant que je parte ce matin, je ne pouvais pas avoir une minute de répit avec cette histoire.
— Et tu ne veux pas t'occuper de tes affaires d'enfant au lieu de te mêler des miennes ? le taquinai-je en souriant.
Ma réflexion le fit rire, simplement. Ce petit pouvait être machiavélique.
— Moi aussi j'aime bien Camille, déclara-t-il. Il est gentil.
Oui, l'homme le plus gentil et bienveillant que je connaisse.
D'ailleurs, j'aperçus à quelques mètres de nous l'objet de notre conversation. Il se rapprochait doucement, son regard plongé dans le mien. Il ne tarda pas à nous sourire.
— Comment vous allez aujourd'hui, les garçons ? demanda-t-il sur un ton enjoué, avant de s'asseoir avec nous.
— On va bien, répondis-je simplement.
Un grand sourire aux lèvres, Noé fit un signe indiquant qu'il allait bien avant de détourner son attention sur autre chose. Rapidement, il quitta le banc pour aller inspecter ce qui semblait être une coccinelle posée sur une fleur en face de nous. Il adorait les coccinelles. Tout comme pour les écureuils, je n'avais aucune idée d'où cette passion lui venait. Mais je trouvais ça mignon.
En réalité, je crois qu'il aimait la nature en général. Que ce soit les animaux ou les plantes, il semblait très intéressé. Et ça ne pouvait pas me faire plus plaisir de le voir sensible à ces sujets.
— Il m'a appris des noms d'animaux en langue des signes l'autre jour, me dit Camille en continuant d'observer mon petit frère. Et le premier qu'il a choisi était "écureuil".
— Ça ne m'étonne pas de lui ! ris-je.
— J'ai aussi eu le droit au hérisson, au perroquet, à l'alpagua et à l'autruche. Est-ce que ton frère aime exclusivement les animaux originaux ?
Je me mis à rire et posai alors ma tête sur son épaule, avant de me reprendre aussi rapidement. Nous étions au centre, ce n'était pas le lieu pour ça.
— Il aime aussi les chiens, je te rassure, assurai-je d'un ton amusé. Et, pour sa défense, c'est aussi à cause d'un de ses livres qui lui apprend la langue des signes. Il ne contient que des animaux peu communs dans la vie quotidienne. C'est moi qui lui ai acheté il y a quelques mois.
— Mais si tu lui as pris celui-là c'est parce que tu savais que ça l'intéresserait, me fit-il remarquer. Donc on en revient quand même à sa passion pour les animaux originaux.
— C'est pas faux.
— J'ai toujours raison, affirma-t-il en plantant son regard doré dans le mien, rapprochant sa main de la mienne, l'effleurant presque.
Nous nous étions rapprochés, le visage de Camille était penché dans ma direction et nous avions soudainement créé notre bulle. Malgré l'endroit.
— Je ne dirais pas que tu as tout le temps raison. Juste assez souvent, nuançai-je.
— Merci de le reconnaître, murmura-t-il avec un sourire taquin.
Cette fois-ci, Camille attrapa complètement ma main, nouant ses doigts aux miens. Nous étions assis tout près, si bien que nos épaules se touchaient. Noé ne faisait plus attention à nous, concentré sur la classification des fleurs sur le massif qui nous faisait face.
— Si j'ai presque toujours raison, reprit-il en chuchotant, alors tu me croiras si je te dis que tu es incroyablement beau aujourd'hui. Et c'est ton sourire qui te rend le plus beau.
— N'importe quoi, soufflai-je en sentant une douce chaleur se propager le long de mes joues. Qu'est-ce que t'as aujourd'hui ?
— Je suis juste heureux de te voir, dit-il simplement, malicieusement.
Je savais, au fond, que c'était une très mauvaise idée, mais je ne lui dis rien lorsqu'il se mit à regarder autour de lui, certainement pour vérifier que personne ne nous observait. Je ne l'arrêtai pas non plus lorsqu'il s'approcha encore un peu plus de moi. Et je ne l'empêchai pas de terminer son mouvement lorsque ses lèvres se posèrent sur ma joue brûlante.
Je restai stoïque un moment, tentant d'enregistrer ce qui venait de se passer. Camille se recula légèrement, mais ses yeux restèrent près de moi, ancrés dans les miens. Ce fut la voix d'une personne extérieure, interpellant Camille, qui me ramena sur terre. Et je me reculai instantanément, laissant un espace bien plus convenable entre Camille et moi.
— Camille ! Cam ! Tu peux venir deux minutes ?
Mon vis-à-vis tourna instantanément la tête, et je suivis son regard. C'était Nicolas. Il se dirigeait vers nous d'un pas rapide et déterminé. Il avait presque l'air affolé.
— Nicolas ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Camille. J'allais te rejoindre dans deux minutes, j'ai besoin de ton aide pour installer l'atelier de cet après-midi.
— Je crois que ça va devoir attendre, souffla son ami. Camille, tu devrais venir avec moi maintenant. J'ai besoin de te parler.
Je vis Camille froncer les sourcils, soudainement inquiet.
— Je... Oui, d'accord.
— Camille ? lança une autre voix, féminine cette fois-ci. J'ai besoin de vous parler. Vous pouvez me suivre dans mon bureau ?
La femme qui se présentait devant nous était grande, brune, élégante et devait avoir une quarantaine d'années. Elle portait une blouse de médecin et arborait, sur son visage, une expression professionnelle, presque sévère.
En la voyant arriver, Camille s'était levé instantanément. Il acquiesça sans tarder et suivis cette femme sans un regard en arrière dans ma direction ou celle de Noé. Et bientôt, il disparut de mon champ de vision, passant les portes du centre et s'engageant dans un couloir.
— J'ai essayé de vous prévenir mais je suis arrivé trop tard, confessa Nicolas après avoir poussé un long soupir.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? m'inquiétais-je. C'était qui cette femme ?
— Sabrina, notre boss, me répondit-il sans me regarder.
J'eus l'impression que tout mon sang quitta mon visage. Les yeux écarquillés, je tournai à nouveau la tête vers le centre, fixant l'endroit vers lequel Camille avait disparu. Et si sa boss nous avait vu, il y a quelques minutes, trop proches l'un de l'autre ? Et si c'était pour ça qu'elle voulait lui parler ?
— Est-ce que Camille a des ennuis ? demandai-je alors à Nicolas. Pourquoi est-ce qu'elle veut lui parler ? Est-ce que c'est grave ?
— Calme-toi, Axel, tempéra-t-il. Je suis sûr que c'est rien de grave. Ça doit être à propos d'un de nos patients, faut pas que tu t'inquiètes.
Le problème, c'était que Nicolas n'avait pas l'air très convaincu par sa réponse. Son ton était hésitant et je le voyais passer nerveusement sa main dans ses cheveux. Alors je me levai et me rapprochai de lui, après avoir jeté un bref coup d'œil à Noé pour vérifier qu'il n'était pas plus perturbé que ça.
— Nicolas, dis-moi ce qu'il se passe, insistai-je. Sois honnête, je t'en supplie.
L'ami de Camille se tourna vers moi et croisa enfin mon regard, pour la première fois depuis qu'il était arrivé ici. Il poussa un nouveau soupir, baissa un instant les yeux et secoua la tête.
— Je vous ai vu, Camille et toi, depuis la salle commune, expliqua-t-il. Il faut vraiment que vous fassiez plus attention ici, les gars, vous étiez pas discrets du tout. Et notre boss, Sabrina, elle a débarqué de nulle part alors j'ai eu peur pour vous. Mais je crois que ma panique a attiré un peu plus l'attention dans votre direction. J'ai essayé de vous prévenir mais c'était trop tard. Je crois qu'elle vous a vu.
J'eus l'impression que mon cœur sortit de ma poitrine. Ma respiration se fit plus lourde et les questions commencèrent à fuser dans mon esprit.
— Tu crois que c'est pour ça qu'elle voulait le voir dans son bureau ? paniquai-je. Tu crois qu'il va avoir des problèmes ? A cause de moi ? Tu crois qu'il pourrait se faire virer ? Ne me dis pas qu'il va perdre son travail à cause de moi !
Nicolas dû remarquer mon angoisse puisqu'il se rapprocha pour poser ses mains sur mes épaules.
— Arrête Axel. Il faut vraiment pas que tu t'inquiètes autant pour Camille, il saura gérer la situation. Je suis sûr qu'ils sont simplement en train d'avoir une bonne conversation, tu n'as pas besoin de te faire des films maintenant. Et rien de ce qui pourrait se passer ne sera de ta faute, je sais que Camille ne voudrait pas que tu penses de cette façon. Alors respire un bon coup et calme-toi. Et je peux t'assurer qu'il ne se fera pas virer comme ça. C'est impossible.
Je hochai la tête et tentai tant bien que mal de faire confiance à Nicolas. J'essayai de le croire aussi fort que je le pouvais. Je me forçai à respirer, à calmer mon angoisse. Plus facile à dire qu'à faire.
C'était tout ce que je voulais éviter en commençant cette relation avec Camille, qu'il ait des ennuis à cause de moi.
— Ne cogite pas trop, reprit Nicolas. Je t'assure que ça va aller, et n'hésite pas à parler avec Camille. Ailleurs qu'au centre, de préférence. Je dois retourner travailler, est-ce que je peux te laisser ? Ça va aller ?
Je hochai la tête d'un geste automatique. Nicolas m'observa encore quelques secondes avant de tourner les talons et rejoindre le bâtiment.
Je retournai machinalement m'asseoir sur le banc, Noé m'y rejoignit rapidement. J'étais comme sonné, stressé de toutes les conséquences que ces dernières minutes pouvaient avoir. Je n'aurais jamais dû le laisser m'approcher.
— Est-ce que ça va ? demanda Noé, les sourcils froncés.
— Oui ! Oui, tout va bien mon grand, murmurai-je en ébouriffant ses cheveux, forçant un léger sourire.
Non, tout n'allait pas bien. Mais ce n'était certainement pas à mon petit frère de huit ans que j'allais déballer mes doutes et mes peines de cœur. Alors je gardai la face et ravalai mes angoisses devant lui.
Je tentai de me distraire, de continuer mes conversations avec Noé, de jouer avec lui. J'essayai de me changer les idées et de ne pas laisser mes pensées me persuader que tout allait s'écrouler entre Camille et moi.
Une bonne demi-heure s'écoula avant que Camille ne pointe à nouveau le bout de son nez. D'un pas beaucoup plus hésitant que tout à l'heure, il s'approcha de nous. Un sourire mince, presque crispé, habillait ses lèvres. Je n'aimais pas ça du tout.
Il fallait que je fasse quelque chose. Il fallait que je prenne une décision avant de complètement mettre en péril la carrière et la vie de Camille.
Le jeune homme vint s'asseoir à côté de moi, sur le banc, comme tout à l'heure. La seule différence était la distance qu'il avait instaurée entre lui et moi. Oui, il y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas.
— Je dois repartir dans dix minutes, j'ai un entretien avec un mini patient et sa famille, commença-t-il. Je voulais juste voir si vous alliez bien.
— Et toi ? répliquai-je. Est-ce que tout va bien ? Nicolas m'a dit que c'était votre supérieure. Qu'est-ce qu'elle te voulait ? Camille, sois honnête, est-ce que c'était à propos de nous ?
Il m'observa pendant une longue minute, hésitant, avant de pousser un soupir. Il baissa la tête avant d'acquiescer.
— Camille, je...
— Mais c'était rien de grave ! s'empressa-t-il d'ajouter. Elle n'a presque rien vu, elle est simplement arrivée quand on était proches. Elle n'a rien vu de compromettant, je te le promets ! Je lui ai juste dit qu'on avait lié une amitié parce que tu viens très souvent au centre et qu'on est dans la même tranche d'âge. Elle m'a rappelé les règles mais elle m'a cru, j'en suis sûr.
— Comment tu peux en être sûr ? m'inquiétai-je. Peut-être qu'elle va te surveiller plus étroitement après ça ? Comment tu peux être sûr qu'elle ne te convoquera pas à nouveau pour te virer cette fois ?
— Tu es optimiste, ça fait plaisir, soupira-t-il. On va faire attention, d'accord ? Mais je te promets qu'elle n'a aucune raison de me virer si elle n'a pas la preuve que j'ai commis une faute grave. Et, jusqu'à preuve du contraire, sortir avec toi n'est pas une faute grave.
— Mais c'est contraire à l'éthique de ton travail !
— Axel, arrête. Tu n'as pas besoin de t'inquiéter, tout va bien. Je sais que j'ai pris des risques alors qu'on était ici, au centre, mais ça n'arrivera plus. Si on fait attention, il n'y a aucune raison pour que ça tourne mal. Et en dehors du centre, on est toujours nous, juste Camille et Axel. Fais-moi confiance.
Je restai silencieux un instant, regardant droit devant moi, avant de hocher la tête. J'avais conscience que Noé était à côté, en train de nous observer, alors je tentai de ne rien laisser paraître, de garder un visage neutre pour pas qu'il ne se demande pourquoi son grand frère avait l'air perturbé. Et je ne voulais pas non plus que Camille pense que je doutais de lui, alors je ne rajoutais rien. Mais ça ne m'empêcherait pas de m'inquiéter.
Ce n'était pas un problème de confiance. C'était un problème de valeur et d'éthique.
Les dix minutes que Camille avait à nous réserver passèrent dans un silence pesant. Un silence que je n'avais plus connu depuis l'époque où je m'obstinais à le repousser, à tout faire pour qu'il ne rentre pas dans ma vie.
— Je dois y aller, souffla-t-il finalement. Noé, je te vois tout à l'heure, à l'atelier ?
Mon petit frère hocha la tête avec son éternel grand sourire. Moi je restai crispé, j'avais peur de faire un nouveau faux pas. Je ne voulais nuire en rien à la vie de Camille.
Nous nous levâmes tous les deux d'un bond, d'un même élan. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle j'avais imité son geste, c'était simplement automatique. Nous semblions soudainement mal à l'aise l'un envers l'autre, et je détestais ça. Je détestais cette atmosphère qui s'était alourdie, prenant un virage à 180 degrés par rapport à la douceur que j'avais ressentie au début de cette journée.
— On se voit demain ? me demanda doucement Camille, et je me contentai de hocher la tête.
Camille s'approcha de moi et tenta d'effleurer ma main de la sienne, mais je ne le laissai pas faire. D'un geste automatique – peut-être un peu trop brusque – je reculai et instaurai une plus grande distance entre lui et moi. Je voulais m'assurer de ne prendre aucun risque cette fois-ci.
Camille dû le comprendre puisqu'il m'adressa un mince sourire avant de s'éloigner.
— A plus tard, les garçons, dit-il finalement avant de se diriger à nouveau vers l'entrée du centre sans plus se retourner.
Je ne le quittai des yeux que lorsque je le vis atteindre l'accueil. Une boule s'était formée dans mon ventre et un poids pesait soudainement sur mon cœur.
Je ne voulais plus qu'une scène comme celle que je venais de vivre ne se reproduise. Je ne voulais plus que la patronne de Camille en vienne à douter de lui pour quoi que ce soit. Il faisait un travail formidable ici, et il devait continuer. Je ne pouvais pas être celui qui mettrait tout en péril.
Il était fait pour ça. Je ne serais pas celui qui serait un obstacle dans son épanouissement.
Je devais le protéger. Quitte à me sacrifier encore une fois.
⭐️⭐️⭐️
Hey !
J'étais bien occupée ce week-end, je m'excuse si j'ai pris un peu de retard ces derniers temps. En tout cas ça me fait plaisir de vous retrouver pour cette nouvelle publication. Bon, il se passe pas mal de choses pendant ce chapitre mine de rien, alors j'ai pas mal de questions à vous poser...
Déjà, comment avez-vous trouvé ce chapitre ?
La discussion entre Cerise et Axel au début ?
Noé qui taquine son grand frère ?
Camille et Axel, comment les avez-vous trouvé tout au long de ce chapitre ?
Notre couple serait découvert par la supérieure de Camille ? Nicolas qui essaye de les prévenir ? Leur comportement ensuite ? Qu'avez-vous pensé de tout ça ?
Je suis aussi curieuse de savoir... comment imaginez-vous la suite entre Camille et Axel maintenant ?
Impatiente ( et un peu anxieuse ) d'avoir vos avis !
Bon. Accrochez-vous mais restez avec moi pendant les prochains chapitres. Faites-moi confiance. On a encore une vingtaine de chapitres à passer ensemble, ça va aller <3
Je fais mon max pour revenir très vite vers vous avec le prochain !
En attendant je vous souhaite une bonne semaine, les amis.
À bientôt,
Tan 🦋
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