25. Âme d'Enfant

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— C'est encore loin ?

Je tournai un instant la tête vers Axel, un rictus étirant mes lèvres. Je haussai un sourcil et l'observai, histoire d'être certain que j'avais bien avec moi le jeune homme de vingt-et-un ans qui me faisait tourner la tête et non pas son frère de huit ans. Il était impatient. Et je devais bien admettre que j'aimais lorsqu'il retrouvait un petit bout de son insouciance et son côté enfantin. Ça m'amusait. Et puis il méritait bien de se laisser porter par la légèreté de ce genre moment. Loin de la vie d'adulte à forte responsabilités dans laquelle il avait été plongé si tôt.

C'était à ça que servait cette soirée que je nous avais organisée, à se détendre et retrouver son âme d'enfant, en toute insouciance.

— On est presque arrivés, le rassurai-je en pressant doucement mes doigts autour de sa main.

On avait pris les transports pendant une petite trentaine de minutes et désormais il ne nous restait plus que quelques mètres à faire à pied. Nous y étions presque. Et nous avions tout notre temps puisque nous étions en avance sur le programme que je nous avais concocté. Et tout ça grâce à Jérémy, le patron et ami d'Axel.

Lorsqu'il avait entendu que je devais passer le chercher après son service, il a décidé de lui offrir quelques heures de repos. Évidemment, convaincre Axel n'avait pas été une mince affaire. Il voulait absolument finir son service, tenir ses engagements et que rien ne soit retiré de son salaire. Mais Jérémy avait réussi à le rassurer, lui expliquant qu'il lui offrait juste une pause pour qu'il puisse profiter de son samedi soir, lui qui travaillait si dur le reste du temps. Je n'avais pas encore eu l'occasion de rencontrer officiellement ce Jérémy, je n'avais fait que de l'apercevoir parfois lorsque je me rendais au cinéma, mais je l'aimais bien. Et je lui étais reconnaissant pour ce geste.

Une fois cette proposition enfin acceptée par le têtu qu'était Axel, il m'avait rapidement envoyé un message, m'expliquant la situation et me proposant de venir plus tôt si j'étais disponible. J'avais été heureux d'accepter instantanément et sans hésitation. Je m'étais présenté seulement dix minutes plus tard au cinéma. J'avais attrapé la main d'Axel, remercié Jérémy et on avait filé aussitôt.

— Je sais pas où tu m'emmènes mais je suis pas assez habillé pour sortir, se plaignit Axel. Je ressemble à rien. Tu aurais dû me laisser le temps d'aller me changer.

Je levai les yeux au ciel, amusé. Il n'avait pas arrêté de me rabâcher ça avant que le métro soit trop loin pour faire demi-tour. Il ne comprenait pas qu'il n'avait pas besoin d'être sur son trente-et-un avec moi.

— Déjà, t'es parfait comme tu es, affirmai-je en plantant mon regard dans le sien. Alors arrête de raconter n'importe quoi. Et ensuite, t'as vraiment pas besoin de mettre tes plus beaux vêtements pour ce que je nous ai prévu.

— Et qu'est-ce que tu nous as prévu ? tenta-t-il à nouveau. Où est-ce qu'on va ?

— Si t'arrêtais un peu de jouer les curieux et que tu regardais devant toi au lieu t'admirer mon incroyable beauté, tu aurais eu un indice depuis deux minutes déjà, lui fis-je remarquer.

Cette si jolie couleur rose que j'aimais tant vint colorer ses joues alors qu'il détournait le regard. Je retins un rictus. L'air de rien, il se mit à regarder droit devant lui, et alors que nous nous rapprochions de plus en plus de notre but, je pus voir sa réaction se former progressivement à l'intérieur de ses prunelles.

Et alors que nous étions à quelques pas de l'entrée, son visage illuminé par les spots multicolores qui éclairaient le lieu, je vis ses yeux se mettre à briller et son sourire s'élargir. Elle était juste là, son âme d'enfant, tout près, et elle semblait prête à surgir. Et c'était exactement ce que je voulais de cette soirée.

— Une fête foraine ? s'exclama-t-il en se tournant à nouveau vers moi.

La joie débordait de son visage, et j'étais certain que s'il ne se contrôlait pas autant que maintenant, il serait capable de commencer à sautiller. Il était si mignon, et c'était dans ces moments-là que j'étais certain du choix que faisait mon cœur. Je donnerais tout ce que j'avais en ma possession pour le voir aussi heureux tous les jours du reste de nos vies.

— Oui, je me suis dit que ça te plairait, soufflai-je. On a carte blanche pour s'amuser en toute insouciance ce soir, ça te dit ?

— C'est parfait. Merci Camille.

Et sans que je ne m'y attende, Axel s'approcha rapidement de moi pour déposer un léger baiser sur ma joue. Un baiser qui laissa une empreinte chaleureuse tout comme le sourire qu'il m'adressa ensuite.

— Allez, viens avec moi, murmurai-je.

Je lui proposai à nouveau ma main et il l'accepta sans hésiter. Je nous dirigeai au milieu des allées alors que nous découvrions ce que cette fête avait à nous proposer. Axel regardait partout autour de lui, comme un enfant curieux qui ne voudrait rien rater. Aucune attraction, aucun spectacle, aucune couleur projetée autour de nous. Je suis certain que ce moment aurait eu une saveur particulière si Noé avait pu nous accompagner. Je pouvais déjà imaginer les deux frères arborer les mêmes expressions fascinées. Je gardais bien précieusement cette idée en tête, peut-être que nous pourrions même viser plus grand et un jour l'emmener dans un parc d'attraction. Ce serait l'occasion de passer un bon moment et de voir le sourire de Noé.

Il régnait autour de nous une atmosphère légère que nous en avions rarement connue, à part peut-être lors de cette soirée où nous avions eu le cinéma pour nous tous seuls pendant quelques heures. Mais ce soir était encore différent, il y avait cette joie pure, indéfinissable, et l'envie de profiter au maximum de cette soirée. L'instant présent sans plus penser aux obstacles que la vie avait mis sur la route d'Axel. Juste un moment de répit comme j'aimais tant lui en offrir où les problèmes étaient mis de côtés. Ça faisait quelques semaines déjà que j'en avais fait ma mission ; lui apporté les rires, les joies, les expériences de jeune adulte que la vie lui avait volées.

— Oh des auto-tamponneuses ! s'enthousiasma-t-il en pointant l'attraction du doigts. Ça doit bien faire dix ans que je n'en ai pas fait !

Je ne répondis rien, me contentant de l'attirer un peu plus vers moi et l'entraîner à ma suite. Je pris évidemment la direction de l'attraction pointée par Axel jusqu'à arriver à l'accueil où je me préparai pour payer notre tour.

— On va remédier à ça, dix ans c'est trop long, lançai-je.

— Mais, attends, chuchota-t-il en tirant sur ma main. On va vraiment faire cette attraction ? Tu crois pas qu'on est un peu vieux pour ça ?

Il s'inquiétait vraiment pour rien.

— On n'est jamais trop vieux pour ça, sache-le, affirmai-je. Je ne sais pas où tu t'es mis cette idée en tête. Moi je pense que tu devrais arrêter de t'inquiéter et profiter. Amuse-toi.

Axel laissa échapper un long soupir, abaissa ses épaules puis hocha la tête.

— D'accord, souffla-t-il. Allons-y.

Je payai l'attraction, non sans quelques protestations d'Axel qui voulait payer sa part, puis nous nous retrouvâmes bientôt installés chacun dans une de ces petites voitures. A quelques mètres de moi, confortablement assis, Axel avait soudainement l'air compétitif. Il m'adressa un simple clin d'œil malicieux avant que la partie commence. Allais-je à nouveau découvrir une nouvelle facette de sa personnalité ?

Les auto-tamponneuses se mirent rapidement en mouvement sur la piste alors que je serrais fermement le volant. D'un regard circulaire, je cherchais le jeune homme qui m'accompagnait. Je le repérai facilement, il avait pris de l'avance, roulant déjà vers le fond de la piste. Évidemment, je n'attendis pas une seconde pour me diriger vers lui, le prenant en chasse.

Il ne nous fallut pas longtemps pour commencer un jeu du chat et de la souris, ignorant toutes les autres auto-tamponneuses et le reste des gens autour de nous, bien qu'on se fasse tout de même cogner de tous les côtés. Nous ne pensions qu'à l'autre, qu'à l'atteindre.

Et même si je pensais un instant avoir l'avantage puisque j'avais pris Axel en chasse en premier, je me rendis bien vite compte que j'étais en réalité sa proie. Il réussissait toujours à m'atteindre, à me coincer, avec ce petit sourire fier de lui lorsqu'il me barrait la route. Il ne me fallut pas longtemps pour, en effet, découvrir cet esprit de compétition que me montrait aujourd'hui Axel. Bien sûr, je l'avais vu déterminé, notamment lorsqu'il voulait s'occuper au mieux de son frère, mais là c'était encore différent. Il n'y avait rien à gagner dans ce jeu, mais visiblement il tenait quand même à me montrer qu'il menait la danse. Son regard était malicieux, espiègle même, lorsqu'il s'approchait de moi avec ses intentions malignes au fond de ses prunelles.

Et moi j'étais trop heureux de tomber dans son piège pour me battre avec sérieux. Surtout lorsque j'entendis retentir – après qu'il s'est approché de moi à la plus haute vitesse que nous permettaient ses machines, me faisant faire une queue de poisson qui me poussa ensuite vers la rambarde – son incroyable rire. Un rire franc, sincère. Un rire vrai qui résonna dans toute la piste, aussi fort que je ne l'avais jamais entendu.

Axel s'amusait réellement.

— C'était génial ! s'exclama Axel en attrapant mon bras, une fois sortis de l'attraction. T'avais raison, ça valait le coup. J'ai adoré !

— T'as pas arrêté de m'envoyer dans le mur, j'espère au moins que tu t'es éclaté, me plaignis-je sans sérieux. Tu sais au moins qu'il n'y avait rien à gagner, pas vrai ?

— Si, la satisfaction d'être meilleur que toi, me contredit-il.

— Aux auto-tamponneuses ? Quelle gloire ! Et si pour toi être meilleur veut dire envoyer dans le mur toutes les personnes qui te gênent, alors j'aurais peur de monter dans une vraie voiture avec toi au volant.

— Qui t'a dit que j'avais le permis ? répondit-il sans que son air malicieux ne le quitte.

— Je comprends mieux alors !

Axel éclata de rire à nouveau, balançant sa tête en arrière et fermant ses yeux. Il était si beau. J'avais envie de déposé un baiser sur sa gorge désormais dévoilée, j'avais envie de l'embrasser, j'avais envie de le serrer contre moi. Mais je me retenais, parce que ce n'était ni le lieu et le moment, et parce que je ne voulais plus précipiter les choses entre nous.

Alors je, me contentai de l'observer et de me nourrir de son rire. Il réchauffait mon corps, c'était comme un automatisme, comme s'il m'était devenu indispensable pour fonctionner correctement. Il était addictif.

— Où est-ce que tu veux aller maintenant ? lui demandai-je une fois notre sérieux retrouvé.

Son bras sous le mien, nous marchions lentement à travers les allées de cette fête foraine, profitant du moment, de l'ambiance sans même réellement faire attention aux attractions autour de nous. C'était juste un moment agréable entre nous, un moment où nous pouvions être ensemble sans contraintes. Marcher à ses côtés me suffisait amplement.

De temps en temps, Axel sortait son téléphone pour filmer ce qu'il y avait autour de nous, ou pour me filmer moi. Il capturait tout ce qui attirait son attention, toutes les couleurs qui appelaient son œil, tout ce qui graverait l'histoire de cette soirée dans sa pellicule personnelle qu'était devenue sa galerie photo. C'était passionnant de le voir à l'œuvre, filmer ces petits moments de vie avec sérieux et une méthode bien à lui. J'étais certain que s'il en faisait un jour un film, nous pourrions reconnaitre son style. Le style Axel Moreau.

— On pourrait essayer ça ! proposa-t-il soudainement en pointant du doigts une attraction qui se trouvait en face de nous.

Le Palais des Glaces. Je hochai la tête et nous dirigeai vers l'entrée, prêt à payer nos places.

— Non, laisse-moi payer cette fois ! intervint-il, boudeur.

— Hors de question, c'est ma soirée que je nous ai prévu pour tous les deux alors c'est moi qui t'invite, déclarai-je fermement.

— Mais tu ne vas quand même pas tout payer toute la soirée ?

— Si. Organise ta propre soirée et comme ça, la prochaine, fois, c'est toi qui payeras si ça te tient tellement à cœur.

Axel ne répliqua rien, acceptant le deal à contrecœur. Il était absolument adorable avec ses bras croisés, sa petite moue et son regard faussement contrarié. Il pouvait me regarder comme ça autant qu'il le voudrait, je ne changerais pas d'avis. Il n'avait pas besoin de payer quoi que ce soit ce soir, et puis je voulais qu'il garde son argent durement gagné pour Noé. Je n'acceptai aucune négociation.

Heureusement, sa petite moue disparue très rapidement et son sourire revint dès que nous franchîmes l'entrée de l'attraction. Et j'eus à nouveau le plaisir d'entendre son rire, pour la troisième fois ce soir alors que nous cherchions notre chemin à travers ce labyrinthe.

L'avancée se faisait de plus en plus difficilement dans cette attraction recouverte de miroir. L'avantage c'était que j'avais l'occasion de voir Axel sous toutes les coutures et en plusieurs exemplaires, l'inconvénient était que tous ces miroirs perturbaient nos repères spatiaux. Il fallait trouver notre chemin à travers ce labyrinthe vers la sortie sans se tromper, ni sans rentrer involontairement dans un miroir – ce qui m'était arrivé, à mon plus grand bonheur puisque c'est ce qui avait faire rire Axel. Et il ne fallait pas non plus se laisser perturber par ces miroirs qui déformaient notre corps. Nous apparaissions plus grands ou plus petits, plus gros ou plus fin. Ça aussi c'était amusant, et Axel ne perdait pas une occasion pour se moquer de mes reflets.

Je le laisserais rire de moi autant qu'il le voudrait tant qu'il passait un bon moment, tant qu'il était joyeux.

Nous sortîmes enfin de l'attraction quelques minutes plus tard, un Axel joyeux comme je ne l'avais jamais vu auprès de moi, sa main se fondant parfaitement dans la mienne, à tel point qu'elle semblait faite pour ça. Tout au long de notre parcours, nous l'avions passé main dans la main, sans jamais nous lâcher.

— Ça m'a donné envie de sucre ! lança-t-il finalement. J'en reviens pas qu'on soit arrivés à cette fête foraine il y a une heure déjà mais que tu ne m'aies toujours pas traîné vers un stand de nourriture.

— Parce que la barbe à papa c'est de la nourriture pour toi ? me moquai-je en voyant très bien vers quel stand il choisissait de s'orienter.

— Ça va, je te promets que j'ai mangé convenablement avant mon service, je mérite bien un petit plaisir.

— Absolument ! Ce soir on a le droit de s'intoxiquer au sucre !

Il y avait du monde au stand de barbe à papa, des personnes de tous horizons, de tous âges. Il y avait des jeunes de notre génération, des adolescents, et des familles avec des enfants. C'était conviviale, agréable. L'ambiance était bonne et nous attendîmes notre tour avec patience.

Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes installés sur un banc un peu à l'écart, non loin de la grande roue qui diffusait ses couleurs flamboyantes autour de nous, nos nuages de sucre roses à la main. Aucun de nous deux n'avait attendu pour commencer la dégustation.

Un silence léger et confortable s'était installé entre nous. Cependant, je remarquai rapidement que je perdais peu à peu Axel qui semblait tomber à nouveau dans ses pensées. Le but d'aujourd'hui était d'oublier nos problèmes, et je voulais qu'il reste insouciant jusqu'à la fin de la soirée. Peut-être que ce moment de pause avait mis un frein à l'euphorie que nous ressentions quelques minutes auparavant mais je ne voulais pas qu'elle gâche complètement notre soirée. Il était si facile de retrouver le Axel anxieux que je côtoyais tous les jours, je savais que je ne le changerais pas. Mais je voulais qu'il n'hésite pas à me parler lorsqu'il ressentait à nouveau ce genre de chose. Quoi que ce soit, même le détail le plus futile, je voulais qu'il comprenne que je pouvais l'épauler et le soulager, même simplement l'écouter.

— Parle-moi, tentai-je d'une voix douce. Qu'est-ce qui se passe ?

Axel poussa un léger soupir, baissa ses épaules et ne rechigna pas à m'expliquer ses soucis, ce que je considérais déjà comme une petite victoire.

— C'est juste que tu n'arrêtes pas de me répéter que Noé devrait être autorisé à sortir bientôt et j'arrête pas d'y penser, commença-t-il. Je suis extrêmement content, mais je ne me sens pas prêt.

— Bien sûr que tu es prêt, Axel, assurai-je. Je sais que tu vas extraordinairement bien t'occupé de ton petit frère.

— Je ne suis pas prêt matériellement, Camille, clarifia-t-il en tournant la tête vers moi pour rencontrer mon regard. Si j'obtiens la garde de Noé, pour l'instant je n'ai nulle part où le loger. Je ne peux pas le faire venir à la coloc', il n'y a pas de place et on a besoin de notre espace à nous. Ça fait des semaines que je cherche un appartement, j'en ai encore visité un hier soir et je commence sérieusement à perdre espoir. Rien ne convient. Soit c'est complètement hors budget, soit l'endroit est inadapté pour Noé. Parfois, c'est même les deux combinés. J'ai besoin d'un endroit dans lequel Noé sera bien et pourra évoluer sans problème, mais qui puisse aussi rester dans mes frais.

— Tu cherches dans Paris ? voulus-je savoir. Dans tous les arrondissements ? Tu as essayé en dehors de Paris, ce serait peut-être mieux pour ton budget ?

— Je sais que je me fous une épine dans le pied mais je ne veux pas quitter Paris, couina-t-il avant de pousser un soupir désespéré. Je sais que c'est cher, que je devrais peut-être m'éloigner mais je voulais que Noé garde ses repères, et moi aussi. Je me suis éloigné, j'ai visité dans plusieurs arrondissements. Mais pour ce qui est de Paris, je veux y rester. Noé a encore des amis ici, et moi aussi. On a toujours eu tous nos repères ici, je sais que c'est cher mais je tenais à rester dans cette ville.

— Je te comprends, lui assurai-je en attrapant sa main, pressant ses doigts. On doit bien pouvoir trouver quelque chose ici, laisse-moi t'aider.

— Je ne vois pas ce que tu pourrais faire de plus, baragouina-t-il.

Moi je savais ce que je pouvais faire. Et je ne lâcherai rien avant d'avoir pu l'aider. Je n'étais peut-être pas en mesure de l'aider personnellement, je ne pourrais pas faire apparaître un parfait appartement comme par magie, mais je connaissais quelqu'un qui en était capable.

— Je peux t'aider, affirmai-je à nouveau avec conviction. Fais-moi confiance.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? me demanda-t-il, ses adorables petits yeux de chiot perdu plongés dans les miens.

— Il faut que je contacte quelqu'un. Laisse-moi quelques jours et je t'explique tout. Je te promets qu'on peut trouver une solution. Tu me fais confiance ?

Doucement, Axel hocha la tête. Je lui souris, heureux de le voir à nouveau placer sa confiance en moi, et me penchai pour déposer un rapide baiser sur ses lèvres si douces.

— Ça va aller, déclarai-je. En attendant la soirée n'est pas terminée, alors n'y pense plus et viens avec moi. On va te changer les idées.

Je me levai et tendis ma main vers lui. Il l'attrapa aussitôt et je l'attirais vers moi avant de l'entraîner vers une nouvelle allée. Les minutes passèrent, les attractions défilèrent et, progressivement, je vis les épaules d'Axel se relaxer à nouveau et son sourire retrouver sa place attitrée sur ses lèvres.

— Regarde les peluches, elles sont trop mignonnes ! s'exclama-t-il soudainement en regardant avec envie les cadeaux proposés par le stand de tir.

— Tu veux essayer ? lui demandai-je.

Axel se retourna vers moi, tirant sur ma main alors qu'il arborait une adorable petite moue hésitante.

— Tu vas trouver ça bête et cliché mais j'ai toujours voulu que quelqu'un gagne une peluche pour moi, murmura-t-il timidement. Tu sais, comme dans les films.

— Tu regardes vraiment beaucoup trop de films, le taquinai-je.

— Ah oui ? Pourtant ça n'avait pas l'air de te déranger quand tu m'as embrassé sous la pluie après t'avoir avoué que je rêvais de vivre un baiser de cinéma comme celui-là, me rappela-t-il, malicieux.

Touché.

Nous n'avions plus vraiment reparlé de cette soirée après avoir décidé de prendre notre temps cette fois, mais le souvenir de ce baiser enflammait toujours ma mémoire. Il était inoubliable. Et je devais avouer être ravi de constater que ce baiser n'avait pas non plus quitté la mémoire d'Axel.

— Alors, tu m'aides à réaliser une autre scène de cinéma ? continua-t-il, tout bas.

— Tes désirs sont des ordres.

Je déposai un léger smack sur ses lèvres et me présentai devant le stand, demandant à jouer une partie. Cela sembla simple sur le papier, il suffisait d'éclater les ballons qui se trouvaient en face de moi dans le temps imparti, seulement l'arme factice qu'on nous donnait pour accomplir cette tâche était plus susceptible que je ne l'aurais imaginé. Il me fallut deux autres essais avant d'atteindre mon objectif. Peut-être que je me ruinais pour un jeu idiot mais je voulais absolument gagner cette peluche pour Axel.

Et je réussi, je gagnai ma partie et ne perdis pas une seconde pour me retourner vers Axel et le prendre dans mes bras. Ma réaction était peut-être excessive, je n'avais pas gagné la coupe du monde, mais si mon prix était le sourire d'Axel alors cela me suffisait pour être heureux.

L'homme d'une quarantaine d'année qui tenait le stand me félicita et me demanda quel cadeau je désirais, m'expliquant ce à quoi j'avais le droit avec mon score. Je me tournai vers le garçon qui m'accompagnait, c'était à lui de décider.

— Qu'est-ce que tu veux ? lui demandai-je.

Le regard d'Axel se dirigea vers les peluches, les observa quelques secondes, comme s'il contemplait toutes ses options, avant d'en désigner une.

— Cette peluche, pointa-t-il. Le petit chien.

Je souris alors que l'homme me tendait la peluche. C'était un petit chiot, gris et blanc, vraisemblablement un husky.

— Mes parents ont un husky, dis-je à Axel en lui donnant la peluche. Bon, ce n'est plus un chiot, c'est même un géant maintenant.

— C'est vrai ? lança Axel, enthousiaste et les yeux brillants. J'aime tellement les chiens, mais je n'en ai jamais eu.

— Malo est adorable, je te le présenterai un jour, déclarai-je en lui adressant un clin d'œil.

Mais pour ça, bien sûr, il faudra que je présente Axel à mes parents. Et l'idée ne me déplaisait pas, bien au contraire elle me faisait envie. J'avais bien l'intention de garder Axel dans ma vie pendant un long moment – ainsi que Noé – alors je me sentais prêt à ce que mes parents rencontrent les garçons qui avaient chamboulé ma vie. C'était même très important pour moi. Mais évidemment pour ça, il me fallait l'accord d'Axel. Lui aussi devait se sentir prêt à franchir cette étape.

Axel ne releva pas ma remarque, ou peut-être fit-il semblant de ne pas la relever, trop concentré sur sa nouvelle peluche. Ce petit chiot aux yeux bruns curieux.

— Il te ressemble, soufflai-je.

— T'es en train de dire que je ressemble à un chien là ? s'offusqua-t-il dans une petite moue.

— Je dis que tu ressembles à un adorable petit chiot curieux quand tu fais cette tête-là, affirmai-je en m'approchant de lui, posant une main sur sa hanche.

Axel tenta de garder son sérieux pendant quelques secondes avant de pouffer de rire. Et je le suivis sans hésiter.

— D'accord, c'était un peu mignon, concéda-t-il.

Il était mignon, et pas qu'un peu. Nous nous étions décalés, dans un coin plus tranquille à côté du stand, et non plus en face de celui-ci. Alors je profitai de cet instant où aucun regard n'était braqué sur nous pour déposer un baiser sur ses lèvres, prenant le temps de savourer leur douceur. Je pouvais encore goûter ce léger goût sucré laissé par la barbe à papa.

Et c'est ainsi que se termina notre soirée, dans la douceur, les sourires, cette légèreté de retrouver pour quelques heures son âme d'enfant, cette insouciance. Et le confort de la présence de l'autre, sans retenue, sans obstacle. Il y avait cette affection mutuelle qui ne faisait que grandir entre nous. J'avais conscience de mes sentiments, et je savais pertinemment qu'il y avait sans doute bien plus que de l'affection dans ce que je ressentais. Mais je prenais mon temps, hors de question de le faire fuir.

Axel tint à jouer lui-même une partie de tir – et je découvris qu'il était bien meilleur que moi – pour gagner une peluche à offrir à son frère. Nous repartîmes alors avec un écureuil en plus du petit chiot. Il s'avérait que Noé adorait cet animal, sans même que son frère ne sache pourquoi.

Enfin, il insista pour faire un tour de grande roue, notre dernière attraction de la soirée, comme pour clore de manière grandiose notre rendez-vous dans cette fête foraine. Axel voulait que je l'embrasse une fois que la grande roue nous emmènerait au sommet, parce que c'était ce qu'ils faisaient dans les films. Alors je m'exécutai, sans rechigner.

Parce que je lui offrirais tous les scénarios du monde si c'était pour voir ses yeux briller autant que ce soir.

⭐️⭐️⭐️

Hey !

Est-ce que vous allez bien ?

Je suis contente de vous partager ce chapitre, il est encore assez léger au niveau de l'ambiance générale et j'ai aimé l'écrire. J'aime bien qu'on voit Axel un petit peu autrement que dans son rôle de grand frère responsable et toujours inquiet pour Noé ( même s'il n'oublie jamais vraiment cette partie là de sa vie...) J'aime bien qu'on puisse le voir aussi profiter de sa jeunesse. En tout cas c'est ce que cherche à faire Camille pour lui.

J'attends vos avis avec impatience, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Cette sortie à la fête foraine, une bonne idée de la part de Camille ?

Les différentes attractions, les moments d'insouciance ? Axel qui retrouve son âme d'enfant ?

Axel qui s'inquiète quand même de la suite, surtout d'un point de vue matériel ? Vous le comprenez ?

Camille qui veut l'aider ? A votre avis, qu'est-ce qu'il a en tête ?

J'ai vraiment hâte de lire tous vos commentaires et de discuter de tout ça avec vous !

Je sais que je dis ça à chaque fois, mais cette fois c'est vrai de vrai, je ne sais pas quand est-ce que je posterai un nouveau chapitre. Bon, rassurez-vous, je ne vais pas vous faire attendre un mois non plus, c'est juste que j'ai pris un peu de retard sur mon planning et que j'ai toujours pas commencé à travailler sur le prochain chapitre que je dois écrire. Je préfère vous prévenir. En tout cas vous aurez toutes les infos sur Insta, et je vous préviendrais de la publication du nouveau chapitre sur mon mur aussi ici.

En attendant, je vous souhaite un très bon week-end, les amis.

À bientôt,
Tan 🦋

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