20. Trouble
⭐️⭐️⭐️
Axel
Les draps froissés posés sur mon corps, la fraîcheur de l'oreiller dans lequel je nichai un peu plus mon visage, les légers rayons lumineux qui indiquaient que le jour s'était levé, c'était tout ce que je percevais alors que je me réveillais doucement. Mon corps était encore engourdi, mon esprit embrumé, si bien que je me demandais un instant où j'étais.
J'aurais pu me croire chez moi, à la coloc, s'il n'y avait pas eu ces sensations et petits détails étrangers dans la pièce que j'occupais, et ces souvenirs de la nuit dernière qui revenaient à la surface. Oui, je me souvenais de tout. Je me souvenais de m'être complètement laissé emporter par la fièvre du moment, par l'agréable sensation des lèvres de Camille sur les miennes, et par son corps contre le mien.
J'avais arrêté de réfléchir. Et désormais j'allais devoir vivre avec le fait d'avoir fait exploser toutes mes barrières en une seule soirée.
Mais je préférai attendre d'être bien réveillé avant de paniquer. Et surtout, d'être de retour chez moi.
Pour le moment, je m'étirai et enfonçai un peu plus ma tête dans l'oreiller voisin avant de faire glisser ma main vers la place à côté de moi. Je n'avais toujours pas ouvert les yeux, mais je me rendais bien compte que j'étais seul dans cette chambre. Seule l'odeur de café fraîchement préparé m'indiquait qu'il y avait bel et bien une trace de vie dans cet appartement.
Je me retrouvai alors partagé entre deux émotions. Le soulagement déjà, de ne pas avoir à affronter son regard tout de suite, ne pas avoir à affronter les souvenirs qui se baladerait dans ses yeux alors que j'étais à peine réveillé, dans son lit et vulnérable. J'étais soulagé de ne pas avoir à vivre ce moment gênant. Mais il y avait ensuite cette déception que je ne pouvais empêcher. Je ne devrais peut-être pas ressentir ça, pas si tôt, pas alors que tout ça était soudainement beaucoup trop précipité mais je ressentais ce petit pique dans mon cœur. J'étais déçu de ne pas sentir sa présence à côté de moi, déçu de ne pas pouvoir retrouver sa main pour l'enlacer de la mienne, déçu de ne pas pouvoir me blottir contre son corps et profiter de son aura apaisante pour m'endormir quelques minutes de plus.
Je fronçai les sourcils face à ces pensées, je ne devrais pas ressentir ça.
Pourtant c'était bien là. Retournant mon cœur et mon ventre.
Et, étonnement, je réalisai assez vite que je m'étais peut-être trompé, tirant des conclusions trop hâtivement. Car, alors que je prenais de plus en plus de place au milieu du lit en m'étirant, je sentis cet endroit sur le matelas qui se creusait légèrement sous le poids d'une personne. Ce fut à ce moment-là que j'ouvris enfin les yeux.
Camille était assis là, au bord du lit, et son regard était rivé sur moi. Il m'observait. Tandis que j'étais un peu désorienté. Depuis combien de temps était-il là ? Je me sentais soudainement complexé et embarrassé, j'espérais ne pas avoir été gênant pendant mon sommeil. Est-ce que j'étais décoiffé ? Est-ce que je m'étais trop mis à l'aise, prenant trop de place ? Est-ce que j'avais bavé ? Est-ce que...
Merde. Je n'avais pas de tee-shirt.
Soudainement complètement gêné en me rappelant de ce détail, je me redressai brusquement, m'asseyant contre la tête de lit et remontant les draps sur mon corps.
— Ça va ? me demanda-il doucement, avec un sourire rassurant.
Je ne lui adressai qu'un hochement de tête en guise de réponse, ne faisant pas confiance à ma voix à cet instant.
— Comment tu te sens ? réitéra-t-il pourtant, en dégageant une mèche de cheveux qui retombait sur mon front.
C'était comme s'il tenait vraiment à obtenir un début de réponse de ma part.
— Bien, soufflai-je simplement, timidement, en jouant avec mes doigts.
Le regard que Camille posait sur moi était tendre, ses yeux dorés brillaient d'une lueur douce. C'était comme si tout en lui voulait me dire « tout va bien », « s'il te plaît, ne panique pas ». C'était encore cette aura rassurante qui nous entourait et m'apaisait, pour un temps. Tant qu'il était là. Une fois que je me retrouverai à nouveau seul, ce serait certainement différent.
Camille passa une nouvelle fois une main douce dans mes cheveux puis m'adressa un sourire serein, affectueux.
— Je te laisse te réveiller, murmura-t-il. Tu peux utiliser la salle de bain pour te doucher et tu peux même m'emprunter des affaires si tu veux te changer. Sinon tes vêtements ont séché depuis hier, ils sont pliés sur la chaise juste ici. Prends ton temps. Je serai dans la cuisine si tu as besoin de quoi que ce soit.
Je hochai doucement la tête et le regardai partir. Il me donnait de l'espace, c'était clair, et j'appréciai véritablement ce geste. Il savait toujours quoi faire, il était à l'écoute, attentionné, et c'était notamment pour ça que je m'étais tant attaché à lui. Mais de l'autre côté je redoutais ce moment. Cet instant ou son aura réconfortante me quittait pour me laisser là, seul dans cette pièce, mis à nu – littéralement – et vulnérable.
Et j'eus raison d'anticiper ce moment. Il ne me fallut pas longtemps pour craquer, laissant échapper un long soupir misérable et laissant retomber ma tête entre mes mains.
Mais qu'est-ce que j'avais fait ?
Est-ce que j'avais tout fichu en l'air ? Est-ce que j'avais ruiné ma relation naissante avec Camille à cause d'une pulsion primaire qui avait pris le contrôle de mon corps ? A cause de mon putain de cerveau qui avait décidé de soudainement cesser de fonctionner ? Est-ce que j'avais mis en péril l'amitié précieuse que j'avais créée avec Camille, et que je chérissais désormais ? Est-ce que j'avais engagé un quelconque risque qui mettrait en péril le job de Camille et son implication auprès de mon petit frère ?
Pourquoi j'avais fait ça ?
Je me souvenais de tout. Chaque petit détail concernant la nuit dernière me revenait en mémoire. Ces baisers échangés, la douceur de ses lèvres, ses mains brûlantes sur mon corps, la chaleur fumante qui avait rapidement changé l'atmosphère de cette chambre. Chaque ligne tracée de ses doigts ou de ses lèvres sur ma peau vibrait encore en moi ce matin. Chaque toucher, chaque regard, ses yeux brillants aux reflets éclatants qui ne m'avait pas quitté un instant.
Et lui. Camille. Son corps pressé contre le mien, me tenant en sécurité. Sa douceur qui contrastait avec sa passion. C'était une fusion magique. Un moment hors du temps durant lequel nous nous étions découverts. J'avais appris son corps en même temps qu'il apprenait le mien, les dessinant de nos mains. Chaque détail auparavant caché s'était désormais révélé à nos yeux, chaque parfait défaut, chaque grain de beauté. Ceux-là m'avaient marqué. Je connaissais déjà celui qui habillait le côté droit de son cou, mais désormais j'avais visiblement développé une nouvelle obsession pour ceux que j'avais découvert sur sa hanche, deux grains de beauté qui se chevauchaient presque, ayant l'air de s'entrelacer.
Je poussai soudainement un soupir en resserrant l'emprise de mes mains dans mes cheveux.
Tout en lui était beau. Tout en lui était délicat. Et ça me bouleversait. Et ça me terrifiait. Mes réactions, mes sentiments face à lui m'oppressaient soudainement.
C'était trop. Et c'était trop tôt.
Je me redressai brusquement et me levai enfin. Je récupérai mes affaires et les enfilai rapidement. Je prendrais ma douche à la maison, pour le moment j'avais besoin de réfléchir et de respirer au plus vite.
J'appréhendai ma future interaction avec Camille. Mais il fallait que je le fasse. Je ne pouvais pas complètement partir comme un voleur. Un dernier effort et je retournerai me cacher au fond de ma chambre, pour tenter de mettre au clair mes idées et mes peurs. Mais pour ça, j'avais besoin de m'éloigner de lui.
Une fois prêt, je sortis alors rapidement de la chambre et retrouvai Camille en m'approchant timidement de l'entrée de la cuisine, n'osant pas complètement y rentrer. Il releva la tête assez vite dans ma direction et je le vis froncer les sourcils, surement en remarquant que j'étais déjà complètement habillé pour partir. Peut-être était-il déçu, mais bien vite son doux sourire refit surface, comme si de rien n'était, comme si je n'étais pas en train de fuir sans explication.
— Est-ce que tu veux prendre un petit déjeuner ? tenta-t-il tout de même en se rapprochant légèrement de moi, restant néanmoins à une distance raisonnable, comme s'il ne voulait pas me faire peur.
Peut-être que je me sentais soudainement mal en voyant ces tasses de café fumantes qui n'attendaient que nous ainsi que tout ce que Camille avait déjà préparé. Il y avait en effet de quoi prendre un bon petit déjeuner. C'était comme s'il avait préparé un peu de tout pour être certain que j'ai de quoi manger, puisqu'il ne se doutait certainement pas de ce que je prenais le matin. Ça me tordait le cœur, mais j'étais déjà en train de retarder mon besoin de paniquer, je ne pouvais pas rester ici une minute de plus.
— Non, je pense que je devrais plutôt y aller, dis-je d'une petite voix, osant à peine le regarder. Je dois me changer et me préparer pour mon service au cinéma, je veux pas être en retard.
C'était juste un gros bloc de mensonge. J'aurais pu me changer et me doucher ici comme Camille me l'avait proposé, j'avais encore largement le temps avant de prendre mon service, et de toute façon l'appartement de Camille n'était qu'à dix minutes du cinéma dans lequel je travaillais. Dans tous les cas, je n'aurais pas été en retard. Mais c'était la seule excuse que j'avais.
Et Camille sembla le comprendre puisqu'il hocha la tête, sans chercher à me retenir.
— Je... on se verra bientôt... au centre, bafouillai-je avant de faire demi-tour.
Je me dirigeai vers l'entrée et enfilai rapidement mes chaussures. J'allais poser ma main sur la poignée de la porte lorsque j'entendis sa voix m'interpeller derrière moi.
— Axel, attends ! Tes lunettes ! On... on les a laissé là hier soir et... Je les ai lavées, tiens, me dit-il en me les tendant.
Je les attrapai et les mis sur mon nez en me maudissant pour les avoir presque oubliées. Il fallait dire que je pouvais voir presque correctement sans elles, même si je me fatiguais vite les yeux. Heureusement qu'il y avait pensé. Moi je n'avais plus la tête à rien, visiblement.
— Merci, soufflai-je doucement.
— Axel, est-ce que tout va bien entre nous ? demanda-t-il soudainement, sur un ton plus vulnérable qui me surprenait.
— Oui, oui bien sûr, tout va bien, balbutiai-je.
Camille poussa un soupir, semblant peu convaincu, puis se rapprocha de moi, effleurant ma main.
— Je veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous, confessa-t-il. Hier soir, quand on... enfin tu vois, tu as dit que tu étais sûr de toi quand je t'ai posé la question. Tu as dit que tu voulais arrêter de réfléchir et que tu paniquerais plus tard. Mais Axel, je ne veux pas que tu paniques du tout. Il n'y a rien de grave, rien qui doive te faire peur, tu peux me faire confiance, on peut en parler. On n'a pas besoin de mettre ce moment qu'on a échangé ensemble sur un piédestal et d'en avoir peur, on est deux adultes qui savent ce qu'ils font. Et je ne veux pas que tu aies peur de parler avec moi s'il y a quoi que ce soit que te met mal à l'aise.
Je ne le méritais pas. Je ne méritais pas sa gentillesse et sa bienveillance.
— C'est gentil Camille, mais tout va bien, je t'assure, m'obstinai-je. Je dois juste vraiment partir. On se voit lundi au centre.
Je tentai un sourire maladroit dans sa direction puis ouvrit la porte et sortis de son appartement, sans être retenu cette fois-ci.
Je n'étais pas sûr de croire à mon mensonge, et je n'étais pas certain qu'il y croie lui-même, mais c'était le maximum que je pouvais faire pour l'instant. Je ne pouvais rien lui promettre ni le rassurer.
Je dévalai rapidement les escaliers de son immeuble et m'engouffrai dans cette rue tranquille qui se réveillait doucement, bien étrangère à mes tracas. Les traces de l'averse qui s'était abattue sur Paris hier soir étaient encore présentes, sur les voitures, sur les trottoirs encore trempés. Il avait plu une partie de la nuit et ce détail me ramenait incontestablement à ce baiser échangé sous cette pluie battante.
Presque comme je l'avais imaginé dans mes rêves d'ado. Un baiser qui me retournait encore le ventre quand j'y pensais, qui serrait mon cœur. Il avait été renversant. Mais aujourd'hui il me bouleversait pour de mauvaises raisons. Parce que j'étais incapable de ne pas m'inquiéter pour l'avenir. Parce que j'étais incapable de voir le positif et la magie du moment, laissant trop de places à mes doutes et mon pessimisme.
En fait, tout me ramenait à cette nuit, chaque détail, chaque pensée déverrouillait un nouveau souvenir. Et même lorsque je m'engouffrai dans la première bouche de métro que je trouvai, m'éloignant progressivement de Camille, je ne pouvais m'empêcher de cogiter. Je continuai, restant bloqué dans mes pensées, tout au long de mon trajet, jusqu'à ce que j'arrive enfin à la coloc'.
Et même là, je n'eus pas le temps d'aller me réfugier dans mon repère, je n'eus pas le temps de m'isoler pour réfléchir toujours plus, pas même le temps de souffler puisque je fus alpagué par deux jumelles dans tous leurs états.
En réalité il y en avait une qui semblait particulièrement agitée et inquiète, et l'autre qui était plus calme et simplement intriguée.
Je poussai un soupir et les dépassai pour aller m'installer sur le canapé. Je pouvais dire adieu à ma chambre pour l'instant, je savais de toute façon qu'avant ça, j'allais devoir subir un interrogatoire.
— T'étais où ? commença Cerise d'une voix qui témoignait, certes, de son inquiétude mais qui était surtout beaucoup trop haut perchée pour cet horaire matinal. T'es pas rentré de la nuit ! On s'est inquiétées !
— Elle s'est inquiétée, corrigea Prune en pointant sa sœur du doigt. Moi je pense que tu étais bien en sécurité.
Je lui jetai un coup d'œil et eus instantanément envie de lever les yeux au ciel face à son rictus malicieux très explicite. Au lieu de ça, je poussai un nouveau soupir et laissai ma tête retomber contre le dossier du canapé, les yeux fermés.
Une minute sembla s'écouler, le silence régnait à nouveau dans notre salon. Je sentais le regard des jumelles sur moi, elles devaient attendre impatiemment une explication, que je dise quelque chose au moins. Je les imaginais bien avec les bras croisés toutes les deux, l'une gardant son air malicieusement pétillant et l'autre arborant un regard plus sévère.
Je n'allais pas y échapper de toute façon, et puis j'avais besoin de retirer ce poids de ma poitrine, d'en parler à quelqu'un. Et celles qui étaient mes meilleures amies étaient les meilleures personnes pour faire ça, malgré leur côté surprotecteur et déjanté. Alors je crachai le morceau.
— J'ai couché avec Camille, lâchai-je de but en blanc. J'étais avec lui toute la nuit.
Leurs réactions ne se firent pas attendre. Cerise prenait une grande inspiration tandis que sa sœur laissait échapper un ricanement. Et je ne savais pas lequel de leur comportement m'ennuyait le plus.
— J'en étais sûre ! s'écria Prune. J'aurais dû parier.
Là, sa sœur était probablement en train de lui jeter un regard noir. Tant mieux, comme ça je n'avais pas à le faire moi-même.
— Mais j'étais morte de peur ! enchaîna Cerise en venant s'assoir à côté de moi sur le canapé. Peut-être que tu aurais pu nous prévenir, nous envoyer un petit message, pour nous dire que tu ne rentrais pas. On n'a pas l'habitude que tu découches.
— Et quand voulais-tu que je t'envoie un message ? répliquai-je en élevant cette fois-ci la voix, ouvrant les yeux pour confronter ceux de mon amie. C'est pas comme si c'était prévu. C'est juste arrivé comme ça, sans prévenir, sans qu'on puisse le contrôler.
— Je comprends, je suis désolée, murmura Cerise d'une voix plus douce. Je voulais pas avoir l'air de jouer la maman poule ou de m'immiscer dans tes décisions et ta soirée, j'étais juste sincèrement inquiète. Comment tu te sens ?
Je haussai les épaules. J'en savais trop rien. Je ne savais pas si je devais écouter mon cœur qui me rappelait cette connexion que j'avais eu avec Camille, cette magie que j'avais ressentie auprès de lui, ou écouter ma tête qui voulait me convaincre que j'avais tout ruiné pour tout le monde.
— On est là pour toi si tu veux vider ton sac, reprit Cerise en attrapant ma main. Ça peut aider, et t'empêcher de te monter la tête.
Je resserrai ma prise sur sa main et posai ma tête sur son épaule. Je n'en voulais pas à Cerise pour son comportement surprotecteur, je savais qu'elle était comme ça lorsqu'elle tenait aux personnes qui l'entouraient, et je ne pourrais jamais lui en vouloir longtemps pour ça. Et je savais que les jumelles me considéraient un peu comme leur petit frère, elles m'avaient vu passer les étapes les plus difficiles de ma vie ces derniers mois, alors je comprenais qu'elles agissent de cette façon avec moi.
— Donc tu es du genre à coucher le premier soir ? lâcha soudainement Prune, sans prévenir, cassant cette bulle de douceur qui commençait à se former et me réconforter.
Elle arborait toujours ses yeux malicieux, et son rictus amusé tandis que je lui lançai le regard le plus noir que j'avais en stock. Sa sœur, elle, la réprimanda sévèrement.
Prune, c'était la jumelle franche qui mettait les pieds dans le plat et qui cassait tout une ambiance sans même s'en rendre compte. Et sa vérité crue me donnait envie de me recroqueviller un peu plus dans les bras de Cerise.
— Ce que veut dire Prune, c'est que vous êtes passés de zéro à mille en un soir, rectifia Cerise d'une manière plus diplomate. Vous avez sauté toutes les étapes alors que vous étiez encore en train de vous apprivoiser. Et on ne dit pas que c'est mal, vraiment ! Mais on voudrait savoir comment tu te sens par rapport à tout ça.
Comment je me sentais par rapport à tout ça ?Perdu. Totalement et indéniablement. Comme en témoignait toutes les pensées qui se battaient dans mon esprit.
Je me redressai brusquement en poussant un grognement. Je posai mes coudes sur mes genoux et cachai à nouveau mon visage dans mes mains. Mais qu'est-ce que j'avais foutu ?
— J'aurais jamais dû faire ça, grommelai-je. Je n'aurais jamais dû remonter dans son appartement, je n'aurais jamais dû me laisser emporter. J'aurais dû partir quand j'en ai eu l'occasion. J'ai tout gâché.
— Qu'est-ce que tu racontes, Axel ? Je suis certaine que tu n'as rien gâché du tout, assura Cerise en caressant doucement mon dos de sa main.
— C'était trop et trop vite, insistai-je. On commençait juste à être amis. Et si ça ruinait le futur de notre relation ? Et si tout changeait entre nous ? Et si ça nous éloignait ? Et si je mettais en péril son boulot ? Je suis le frère de son patient, merde ! Et si ça venait à se savoir ?
— Et si ça faisait évoluer votre relation pour le meilleur ? contra Prune.
Je relevai doucement la tête au son de sa voix et trouvai son regard. Elle m'observa un instant avant de s'accroupir devant moi, posant ses mains sur mes genoux.
— Ecoute, Axel, reprit-elle. Peut-être que tu as raison, peut-être que votre relation va changer après ça. Mais pourquoi est-ce que ce serait obligatoirement pour le pire ? Vous vous appréciez tous les deux, clairement. Tout le monde peut le voir, le sentir, cette attraction entre vous. Vous y avez cédé hier soir, et alors ? C'est pas grave, et je suis persuadée que Camille ne s'éloignera pas pour ça. Axel, tu devrais arrêter de toujours penser au pire. Tu devrais juste vivre et profiter du moment présent. Tu ne peux pas tout contrôler, alors laisse-toi aller et écoute-toi. Écoute ton cœur. Est-ce que tu as aimé ce moment avec Camille ?
— Oui, mais...
— Alors c'est tout ce qui compte, me coupa-t-elle. Ecoute-toi, Axel, s'il te plaît. Et détends-toi. Tu n'as rien fait de mal. Tu vis, c'est tout.
— Prune a raison, renchérit Cerise. Tu n'as rien à te reprocher, tu es un jeune homme qui a profité de sa soirée avec une personne qu'il apprécie. Ne pense pas aux conséquences. Camille a l'air d'être quelqu'un de bien, et il t'aime bien, ça crève les yeux. Et on voit bien que c'est réciproque. Alors rien d'autre ne devrait compter. Tu n'as pas fait de bêtise. Et cette nuit que tu as passé avec lui ne doit pas obligatoirement avec une grande incidence sur votre relation. Tu peux encore prendre ton temps pour comprendre ce que tu ressens pour lui, pour développer votre relation. Mais pour ça, il faudra que tu parles avec lui, Axel.
— Je sais même pas si je pourrais le regarder dans les yeux la prochaine fois qu'on se verra, couinai-je.
— C'est normal d'être un peu gêné et timide parfois. Mais on te connait, Axel, soupira Prune. Tu as tendance à fuir, et c'est certainement ce que tu as fait ce matin, mais s'il te plaît, ne laisse pas Camille dans le flou. Il est peut-être perturbé par tout ça aussi, alors au lieu de ruminer chacun dans votre coin, le mieux serait de parler ensemble. Communiquer c'est le plus important, dans n'importe quelle relation.
Mon regard alterna entre les deux jumelles. Leurs prunelles étaient douces, compatissantes, mais aussi fermes. Elles voulaient faire passer leur message. Et leurs conseils étaient bon, je le savais. Je savais tout ça, je savais que j'avais tendance à fuir et que je n'aurais peut-être pas dû le faire ce matin, je savais que je ne devrais pas m'isoler et aussi penser aux sentiments de Camille. Mais tout ça était tellement plus facile à dire qu'à faire.
Et Prune avait soulevé un de mes problèmes. J'avais peur, je voyais le pire parce que je voulais toujours tout contrôler. Je n'avais pas toujours été comme ça, mais j'avais arrêté de vivre depuis l'accident de mon petit frère. Aujourd'hui chacun de mes gestes, chacune de mes décisions, était contrôlée, parce que tout pourrait avoir des conséquences sur ma future vie avec Noé, et l'obtention de sa garde.
J'avais peur de tout, et je ne vivais plus pour moi. Et encore moins selon les décisions de mon cœur. C'était trop risqué.
— Je... je vais y réfléchir, lâchai-je simplement en évitant cette fois-ci leur regard. Mais pour l'instant j'ai vraiment besoin de penser à autre chose, et j'ai vraiment besoin de prendre une douche. Il faut que j'aille travailler, je vais réellement finir par être en retard.
Les yeux stricts de Prune restèrent quelques secondes sur moi avant qu'elle ne se relève dans un soupir pour me laisser passer. Je sentais qu'elles me regardaient toutes les deux m'en aller, et je savais déjà qu'elles s'inquiétaient pour moi.
— Ne réfléchis pas trop, c'est jamais bon, lança Prune avant que je ne disparaisse au détour du couloir.
Malheureusement, je ne pouvais rien promettre.
⭐️⭐️⭐️
Hey !
J'espère que vous allez bien. On se retrouve aujourd'hui pour un chapitre qui vous inquiétait peut-être ; le lendemain.
Bon, vous commencez à me connaître, tout ne pouvait pas être tout beau tout de suite, on va pas jouer la facilité...
Mais j'espère que ce chapitre vous aura plu quand même.
Qu'en avez-vous pensé ?
Le réveil d'Axel ?
Camille ?
La réaction des jumelles ? Leurs conseils ?
Est-ce que vous comprenez la réaction d'Axel ?
Impatiente de connaître vos avis !
Pour l'instant j'ai pas réussi à commencer une ligne du chapitre sur lequel je devrais travailler. J'essaye de ne pas me mettre la pression mais ces derniers jours sont difficiles. Mais je fais au mieux pour vous apporter le prochain chapitre au plus vite, comme d'habitude.
On y rencontrera un nouveau personnage d'ailleurs, une idée de qui ça peut être ?
Bon week-end à vous, je vous embrasse !
À bientôt,
Tan 🦋
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