15. Avancer
"Le temps ferme toutes les blessures, même s'il ne nous épargne pas quelques quelques cicatrices."
Marc Levy
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La vie avait repris son cours. La petite parenthèse que j'avais vécu avec Axel et Noé n'était pas oubliée, mais elle était mise de côté afin de retrouver une position professionnelle. Pourtant, ce moment ne datait que de la veille, mais je me devais de retrouver ma position d'éducateur maintenant que Noé était de retour au centre. Je devais l'aider de la même façon et le traiter de manière égale aux autres enfants présents dans ce centre.
Néanmoins, rester neutre, garder une certaine distance était difficile alors que les souvenirs de notre journée passée ensemble rayonnaient encore dans mon esprit. Et, même si j'étais heureux et fier des progrès de chaque enfant, cela me semblait désormais difficile de ne pas m'extasier devant Noé qui assurait une séance de rééducation exemplaire devant mes yeux. Tout comme il était difficile de résister et de ne pas partager ma joie avec Axel, qui se tenait debout à côté de moi, face aux progrès que faisait son petit frère.
Son sourire était radieux, ses yeux concentrés sur Noé étaient fiers, sa posture était encourageante et le tout formait un ensemble adorable. C'était vraiment beau d'être témoin d'un tel soutien, Noé avait vraiment besoin de ça, c'était aussi un élément essentiel dans la guérison et la reconstruction.
Je savais qu'Axel était arrivé assez tôt ce matin, et qu'il avait assisté à la séance de rééducation depuis le début. Moi, je les avais rejoint plus tard, mais j'étais arrivé juste au bon moment pour le voir s'entraîner à marcher sans sa béquille. C'était encore hésitant, son maintien était encore fragile, mais je savais qu'il avait déjà fait un long chemin pour retrouver la mobilité de sa jambe et de sa hanche alors je trouvais ça incroyable de voir qu'il réussissait, avec force et détermination, à surmonter les obstacles pour se tenir debout aujourd'hui. Il était souriant et fier, lui aussi, et ça c'était inégalable.
— Je l'admire, tu sais, souffla soudainement Axel sans cesser de regarder son petit frère. Je ne sais pas si j'aurais eu la même force à son âge, surtout après tout ce qu'il a dû traverser.
— Moi je vous admire tous les deux, répondis-je en me tournant vers lui. Parce que toi aussi tu es incroyablement fort, Axel, tu es courageux de supporter tout ça, d'aider ton petit frère, de prendre la décision de t'occuper de lui. A vingt-et-un ans, crois-moi, c'est vraiment gonflé comme décision, alors tu peux aussi être fier de toi. Tu t'en rends peut-être pas compte, mais je serais là pour te le rappeler, tu es une personne admirable, et tu es aussi fort que ton frère, n'en doute pas une seconde.
Axel s'était retourné vers moi et me regardait désormais intensément. Je ne savais pas exactement ce qui se passait dans sa tête à cet instant, c'était comme s'il ne savait pas comment réagir face à mes propos. Mais je voyais qu'il avait l'air ému, touché, il semblait simplement se contenir pour ne pas se laisser submergé par les émotions. Peut-être à cause du cadre dans lequel nous nous trouvions, dans ce centre, en face de son frère et avec des membres du personnel tournant autour de nous. En tout cas, le simple sourire qu'il m'offrit avant de baisser timidement la tête me suffit. Et j'espérais vraiment qu'il me croyait, qu'il pourrait se rendre compte à quel point il était un jeune homme extraordinaire.
— Il a fait tellement de progrès, c'est impressionnant ! reprit-il, se concentrant à nouveau sur son frère. Je me souviens des débuts, je me souviens à quel point il détestait le fauteuil, il en pleurait. Moi j'essayais de le rassurer et de lui faire comprendre qu'on trouverait des solutions, quoi qu'il arrive, que même si c'était difficile il s'adapterait au fauteuil et que ça ne l'empêcherait pas de vivre sa vie. Mais le jour où il a réussi à se lever, à tenir debout, ça a été la première fois où je l'ai vu vraiment sourire depuis l'accident. Et aujourd'hui son objectif c'est de se débarrasser de sa béquille. J'ai toujours cru en lui, mais le voir progresser aussi rapidement et ne pas baisser les bras, ça m'a épaté.
— C'est un enfant, il n'aime pas être retenu et veut pouvoir courir partout, dis-je. Et c'est sûrement ce qui a servit à sa détermination. La motivation est un premier grand pas, un élément primordial dans la rééducation, et donc pour la guérison.
Axel hocha la tête avant de se tourner légèrement vers moi.
— Et puis ses progrès ne sont pas seulement physiques, rajouta-t-il d'un voix plus basse. J'ai vu sa psychologue ce matin, et visiblement ils avancent aussi beaucoup pendant leurs séances. Bien sûr, il restera marqué à vie, mais je crois vraiment qu'il commence à aller mieux.
— Je ne suis pas dans ce service depuis longtemps, mais on le voit aussi, Noé va mieux, confirmai-je. Et c'est pour ça que ses médecins ont accepté sa sortie le week-end dernier. Si tu veux mon avis, ça s'annonce très bien pour lui, pour vous. Je ne serais pas surpris si on commence à te parler de sortie définitive d'ici quelques semaines.
Je vis les yeux d'Axel s'écarquiller, comme s'il n'avait pas encore envisagé cette possibilité, comme si je lui parlais de quelque chose qui était à la fois extraordinaire et inespérée.
— Tu crois ? Ne me donne pas de faux espoirs, soupira-t-il.
— J'en suis persuadé, affirmai-je avec un clin d'oeil. Encore un peu de patience, mais vous arrivez au bout de chemin. En tout cas, vous avez fait le plus dur, et Noé va bientôt pouvoir reprendre une vie normale.
Le sourire que m'adressa Axel à cet instant pourrait rester gravé dans ma mémoire. Je comprenais qu'envisager la sortie de Noé devait déjà être un soulagement, et j'étais impatient d'en être témoin. Après tout ce qu'ils avaient vécu, ils méritaient bien d'être libérés et de pouvoir recommencer à vivre, comme tous les autres enfants de ce centre d'ailleurs.
Ce fut cet instant que Noé choisit pour tourner la tête vers nous, un grand sourire aux lèvres. Il fit un signe à son frère avant de me dire bonjour. Je lui répondis et lui demandai, toujours en langue des signes, comment il allait. J'espérais vraiment m'améliorer dans l'apprentissage de cette langue, c'était en ce moment un de mes objectifs principaux. Je m'entraînais même à la maison à l'aide de vidéos ou de sites internets dédiés. J'avais appris tout l'alphabet et faisais de mon mieux pour enrichir mon vocabulaire. Continuer de communiquer avec Noé me tenait réellement à coeur, alors j'étais vraiment motivé.
— Je suis impatient pour lui, murmura Axel un sourire au coin des lèvres. Je veux qu'il puisse être libre, et le voir sourire aussi souvent que possible. D'ailleurs il est de très bonne humeur aujourd'hui, et je suis persuadé que c'est grâce au week-end qu'il a passé. S'aérer, retrouver le soleil, ça lui a fait du bien. Et il n'a pas arrêté de me reparler de la piscine, je crois qu'il a vraiment adoré. Merci encore, Camille, de nous avoir emmené avec toi. Noé était comblé.
— Arrête de me remercier, Axel, vraiment, répliquai-je. J'ai aussi passé un super bon moment avec vous deux. Et honnêtement, je ne m'opposerais pas si ça venait à se reproduire. Il faudra qu'on se refasse ça. Et, en attendant que Noé sorte de l'hôpital, on pourrait très bien passer un autre moment tous les deux. Comme mardi dernier. Tu crois pas ?
J'eus le plaisir de voir les joues d'Axel rosir, encore une fois, et je crois que je ne me laisserais jamais de cette vision. Il était adorable alors qu'il tentait de garder son regard concentré sur son frère quand je savais très bien qu'il m'avait entendu. En plus de ses joues qui se coloraient, il y avait son corps qui s'était tendu et cette manie qu'il avait d'enfoncer ses mains dans ses poches tout en se courbant légèrement.
— Oui, si tu veux, dit-il finalement tout doucement, après quelques secondes de silence. Je... c'est vrai que ça pourrait être sympa.
— Je me ferais bien un petit ciné vendredi soir, la dernière séance, comme ça on pourra se croiser par hasard et parler du film après ton service, lançai-je d'un ton malicieux.
Un sourire en coin, je ne lui laissai pas le temps de répondre et lui adressai plutôt un clin d'oeil. Je dis au-revoir à Noé puis m'éclipsai, retournant travailler sans me retourner, laissant un Axel pantois. Je ne pouvais pas m'en empêcher, je commençai à apprécier un peu trop ses réactions. J'aimais le déstabiliser, sans en faire trop, mais juste voir comment il réagissait lorsque j'étais auprès de lui, proposant d'autres moments ensemble. J'aimais les deux facettes qu'il avait en lui, et j'adorais son côté timide lorsqu'il avait très clairement envie de quelque chose mais qu'il n'osait pas l'avouer ou l'exprimer. Je commençais doucement à le connaître et j'aimais me rapprocher de lui, commencer à le comprendre et surtout pouvoir le taquiner. Je crois que ça faisait partie de l'évolution de notre relation, nous nous apprivoisions.
Peut-être que ça brouillait nos limites, celles de l'amitié que je nous avais proposée, mais c'était déjà si naturel pour moi de me comporter ainsi avec lui. Je le faisais sans réfléchir, lui résister n'était plus une option. Cela m'était désormais impossible. J'aimais être avec lui, j'aimais passer du temps avec lui, j'aimais nos conversations et nos rencontres, que ce soit dans l'enceinte du centre ou à l'extérieur. Je ne savais pas ce qu'il en était pour lui mais j'avais beaucoup de mal à envisager notre précédent dîner comme autre chose qu'un rendez-vous.
Oui, je ne savais pas ce qu'il en était pour lui lui mais, de mon côté, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Je ne pouvais plus nier, trop de sentiments étaient déjà impliqués. Mais je l'acceptai, j'espérai ne pas me faire des idées lorsque je pensais qu'ils étaient peut-être réciproques. J'espérai ne pas me tromper, ne pas réouvrir la blessure qui fragilisait encore mon coeur, j'espérai ne pas risquer de le réduire en miette.
Mais, pour lui, j'avais décidé de prendre le risque.
Je ne revis Axel qu'une seul fois, lorsqu'il quitta le centre après un long moment passé avec son frère. J'étais débordé, et puis il ne fallait pas que j'oublie que j'étais sur mon lieu de travail, alors nous n'eûmes pas l'occasion de passer un autre moment ensemble. Mais nous nous saluâmes rapidement et son sourire illumina mon après-midi, restant gravé dans mon esprit.
J'y pensais encore lorsque je rassemblai mes affaires, prêt à rentrer chez moi alors que ma journée se terminait. J'aimerais que tous ses soucis s'envolent, qu'il puisse enfin arrêter de plisser son front constamment, par inquiétude puis par habitude, je voudrais qu'il puisse sourire aussi souvent que possible, chaque jour. Parce que, lorsqu'il le faisait, il rayonnait. Et Axel méritait de rayonner.
En sortant du centre, je discutai quelques minutes avec Nicolas avant de passer les grilles. Ma routine du soir commençait et je me dirigeai tranquillement vers la prochaine bouche de métro, comme à mon habitude, lorsque j'entendis mon prénom résonner.
Je me retournai rapidement, surtout lorsque la voix se rapprochait de moi et que je compris qu'on s'adressait bel et bien à moi. Je tombai alors nez à nez avec Jules, un des amis de Yaël. Je l'avais connu, lui ainsi que Laura et Abel, par son intermédiaire lorsque nous nous sommes rencontré. Je savais qu'ils étaient très proches lorsque Yaël habitait à Paris et ils étaient encore en contact à ce jour.
Je devais bien le reconnaître, je n'avais pas souvent revu le groupe d'amis depuis ma rupture avec Yaël. En une dizaine de mois, nous avions dû nous croiser seulement trois ou quatre fois. Mais aujourd'hui Jules se tenait devant moi, aussi souriant que d'habitude. Nous nous étions éloigné par la force des choses, les évènements nous ont poussé à prendre chacun un chemin différent mais je les avais toujours appréciés. Ils étaient soudés, bienveillants, et je me souviens qu'ils avaient tous une très bonne relation avec Yaël qu'ils avaient pris sous leurs ailes.
— Ça fait longtemps, commença Jules. Comment tu vas ?
— Je vais bien, répondis-je automatiquement. Et toi, qu'est-ce que tu deviens ?
La conversation semblait être un peu gênée, difficile, banale aussi. Comme si, avec le temps, nous ne savions plus trop comment nous parler, comment aborder une simple discussion. C'était dommage d'ailleurs, parce qu'il n'était pas seulement l'ami de Yaël. Non, au fil du temps il était devenu mon ami aussi. Mais Jules ne sembla pas m'en tenir rigueur, notre malaise sembla même l'amuser puisqu'il laissa échapper un léger rire, tentant de balayer de la main cette atmosphère étrange.
— Est-ce que tu es libre pour prendre un café ? me demanda-t-il. On pourra mieux discuter comme ça.
Je ne réfléchis pas longtemps et acceptai. En effet, ce serait mieux que de discuter, avec embarras, en pleine rue. Et je n'avais rien de prévu ce soir alors je pouvais bien passer un peu de temps avec Jules. Cela faisait longtemps et pourtant lui, comme Laura et Abel, étaient important pour moi.
C'est alors que, quelques minutes plus tard, nous fûmes installés à la terrasse d'un café, non loin du centre. Nous avions réussi à commencer une conversation, à la mener à bien sans trop de silences et de malaise. Nous avions surtout parler de choses banales, de nos vies, de là où nous en étions. Jules s'était réjouit de mon poste au centre, content de voir que ça me plaisait. Il m'avait appris que lui faisait des études d'économie tandis qu'Abel avait intégré les Beaux-Art. J'étais ravi pour le jeune homme, je savais que c'était son rêve. Laura, quant à elle, ne s'était pas plu dans sa licence de psychologie, elle avait alors décidé de quitter ce parcours pour se tourner vers une formation qui lui correspondrait mieux.
C'était agréable d'avoir de leur nouvelles, j'en venais à regretter de m'être éloigné. Oui, ils me manquaient. Mais, il y a quelques mois de cela, j'avais ressenti le besoin de me détacher de tout ce qui me rappelait Yaël. Malheureusement, ses amis en faisaient parti aussi.
— C'est marrant que je te croise aujourd'hui, parce que j'allais justement t'envoyer un message, lança-t-il après quelques minutes.
— Vraiment ? Tu avais besoin de quelque chose ? demandai-je, curieux.
— En fait, c'est à propos de Yaël, dit-il sans plus passer par quatre chemins.
J'eus l'impression que l'atmosphère autours de nous changea complètement, instantanément. Un lourd silence s'installa, tel que j'eus même l'impression que le café dans lequel nous nous trouvions, ainsi que la rue sur laquelle donnait la terrasse, avaient été mis en sourdine. Cela dura quelques secondes avant que je m'inquiète subitement.
— Il s'est passé quelque chose ? m'inquiétai-je alors. Est-ce qu'il va bien ?
— Oui, oui, il va bien, t'inquiète pas, me rassura-t-il en levant une main vers moi. Il n'y a rien de grave. C'est juste qu'il m'a contacté parce qu'il compte venir à Paris prochainement, et il a prévu de t'appeler pour te le dire mais je t'avoue qu'il m'a aussi demandé de te prévenir avant, de t'en parler. Je sais que c'est un peu bizarre, mais c'est Yaël. Je crois qu'il n'a pas envie de te prendre au dépourvu, de te mettre mal à l'aise quand il se décidera à t'appeler.
— Je voulais pourtant qu'il n'y ait pas de malaise entre nous, soufflai-je. Je lui ai dit, quand je suis allé Oxford pour le voir, qu'on pouvait rester amis. Qu'on était amis. Je lui ai pardonné et je ne veux pas qu'il hésite à m'appeler s'il a besoin de quelque chose, ou s'il veut juste parler.
Jules, en face de moi, baissa les yeux et secoua légèrement la tête. Il avait quelque chose à dire, je le sentais.
— Tu sais, même si dans l'idée vous êtes d'accord là-dessus, ça prend toujours un peu de temps pour retrouver un équilibre, une amitié, dit-il doucement. Et il me semble que tu ne l'a pas contacté non plus depuis que tu es revenu à Paris. Et puis là, ça concerne aussi Swan alors il voulait peut-être éviter de te contrarier. C'est délicat, tu sais. Parce que tout ce qu'il organise en ce moment, c'est une surprise pour Swann, il n'est pas encore au courant. Mais il veut lui faire visiter et découvrir Paris. Et je sais qu'il voudra te voir quand ils seront là, il t'en parlera sûrement quand il t'appellera.
— Alors s'il lui prévoit cette surprise c'est que tout va bien avec Swann, en déduisis-je. Je sais qu'il t'appelle souvent, il a l'air heureux ?
— Oui, plus heureux qu'il y a quelques mois, me répondit honnêtement Jules. Pourquoi ? Tu espérais que ça ne marche pas avec Swann ?
— Bien sûr que si ! m'empressai-je de répondre. Je lui souhaite de s'épanouir dans sa relation avec Swann, vraiment. Je ne suis pas rancunier au point d'espérer une chose pareille. Tout ce qui m'importe c'est qu'il soit heureux. Je sais que notre histoire est terminée, et je ne compte vraiment pas m'immiscer dans leur couple ou tenter quoi que ce soit envers Yaël.
Jules hocha la tête en prenant une gorgée de son café. Ses yeux plantés dans les miens, je savais qu'il me croyait. Je n'étais pas du genre à faire des caprices égoïstes, et jouer encore une fois avec mon coeur n'était définitivement pas quelque chose que je voulais. J'étais toujours sincère quand je souhaitais le meilleur à Yaël.
Et puis mon coeur commençait à prendre un autre chemin, oubliant peu à peu Yaël au profit d'un jeune homme au visage parsemé de tâches de rousseurs.
— Donc, ce Swann, tu penses que c'est une bonne personne pour Yaël ? s'inquiéta soudainement Jules, les sourcils froncés. Je ne l'ai pas encore rencontré mais je peux t'assurer qu'il ne le rendait pas heureux il y a quelques mois de ça. Je sais que ça s'est arrangé, mais comment être sûr qu'il ne finira pas par faire du mal à Yaël ?
— Je lui ai promis de revenir en Angleterre et de lui botter les fesses s'il blessait encore Yaël, ris-je à ce souvenir. Alors il a intérêt à se tenir à carreaux ou je n'hésiterais pas. Mais, plus sérieusement, c'est fort entre eux, et surtout c'est évident. Alors oui, Swann a fait des erreurs, mais il est humain et je sais à quel point ça peut être difficile de s'accepter au début. Mais je crois qu'il a compris la leçon, et je doute qu'il essaye de mettre en péril sa relation avec Yaël. Tu sais, ça fait des années que j'entends parler de lui, il a toujours été très présent dans la vie de Yaël, peut-être trop parce que, parfois, j'avais l'impression d'être en compétition avec un absent. Au fond, je savais qu'il y aurait toujours Swann, et que Swann finirait toujours par passer en premier. Ce sont des âme-sœurs, et personne ne pourra rivaliser avec ça. Pas même eux. Alors, franchement, s'ils ne finissent pas leurs vies vieux et heureux ensemble, je n'y comprendrais définitivement plus rien à l'amour.
Jules resta silencieux quelques secondes, peut-être une minute. Il m'observait d'un air neutre avant de secouer la tête, un léger sourire au coin des lèvres.
— C'est fou comme tu arrives à prendre la défense du mec qui peut être considéré comme partiellement responsable de ta rupture, souffla-t-il. Je sais pas si je serais capable de faire la même chose. T'es un mec beaucoup trop gentil. Mais en tout cas, j'attendrais de le rencontrer pour me faire une idée. Et j'espère que t'as raison, qu'on pourra lui faire confiance pour prendre soin de Yaël.
— Oui, laisse-lui une chance, c'est quelqu'un de bien, affirmai-je dans un sourire. Ils seront heureux.
— Et toi, tu es heureux ? répliqua-t-il. Tu vas mieux ? Est-ce que... est-ce que tu as retrouvé quelqu'un ?
— Tu sais que j'ai pas besoin d'avoir un mec dans ma vie pour être heureux, lui fis-je remarquer d'un ton amusé.
— Je sais, mais tu mérites aussi d'avoir quelqu'un qui t'aime auprès de toi, assura-t-il.
Et si la simple idée d'entamer une nouvelle relation, ou même d'évoquer le simple mot "amour", me pinçait le coeur il y a encore quelques semaines, aujourd'hui elle me rebutait beaucoup moins. Avant, c'était comme si ce simple mot fissurait à nouveau la cicatrice de mon coeur, aujourd'hui il le réchauffait. Non, je n'y étais plus si opposé, surtout lorsque se formait dans mon esprit l'image de ce jeune homme aux tâches de rousseur. Celui dont la simple pensée suffisait à former un sourire sur mes lèvres.
— Oh c'est pas vrai, tu sors avec quelqu'un ! s'exclama soudainement Jules. Comment il s'appelle ? Ça fait combien de temps ?
— Arrête, calme-toi, je ne sors avec personne, m'empressai-je de rectifier. On est juste amis, pour l'instant. Mais je sais qu'on à tous les deux besoin de prendre notre temps.
— Je te souhaite que ça fonctionne avec ce garçon, dit-il avec sincérité. Et qui sait ? Peut-être que tu nous le présenteras si on décide de tous se réunir quand Yaël et Swann seront à Paris. Je crois que ça ferait plaisir à tout le monde.
— On verra, murmurai-je simplement, même si le simple fait d'envisager ce moment me plaisait.
Oui, ça serait bien. Ce serait agréable si, dans quelques semaines, je pouvais présenter Axel à ces personnes encore chères à mon coeur. Et l'idée de faire progresser ma relation avec lui était tout aussi agréable.
Finalement, les jours passés avec Axel, et cette discussion que je venais d'avoir avec Jules, m'avait permis de réaliser que mon coeur était moins fragile qu'avant. Que penser à Yaël était moins douloureux. Oui, je crois que le temps guérissait enfin la blessure de cette rupture.
Et Axel semblait consolider cette cicatrice, réchauffant mon coeur, le faisant battre à nouveau. Axel était en train d'y forger sa place, il s'y était immiscé sans prévenir, naturellement. Pour l'instant c'était doux, chaleureux, et j'espérais que cette sensation serait encore présente pendant encore de longues journées. Je voulais la garder, la chérir, cette sensation, en espérant qu'un jour, peut-être, elle serait réciproque de son côté aussi.
Je ne voulais pas me planter. Je ne voulais pas le perdre. C'était trop tard. Je l'avais déjà dans la peau. Alors je serais patient, oui, mais je donnerais tout pour que notre relation évolue jusqu'à ce que nous soyons tous les deux heureux. Ensemble. S'il le voulait bien.
⭐️⭐️⭐️
Hey !
Vous allez bien ? Comme toujours, je suis contente de vous retrouver pour ce nouveau chapitre. Je dirais que c'est un peu un chapitre de transition, j'espère qu'il vous aura plu quand même.
Je vous avoue que j'ai pas grand chose à vous dire de plus, j'ai juste super envie d'avoir vos avis et de lire vos commentaires !
Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Les progrès de Noé, physiques et psychologiques ? Son éventuelle sortie pour bientôt ?
Camille qui continue de se rapprocher d'Axel ? Je suis curieuse, comment voyez-vous l'évolution de leur relation dans les prochains chapitres ? ( moi je garde tout secret 😌)
Le retour de Jules ? Sa discussion avec Camille ? Vous vous souveniez de ce personnage qu'on a peu entrevu dans FALLING ?
Un futur passage de Yaël et Swann à Paris ? Vous aimeriez les revoir ?
Vraiment impatiente de lire toutes vos réactions en commentaires ! Et hâte du répondre !
En attendant je vous souhaite à tous une très bonne soirée, et un très bon début de semaine. Comme d'habitude, je ne vous promets rien pour la prochaine publication mais je fais au mieux, et entre temps il faut aussi que je m'attelle enfin sérieusement à la correction de FALLING pour, peut-être, l'envoyer en maison d'édition.
Je vous tiens au courant de tout ça !
À bientôt, Tan 🦋
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