5 : J'ai tant de mal à prendre mon pied
"C'est comme l'instant qui suit une explosion
lorsque l'éclat fulgurant se déchaîne à l'unisson des battements de cœur qui s'écrasent dans ta poitrine
et que son échos cognerait même contre le vide
le son se démultiplie dans l'espace
à un rythme toujours parfaitement saccadé, qui finirait presque par te rassurer
il assiège toutes les possibilités de ce que ton ouïe peut percevoir
et petit à petit, il n'existe plus que lui
Ce retentissement sourd
d'un bruit qui s'est déjà produit et qui pourtant s'étend au-delà le lieu qu'il a occupé
Je me dis qu'au delà la douleur, ça doit ressembler à cette scène d'après guerre
Où tout semble figer bien que la fulgurante passée gronde encore comme le tonnerre
La réalité a pris le pas sur toutes les impressions
et sur qui il faudra sûrement
que passe les âges,
toutes les saisons
pour que la vie reprenne ses droits
et que les couleurs apparaissent
à nouveau sur l'image."
(your.nash - ceuxquejereconnaiscommemesfrères)
— Oui, tout va bien maman, lâcha Swann à l'attention de sa mère qui n'arrêtait pas de lui poser la question - ne sachant sûrement pas quoi lui dire d'autre - depuis qu'ils étaient arrivés.
— Swann, appela Scylla d'un ton désapprobateur, qui avait tout entendu.
Le jeune homme soupira en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
— J'ai fait un coma éthylique.
La bombe était lâchée.
Laurence, la mère, ouvrit de grands yeux en plaçant une main devant sa bouche. Pierre, le père de famille qui arrivait avec deux verres d'eau, les laissa subitement tomber. Ceux-ci se brisèrent en mille morceaux lorsqu'ils rencontrèrent le sol dans un bruit assourdissant.
— Swann...
Les yeux de Laurence se remplirent de larmes alors qu'elle le fixait, le regard empli de tristesse, n'osant à peine bouger.
— Pourquoi ? murmura-t-elle.
Comme il s'en doutait, ses parents pensaient qu'il avait voulu mettre fin à ses jours. Il souffla alors que le regard de Scylla se faisait plus insistant.
Pierre s'avança vers son fils, s'asseyant à ses côtés. Il posa une main sur son épaule et l'obligea à croiser son regard.
— C'est à cause d'Ellie ? C'est ça ? Swann, tu sais, on l'aimait tous cette petite, c'était une bonne fille. Mais c'est...
— Mais arrêtez putain ! le coupa Scylla. Il a pas voulu se suicider ! Il était en soirée, il a bu comme un taré, comme il le fait depuis qu'il a quitté cette baraque !
Le regard des deux parents suivirent le mouvement de l'aînée qui avait bondit du canapé.
— Scylla, calme toi. Ce n'est pas la peine de parler comme ça, déclara la mère de famille.
— Sauf que si tu t'en bas les couilles de ton gosse, moi j'essaie de l'aider mon petit frère ! Il fait n'importe quoi, il est en train de se pourrir la vie mais vous faites comme si de rien n'était ! Mais regardez-le bon sang ! Est-ce que sincèrement il a l'air d'aller bien ?
Le visage de la mère se tordit cette fois de douleur. Les mots de sa fille se plantèrent comme un poignard dans son cœur. Elle chercha le regard de son mari, mais celui-ci semblait trop perdu dans ses pensées pour le remarquer.
— Swann, qu'est-ce qui t'arrive à la fin ? demanda-t-elle en s'approchant de son fils.
Elle s'agenouilla devant lui, comme lorsqu'il n'était encore qu'un enfant et attrapa ses mains. Swann fuyait le regard de sa mère, voulant à tout prix éviter de craquer devant celle-ci.
— Je sais plus quoi faire, je sais plus comment m'y prendre, reprit la grande sœur. Je suis désolée Swann mais je vais finir par tomber avec toi si ça continue comme ça. C'est la dernière fois que j'essaie de t'aider, si tu continues à ne faire aucun effort, je vais devoir te lâcher pour de bon.
Swann n'en avait que faire. Il aimait sa sœur, il l'aimait plus que tout, et il savait bien que c'était réciproque. Mais ce n'était pas comme si elle lui était d'une grande aide.
Les deux parents échangèrent un regard et Pierre bougea enfin.
— Scylla, viens voir, j'ai quelque chose à te montrer, déclara-t-il en faisant signe à sa fille de le suivre.
Celle-ci lança un dernier regard à son cadet avant de suivre son père.
Laurence se releva pour s'installer aux côtés de son fils, dont le regard restait planté sur le plancher. Elle posa une main dans son dos en tentant vainement de lui faire lever la tête.
— Swann, parle-moi...
Swann tourna la tête à l'opposé de sa mère, voulant à tout prix éviter le contact visuel.
— Pourquoi tu ne nous a rien dit avant ? Pourquoi tu ne nous parles pas ? Nous sommes tes parents enfin, tu sais bien que tu peux compter sur nous, prononça-t-elle d'une voix douce. Nous ne pouvons pas t'aider si tu ne nous dis rien.
— Je n'ai pas besoin d'aide, maman.
— Avec ce qui t'es arrivé, tu veux me faire croire que non ? T'imagines ? Tu aurais pu ne plus être là aujourd'hui ! Une overdose ce n'est pas n'importe quoi...
— C'était un accident !
— Mais un accident qui aurait pu te coûter la vie !
Swann se leva pour s'éloigner de sa mère et fit nerveusement quelques pas dans la pièce.
— Écoute maman, j'en ai assez des sermons d'accord ? Scylla compte pour dix ! Je vous dis que je vais bien ! J'ai pas besoin d'aide, ce qui est arrivé était un putain d'accident et ça n'arrivera plus !
Swann se rassit en prenant sa tête entre ses mains.
— Je ne vais pas rester deux jours ici, j'ai des choses à faire et j'ai cours demain, lâcha-t-il.
Le regard de sa mère s'emplit à nouveau de tristesse et elle essuya l'air de rien une larme au coin de son œil. Sachant qu'il ne servirait à rien d'insister, elle demanda :
— Comment tu vas rentrer ?
— Je prendrai un bus, répondit Swann en haussant les épaules.
— Les garçons vont bien ? interrogea-t-elle après une longue minute de silence, tentant de changer de sujet.
Swann hocha positivement la tête pour toute réponse. Elle se leva dans un soupir avant de se diriger vers la cuisine, laissant son fils tranquille.
Si les repas familiaux se jouaient habituellement dans la rigolade et la bonne humeur, ce midi, c'était le silence à table. Swann triturait nerveusement la nourriture dans son assiette, Scylla mâchait depuis cinq bonnes minutes le même bout de viande et les deux parents semblaient être en pleine discussion de regard.
La grande sœur se leva la première. Elle débarrassa son assiette et se tourna vers ses parents.
— Je vais faire un tour au village, vous avez besoin de quelque chose ?
— Non, merci chérie, répondit Laurence. Ne reviens pas trop tard, nous sommes invité chez Eric et Suzanne pour le goûter. Swann tu pourras venir ? On y va à 16h00, il y a un bus qui descend à 18h10. Et puis, Tom sera là lui aussi.
Swann hocha vaguement la tête avant de se lever pour débarrasser à son tour.
Tom était un ami d'enfance. Les deux garçons avaient grandi ensemble, découvert le monde. Pendant les longues journées d'été, ils allaient se baigner à la rivière non loin, ou flâner dans les rues du petit village de Belvédère. Souvent, Ellie se joignait à eux, mais lorsque le petit groupe à atteint la majorité, les chemins se sont séparés. Tandis que Ellie et Swann ont décidé d'emménager en ville pour suivre leurs études, Tom prit la décision de déménager, quittant le pays pour s'installer aux États-Unis. Depuis, ils ne se voyaient que de temps en temps.
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