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Swann déposa ses clés dans l'entrée et se laissa tomber dans son canapé en soufflant. Il revenait d'une nouvelle soirée arrosée où il avait encore fini dans le lit d'une fille qu'il ne reverrait sans doute jamais.
Les pensées embuées par l'alcool, il n'eut pas la présence d'esprit de se déshabiller, prendre un bain ou se brosser les dents. Il s'allongea confortablement et à peine eut-il fermé les yeux que le sommeil vint le chercher.
Le lendemain matin, Swann fut réveillé par la sonnette de l'entrée sur laquelle on appuyait sans relâche. Il grogna en émergeant difficilement de son lourd sommeil et se dirigea jusqu'à la porte en évitant de justesse la table basse du salon. Il ouvrit la porte et cligna plusieurs fois des yeux afin de retrouver une vue à peu près normale.
— Mais qu'est-ce que tu fous ?! On a cours dans dix minutes !
Swann reconnut enfin son meilleur ami, Tristan. Cependant, les informations qu'il venait de lui livrer mirent plusieurs secondes à atteindre son cerveau. Tristan s'impatienta devant le manque de réaction de son ami et pénétra dans la maison en soufflant.
— Tu t'es encore bourré la gueule j'imagine. T'abuses, franchement. Tu pourrais au moins attendre le week-end pour ce genre de choses.
Swann haussa les épaules et revint s'écrouler sur son canapé.
— Mais grouille-toi abruti ! Je viens de te dire qu'on a cours dans dix minutes !
— T'es bien gentil Tristan mais c'est mort. Je vais pas à la fac aujourd'hui, je suis éclaté.
Tristan ne se laissa pas abattre pour autant, il continua d'insister, tellement que Swann finit par céder. Il monta à l'étage pour aller se préparer et son ami en profita pour envoyer un message au reste de leur bande, leur disant de ne pas les attendre.
Au bout de cinq bonnes minutes, Swann redescendit, douché et vêtu de son uniforme scolaire - une simple chemise blanche au logo de l'université. Il attrapa son sac dans l'entrée et le jeta sur son épaule.
— J'ai faim, déclara-t-il.
— On achètera quelque chose sur le chemin, on est déjà assez en retard comme ça.
Les deux amis quittèrent la maison et marchèrent jusqu'à la fac, s'arrêtant rapidement pour acheter un croissant à la boulangerie du coin.
Par chance, le professeur les accepta dans son cours et Swann put y assister, même s'il lutta plus contre le sommeil.
À la pause-déjeuner, les garçons se retrouvèrent pour manger dans les gradins du grand terrain de football du campus. Le groupe se résumait à : Elouan, le plus jeune après Swann, Jean-Loup, de son vrai nom Jean-Louis, Tristan, Léonard ou Léo pour les intimes, Noé, Logan et Valentin.
Les jeunes s'étaient rencontrés il y avait deux ans de cela, pendant une fête qui avait eu lieu à l'occasion de la victoire de l'équipe de football qu'ils soutenaient. Ils étaient déjà dans la même fac à l'époque mais ne s'étaient jamais adressé la parole.
— Alors, avec Agnès ? demanda Léo en s'installant juste au-dessus des autres, aux côtés de Valentin.
— Tranquille, répondit Noé, sachant que cette question lui était destinée. Et vous, ça avance côté filles ?
— J'ai rencontré une nana à l'arrêt de bus ce matin ! s'exclama Elouan. J'ai oublié son prénom par contre mais j'ai son numéro de téléphone !
— T'es malin, comment est-ce que tu vas lui parler si tu te souviens plus de son prénom ? lança Valentin.
— Pas besoin de savoir son prénom pour lui parler, répondit-il en haussant négligemment les épaules.
— Et toi Swann ? demanda le plus vieux de la bande ; Logan.
Le jeune homme n'eut même pas le temps de prendre la parole que son meilleur ami le devança.
— Laisse tomber, lui, c'est un cas perdu. Devine quoi ? Il a encore été se bourrer la gueule hier soir. J'ai dû le ramasser chez lui ce matin cet enfoiré, dit-il en le poussant légèrement de l'épaule.
— T'abuses Swann, ajouta Léo.
— Roh, c'est vous qui abusez. Il a bien raison, laissez-le faire ce qu'il veut, on n'a qu'une vie ! défendit Elouan en passant un bras autour des épaules du plus jeune.
Swann n'écoutait pas vraiment la conversation, un peu dans les vapes à cause de sa soirée d'hier. Décidément, faire la fête en pleine semaine ne le réussissait pas. La faute à Tristan, sans lui, il n'aurait simplement pas été en cours et ne se serait pas senti aussi fatigué.
— Je vais m'endormir, prononça-t-il pour la première fois depuis le début de la conversation.
— Tiens bon mec, il nous reste deux heures seulement, l'encouragea Elouan, avec qui il partageait les mêmes cours.
— Sinon Swann, ça c'est pour toi. Il y a une fête samedi, chez Rémi. Je t'enverrai l'adresse ce soir. Moi je me tire. À plus les gars !
Jean-Louis se leva et attrapa son sac.
— À plus Jean-Loup !
Swann rentra chez lui en fin de journée. Tristan avait proposé - ou plutôt obligé - le jeune homme à dormir chez lui, mais heureusement, il avait réussi à s'échapper avant qu'il ne le trouve.
En rentrant, il alla directement prendre une douche et rejoignit la cuisine, seulement vêtu d'un bas de survêtement. Il dénicha plusieurs ingrédients dans ses placards et commença à préparer son repas du soir. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Swann aimait beaucoup cuisiner et se préparer des bons repas, seulement, il ne prenait que très rarement le temps de le faire.
Très vite, la fin de semaine arriva. Swann avait reçu l'adresse où aurait lieu la fête et se préparait déjà. Il était prévu que Jean-Louis et Elouan viennent le chercher et qu'ils se rendent ensemble chez Rémi.
Quand le jeune homme fut prêt, il s'installa sur le canapé pour enfiler ses chaussures. Mais l'on sonna à la porte. Il fut vaguement étonné de ne pas avoir reçu de SMS de la part des ses amis, lui indiquant qu'ils arrivaient, mais ne releva pas et alla ouvrir.
Seulement, au lieu de ses deux compagnons de conneries, c'était une petite blonde qui se tenait en face de lui. Une blonde qu'il ne connaissait que trop bien et pour qui les raisons de ces venues étaient toutes les mêmes.
— Où tu vas comme ça ? prononça la voix aiguë de la jeune femme.
— Je n'ai pas de compte à te rendre Scylla, je fais encore ce que je veux de ma vie à ce que je sache.
— Sauf que t'es en train de la foutre en l'air ta vie !
Scylla poussa Swann qui bloquait le passage pour pénétrer dans la maison. Elle déposa son sac sur la table basse et s'installa dans le canapé sans demander l'avis de son petit frère.
— Qu'est-ce que tu fous ici ? Je t'ai déjà dit de prévenir quand tu passais, reprit le jeune homme.
— Pourquoi ? Éviter que je tombe sur un de tes coups d'un soir ? Je vais y songer, je n'ai vraiment pas envie d'assister à ça.
Swann lâcha un profond soupir, tentant de garder son calme, mais ce n'était pas tâche facile. Sa sœur avait le don de lui retirer toute sa patience, telle une sangsue.
— Bon, écoute, dis-moi ce que tu veux qu'on en finisse. J'ai des choses à faire.
— Déjà, commence par me parler correctement, je ne suis pas une de tes... Et tu sais très bien ce que je veux. Tristan m'a raconté pour mercredi.
Il souffla à nouveau en levant les yeux au ciel. Swann détestait profondément ce gars quand il voulait jouer au grand frère protecteur. Il en avait déjà assez avec une grande sœur sur le dos, pensa-t-il en croisant les bras.
— Putain mais c'est quoi ton problème Swann ?! Tu comptes te pourrir la vie encore longtemps ? Tu crois pas qu'il serait temps de passer à autre chose ? De commencer à prendre tes études au sérieux ? Il te reste trois ans, il est encore temps de te réveiller bordel ! Si tu peux pas te tenir, trouve-toi une meuf, mais une vraie !
Swann demeura silencieux. C'était tout le temps la même chose. Chaque fois qu'elle apparaissait chez lui c'était pour lui faire la morale et lui parler de son « futur ».
Voyant qu'il ne répondait pas, l'expression de Scylla se radoucit.
— Swann... t'es en train de gâcher ta vie. Ça me fait chier de te voir faire tu comprends ? Je suis ta grande sœur, je suis avant tout là pour toi, pour te conseiller et te remettre sur le droit chemin quand tu t'égares. Mais t'es parti trop loin. Tu t'es perdu. Regarde-toi, est-ce que c'est vraiment comme ça que tu veux vivre ?
— Scylla, je sais ce que je fais ok ? J'ai des bonnes notes, je ne rate pas mes cours et j'ai de quoi payer mon loyer. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.
— Tu vas à une fête n'est-ce pas ? Encore, reprit celle-ci en l'ignorant. N'y va pas, au moins ce soir, s'il te plaît... Prends ta soirée pour penser à toi, à ta vie, tu en as besoin.
Le jeune homme hocha la tête et sa sœur lui sourit, rassurée. Elle se leva pour prendre son petit frère dans ses bras, récupéra son sac et quitta la maison après un au revoir.
Swann s'empressa d'enfiler ses baskets, en checkant son téléphone où il venait de recevoir un message de la part de Elouan, le prévenant qu'il arrivait dans une minute.
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