Chapitre 10 : Eren !




La porte du cachot s'ouvrit pour laisser filtrer une lumière qui paraissait presque trop intense à côté de l'obscurité de la cellule. Dans son cachot, Livaï faisait les cent pas comme un lion en cage. Hanness fit bientôt son entrée pour le libérer.

"Allez, sors de l..."

Livaï ne laissa pas à Hanness le temps de finir sa phrase : lorsque la porte s'était ouverte, il avait fait volte-face et sans un mot, avait écarté le gardien en chef sur le côté pour se diriger vers la sortie.

Il dévala les marches de l'escalier quatre à quatre pour se retrouver dans le hall et courut plus qu'il ne marcha vers la cour.

Lorsqu'il était en isolement, il avait eu un très mauvais pressentiment. Il avait bien compris qu'il ne s'était pas retrouvé là par hasard et qu'Eren était menacé. Calme-toi, pensait-il, il est avec Mikasa, et Hanji et les autres le surveillent. Il peut rien lui arriver de grave.

Malgré ses tentatives de se calmer, il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir ce mauvais pressentiment et ses craintes se confirmèrent lorsqu'il arriva dans la cour et qu'une Hanji toute paniquée se rua sur lui.

« Livaï ! Enfin t'es là ! »

« Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? »

« C'est Eren ! On sait pas où il est ! »

« Attend, du calme Hanji ! Ça fait combien de temps qu'il a disparu ? »

« Euh... une semaine... »

« QUOI ??? T'es en train de me dire que t'as perdu Eren depuis une semaine ? Mais comment t'as fait ? »

Hanji ne répondait pas et évitait de le regarder dans les yeux.

« Armin sait probablement où se trouve Eren. » entendit-il dans son dos. Mikasa se tenait derrière lui, la mine grave. De plus en plus anxieux, il demanda :

« Et tu sais où on peut trouver Armin ? »

« Dans sa cellule, il en bouge plus depuis une semaine justement. Mais tu réussiras pas à le faire parler, j'ai déjà essayé. »

Sans dire un mot, Livaï fonça vers les cellules. Il se rendit compte qu'il n'avait croisé aucun des membres de la Titan Family depuis qu'il était sorti, ce qui accentuait encore son sentiment d'angoisse. Il arriva à la cellule d'Eren et Armin tout essoufflé. Au début il ne vit personne, puis il remarqua une forme recroquevillée dans un coin. Armin. Il marcha d'un pas résolu vers lui et s'accroupit à sa hauteur :

« Hé, Armin ! ARMIN ! Où est Eren ? »

Le jeune blond releva la tête. Il avait les yeux rougis par les larmes.

« Réponds-moi ! Où est Eren ? »

« Je... je sais pas. »

Livaï commençait à perdre patience. Il attrapa Armin par le col et le tira vers lui.

« Écoute-moi bien : je sais pas ce qui s'est passé pendant que j'étais pas là mais à défaut de me dire où trouver Eren, tu vas tout me dire sur les évènements de cette dernière semaine. Allez, crache le morceau. »

« C'est eux. Ils t'ont envoyé en isolement exprès. Ils voulaient être tranquilles avec Eren. J'ai rien pu faire, je suis désolé, désolé... »

« Armin... dis-moi ce qui s'est passé. »

« Reiner et Bertholdt l'ont... ils l'ont... »

Ses yeux s'embuèrent de larmes.

« Ils lui ont fait quoi ? »

« Je peux pas le dire ! Désolé, je peux pas! »

Livaï avait bien compris qu'Armin ne parlerait pas. Sans l'interroger plus, il bondit dans le couloir et dévala les escaliers jusqu'au hall d'entrée.

« EREN ! »

Il commença à enfoncer chaque porte sur son passage à grands coups de pieds.

« EREN ! Eren, t'es où putain ? »

Tout en continuant à ouvrir les portes à la volée, il réfléchissait à toute vitesse aux endroits où Eren se trouvait le plus probablement.

« EREN ! »

Et si il avait commis l'irréparable ? Ou pire, si Reiner, Bertholdt et Annie l'avaient tué ? S'il ne lui répondait pas parce qu'il gisait là, quelque part, baignant dans son sang ?

« EREN ! »

La bibliothèque ! Il était sûrement là-bas ! Il se précipita dans la bibliothèque et ne trouva rien, si ce n'est des livres renversés. Il avait dû y avoir une lutte ici. Il ressortit de la bibliothèque tout aussi précipitamment et continua à chercher frénétiquement, arrachant chaque porte à coups de pieds. Il ne pensait plus à rien d'autre qu'à le trouver, coûte que coûte.

« EREEEEN ! »

En passant devant les toilettes, il entendit un bruit indistinct. Comme un sanglot. Il fit demi-tour brusquement et ouvrit la porte des toilettes à la volée.

« EREN ! T'ES LÀ ? »

Aucune réponse. En tout cas, quelqu'un pleurait, il en était sûr. Et ça ne pouvait être qu'Eren.

Il y avait cinq portes de toilettes alignées. Livaï s'approcha doucement et tenta de déterminer derrière laquelle se cachait Eren. La porte du fond était légèrement enfoncée : il se dirigea d'instinct vers celle-là et l'ouvrit doucement.

Prostré là, la tête entre les genoux, se tenait Eren. Ses épaules étaient agitées de soubresauts à mesure qu'il sanglotait.

Livaï s'agenouilla devant Eren et posa sa main droite sur le genou du jeune détenu pour lui signaler sa présence. Eren leva la tête : il était complètement ensanglanté. Sur la cuvette à côté, il y avait également une large traînée de sang. Il avait dû se cogner la tête violemment contre la porcelaine.

À la vue de Livaï, ses yeux s'embuèrent encore plus et il fourra de nouveau sa tête entre ses genoux.

« Hé Eren ! Regarde-moi ! » cria-t-il en le secouant par les épaules.

Comme Eren ne répondait pas, Livaï perdit patience et releva de force la tête d'Eren.

« Eren, merde ! Dis quelque chose ! »

Le jeune détenu se contenta de le regarder d'un air hagard, les yeux embués de larmes.

« Li...Livaï... je suis désolé ! »

Il n'arrivait même plus à parler, ses propos étaient entrecoupés de reniflements.

« Eren... dis-moi juste ce qui s'est passé. »

« Ils m'ont... coincé dans les douches... et ils m'ont... ils m'ont... »

Livaï s'attendait à ce qu'Eren allait lui dire mais il devait l'entendre de sa bouche.

« Ils t'ont quoi ? Dis-le ! »

« ILS M'ONT VIOLÉ !!! »

Livaï se figea comme sous l'effet d'un coup de tonnerre. Même s'il s'y attendait, il n'arrivait pas à l'admettre.

« C'est arrivé quand ? »

« Y a 1 semaine dans les douches quand j'étais avec Armin... et aussi y a 3 jours dans la bibliothèque... et y a une demi-heure ici... et... et toi... T'ÉTAIS OÙ BORDEL ??? »

Devant l'accusation, Livaï ne sut pas quoi répondre.

« Moi... ? je... »

« Oui, toi ! Si t'avais été là, ça serait jamais arrivé ! »

« Hé attend une seconde ! Pourquoi tu t'es prostré dans ton coin quand c'est arrivé la première fois au lieu d'aller voir Hanji et les autres ? En faisant ça tu t'es mis à la disposition de ces enfoirés, alors pourquoi ?

« J'avais honte, putain ! Tu peux comprendre ça ? C'était insupportable pour moi que d'autres le sachent ! Plutôt crever ! »

Eren se leva d'un bond et poussa Livaï sur le côté pour partir. Le caporal resta d'abord interdit devant la violence de la réaction du jeune détenu.

Il reprit rapidement ses esprits et s'élança derrière lui. Sorti des toilettes, il chercha Eren du regard et le trouva rapidement : le jeune détenu avait à peine fait quelques mètres. Il chancelait dans le couloir et s'appuyait au mur pour ne pas tomber.

Livaï courut pour le rattraper et le colla au mur.

« Eren ! Arrête ton cirque ! À quoi tu joues exactement ? »

« Lâche-moi ! »

« Certainement pas ! Pas avant que tu te sois calmé ! »

Eren essaya de se dégager mais il était éreinté et Livaï était décidé à ne pas le laisser partir. Il finit par se calmer et laissa ses bras retomber inertes le long de son corps. Ses pleurs s'étaient calmés. Il commençait à lâcher prise.

Livaï passa le bras d'Eren sur ses épaules et l'aida à tenir sur ses jambes. Il l'emmena par les escaliers jusqu'aux cellules. Il se dirigea droit vers la cellule d'Eren. Lorsqu'il entra, il n'y avait plus Armin. Il devait s'être réfugié auprès de Mikasa après qu'il ait essayé de le faire parler. C'est vrai qu'il y avait été un peu fort.

Il assit Eren sur son lit. Il se dirigea ensuite vers le lavabo de la cellule, fit couler un peu d'eau dans une bassine et mouilla un morceau de tissu avant de revenir vers le jeune détenu.

« Baisse la tête. »

Eren obéit. Patiemment, Livaï épongea le sang qui coulait du front d'Eren. Puis, sans un mot, il le coucha dans son lit et rabattit les couvertures sur lui.

« Je suis désolé pour tout à l'heure, Livaï. J'espère que je t'ai pas blessé. »

« Non Eren, t'as totalement raison. J'aurais dû être là. Je suis vraiment désolé. »

« Non, c'est rien. Tu pouvais pas tout prévoir... »

Eren, complètement épuisé, commençait déjà à s'assoupir.

« Eren, attend. Ne ferme pas les yeux tout de suite. »

Surpris par le ton du caporal, Eren rouvrit les yeux.

« Je sais que c'est dur pour toi mais raconte-moi exactement ce qui s'est passé.»

Alors Eren, refoulant les larmes qui remontaient avec ses souvenirs, lui raconta tout ce qui s'était passé dans les douches. Puis il raconta ce qui s'était passé il y a trois jours dans la bibliothèque :

«Je pensais pouvoir être tranquille là-bas mais ils m'ont retrouvé. Reiner et Bertholdt se sont jetés sur moi et Annie est restée en arrière pour bloquer la sortie. Je me suis battu de toutes mes forces en essayant de faire un max de bruit pour rameuter les gardiens mais ils m'ont quand même eu. Après j'ai essayé de me cacher dans différents endroits et j'ai finalement essayé de m'enfermer dans les toilettes mais ils ont défoncé la porte et ils m'ont tabassé jusqu'à ce que je puisse plus me défendre. Et ils ont fait leur... affaire, pendant qu'Annie surveillait la porte pour empêcher les autres détenus d'aller aux toilettes.»

Livaï était resté impassible pendant toutes les explications.

« Qui est au courant pour ça ? »

« Et ben... Armin, et aussi Reiner, Bertholdt et Annie. Et ils ont probablement mis tout leur groupe au courant. »

« T'as prévenu les gardiens ? »

« Non. »

« Tant mieux. Garde cette histoire pour toi. »

Eren était surpris, mais il hocha la tête sans rien dire. Livaï déposa un baiser sur les lèvres d'Eren qui ferma les yeux et s'endormit paisiblement.

Pauvre gamin, pensa Livaï.

Il sortit en laissant Eren se reposer. Tout en marchant dans les couloirs, le regard baissé vers le sol, il réfléchissait. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser à Reiner, Bertholdt et Annie, à la manière dont ils avaient souillé Eren à trois reprises. Il imaginait Eren pleurer et menacer et ces trois-là rigoler. Il était resté étrangement calme lorsqu'il avait trouvé Eren et qu'ils avaient eu cette explication, mais maintenant le sang lui montait à la tête, il bouillait intérieurement.

Hanji avait raison. Je suis pas arrivé à te protéger, Eren. Mais je peux au moins te venger... Et crois-moi, ces trois enfoirés vont payer !!!

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